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Le charivari — 17.1848

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Décembre (No. 336-366)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17760#1386
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LE CHARIVARI.

buste de M. Victor Hugo, aussi grand que celui d'un
géant et modestement couronné de lauriers, avec des
effets de front.

J'ai sculpté encore une foule de bustes, de statues
et de monumens, mais je n'ai jamais fait de co-
lonnes.

Le besoin que j'exécute une colonne se fait géné-
ralement sentir.

Ecrivons donc une lettre pour apprendre à la
France en général et à Montmartre en particulier,
qu'ils éprouvent le besoin de posséder une colonne
de moi.

Je dis Montmartre et je choisis Montmartre parce
que cette ville pittoresque et importante possède déjà
sur ses buttes une foule de monumens au milieu
desquels ma colonne produira le plus mirobolant
effet.

Je vois d|ici la place qu'occupera ma colonne entre
le moulin de la Galette et le château des Brouillards.

Il prit donc la plume et il commença sa lettre en
ces termes simples et montmartriens :

« Si les crises successives de notre globe ont laissé
partout des traces de leurs révolutions, l'œil du génie
en fouillant dans les entrailles de la terre lit et con-
temple avec effroi les vieilles annales du monde.

» Faites donc élever par moi une colonne à Mont-
martre.

» Chaque peuple a empreint son passage sur ce
corps gigantesque dont l'épouvantable respiration
semble se faire jour par les volcans et lègue quelque
souvenir à la mémoire des hommes.

Faites donc élever par moi une colonne à Mont-
martre. »

Voilà, je l'espère du style à faire crever de dépit
Tragaldabas! —Que dites-vous de ces images? Lais-
sez-moi seulement jeter un cri d'admiration rien que
pour m'extasier devant cette respiration qui se fait
jour à travers les volcans et lègue un souvenir à la
mémoire des hommes.

Je pousse donc mon cri d'admiration !

Et n'allez pas croire que la part de l'érudition n'ait
point été faite par David d'Angers. Voyez comment
il raconte en archéologue consommé o que chez les

peuples pasteurs les monumens commémoratifs
étaient de la plus grande simplicité et que Moïse, cet
éternel républicain, a fait élever par les Hébreux des
monumens en tas de pierre. »

Or, si les Hébreux faisaient de monumens avec des
cailloux, Montmartre, je vous le demande, peut-il se
passer d'une colonne en cailloux ou autres pierres
de M. David d'Angers ?

C'était l'avis de Napoléon , du grand, du vrai. Il
aimait à dire et se complaisait à répéter que le bon

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avant que Montmartre ne possédât une colonne exé
cutée par M. David d'Angers,

M. David d'Angers termine" sa lettre en s'étonnant
que le jour de la promulgation de la constitution, la
France n'ait point accompli le grand devoir d'élever
à Montmartre une colonne exécutée par David d'An-
gers.

Il faut qu'une pareille faute soit réparée à l'instant
et que la chambre vote aujourd'hui même d'enthou-
siasme l'érection d'une colonne à Montmartre !

Le salut de la République est là.

C'est l'avis de M. David d'Angers, statuaire, rue
d'Assas, 14.

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que nationale.

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