SOIXANTE-DEUXIÈME ANNÉE
Prix du numéro : *5 centimes
JEUDI 5 JANVIER 1893
ABONNEMENTS
PARIS
18 fr.
36 —
72 —
Trois mois..
Six mois.
Un an.
(l.KS MANDATS TÉLÉGRAPHIQUES NE SONT PAS REÇUS)
Les abonnements parlent des V" et 16 de chaque mois
DIRECTION
Politique, Lilléraire et Artistique
IMLlillE V É14 01\
IC <'• <1 si c I e u r en Chef
BUREAUX
DR LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION
Rue de la Victoire 20
LE
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 20 fr.
Six mois. 40 —
Un an. 80 —
(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)
L'abonnement d’un an donne droit à la prime gratuite
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
IMIîiUUS VÉRON
1> e il a c t e u r en Chef
ANNONCES
ADOLPHE EWIG, FERMIER DB LA PUBLICITE
92, Rue Richelieu
BULLETIN POLITIQUE
accumulerait les bévues sur les bévues, et tout
cela aboutirait, sous prétexte de réforme, à un
pataugement plus complet encore.
Pierre Véron.
11 est des mystèrès qui paraissent vraiment
impénétrables. Qui jamais aurait pu croire que
M. Méline, dont la médiocrité était si universel-
lement reconnue, put devenir en France le chef
d’un mouvement économique qui menace d’avoir
pour notre pauvre pays les conséquences les plus
sinistres?
Nous en sommes là pourtant. . |
C’est M. Méline tout seul qui a fait triompher
lr moæomanie protectionniste, de telle façon que
bientôt la Franco ne verra plus autour d’elle que
des poings tendus, n’entendra plus que des cris
de colère.
Faut-il que cette malheureuse Chambre soit
ignorante de toutes choses, pour s’être faite la
complice docile et empressée de ce coup de Jar-
nac! Positivement elle a l’incompétence univei-
selle.
Un à un ainsi nous rejetons les pays qui pou-
vaient nous vouloir quelque bien dans les bras de
nos ennemis.
Et pour quel profit? Ce profit-là se soldera par
une perte formidable. Deux ou trois spécialités
bénéficieront peut-être des Mélinades; mais poui
l’ensemble de notre commerce ce sera la ruine.
Encore une fois, ce qui stupéfie, c’est de penseï
que tous ces désastres auront été provoqués par
une personnalité sans autorité aucune, pai un
économiste de dix-septième ordre qui a affirme
sa médiocrité dans toutes les situations qu un
inexplicable hasard a eu la complaisance de lui
procurer.
LE QUATRAIN D’HIER
De monsieur Brunetière encore un nouveau pas!
Il va, ce professeur aux commentaires ternes,
En Sorbonne parler des lyriqv,es modernes...
On peut donc expliquer ce qu on ne comprend pas?
SIFFLET.
les mémoires de PARIS
UVJULÜL*.
Nous voilà maintenant avec la Suisse exaspé-
rée sur les bras. ...
De ces voisins, dont la cordialité nous était si
précieuse, on a fait absolument des hostiles,don
les représailles peuvent être cruelles.
Incroyable époque! Plus incroyables événe-
ments!
Voici cependant des inspirés qui prétendent
avoir trouvé un remède sauveur pour remettre
toutes choses en bon point.
Ce remède consisterait à élire une Chambre
absolument neuve.
Comprenez-vous bien ce que cela veut dire?
Que tout membre ayant appartenu à l’Assemblée
actuelle serait ipso facto considéré comme inéli-
gible, qu’on n’admettrait que des candidatures
inédites.
Je ne prétends certes pas qu’il y ait beaucoup
de regrettables parmi les députés présents ; mais
les inventeurs du subtil projet ont-ils songé à ce
que serait une Assemblée qui aurait à faire tout
entière l’apprentissage du métier parlementaire?
Avec les meilleures intentions, je crois, elle
LU
Vous ne m’en voudrez pas trop, n’est-ce pas, si
je commence l’année en moralisant un peu. Il y a
tant de gens qui font le contraire!
Puis il est peut-être utile de crier : Casse-cou 1
à une société qui se laisse glisser dans l’incon-
gruité sans avoirT’air de s’en apercevoir.
De cotte glissade la preuve nous est fournie en
ce moment même par un tout petit fait qui me
paraît gros de démonstrations.
La stérile année qui vient de s’achever s’est
illustrée surtout par une chanson que tous les
beuglants ont à l’unisson entonnée avec enthou-
siasme. Cotte chanson conte la douleur d’un sou-
teneur à qui l’on a ravi sa Gigolette et qui lar-
moie sentimentalement, en poussant comme re-
frain ce cri d’un cœur blessé :
A s’a fait choper dans la rue !
-flv»
Or, note v. bien que, d’autre part, dans des piè-
ces qui se disent sérieuses, on ne craint pas non
plus de descendre jusqu’en ces bas-fonds.
