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Le charivari — 62.1893

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Décembre
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https://doi.org/10.11588/diglit.23887#1309
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SOIXANTE-DEUXIÈME ANNEE

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VENDREDI DÉCEMBRE 1893

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ANNONCES

ADOLPHE EW1G, veumier du la publicité
92, Rue Richelieu

LE CHARIVARI

--

BULLETIN POLITIQUE

Pendant que M. Spuller dénoue la crise minis-
térielle aux péripéties niaises ou attristantes,
nous avons le temps de traiter un sujet d’un plus
direct intérêt.

Ce sujet est ainsi défini par le projet soumis
aux Chambres : L’assainissement de Paris.

Mettez l'empoisonnement de Paris, et vous
serez dans le vrai.

Encore faudr i-t-il ajouter : de Paris... et de sa

banlieue.

Car il fait grand, le projet, et ne se propose
pa seulement d em...b§ter là capitale.

11 veut infecter, du même coup, tous ces sites
chers aux promenades du Parisien, et changer
en dépotoirs les bois à l’ombre desquels il se
plaisait à respirer un air moins méphitique.

Ça s’appelle, dans la langue administrative
aux suaves euphémismes : pratiquer Vépuration
agricole.

C’est l’extension de l’infect, du criminel, du
meurtrier Tout à l'égout, dont les premiers ex-
ploits cholériques auraient bien dû, cependant,
faire réfléchir les champions de l’infection natio-
nale.

Pas du tout. Les abominations déjà constatées
ne leur suffisent pas.

Ils trouvent que la pauvre Seine, changée en
vomitorium par le collecteur, ne contient pas
assez de matières toxiques.

Les poissons en crèvent, mais tous les rive-
rains n’en sont pas morts encore. Il faut hâter
ce beau résultat.

En conséquence, on veut acheter pour trente
millions de terrains boisés ou fleuris autour de
Paris, à seule fin de faire ensuite à la Ville-Lu-
mière une ceinture d’excréments.

De plus, ces excréments circuleront torren-
tiellement sous nos pas dans tous les quartiers.
Encore s’ils circulaient 1

Mais non : l’insuffisance des pentes les oblige à
des stationnements croupissants qui engendrent
les pestilences vomies par les sous-trottoirs, dès
que vient un peu de sécheresse ou de chaleur.

Et ce ne sont encore que des roses, — à singu-
lière odeur, — si l’on compare ce qui est à ce qui
sera.

Notez que, l’emprunt voté et la besogne entre-
prise, on obligera tous les propriétaires à s’ar-
ranger pour que les water-closets s’épanchent
dans le sein des tubes officiels.

Le Conseil municipal entend qu’il ne s’en perde
pas un gramme.

Peut-être a-t-il entendu dire que ça porte
bonheur.

Yoyez-vous d'ici la charmante perspectiveI
Aux creusements des chemins de fer prolongés
s’ajouteront les creusements des latrines centra
Usées.

Si c’est avec ces parfums-là que l’on compte

amorcer les étrangers pour les amener à l’Expo-
sition de 1900 !

Déjà d’innombrables protestations se sont fait
entendre contre le système charognard que cer-
tains obstinés patronnent aveuglément. Pas de
danger que ces sourds volontaires écoutent ce
qu’on leur crie avec une suppliante insistance.

Tout à l'égout est une religion — une singu-
lière religiou — qui, comme toutes les autres, a
ses fanatiques, c’est-à-dire ses détraqués.

On ne raisonne pas avec les fous.

Cependant, il y aurait un moy-n encore de sau-
ver Paris et ses chers enviror s, dont on veut
faire uue seule et même tinette
Pour accomplir cet acte de vandalisme, il va
falloir des millions, beaucoup de millions, pas
loin de cent, — chifire prédestin:-.

Et c’est aux gens qu’ont veut .nier n.lu nujjn-,
teur , aux microbes permanents, à l’épidémie
chronique, que l’on aura le toupet de demander
ces millions-là, sous forme d’emprunt.

