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MÉLANGES D’ARCHÉOLOGlL.


Bref, cette chasse quelconque ne prélude pas mal aux sculptures qui vont suivre,
et qui nous retracent la lutte que l’homme doit soutenir pour demeurer dans le ser-
vice de Dieu. Si donc, par exemple, nous admettions avec le
docteur d’Hohenbourg (Odilienberg), que le sanglier représente
l’avarice, nous aurions lieu de croire que cet homme traîné
la tête en bas par un diable (groupe M) est le mauvais riche; peut-
être même Judas, le chef de file des avares. Je ne sais si ce ne
serait pas s’avancer trop que de reconnaître la pendaison de
l’apôtre infidèle dans la corde qui sert à l’emporter, quoiqu’elle
soit ici attachée à sa jambe. Sa main droite appuyée sur le
ventre rappelle aussi peut-être ce que saint Pierre dit de lui
(Act. I, 18) : « Suspensus crepuit meclius. » Quant au camouflet popu-
lacier que lui donne un autre démon plié à dessin vers le visage
du patient, c’est une peine que le peintre-verrier de Bourges
(pl. III, et Élude X, A) applique précisément aux thésauriseurs
damnés, dont l’idéal (en fait de réprobation) s’est réalisé dans
Judas. Tout cela convient donc très-particulièrement à celui
que l’Église appelle détestable trafiquant, et peut être pris comme
grossier indice du malheureux qui trahit son divin Maître par
un baiser. Rappelons à ce sujet les matines du Jeudi saint
(répons h et 5) : « Amiens meus osculi me tradidit signo...., per
oscidum implevit homicidium_ — Judas mercator pessimus, osculo
pétrit Domïnum, etc. »
Voici venir maintenant, avec une espèce de dragon qui pré-
side à la bataille (groupes N-P, p. 156-159), sirènes et centaures
plus ou moins diaboliques entrant en lutte par la force ou la
séduction (groupe N). Philippe de Thaun (ou de Thaon), dans sa
description de l’écliptique (p. ho), disait:

« E ceo dit nostre armaires
Que Dés fit sagiteflires,
Kc humaine figure

Ad tresque a la ceinture ;
Cheval est de derère.
Un arc tant arrère (sic)...

puis il expliquait cela par l’infidélité des Juifs. Mais de fait,
écrivains ecclésiastiques voient communément dans le centaure
l’homme animal. Aussi Giotto peignant à Assise l’obéissance de
saint François, place à gauche un centaure qui semble prêt à se
cabrer 1 ; tant il comprend peu ce sacrifice d’une volonté qu
s’abandonne à Dieu ! Pour les sirènes, nous savons de reste
qu’elles symbolisent les désirs de la chair, et la perte de qui
s’y laisse entraîner 2. Nous pouvons donc nous attendre à voir
défiler les diverses circonstances où l’homme s’assimile aux bêtes
par ses passions.
1. Cf. Vitraux de Bourges, n° 25 (p. 216, sv.).
2. Ilylas, noyé dans la fontaine par les naïades, est souvent chez les anciens un sym-
bole du funeste amour des femmes.
 
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