LE CHARIVARI.
entre autres celui-ci : Le duc Barthélémy Saint-Hi-
laire ayant fait arrêter le cortège, on ne sait trop pour-
quoi, Sa Majesté lui dit : Hâtez-vous, monsieur le
duc, l'exactitude est la politesse des rois.
Le prince Pagnerre et le comte Flandrin ont don-
né pendant toute la durée du concert des signes non
équivoques de satisfaction aux artistes. Le prince Pa-
gnerre s'est seulement un peu endormi pendant qu'on
chantait l'air de Meyerbeer. Il en avait le droit, cet
air est fort ennuyeux.
Après le concert, la cour s'est retirée avec le même
cérémonial, et Marrast XIV, suivi des princes, a re-
pris le chemin de Paris dans le wagon royal. Une
salve de cent vingt et un coups de canon l'a égale-
ment salué à son départ.
Sa Majesté avait promis de passer la nuit dans son
château de Versailles, et on se disputait déjà à qui du
gouverneur ou des échevins lui donnerait le bou-
geoir. On avait fini par décider que le gouverneur
aurait le bougeoir et que le conseil de ville se con-
tenterait de lui passer la chemise.
Malheureusement Marrast XIV a changé d'avis dans
la journée.
A quatre heures le concert était fini, le chemin de
fer venait d'entraîner les auditeurs vers Paris, et je
me promenais mélancoliquement dans les allées du
jardin de Versailles en me disant que notre siècle au-
rait bien besoin d'un Labruyère pour mettre en lu-
mière les ridicules et les petitesses des grands du
jour.
Le bruit se répand, et les journaux l'annoncent,
que l'Etat veut vendre les parties du bois de Vin-
cennes qui sont sa propriété. L'ouvrier, l'artisan, le
petit bourgeois, le peuple enfin n'aurait plus de pro-
menade. Que deviendront le dimanche le faubourg
Saint-Antoine et le Marais ?
N'y a-t-il pas assez de guinguettes et de cabarets
dans les environs de Paris, n'a- t-on pas assez de ces
champs-d'asile de la paresse et de l'ivrognerie qu'on
appelle des villages? Pourquoi couper ces chênes sé-
culaires qui rappellent saint Louis ! Les fortifications
de Louis-Philippe ne nous ont-elles pas pris assez
d'arbres de ce pauvre bois de Vincennes, ne sera-t-
on satisfait que lorsqu'on l'aura supprimé tout à fait,
et que la charrue aura passé sur l'ombrage des pau-
vres Parisiens ?
Guerre aux défricheurs ! Le peuple veut qu'on lui
laisse sa part de campagne et de forêt, il veut respi-
rer la brise au printemps, jouir d'un peu d'ombre
l'été. Pourquoi l'Etat ne songe-t-il pas à vendre le
bois de Boulogne? Mais non, qu'il les garde tous les
deux, ils sont nécessaires aux plaisirs de la capitale.
L'Etat est pauvre, il a besoin de ressources, mais il
n'en est pas, quoi qu'on en dise, à mettre les Tuile-
ries en coupe réglée et à vendre les charmilles et les
taillis de nos promenades.
LE PRINCE ET LE GRAND TICTOR.
Le parti-penseur s'est mis hier officiellement en
rapport avec le prince Louis.
On sait que le parti-penseur se compose de la ré-
daction de l'Événement, autrement dit la tribu Hu-
go. On l'appelle encore le parti-chanteur ou le parti-
poète.
Après une heure et quart d'antichambre chez le
prince, les penseurs ont été introduits sur deux
rangs, M. Hugo en tête, à côté de M. Vacquerie qui
marchait à cloche-pied, attitude qui lui est familière
quand il pense. Leur entrée ressemblait assez aux
entrées de matassins de Molière. M. Vieillard, intro-
ducteur auprès du prince, lui a présenté d'abord M.
Victor Hugo.
— Ya, ya, s'est écrié le prince, le crand Fictor !
che gonnais ; ça fa pien, crand Fictor?
— Pas mal, et vous, mon prince ? J'ai l'honneur
de vous présenter l'élite de la jeunesse française.
Penseurs, saluez monsieur.
Les penseurs s'inclinent à l'excep'.ion de M. Vac-
querie qui reste immobile sur une jambe.
— Cette cheune homme n'être pas un penseur?
demande le prince.
