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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 3,1): Nouveaux mélanges ... sur le moyen âge : curiosités mysterieuses ; 1 — Paris, 1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.33620#0339
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TOMBEAUX.

305

« Isto in sarcophago jacet, ut désignât imago,
Mundi de pelago quem traxit sæva vorago
Félix 1 Andréas dictus Meriana2, plateas3
[Istcis] doiavit [multisqué] bonis decoravit.
Fontis fundator, pontis crucis ædificator4;
Potet potator, pergat latitetque vialor.
Justus, facundus 5 fuit in patiendo secundus •
Job, vir amabundus, et6 omni crimine mundus.
Mundi Salvator custos sit et ejus amator. »
Voici, en conséquence, un homme de mérite qui aura fini malheureusement; et
que l’on nous donne pour un autre Job (au moins dans la mauvaise fortune). Serons-
nous trop téméraire en conjecturant que ses principales adversités sont exprimées
par la sculpture aussi bien que par le texte de l’épitaphe? Je propose donc, jus-
qu’à nouvel ordre, de le regarder comme victime d’un parricide, double peut-être ;
toujours en vertu de ce que symbolisait la vipère qui l’escorte après sa mort.
Cette application du Bestiaire aux emblèmes sépulcraux du moyen âge n’aurait-elle
pas sa valeur encore pour le tombeau de Poissy, où j’ai cru reconnaître un coucou
sur l’épaule de la dame? Mais les pieds du mari (page 301, fig. Bj reposent sur un gros
oiseau qu’on peut prendre pour aquatique. Cet emblème indiquait-il traversée maritime,
ou retraite pieuse adoptée par l’homme devenu veuf? Ce serait alors la fulicct 7,
« oiseaus... parfais de ni grans vertus (savoir, netteté, vie simple).... dont Dex clist,
» en l’ewangile : Qui de ci en la fm se tenrci o moi, il sera sans. »
Mais lorsque le lion intervient comme signe de mort violente, tout n’est pas.
encore dit pour cela; car nous trouvons cet attribut sur diverses tombes où les
morts sont distingués en outre par certaines particularités de costume et d’attitude.
Sir John de Northwode 8, pour qui le lion indique peut-être la peine capitale qu’il
avait subie, croise en outre les jambes. Selon divers auteurs, cette singularité vou-
drait dire qu’on a pris la croix pour la Terre-Sainte ou pour quelque expédition
assimilée aux croisades 9. Sir John, qui avait accompagné Édouard Ier dans une cam-

1. M. Boullier (Recherches... sur Véglise de la paroisse de
la Trinité de Laval, p. 199) veut que Félix soit une épi-
thète. Il n’y paraît guère, d’après le reste de l’épitaphe.
Item, il traduit sæva vorago par la mort dévorante. Ne se-
rait-ce pas plutôt une fin affreuse, un crime atroce?
2. M. Boullier parle d’une famille Marienne (et de fait,
je lirais plutôt Mariana) ou Mérienne, qui possédait une
maison à Laval.
3. Pour ce que j’en ai gardé de souvenir, rien ne rap-
elle aujourd’hui une plaine ou des terre-pleins dans la
pente rapide qui vient expirer à cet endroit sur le bord de
la rivière ; sauf pour le sol de la chapelle.
U. Si les Marienne étaient Bretons, ils peuvent avoir été
pour quelque chose dans des constructions exécutées à Pont-
croix, au diocèse de Quimper. M. Boullier ne pousse pas ses
recherches j usque-là, et son opinion vaut bien la mienne en
ces questions locales auxquelles je suis tout à fait étranger.
Il suppose tout bonnement qu’il s’agissait d’un pont con-
struit sur le ruisseau qui traverse la route près de l’église,
pour se jeter dans la Mayenne à cet endroit. La croix,
dit-il, sans plus de preuves, serait un petit monument

pieux accompagné de quelque abri sous lequel pouvaient
au besoin se réfugier les passants. Sur la fontaine, s’il ne
s’agit de fonts baptismaux pour les campagnards éloignés
d’un grand centre, je n’en sais pas plus long que mon
guide Lavallois, qui ne dit rien à ce sujet. Il ne me souvient
nullement d’avoir vu fortis fundator que porte une autre
copie faite à ma demande, lorsque j’avais quitté le pays
après un séjour de trois semaines. D'ailleurs que signifierait
Potet potator, à moins qu’il n’y eût une vraie fontaine pour
abreuver gens et bêtes?
5. M. Boullier a cru pouvoir lire fœcundus. Il ne m’a pas
semblé que le mot fût douteux comme je le transcris.
6. M. Boullier lit ex. Le vers s’en trouverait peut-être
mieux, mais on n’était pas si difficile dans les inscriptions
de cette époque.
7. Cf. supra, h. t., p. 1Z|7, sv. (Abside de la Charité-sur-
Loire) ; et textes attenants, auxquels renvoient ces pages
que je ne donne pas pour absolument complètes.
8. Monumental Brasses, p. 209.
9. Archœological Journal, t. I (18J5), p. 199.
A Saint-Yved de Braine, Pierre de Dreux, mort de ma-
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