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SOURCES OU PUISAIT L’ART.

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Vous trouverez aussi de saintes gens modernes, qui s’horripileront pieusement s’il leur
arrive d’apercevoir une étable de Bethléem où Notre-Dame soit couchée près de la crèche
qui est le berceau du Fils de Dieu. Je n’ignore pas que le Pérugin s’v prenait autrement,
mais veut-on nous transformer tous les tableaux du Pérugin en bulles dogmatiques, par
quoi serait annulée, condamnée et digne du feu toute disposition à ce contraire\? Il ne
m’est pas revenu qu’aucun évêque ait jamais anathématisé nos vieux noèls populaires
qui chantaient :
« Allons voir l’accouchée, etc. »
Mais en dépit de la ligne ondoyante si pure qui court de l’épaule au pied de Marie, sous
une grande draperie bleue, dans une des peintures murales exécutées à Saint-Germain
des Prés par Hippolyte Flandrin, il s’est rencontré des âmes pieuses pour blâmer cette
attitude merveilleusement exprimée. Lisez donc l’Évangile avec un peu d’attention, s’il
vous plaît, messieurs les critiques, et puis encore ce que disent bien des SS. Pères sur le
IIe chapitre de saint Luc. Celle qui se soumit humblement à la purification mosaïque des
mères communes, aurait-elle affiché les miracles et le secret de sa maternité divine,
tandis que le Verbe fait chair acceptait le foin pour couchette! Voilà des enseignements
rez terre, c’est vrai; mais que certains esprits de grand vol n’ont pas aperçu dans l’élé-
vation de leur essor. Un Hellène du vieux temps disait que dans les luttes guerrières ou
politiques entre Grecs, les Athéniens tendaient parfois leurs fi Jets à trop grande hauteur. D’où
il arrivait çà et là qu’un adversaire beaucoup moins doué de finesse passait naïvement
sous les pièges si bien dressés. Qu’on me permette, pour la foi et le sentiment chrétien,
de me laisser enrôler parmi les Béotiens du moyen âge : « In partes vade sæculi sancti,
» cum vivis et dantibus confessionem Deo. » (Eccli. xvn, 25.)
L’annonciation aussi, non moins que l’enfance de la Sainte Vierge, avaient leurs
variétés auxquelles ne nuisaient point les livres apocryphes. Ainsi les stalles de la
cathédrale d’Amiens représentent un ange qui vient apporter dans le temple la nour-
riture nécessaire pour la sainte enfant destinée à devenir mère de Dieu. MM. Jourdain
et Duval, qui ont publié ce bas-relief dans leur planche VIII, ont négligé une circon-
stance curieuse. L’horloge, au moment où l’ange arrive avec le dîner, marque dix
heures et demie, ce me semble; ce qui, pris pour indice des coutumes contemporaines
(xvie siècle), annoncerait un progrès marqué sur le xve siècle, où il paraît que l’on
dînait à neuf heures, ou plutôt entre sexte et noue. Saint François de Sales, près d’être

la reproduisent plus d’une fois. Dans une fresque d’un
peintre grec (Stammatico) du xive siècle, à Subiaco (ap.
d’Agincourt, Peintures, pl. CXXVI, 3), le développement est
plus considérable encore que d’ordinaire. Je crois y voir
Salomé prosternée aux pieds de la très-sainte Vierge pour
lui demander soit le pardon de sa présomption, soit la
grâce de toucher l’enfant Jésus, afin de recouvrer l’usage
de son bras paralysé.
C’était l’époque où Jacques de Varazze faisait entrer ce
souvenir dans sa Légende dorée (ed. Græsse, cap. vi; p. /il,
sq.), comme pour raviver des souvenirs qui allaient se
perdant.
Que de choses nous apprendrait celui qui osera s’atta-
quer résolûment à l’histoire littéraire des ouvrages dont
l’influence a longtemps persisté, sans être protégée par un
nom d’auteur bien établi, ou même à l’état anonyme tout

pur! Ne fût-ce que pour la bibliographie ecclésiastique, ce
serait déjà matière à recherches vigoureuses et fécondes
en résultats, si l’on y portait une main de maître. Je dis
main de maître, et non pas travail d’écolier ou passe-temps
d’amateur; autrement nous pourrions dire que l’on pos-
sède mieux déjà, sans avoir à recru ter des levées nouvelles.
Par exemple pour les apocryphes qui ont eu l’air (ou même
la prétention) de se greffer sur le nouveau Testament,
M. Tischendorf a publié un mémoire à ce sujet (De evan-
geliorum apocryphorum origine et usu). La question est-
elle vidée pour cela, même en y joignant les notes deThilo
après Fabricius? Oh! que non. A propos du seul Physiolo-
gus, on a pu voir ce qu’il faudrait remuer de matériaux,
pour nous livrer définitivement un terrain déblayé comme
il faut; sans quGi le public, même instruit, ne peut man-
quer d’y broncher quasi à chaque pas.
 
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