— Au contraire, mon empereur. C'est même le
plus profond de tous, ce qui explique pourquoi il y
a des momens où il est absorbé, comme à cette
heure. Passez-lui une plume sous le nez, mettez-lui
du tabac dans les narines, il n'éternuera seulement
pas. En ce moment il écoute, j'en suis sûr, ce que la
nature dit à Dieu.
—Pien, pien, Fictor! Et cette betite cheune
homme là-bas?
— Celui qui se pince le nez? Fichtre! celui-là
c'est Tartempion. Il n'en a pas l'air, mais il pense
presque aussi fortement que Vacquerie ; peut-être
même chante-t-il mieux.
— Ya, ya; ch'aime pien un betite chanson.
Nicht der Ait
Trik tron-flok
Vlan vlin clit. ,
Tous les poètes reprennent ce chant en choeur :
Nicht der Ait
Trik tron flok
Vlan vlin clit
Trin tron trok.
On distingue dans cette masse vocale le soprano
aigu du citoyen Vacquerie qui tranche sur la basse
formidable du grand Victor. Quand le silence est
rétabli, le citoyen Vacquerie reprend son attitude de
penseur et M. Victor Hugo s'adresse en ces termes
au prince :
— Nous chantons quelquefois la légère chanson-
nette,, parce qu'elle exprime la joie et que la joie
vient de Dieu, mais ordinairement nos chants sont
tristes. La tristesse, elle aussi, vient de Dieu ; ce sont
les deux faces de l'humanité, la face qui pleure et
la face qui rit, voilà pourquoi nos chants sont alter-
nativement gais et tristes, mais plus souvent tristes
parce qu'il y a plus de douleurs que de joies au fond
de la vie humaine.
— Ya, ya, je gombrends bas.
— Vous ne comprenez pas ? Cependant mes œu-
vres ont toujours réfLété les deux faces de l'humani-
té. Oserai-je vous demander, prince, si vous avez lu
mes œuvres?
. — Ya, des livres pien choyeuses ; — Mon foisin
Raymond, Le Cocu, Frère Jacques. Fife la choie !
Nicht der Ait
Trik tron flok
Etc., etc., etc.
—Poètes, s'écrie M. Victor Hugo, poètes, ne chan-
tez pas. Je le vois avec douleur, le prince me confond
avec Paul de Kock.
— Ya, ya, Boil de Kock. Fife Boil de Kock et le
erand Fictor !
— Poètes, reprend M. Victor Hugo, du calme,
imitez ma sérénité. Il y a ici un malentendu. Je vois
bien que le parti du National a sourdement intrigué
eontre les penseurs en persuadant au prince, par des
agens secrets, que les penseurs comptaient le citoyen
Paul de Kock dans leurs rangs. Vacquerie, je vous
défends de murmurer, remettez-vous sur votre jam-
be, vous êtes beau dans cette pose. Et vous, prince,
.je vais vous dire de fortes vérités ; tant pis si les cou-
des de ma peusée vous gêDent comme ils ont gêné
Louis-Philippe. Voys êtes lp r>r<«Rn.t, ô prince Louis,
mais vous ne serez l'avenir qu'à la condition de com-
prendre mon système. Ce sera l'affaire de quatre
séances de nuit pour vous l'expliquer. Ce qu'on en-
tend sur la montagne et ce que l'Océan dit à Dieu
tout est là, il ne s'agit pas du tout de Paul de Kock.
Prenez-le pour ministre de la Pensée et je ne vous
donne pas huit jours de règne. Ensuite il faut vous
dcLàre de votre accent et ne pas m'appelerfictor,
crand Fictor. Comprenez-vous un ministère qiii s'ap-
pellerait le ministère Fictor Huco? ce serait un mi.
nistère impossible.
Prince, j'ai dit, je me suis exprimé avec l'énergie
qui convient à un poète. Il faudra aussi vous défaire
de votre nicht, der flit, c'est une chanson ou plu-
tôt une scie de corps de garde. A ces conditions seu-
lement vous aurez le concours de ma tribu.
Maintenant, vous autres penseurs, attention ; re-
prenez vos rangs et mettons-nous en route. N'eu-
bliez pas Vacquerie dans quelque coin, et soutenez-le
pour qu'il ne se laisse pas tomber en marchant sur
une seule jambe. En avant, deux à deux, car tout va
par deux dans la nature ; l'homme a deux yeux, les
moutons ont deux gigots, les angles ont deux côtés ;
conséquemment c'est deux à deux que doivent aller
les penseurs. Au revoir, prince, nous commencerons
demain nos quatre séances de nuit.
