Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
DU BESTIAIRE : SA POPULARITÉ.

115

peintures physiologiques relevées à Metz dans la maison des Templiers, qui n’existe
peut-être plus.
Ce défilé baroque peut égayer la matière, à défaut de ce qui nous aurait manqué en
joyeusetés jusqu’à présent, et servira pour quelques applications ultérieures. Il prouvera
d’ailleurs que notre Physiologus n’était pas absolument lettre close pour le populaire.
M. de Saulcy, qui ne se pique pas d’y avoir regardé de très-près, n’y voit qu’une
procession comique d’animaux, et la décrit ainsi1 : « Les deux premiers sont un chat
et un veau (peut-être), dressés sur leurs pattes de derrière. Le troisième semble un


énorme verrat moucheté de noir, mais à la tête tout à fait fantastique. Vient ensuite
une autruche, puis un renard dressé sur ses pieds de derrière, marchant à la suite
d’un coq [ou le guettant) ; devant celui-ci paraissent trois animaux dressés sur leurs pattes,
et que je ne reconnais pas. Celui du milieu, qui se distingue par une queue mons-
trueuse, semble jouer avec un bâton. Ce groupe est précédé par un lièvre (<âne?)
qui porte un triangle (ou une harpe, asinus ad lyram?) entre ses pattes de devant, puis
(à la seconde ligne) par un griffon tenant un objet carré indéterminé entre ses griffes.
Les deux animaux suivants sont fort effacés; on reconnaît cependant au premier {un
bouc?) des cornes énormes, et le second semble jouer des cymbales (ou du tambourin);
vient ensuite une licorne portant un paquet (une cornemuse ?) sous la patte droite de
devant... Un singe marche devant elle, et jette en l’air un bâton qu’il s’apprête à rat-
traper {en manière de tambour-major, posant pour une foule ébahie) ; puis paraît un renard qui
tient un livre ouvert, et un veau tenant un objet méconnaissable {une feuille de parchemin?).
En avant se voit un ours, qui semble écouter avec attention un renard tourné de son
côté et gesticulant dans une sorte de chaire à prêcher. Un autre animal {un loup?)
adossé à ce renard, est aussi placé dans une chaire et lève les pattes vers un animal
fantastique {un cerf?), moitié lièvre, moitié daim, qui s’appuie sur un long bâton et

détails. Nous n’avons à ce sujet aucune donnée sur l’inten-
tion de l'artiste ou de celui qui dictait son œuvre. Ce que
je prétends y montrer, sans plus, c’est une réunion d’ani-
maux où plusieurs conservent des attributs qui rappellent
le Bestiaire. On peut, j’en conviens, expliquer cette marché
comico-solennelle par quelque chose comme le pèlerinage
d’isengrin dans Reinardus vulpes (ed. Mone, p. 139, sqq.).
Mais là aussi diverses traces de Physiologus se font jour
assez nettement, comme par exemple dans ces vers (p. 167) :

« Ha ! quotiens cervus pulsans, bénédicité clamat.
Explora, frater, quid ferat iste calix. »
Même jusque dans le Renard ou le Procès des bêtes
(Bruxelles, 1743, p. 6à), on retrouve un vague souvenir de
la merveilleuse odeur répandue par la panthère ; puisque
le prétendu miroir encadré dans un os de cet animal ras-
semblait inévitablement tous les petits oiseaux.
1. J’y insère quelques détails lorsqu’il y a lieu de douter.
 
Annotationen