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Le charivari — 17.1848

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Juin (No. 153-182)
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LE CHARIVARI.

murmurer ses antithèses omnicolores à l'oreille des
citoyens Anicet Bourgeois et Achille Jubinal.

LES BUREAUX DE POSTE ET DE TABAC.

Quelques uns sont blonds, plusieurs sont bruns,
beaucoup sont châtains, ils sont tous encore un peu
boules-rouges.

Voilà trois jours qu'on les rencontre par petites
bandes dans la salle des Pas-Perdus, à l'assemblée
nationale. Je vous laisse à penser si les représentai
frottent le verre de leurs lorguons. Le citoyen Du-
vergier de Hauranne fait voltiger sur ses lèvres un
sourire d'Kgipan. On se croirait à l'orchestre de
l'Opéra, peut-être au bal Mabile.

J'ai vu rougir cette chaste statue de Minerve que
Lysippe a coiffée d'un casque de pompier.

Mais qu'importe la pudeur d'une statue au;our-
d'hui? Les bureaux de poste et les bureaux de ta-
bac se promènent toujours. On en distingue un qui
a les yeux bleus, des roses sur les joues, la bouche
en cœur, des fossettes au menton, un corsage de
guêpe. Vous diriez un trumeau de Boucher chargé
de timbrer nos lettres ou de nous faire des cornets
de tabac.

Comme nous allons ! ce temps est à l'antithèse, bien
que le citoyen Victor Hugo ne soit encore rien. La
démocratie nous a menés à la Pompadour ; il y a
parmi les fonctionnaires républicains des marquis de
LaFare qui donnent des greniers à sel pour un quart
d'heure de tête-à-tête. La France va vivre prochaine-
ment sous le régime de la citoyenne Cotillon.

On espérait que le parlement userait du droit de
réprimande. Comment voulez-vous qu'il s'y prenne
pour cela? Les bureaux de poste et de tabac se di-
sent : Nos fredaines les arrangent ; ils ont tant d'af-
faires sur les bras!

Ainsi point de digue. Allez, petites, recommencez
Louis XV, faites ripaille et criez : Vive la Républi-
que ! c'est elle qui paie. Pardieu, la République a
bon dos.

CE QUI S'APPELLE FAIRE SON BEURRE.

Vous pouvez vous rappeler, pour peu que vous
ayez bonne mémoire, car il nous faut remonter au
règne de Louis-Philippe, vous pouvez vous rappeler,
dis-je, une certaine histoire de scandaleuses dilapi-
dations commises à l'hôtel des Invalides.

Une enquête avait été ouverte, et les résultats com-'
mencent à transpirer dans le public.

Le chapitre du beurre n'est pas le moins curieux
et ce compte aurait pu parfaitement être inscrit sous
la rubrique carolle.

Depuis sept ans, si.l'on en croit d'anciens em-
ployés de l'hôtel des Invalides, le beurre avait été
remplacé dans presque tous les usages culinaires par
du vieux lard, lequel vieux lard, bien entendu, était
payé comme beurre.

La différence de prix sur ces deux denrées seule-
ment a produit en sept années un léger bénéfice de
cent soixante mille francs.

Qu'on a bien raison de dire de certains adminis-
trateurs qu'ils font leur beurre ! Jamais je n'ai mieux
reconnu la justesse de celte expression.

Cent soixante mille francs de beurre, il y a gras.

Pour peu que les mêmes erremens aient été suivis
relativement à deux ou trois autres fournitures, Je
menu des Invalides n'aura que trop de motifs pour
être qualifié de la sorte.

Il devait même être infiniment trop menu.

Les pruneaux de Tours devaient être récoltés à
Vaugirard, le boeuf devait être de la génisse, quant
à la génisse, je frémis de songer à ce qu'elle pouvait
être.

Je sais bien que tous les pensionnaires des Invali-
des sont de vieux braves ; mais si brave qu'on soit
on doit reculer devant de certains mets.

A cela vous me répondrez qu'en Russie nos soldats
ont mangé du cheval.

Raison de plus pour que sur leurs vieux jours ils
se dédommagent ën mangeant du meilleur rosbif.

Les invalides ont une argenterie magnifique, des
cuillères à potage non ruolzées, mais ils finiront par
préférer du maillechort, pourvu que ces fausses four-
chettes piquent sur l'assiette du vrai veau.

Si nous en croyons la rumeur publique, les dila-
pidations commises aux Invalides dans le cours des
sept dernières années atteindraient le chiffre, j'al-
lais dire honnête, de douze cent mille francs.

Il peut y avoir exagération dans le total, mais quel
que soit le chiffre, il n'en est pas moins déplorable
que des soustractions pareilles aient pu s'accomplir
pendant un si long espace de temps.

i miMMllll mm.....

Théâtre de la République.

La rue Quincampoix, drame en cinq actes et en
vers par M. Ancelot.

On ne voulait pas croire à cette résurrection de la
muse de M. Ancelot. Est-ce bien possible ? Quoi !
5 actes en vers, de la poésie à torrens, des boisseaux
de rimes fleuries, une soirée charmante à passer en
tête à tête avec l'esprit de M. Aucelot, avec la grâce,
l'élégance, la finesse de M. Artcelot ! Non, ce bon-
heur ne nous arrivera past' Au fait, pourquoi non?
disait-on d'un autre côté; La belle au bois domunt
s'est bien réveillée après.un sommeil de cent ans,
aussi jeune que le jour où elle s'était endormie. Ne
voit-on pas tous les jours de vieux grognards que l'on
croyait morts revenir du fond de la Sibérie? Pour-
quoi M. Ancelot ne reviendrait-il pas lui aussi, pour-
quoi ne se réveillerait-il pas, comme un autre, de ce
sommeil enchanté où l'avait plongé sa dernière tra-
gédie ?

