TOMBEAUX.
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plus guère d’aller au loin feuilleter des documents chanceux; d’autant que j’y ai trop
vu de curieux détails sur le costume (de quoi je ne me plains pas), mais assez peu
de ces particularités biographiques qu’il nous faudrait pour arriver à des lois sur les-
quelles on se sera réglé en fait de monuments. Que de fois on nous renseigne sur les
alliances et généalogies, fiefs et acquêts ou promotions, sans rien qui fasse connaître la
fin ou les actes marquants du défunt!
Ce que j’ai proposé peut donc être déjà réalisé en partie; et dans ce cas le public
se trouverait bien d’en posséder l’ensemble complet, réuni sous forme accessible à
tous. Pour moi, je ne le présente qu’c enquérir, comme parlent les béraldistes ; ou
acl avisandum, selon l’ancien style de palais. Si peu fondés qu’ils soient, nos soupçons
sur l’utilité de recherches en ce genre pourront donner lien d’éclairer divers points
de cette pragmatique, positivement ou négativement.
Charles-Quint paraît avoir voulu réglementer en ceci, comme en mainte autre chose
qui ne le regardait guère 1 2 ; et prétendait, sans doute, restituer les bonnes coutumes
du temps féodal. Mais il venait un peu tard, mettre sa main de législateur à ce qui
n’avait probablement pris sa force que dans l’accord des esprits et des volontés ;
garantie bien supérieure aux effets d’une ordonnance, même impériale :
« Quid loges sine moribus
Yanæ proficiunt ! »
Cependant on peut croire que le prince autrichien avait pris l’avis de ses hérauts
d’armes flamands, ou bourguignons; et que ceux-ci prétendaient surtout maintenir
des us et coutumes qui allaient se dénaturant un peu trop à leurs yeux, sous la main
des artistes novateurs. Il y aurait donc à considérer dans cette ordonnance du
xvie siècle, si l’esprit conservateur y a pu obtenir place suffisante auprès de l’iné-
vitable manie législative des chancelleries modernes; et jusqu’à quel point on aurait
pactisé avec les prétentions allégoriques de la Renaissance. C’est là un procès qui
ne se peut plaider et juger qu’après ample et légitime enquête sur les précédents
et coïncidents de la cause; et voilà précisément à quoi je voudrais convier les
travailleurs de loisir. Car pour moi, j’ai autre chose à faire.
Rien d’autres signes d’étiquette aujourd’hui périmée, nous donnent à entendre qu’il faut
reconstruire de toutes pièces un coutumier dont la trace s’est perdue pour la plupart des
hommes, tandis que les modes changeaient peu à peu. Ainsi un prêtre, sur sa tombe, portait
la chasuble ou même le calice. Pour des chanoines, comme astreints à l’office public, c’était
le rochetou surplis à larges manches, avec le livre des heures canoniales et l’aumusse. Mais
là encore intervient plus d’une distinction hiérarchique. Car outre l’espèce de fourrure
(petit-gris ou écureuil) pour différencier les membres effectifs du chapitre et les chape-
lains, il y avait encore le capuchon, exprimant à sa manière une autre nuance capitulaire.
Durant la saison mauvaise on relevait l’aumusse sur la tête, mais un chanoine non
prêtre devait porter le couvre-chef en forme de coqueluchon arrondi comme une
tête de phoque; tandis que les chanoines-prêtres avaient seuls droit de se coiffer du
capuce corna-, c’est-à-dire sensiblement carré ou même évasé par-dessus les oreilles.