CORRESPONDANCE.
Au rédacteur du charivari.
Citoyen,
Dans votre numéro d'hier vous exposez le système
que suivra M. de Girardin lorsque le prince Louis
lui aura confié le ministère des finances.
Votre exposition est complète, sauf une idée que
vous passez sous silence et dont M. de Girardin nous
a bien souvent entretenus.
— J'ai créé, nous disait-il encore l'autre jour, les
mines de Saint-Bérain où il ne manque que du char-
bon ; s'il n'y en a jamais eu, la faute en est au géné-
ral Cavaignac. Dès que j'aurai le pouvoir, j'emploirai
deux cent mille ouvriers à mettre du charbon dans
ces mines. Deux cent mille autres seront journelle-
ment occupés à l'extraire, de sorte qu'il y aura là
de l'ouvrage pour quatre cent mille ouvriers pendant
un temps indéfini.
Telle est cette idée, simple à la fois et gigantesque
comme toutes celles de notre illustre ami. Les action-
naires de Saint-Bérain en tressailleront de joie dans
leur tombe.
Agréez, etc. gilles et bonnal.
M. GD1Z0T CANDIDAT,
On sait que Caen est le chef-lieu du département
du Calvados et la patrie de feu Cornet. Depuis la
mort de cet éleveur, le département du Calvados
manque d'illustration et ne sait plus comment faire
parler de lui.
Ceci vexe énormément cinquante ou soixante mau-
vaises têtes qui ont le patriotisme très susceptible et
qui ne sauraient vivre si le département du Calvados
ne fait pas le sujet des conversations de toute la
France.
Dernièrement ces cinquante ou soixante mauvaises
têtes, qui sont comme qui dirait les penseurs de a
Normandie, se sont réunies dans le but d aviser^
trouver quelque expédient pour mettre le pays en
veil au sujet du département du Calvados.
La réunion a été fort animée et les propositions
fort nombreuses. Nous en citerons quelques naes'^
L'un des penseurs, et puisque ce mot vient a
entre autres celui-ci : Le duc Barthélémy Saint-Hi-
laire ayant fait arrêter le cortège, on ne sait trop pour-
quoi, Sa Majesté lui dit : Hâtez-vous, monsieur le
duc, l'exactitude est la politesse des rois.
Le prince Pagnerre et le comte Flandrin ont don-
né pendant toute la durée du concert des signes non
équivoques de satisfaction aux artistes. Le prince Pa-
gnerre s'est seulement un peu endormi pendant qu'on
chantait l'air de Meyerbeer. Il en avait le droit, cet
air est fort ennuyeux.
Après le concert, la cour s'est retirée avec le même
cérémonial, et Marrast XIV, suivi des princes, a re-
pris le chemin de Paris dans le wagon royal. Une
salve de cent vingt et un coups de canon l'a égale-
ment salué à son départ.
Sa Majesté avait promis de passer la nuit dans son
château de Versailles, et on se disputait déjà à qui du
gouverneur ou des échevins lui donnerait le bou-
geoir. On avait fini par décider que le gouverneur
aurait le bougeoir et que le conseil de ville se con-
tenterait de lui passer la chemise.
Malheureusement Marrast XIV a changé d'avis dans
la journée.
A quatre heures le concert était fini, le chemin de
fer venait d'entraîner les auditeurs vers Paris, et je
me promenais mélancoliquement dans les allées du
jardin de Versailles en me disant que notre siècle au-
rait bien besoin d'un Labruyère pour mettre en lu-
mière les ridicules et les petitesses des grands du
jour.
Le bruit se répand, et les journaux l'annoncent,
que l'Etat veut vendre les parties du bois de Vin-
cennes qui sont sa propriété. L'ouvrier, l'artisan, le
petit bourgeois, le peuple enfin n'aurait plus de pro-
menade. Que deviendront le dimanche le faubourg
Saint-Antoine et le Marais ?
