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MÉLANGES D ’ ARCHÉOLOGIE.

VII. — LE HIBOU L
On dit que le hibou aime la nuit plus que le jour.
Et Notre-Seigneur Jésus-Christ nous aima, nous qui étions dans les ténèbres, et qui
demeurions à l’ombre de la mort 1 2. Il aima le peuple des Gentils plus que le peuple
des Juifs, auxquels appartenait le droit d’adoption, et le roi que les prophètes avaient
annoncé. C’est pourquoi le Rédempteur a dit : « Petit troupeau, ne crains rien. »
Mais on me répondra : Le hibou lui-même étant profane {impur?) dans la loi, com-
ment pouvez-vous le comparer au Christ? Je montrerai le passage de l’Apôtre où il
est dit : « Celui qui ne connaissait pas le péché, a pris le péché sur lui et s’est
anéanti. »

VIII. — L’AIGLE 3.
David a dit : « Sa jeunesse va reprendre {se renouveler) comme celle de l’aigle. »
Le Physiologue dit que quand l’aigle devient vieux, ses ailes s’alourdissent et sa
vue s’obscurcit. Alors, planant dans les airs, il cherche des fontaines et des fleuves ; et
bientôt la chaleur du soleil échauffe ses ailes et ses yeux s’éclairent. Puis, descendant
près d’une source, il s’y baigne trois fois; et rajeunissant, il redevient aiglon4.
Et toi aussi tu rajeuniras {tu peux rajeunir ?) ; mais pourvu que tu portes en toi les
principes anciens 5. Si tes yeux sont obscurcis, cherche la source qui a dit : « Ils

m’ont abandonné, moi la source éternelle
arrachera les vêtements dont t’a couvert le

1. Cf. Mélanges, ibid., t. II, p. 169. — Spic. Sol., ibid.,
p. 344- —Bibl. PP. Lugdun., t. XIII, p. 26; et t. VI, p. 832,
208, sq.
Le Mantic uttaïr (traduction française par M. Garcin de
Tassy, p. 54) donnerait à penser que les Persans avaient
entendu parler de notre comparaison chrétienne entre les
Juifs et le hibou ; mais il n'appuie sur ce rapprochement
qu’à propos de l’avarice (usure, et thésaurisation dans
l’ombre).
Notez encore le nom de chouette donné aux Juifs en
Portugal et à Majorque. Les lois mêmes défendaient d’ap-
pliquer ce sobriquet aux Juifs convertis, ou à leurs des-
cendants. — Cf. Alban Butler, Invention de saint Etienne
(3 août). — Villanueva, 1Mage literario, t. XXI, p. 300-304;
et XXII, p. 253 ; 258-264; 314, 317; 227, sgg.; etc. Il existe
une lettre de saint Sévère, évêque de Minorque (vers 418),
sur la conversion des Juifs dans ces parages.
J’ai vu quelques natifs des îles Baléares, qui ne con-
naissaient même plus d’autre sens au mot Chueta que
celui d’Israélite.
2. Ceci est conforme à plusieurs mss. grecs, mais con-
traire à quelques mss. latins (comme aux sculptures du
moyen âge où le hibou représente les Juifs, et nullement
Notre-Seigneur). Du reste, les textes arméniens et grecs font
voir qu’ils ont bien senti cette singularité de prendre un
animal impur pour symbole de Jésus-Christ. Ils s’en excu-
sent donc de leur mieux.

» ; c’est Jésus-Christ. Alors le Seigneur
démon 6, et tu n’entendras plus ces pa-
3. Mélanges, ibid., p. 165, sv. — Spic. Solesm., p. 344,
sq. — Augustin., Opp. t. X, p. 201; et t. IV, p. 663.— Petr.
Damian., cap. xvi et xxm (Opp. t. III, p. 815 et 822). —
Bibl. PP., t. XVIII, p. 245, 338 ; XVII, 123 ; IX, 320.
Le Spéculum Ecclesiœ arrange sans gêne ce symbolisme,
à propos de l’Ascension, et pour la Sexagésime. Il ne laisse
pourtant pas de nous faire comprendre sous ces modifica-
tions, que les motifs principaux du Bestiaire persistaient
encore de son temps, et requéraient un commentaire
quelconque; tant on était accoutumé à les voir pris pour
base d’enseignement utile !
4. Le moyen âge germanique aime à placer, près du
baptême de Notre-Seigneur dans le Jourdain, le cerf qui
se désaltère à la source d’eau vive et l’aigle qui se plonge
dans la fontaine. On y joint ce distique :
« Cervus aquas sumit frigidas, viresque resumit.
Sic aquilam senem fons mutât in juvenem. »
5. Pourvu que tu dépouilles (?) le vieil homme qui est
en toi. — Interprétation au moins probable.
6. Ce démon a bien l’air d’être le démiurge (de la gnose,
qui avait cherché des interprétations alambiquées aux
premiers chapitres de la Genèse, et qui prétendait faire
l’homme plus exclusivement spirituel que Dieu ne l’a
voulu. Le Nouveau Testament relève çà et là le mariage,
tout en recommandant la continence ; mais sans prêter
jamais au mépris du premier état, où il nous indique au
 
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