Il s'est réveillé frais et rose comme un poète de
vingt ans; le vieux grognard échappé des steppes de
la Sibérie est rentré dans ses foyers, fringant et vif
comme un garde mobile. Muse de la jeunesse, baise-
le au front. Ce n'est plus le bonhomme que nous
avons connu chantonnant de vieux airs de vaude-
ville et radotant la tragédie, c'est un romantique de
1832 ardent, plein de fougue, zélé pour le hoquet
dramatique et chevauchant, tourné vers la queue,
sur l'hippogriffe de la fantaisie.

Il faut vous dire que la complainte de Pyrame et
Thisbé, avec la gravure, n'est rien auprès de la tou-
chante histoire du comte de Horn et de Jeanne sa
maîtresse. Dans Pyrame et Thisbé, le dénouement
repose sur un simple malentendu. Pyrame croit
qu'un lion a dévoré sa maîtresse et se tue de déses-
poir. Il y avait un meilleur parti à tirer de la situa-
tion, et c'est à quoi M. Ancelot n'aurait pas manqué
s'il avait composé la complainte. Dans sa pièce il y
a aussi un malentendu. Le jeune comte de Horn,
ruiné en agiotant sur les actions de Law, veut se re-
faire un peu en volant un vieil usurier très riche. Il
se trouve que cet usurier est l'intendant de Mlle
Joanne, et que c'eit Mile Jeanne qui possède les mil-
lions du prétendu usurier, millions qu'elle serait trop
heureuse de iaire accepter à son jeune amant. C'est
déjà un malentendu qui va devenir encore plus sai-
sissant et amener un second malentendu. Quand les
malentendus vout deux à deux, l'action dramatique

en va mieux ; alors on n'est pas loin d'attraper le fin
de l'art.

Vous voyez d'ici le comte de Horn entrant la nuit,
en manteau couleur de muraille, dans la maison de
Jeanne. La jeune fille s'est retirée dans la chambre
voisine pour prendre un moment de repos : a Je
vais au sommeil demander l'incarnat... » dit—elle en
voyant dans une glace ses joues pâles de fatigue. Il
n'y a rien d'aussi joli que ce mot dans la complainte
de Pyrame. Demander l'incarnat au sommeil ! mais
tout à coup Jeanne entend du bruit, elle arrive sur
la pointe du pied. Ici un horrible malentendu. Le
comte de Horn prend sa maîtresse pour l'usurier et
la frappe d'un coup de poignard. Voilà qui est au-
trement dénoué que le malentendu de la complainte.
J'aurais voulu que Pyrame accouru au secours de
Thisbé, au moment où elle est attaquée par le lion,
la prit pour le lion et la perçât de son javelot. Alors
la complainte serait tout à fait digne d'être mise en
parallèle avec le drame de M. Ancelot.

Ce qui assure encore la supériorité à ce dernier
ouvrage, c'est la largeur de son cadre qui a permis
à l'auteur d'y faire entrer la peinture des agiotages
de la rue Quincampoix. Dans Pyrame et Thisbé il
n'en est pas question, le cadre est trop étroit; un
seul couplet semble faire allusion au système de
Law, mais les critiques ne sont pas d'accord sur ce
point. En tout cas, un seul couplet de la complainte
ne saurait balancer le mérite des vigoureuses pein-
tures de M. Ancelot. Une femme de chambre qui ga-
gne jusqu'au carrosse de sa maîtresse, un cocher qui
agiote du haut de son siège, enfin un bossu qui loue
sa bosse comme un pupitre aux agioteurs, tout cela
est d'un tel goût, d'un tel « incarnat », que par mo-
mens on croit y reconnaître la touche de Mme Ance-
lot. Le bossu particulièrement est miraculeux d'in-
vention. Soyez sûr qu'on rira longtemps de ce bossu
dans le salon de la rue Joubert.

Pour trouver quelque chose de comparable aux
entretiens poétiques des deux amans, la complainte
de Pyrame devient insuffisante; c'est là que se dé-
clare enfin le hoquet dramatique négligé jusqu'ici
par M. Ancelot. On se regardait avec étonnement.
On se demandait dans quelle fontaine de Jouvence
s'était retrempé ce poète né, dit-on, sous l'influence
d'un vieux quartier de quelque vieille lune. Pendant
les trois heures qu'a duré la représentation, le pu-
blic n'a pas perdu une seule de ces grâ:es, de ces in-
tentions fines, de ces espiègleries délicieuses; rien ne
lui a échappé de ces traits heureux, de ces bosses, dé
ces malentendus. Aussi le succès a-t-il été éclatant.
L'Académie avait envoyé des représentans à cette
solennité ; le soir il y a eu des lampions aux fenê-
tres de la rue Joubert et l'on y riait encore à deux
heures du matin de cet adorable petit bossu.

Le citoyen Etienne Arago nous prie d'insérer la
lettre suivante en réponse à une calomnie du Gour-
rier de la Gironde.

Paris, 31 mai 1848.

Citoyen,

Vous reproduisez un article du Courrier de la
Gironde qui m'appelle décacheteur et voleur de
lettres, parce qu'une lettre et un numéro du Cor-
saire ne lui seraient pas parvenus.

Il y a là une infâme calomnie que mes antécédent
et la confiance des républicains démocrates me per-
mettent de mépriser.

Je pourrais sans doute demander aux tribunaux
compte d'une injure aussi odieuse, et personne ne
doutera qu'il ne fût facile de l'obtenir. Mais, enfant
de la presse, je veux témoigner de mon resneét pour
elle en ne la poursuivant pas dans un de ses excô*.
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