De telle sorte que, si la dégringolade continue,
les femmes du monde, les honnêtes bourgeoises,
les excellentes mères de famille, les chastes de-
moiselles feront en commun leur pâture quoti-
dienne de l’alphonsisme et du raccrochage.
Mon Dieu, oui, nous en sommes là, noble na-
tion !
Une salle n’a plus l’air de vibrer que si on lui
parle de ce monde du ruisseau dont le nom même
n’aurait pas été prononcé jadis eu présence
d’oreilles propres.
Ah! nous avons descendu à ioute vitesse, et
l’envasement est complet.
Cela no peut cependant pas durer. La littéra-
ture dramatique ne peut pas prendre pour unique
patron Saint-Lazare.
Peu à peu ces fréquentations littéraires éta-
bliraient un régime de la communauté entre la
fille en carte et la famille.
Nous devenons des gourmets spéciaux dont
l’appétit blasé ne trouve plus de saveur qu’à la
dégustation du pourri.
Sur le menu, il nous faut ces deux plats inva-
riables :
CJC *
Que les cafés-concerts cultivent avec préfé-
rence ce genre de littérature poissonnière, c’est
ce qui ne nous saurait surprendre, car nous avons
eu le temps de nous habituer à ces prédilections.
Mais voici que la contagion gagne du ter-
rain.
Sous prétexte que la roucoulade en question a
joui d’une popularité exceptionnelle, toutes les
revues, dans les théâtres, s’en sont emparées et
ont servi à leur public la Gfigolotade marinière.
Si la chose se passait entre hommes, je ne di-
rais trop rien; mais il y a des dames, saporlotte !
des dames qui sans broncher subissent devant
témoins ces élégies de la prostitution.
Que dis-je ? subissent; elles en paraissent ra-
vies, elles s’en régalent, elles en redemandent.
Les yeux qui les observent durant ces crises
de joie ne les gênent en rien, n’arrêtent nulle-
ment ni leurs bravos ni leurs bis.
I nnn.ore !
POISSON GÂTÉ
GRUE EN DÉCOMPOSITION
Pouah!...
Je ne compte pas beaucoup, à vous parler
franc, sur l’efficacité de ma protestation.
De mémo que l’alcoolique est incapable de re-
venir à uno boisson saine, nous commençons à
être si bien habitués à ces surfaisandages, que le
reste semble fade à nos palais ramollis.
Il y a cependant encore des délicats en ce monde,
des pères et des mères qui ont entendu parler
du mot devoir, des femmes qui ont le respect
d’elles-mêmes.
Si ces éléments-là voulaient s’entendre, on
pourrait sans doute encore arrêter le lupana-
risme qui menace de tout submerger.
Mais, hélas! aujourd’hui on ne s’entend plus
généralement que pour mal faire.
1 UN PASSANT.
L4P0THË0SE DI! LAPIN
Monsieur le Charivari,
Dans le trou où je me terre, aux environs de
Paris, évitant de mon mieux et la rude froidure
de l’hiver et la chaleur excessive des casseroles,
Prix du numéro : *5 centimes
JEUDI 5 JANVIER 1893
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PARIS
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36 —
72 —
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92, Rue Richelieu
BULLETIN POLITIQUE
accumulerait les bévues sur les bévues, et tout
cela aboutirait, sous prétexte de réforme, à un
pataugement plus complet encore.
Pierre Véron.
11 est des mystèrès qui paraissent vraiment
impénétrables. Qui jamais aurait pu croire que
M. Méline, dont la médiocrité était si universel-
lement reconnue, put devenir en France le chef
d’un mouvement économique qui menace d’avoir
pour notre pauvre pays les conséquences les plus
sinistres?
Nous en sommes là pourtant. . |
C’est M. Méline tout seul qui a fait triompher
lr moæomanie protectionniste, de telle façon que
bientôt la Franco ne verra plus autour d’elle que
des poings tendus, n’entendra plus que des cris
de colère.
Faut-il que cette malheureuse Chambre soit
ignorante de toutes choses, pour s’être faite la
complice docile et empressée de ce coup de Jar-
nac! Positivement elle a l’incompétence univei-
selle.
Un à un ainsi nous rejetons les pays qui pou-
vaient nous vouloir quelque bien dans les bras de
nos ennemis.
Et pour quel profit? Ce profit-là se soldera par
une perte formidable. Deux ou trois spécialités
bénéficieront peut-être des Mélinades; mais poui
l’ensemble de notre commerce ce sera la ruine.
Encore une fois, ce qui stupéfie, c’est de penseï
que tous ces désastres auront été provoqués par
une personnalité sans autorité aucune, pai un
économiste de dix-septième ordre qui a affirme
sa médiocrité dans toutes les situations qu un
inexplicable hasard a eu la complaisance de lui
procurer.
LE QUATRAIN D’HIER
De monsieur Brunetière encore un nouveau pas!
Il va, ce professeur aux commentaires ternes,
En Sorbonne parler des lyriqv,es modernes...
On peut donc expliquer ce qu on ne comprend pas?
SIFFLET.
les mémoires de PARIS
UVJULÜL*.