1. Cl. Annales archéologiques, t. XXVI, p. 108, sv.; d’après pos de deux pierres sépulcrales publiées tout récemment
M. V. Carderera, qui paraît bien informé. par M. F. de Guilhermy. Combien d’autres détails auront à
2. J’en laisserai apercevoir quelque chose (page 318) à pro- être signalés, quand on voudra traiter cela tout de bon !
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plus guère d’aller au loin feuilleter des documents chanceux; d’autant que j’y ai trop
vu de curieux détails sur le costume (de quoi je ne me plains pas), mais assez peu
de ces particularités biographiques qu’il nous faudrait pour arriver à des lois sur les-
quelles on se sera réglé en fait de monuments. Que de fois on nous renseigne sur les
alliances et généalogies, fiefs et acquêts ou promotions, sans rien qui fasse connaître la
fin ou les actes marquants du défunt!
Ce que j’ai proposé peut donc être déjà réalisé en partie; et dans ce cas le public
se trouverait bien d’en posséder l’ensemble complet, réuni sous forme accessible à
tous. Pour moi, je ne le présente qu’c enquérir, comme parlent les béraldistes ; ou
acl avisandum, selon l’ancien style de palais. Si peu fondés qu’ils soient, nos soupçons
sur l’utilité de recherches en ce genre pourront donner lien d’éclairer divers points
de cette pragmatique, positivement ou négativement.
Charles-Quint paraît avoir voulu réglementer en ceci, comme en mainte autre chose
qui ne le regardait guère 1 2 ; et prétendait, sans doute, restituer les bonnes coutumes
du temps féodal. Mais il venait un peu tard, mettre sa main de législateur à ce qui
n’avait probablement pris sa force que dans l’accord des esprits et des volontés ;
garantie bien supérieure aux effets d’une ordonnance, même impériale :
« Quid loges sine moribus
Yanæ proficiunt ! »
Cependant on peut croire que le prince autrichien avait pris l’avis de ses hérauts
d’armes flamands, ou bourguignons; et que ceux-ci prétendaient surtout maintenir
des us et coutumes qui allaient se dénaturant un peu trop à leurs yeux, sous la main
des artistes novateurs. Il y aurait donc à considérer dans cette ordonnance du
xvie siècle, si l’esprit conservateur y a pu obtenir place suffisante auprès de l’iné-
vitable manie législative des chancelleries modernes; et jusqu’à quel point on aurait
pactisé avec les prétentions allégoriques de la Renaissance. C’est là un procès qui
ne se peut plaider et juger qu’après ample et légitime enquête sur les précédents
et coïncidents de la cause; et voilà précisément à quoi je voudrais convier les
travailleurs de loisir. Car pour moi, j’ai autre chose à faire.
Rien d’autres signes d’étiquette aujourd’hui périmée, nous donnent à entendre qu’il faut
reconstruire de toutes pièces un coutumier dont la trace s’est perdue pour la plupart des
hommes, tandis que les modes changeaient peu à peu. Ainsi un prêtre, sur sa tombe, portait
la chasuble ou même le calice. Pour des chanoines, comme astreints à l’office public, c’était
le rochetou surplis à larges manches, avec le livre des heures canoniales et l’aumusse. Mais
là encore intervient plus d’une distinction hiérarchique. Car outre l’espèce de fourrure
(petit-gris ou écureuil) pour différencier les membres effectifs du chapitre et les chape-
lains, il y avait encore le capuchon, exprimant à sa manière une autre nuance capitulaire.
Durant la saison mauvaise on relevait l’aumusse sur la tête, mais un chanoine non
prêtre devait porter le couvre-chef en forme de coqueluchon arrondi comme une
tête de phoque; tandis que les chanoines-prêtres avaient seuls droit de se coiffer du
capuce corna-, c’est-à-dire sensiblement carré ou même évasé par-dessus les oreilles.
1. Cl. Annales archéologiques, t. XXVI, p. 108, sv.; d’après pos de deux pierres sépulcrales publiées tout récemment
M. V. Carderera, qui paraît bien informé. par M. F. de Guilhermy. Combien d’autres détails auront à
2. J’en laisserai apercevoir quelque chose (page 318) à pro- être signalés, quand on voudra traiter cela tout de bon !