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MÉLANGES D’ARCHÉOLOGIE.

pagne contre les Ecossais, et fut fait chevalier an siège de Carlaverock, ne paraît pas
avoir pu prendre celte guerre pour une croisade, puisque le Saint-Siège n’approu-
vait pas les prétentions des Anglais sur leurs voisins. Peut-être notre homme avait-il
fait partie de la traversée d’Édouard (encore prince royal) jusqu’à Tunis, où les
Anglais n’arrivèrent qu’après la mort de saint Louis.
A Furness, dans le Lancashire *, un guerrier dont les pieds posent sur un lion , a la
jambe droite croisée sur'la gauche, et passe pour être Reginald, roi de Man. Il s’agirait d’en
être sûr avant tout, puis de savoir s’il était croisé pour la Terre-Sainte ou autre lieu.
A Saint-Bertin, Guillaume de Normandie, comte de Flandre (1126-1128), était armé
de pied en cap, éperonné; l’écu soutenu devant la poitrine par la main gauche, et
l’épée nue élevée par le poing droit2. 11 mourut d’un trait qui l’avait frappé sous les
murs d’Alost. Les lions qui lui servent comme d’escabeaux sont couchés à plat ven-
tre, et l’on dirait que deux petits varlets se mettent en devoir de le déchausser.
Voulait-on faire entendre par là qu’il avait survécu trois jours à une blessure mor-
telle reçue sous les armes, et qu’il n’était pas mort dans son armure?
Philippe de Katzenelnbogen 3, tué à Bruges en 1454, a également chacun de ses
pieds sur un lion; son armure est complète; sa main droite tient la lance, et sa
gauche pose sur la garde de l’épée qui pend au ceinturon. Mais un autre seigneur
de même nom, Diether IV 4, mort en 1315, a les pieds sur un lion couché; le
chevalier ne porte qu’un costume civil ; sa tête est découverte, et sa main gauche
s’appuie sur l’épée engainée dont le ceinturon est roulé autour du fourreau, mais
placée le long de la jambe gauche. C’est qu’il était mort d’une blessure reçue dans
un tournoi.
On prétend qu’à Nancy, Charles le Téméraire était couché sur son tombeau sans
cotte d’armes, en sa qualité de vaincu ; et l’épée au côté, dans sa gaine. Le quasi
cénotaphe de Ferrand (Fernand), comte de Flandre 5, nous le montre vêtu de la cotte
de mailles avec la surcotte, et l’épée au côté, sans que l’on voie si elle était ceinte ;
et son écu, suspendu au cou, recouvre entièrement la poitrine et les mains.
N’y aurait-il donc pas à rechercher si le heaume en tête, avec l’épée levée au
poing, le chef coiffé seulement du bourrelet qui protégeait le crâne contre le frotte-
ment du casque; le heaume avec lambrequin, placé à droite ou à gauche sur le
flanc du défunt, puis l’épée engainée mais ceinte, ou avec le ceinturon autour du
fourreau, etc., ne sont pas des nuances significatives dont le sens serait expliqué par Je
genre de mort? Des livres nombreux pourraient être consultés avec fruit pour résou-
dre ces problèmes, et je ne prétends pas dire qu’on n’y ait jamais soulevé ou même
éclairci Lun ou l’autre de mes desiderata. Mais l’âge et la santé ne me permettent

ladie sur mer en revenant d’Égypte, où il avait accompa-
gné saint Louis, portait cotte de mailles avec surcotte,
épée avec l’écu suspendus à la ceinture sur la jambe
gauche. La tète et les mains étaient découvertes, et ses
pieds reposaient sur un chien couché à plat ventre.
1. Cf. Th. Alcock Beck, Annal. Furnesienses, p. 376.
2. Cf. Oliv. Vred., Sigilla comitum Flanclriœ, p. lù et 11.
3. Ap. Müller, Beitrœge zur deutschen Kunst... Écrivant
cur des notes prises depuis plusieurs années, je ne me rap-
pelle pas si les lions de cette tombe sont couchés ou mar-
skant. Cela pourrait différencier la signification.

lx. Ibidem, toujours d’après d’anciennes notes.
5. A Noyon. J’en dois la gravure à M. Peigné-Delacourt.
Le prince était mort en Picardie, ayant habité la France
un peu plus qu’il ne l’aurait désiré. Son épitaphe picarde
dit :
« Fernandi proavos Hispania, Flandria corpus ;
Cor curn visceribus continet iste locus. »
Le bas des jambes est effacé sur ce qu’il reste du monu-
ment, sans doute; car sa reproduction n’est que poin-
tillée au-dessous des jarrets.
 
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