Nous voilà maintenant avec la Suisse exaspé-
rée sur les bras. ...
De ces voisins, dont la cordialité nous était si
précieuse, on a fait absolument des hostiles,don
les représailles peuvent être cruelles.
Incroyable époque! Plus incroyables événe-
ments!
Voici cependant des inspirés qui prétendent
avoir trouvé un remède sauveur pour remettre
toutes choses en bon point.
Ce remède consisterait à élire une Chambre
absolument neuve.
Comprenez-vous bien ce que cela veut dire?
Que tout membre ayant appartenu à l’Assemblée
actuelle serait ipso facto considéré comme inéli-
gible, qu’on n’admettrait que des candidatures
inédites.
Je ne prétends certes pas qu’il y ait beaucoup
de regrettables parmi les députés présents ; mais
les inventeurs du subtil projet ont-ils songé à ce
que serait une Assemblée qui aurait à faire tout
entière l’apprentissage du métier parlementaire?
Avec les meilleures intentions, je crois, elle
LU
Vous ne m’en voudrez pas trop, n’est-ce pas, si
je commence l’année en moralisant un peu. Il y a
tant de gens qui font le contraire!
Puis il est peut-être utile de crier : Casse-cou 1
à une société qui se laisse glisser dans l’incon-
gruité sans avoirT’air de s’en apercevoir.
De cotte glissade la preuve nous est fournie en
ce moment même par un tout petit fait qui me
paraît gros de démonstrations.
La stérile année qui vient de s’achever s’est
illustrée surtout par une chanson que tous les
beuglants ont à l’unisson entonnée avec enthou-
siasme. Cotte chanson conte la douleur d’un sou-
teneur à qui l’on a ravi sa Gigolette et qui lar-
moie sentimentalement, en poussant comme re-
frain ce cri d’un cœur blessé :
A s’a fait choper dans la rue !
-flv»
Or, note v. bien que, d’autre part, dans des piè-
ces qui se disent sérieuses, on ne craint pas non
plus de descendre jusqu’en ces bas-fonds.
De telle sorte que, si la dégringolade continue,
les femmes du monde, les honnêtes bourgeoises,
les excellentes mères de famille, les chastes de-
moiselles feront en commun leur pâture quoti-
dienne de l’alphonsisme et du raccrochage.
Mon Dieu, oui, nous en sommes là, noble na-
tion !
Une salle n’a plus l’air de vibrer que si on lui
parle de ce monde du ruisseau dont le nom même
n’aurait pas été prononcé jadis eu présence
d’oreilles propres.
Ah! nous avons descendu à ioute vitesse, et
l’envasement est complet.
Cela no peut cependant pas durer. La littéra-
ture dramatique ne peut pas prendre pour unique
patron Saint-Lazare.
Peu à peu ces fréquentations littéraires éta-
bliraient un régime de la communauté entre la
fille en carte et la famille.
Nous devenons des gourmets spéciaux dont
l’appétit blasé ne trouve plus de saveur qu’à la
dégustation du pourri.
Sur le menu, il nous faut ces deux plats inva-
riables :
CJC *
Que les cafés-concerts cultivent avec préfé-
rence ce genre de littérature poissonnière, c’est
ce qui ne nous saurait surprendre, car nous avons
eu le temps de nous habituer à ces prédilections.
Mais voici que la contagion gagne du ter-
rain.
Sous prétexte que la roucoulade en question a
joui d’une popularité exceptionnelle, toutes les
revues, dans les théâtres, s’en sont emparées et
ont servi à leur public la Gfigolotade marinière.
Si la chose se passait entre hommes, je ne di-
rais trop rien; mais il y a des dames, saporlotte !
des dames qui sans broncher subissent devant
témoins ces élégies de la prostitution.
Que dis-je ? subissent; elles en paraissent ra-
vies, elles s’en régalent, elles en redemandent.
Les yeux qui les observent durant ces crises
de joie ne les gênent en rien, n’arrêtent nulle-
ment ni leurs bravos ni leurs bis.
I nnn.ore !
POISSON GÂTÉ
GRUE EN DÉCOMPOSITION
Pouah!...
Je ne compte pas beaucoup, à vous parler
franc, sur l’efficacité de ma protestation.
De mémo que l’alcoolique est incapable de re-
venir à uno boisson saine, nous commençons à
être si bien habitués à ces surfaisandages, que le
reste semble fade à nos palais ramollis.
Il y a cependant encore des délicats en ce monde,
des pères et des mères qui ont entendu parler
du mot devoir, des femmes qui ont le respect
d’elles-mêmes.
Si ces éléments-là voulaient s’entendre, on
pourrait sans doute encore arrêter le lupana-
risme qui menace de tout submerger.
Mais, hélas! aujourd’hui on ne s’entend plus
généralement que pour mal faire.
1 UN PASSANT.
L4P0THË0SE DI! LAPIN
Monsieur le Charivari,
Dans le trou où je me terre, aux environs de
Paris, évitant de mon mieux et la rude froidure
de l’hiver et la chaleur excessive des casseroles,