N'y a-t-il pas assez de guinguettes et de cabarets
dans les environs de Paris, n'a- t-on pas assez de ces
champs-d'asile de la paresse et de l'ivrognerie qu'on
appelle des villages? Pourquoi couper ces chênes sé-
culaires qui rappellent saint Louis ! Les fortifications
de Louis-Philippe ne nous ont-elles pas pris assez
d'arbres de ce pauvre bois de Vincennes, ne sera-t-
on satisfait que lorsqu'on l'aura supprimé tout à fait,
et que la charrue aura passé sur l'ombrage des pau-
vres Parisiens ?
Guerre aux défricheurs ! Le peuple veut qu'on lui
laisse sa part de campagne et de forêt, il veut respi-
rer la brise au printemps, jouir d'un peu d'ombre
l'été. Pourquoi l'Etat ne songe-t-il pas à vendre le
bois de Boulogne? Mais non, qu'il les garde tous les
deux, ils sont nécessaires aux plaisirs de la capitale.
L'Etat est pauvre, il a besoin de ressources, mais il
n'en est pas, quoi qu'on en dise, à mettre les Tuile-
ries en coupe réglée et à vendre les charmilles et les
taillis de nos promenades.
LE PRINCE ET LE GRAND TICTOR.
Le parti-penseur s'est mis hier officiellement en
rapport avec le prince Louis.
On sait que le parti-penseur se compose de la ré-
daction de l'Événement, autrement dit la tribu Hu-
go. On l'appelle encore le parti-chanteur ou le parti-
poète.
Après une heure et quart d'antichambre chez le
prince, les penseurs ont été introduits sur deux
rangs, M. Hugo en tête, à côté de M. Vacquerie qui
marchait à cloche-pied, attitude qui lui est familière
quand il pense. Leur entrée ressemblait assez aux
entrées de matassins de Molière. M. Vieillard, intro-
ducteur auprès du prince, lui a présenté d'abord M.
Victor Hugo.
— Ya, ya, s'est écrié le prince, le crand Fictor !
che gonnais ; ça fa pien, crand Fictor?
— Pas mal, et vous, mon prince ? J'ai l'honneur
de vous présenter l'élite de la jeunesse française.
Penseurs, saluez monsieur.
Les penseurs s'inclinent à l'excep'.ion de M. Vac-
querie qui reste immobile sur une jambe.
— Cette cheune homme n'être pas un penseur?
demande le prince.
— Au contraire, mon empereur. C'est même le
plus profond de tous, ce qui explique pourquoi il y
a des momens où il est absorbé, comme à cette
heure. Passez-lui une plume sous le nez, mettez-lui
du tabac dans les narines, il n'éternuera seulement
pas. En ce moment il écoute, j'en suis sûr, ce que la
nature dit à Dieu.
—Pien, pien, Fictor! Et cette betite cheune
homme là-bas?
— Celui qui se pince le nez? Fichtre! celui-là
c'est Tartempion. Il n'en a pas l'air, mais il pense
presque aussi fortement que Vacquerie ; peut-être
même chante-t-il mieux.
— Ya, ya; ch'aime pien un betite chanson.
Nicht der Ait
Trik tron-flok
Vlan vlin clit. ,
Tous les poètes reprennent ce chant en choeur :
Nicht der Ait
Trik tron flok
Vlan vlin clit
Trin tron trok.
On distingue dans cette masse vocale le soprano
aigu du citoyen Vacquerie qui tranche sur la basse
formidable du grand Victor. Quand le silence est
rétabli, le citoyen Vacquerie reprend son attitude de
penseur et M. Victor Hugo s'adresse en ces termes
au prince :
— Nous chantons quelquefois la légère chanson-
nette,, parce qu'elle exprime la joie et que la joie
vient de Dieu, mais ordinairement nos chants sont
tristes. La tristesse, elle aussi, vient de Dieu ; ce sont
les deux faces de l'humanité, la face qui pleure et
la face qui rit, voilà pourquoi nos chants sont alter-
nativement gais et tristes, mais plus souvent tristes
parce qu'il y a plus de douleurs que de joies au fond
de la vie humaine.
— Ya, ya, je gombrends bas.
— Vous ne comprenez pas ? Cependant mes œu-
vres ont toujours réfLété les deux faces de l'humani-
té. Oserai-je vous demander, prince, si vous avez lu
mes œuvres?
. — Ya, des livres pien choyeuses ; — Mon foisin
Raymond, Le Cocu, Frère Jacques. Fife la choie !
Nicht der Ait
Trik tron flok
Etc., etc., etc.
—Poètes, s'écrie M. Victor Hugo, poètes, ne chan-
tez pas. Je le vois avec douleur, le prince me confond
avec Paul de Kock.
— Ya, ya, Boil de Kock. Fife Boil de Kock et le
erand Fictor !
— Poètes, reprend M. Victor Hugo, du calme,
imitez ma sérénité. Il y a ici un malentendu. Je vois
bien que le parti du National a sourdement intrigué
eontre les penseurs en persuadant au prince, par des
agens secrets, que les penseurs comptaient le citoyen
Paul de Kock dans leurs rangs. Vacquerie, je vous
défends de murmurer, remettez-vous sur votre jam-
be, vous êtes beau dans cette pose. Et vous, prince,
.je vais vous dire de fortes vérités ; tant pis si les cou-
des de ma peusée vous gêDent comme ils ont gêné
Louis-Philippe. Voys êtes lp r>r<«Rn.t, ô prince Louis,
mais vous ne serez l'avenir qu'à la condition de com-
prendre mon système. Ce sera l'affaire de quatre
séances de nuit pour vous l'expliquer. Ce qu'on en-
tend sur la montagne et ce que l'Océan dit à Dieu
tout est là, il ne s'agit pas du tout de Paul de Kock.
Prenez-le pour ministre de la Pensée et je ne vous
donne pas huit jours de règne. Ensuite il faut vous
dcLàre de votre accent et ne pas m'appelerfictor,
crand Fictor. Comprenez-vous un ministère qiii s'ap-
pellerait le ministère Fictor Huco? ce serait un mi.
nistère impossible.
Prince, j'ai dit, je me suis exprimé avec l'énergie
qui convient à un poète. Il faudra aussi vous défaire
de votre nicht, der flit, c'est une chanson ou plu-
tôt une scie de corps de garde. A ces conditions seu-
lement vous aurez le concours de ma tribu.
Maintenant, vous autres penseurs, attention ; re-
prenez vos rangs et mettons-nous en route. N'eu-
bliez pas Vacquerie dans quelque coin, et soutenez-le
pour qu'il ne se laisse pas tomber en marchant sur
une seule jambe. En avant, deux à deux, car tout va
par deux dans la nature ; l'homme a deux yeux, les
moutons ont deux gigots, les angles ont deux côtés ;
conséquemment c'est deux à deux que doivent aller
les penseurs. Au revoir, prince, nous commencerons
demain nos quatre séances de nuit.
CORRESPONDANCE.
Au rédacteur du charivari.
Citoyen,
Dans votre numéro d'hier vous exposez le système
que suivra M. de Girardin lorsque le prince Louis
lui aura confié le ministère des finances.
Votre exposition est complète, sauf une idée que
vous passez sous silence et dont M. de Girardin nous
a bien souvent entretenus.
— J'ai créé, nous disait-il encore l'autre jour, les
mines de Saint-Bérain où il ne manque que du char-
bon ; s'il n'y en a jamais eu, la faute en est au géné-
ral Cavaignac. Dès que j'aurai le pouvoir, j'emploirai
deux cent mille ouvriers à mettre du charbon dans
ces mines. Deux cent mille autres seront journelle-
ment occupés à l'extraire, de sorte qu'il y aura là
de l'ouvrage pour quatre cent mille ouvriers pendant
un temps indéfini.
Telle est cette idée, simple à la fois et gigantesque
comme toutes celles de notre illustre ami. Les action-
naires de Saint-Bérain en tressailleront de joie dans
leur tombe.
Agréez, etc. gilles et bonnal.
M. GD1Z0T CANDIDAT,
On sait que Caen est le chef-lieu du département
du Calvados et la patrie de feu Cornet. Depuis la
mort de cet éleveur, le département du Calvados
manque d'illustration et ne sait plus comment faire
parler de lui.
Ceci vexe énormément cinquante ou soixante mau-
vaises têtes qui ont le patriotisme très susceptible et
qui ne sauraient vivre si le département du Calvados
ne fait pas le sujet des conversations de toute la
France.
Dernièrement ces cinquante ou soixante mauvaises
têtes, qui sont comme qui dirait les penseurs de a
Normandie, se sont réunies dans le but d aviser^
trouver quelque expédient pour mettre le pays en
veil au sujet du département du Calvados.
La réunion a été fort animée et les propositions
fort nombreuses. Nous en citerons quelques naes'^
L'un des penseurs, et puisque ce mot vient a