Si les Parisiens ne sont pas des Jocrisses ex-
ploitables à merci, ils peuvent avoir raison des
égoutistes.

Que personne ne souscrive cet emprunt homi-
cide. Qu’il reste seul... avec ses fantaisies fé-
cales.

Pas d’argent, pas de poison !

C’est bien simple.

.Si, au contraire, les victimes apportent niai-
sement leurs écus, elles ne pourront s’en prendre
ensuite qu’à elles-mêmes.

Elles n’auront que les fétidités qu’elles méri-
tent.

Pierre Véron.

LE VRAI MOYEN

Quelques députés socialistes révolu-
tionnaires, n’ayant pu trouver de fau-
teuil libre au centre gauche, se sont
placés à l’extrême droite.

(Les journaux.)

.L’orateur, à la tribune. — Ce que nous vou-
lons, c’est la liberté du travailleur, l’extension du
socialisme, la fraternité des peuples. .

Le citoyen Avez, placé à l'extrême droiteA
— Bravo ! Hardi ! Hardi !

M. Cazenove de Pradines, se retournant. —
Dites donc, allez-vous nous laisser un instant
tranquilles ?

L’orateur, à la tribune. — ... Le demi-setier à
la portée de tous...

Le citoyen Avez. — Hardi là !

M. leduc de Doudeauville, au citoyen Avez.—
Vous n’êtes pas en train de monter un coffre-
fort !

L’orateur, à la tribune. — ... Le petit verre
de cognac gratuit...

Le citoyen Avez, enthousiasmé. — Bravo, 1
copain! {Ilgesticule bruyamment.)

M. Cazenove de Pradines, au duc de Doudeau-
ville. — Si vous avez une corde dans votre po-
che, nous allons l’attacher...

M . le duc de Doudeauville, désespéré.— Hélas 1
nous ne pouvons pas le ficeler pour quatre
ans !

L’orateur, à la tribune. — ..Et vous ne nous
empêcherez pas de marcher en avant.

Le citoyen Avez, montant sur son pupitre. —
Parfaitement. (S'adressant aux membres de la
droite qui l’entourent.) Eh bien, la coterie, vous
n’applaudissez pas?

Le duc de Doudeauville, à ses collègues. — Si
nous lui votions une muselière d’honneur?

L’orateur, à la tribune. — Citoyens collègues,

- : France a faim...

Le citoyen Avez, trépignant sur la table. —
Ah I bravo.. Epatant I T.p vo*là Men. le mot
juste!

Le duc de Doudeauville et M. Cazenove i ..,
Pradines, ensemble. — La situation n’est ; ius
tenable.

Le citoyen Avez, à l'orateur. — Parle, vieux
frère, ne te laisse pas influencer.

M. Baudry d’Asson, exaspéré, se précipitant
sur le citoyen Avez. — En voilà assez. Depuis
une heure, vous dansez sur les tables ; depuis
une heure, vous faites, à vous tout seul, plus de
bruit que les chœurs de l’Opéra et de l’Opéra-
Comique réunis. Si vous avez le malheur de dire
encore un mot, je vous envoie retrouver, de
l’autre côté de la salle, votre vieux frère le cha-
pelier.

L’orateur, à la tribune. — Budget... Finances...
Révolution... Peuple.

Le citoyen Avez. — Parfaitement!... Devoir...
Droit... Liberté... Justice... {Il gesticule de nou-
veau sur les tables. M. Baudry d’Asson est
épouvanté.)

M. Cazenove de Pradines, très doucement au
citoyen Avez. — Voulez-vous me faire le plaisir
d’accepter quelque chose à la buvette?

Le citoyen Avez, subitement calmé. -- Pour
sûr, et ce ne sera pas du luxe...

{Ils sortent.)

M. Baudry d’Asson à M. le duc de Doudeau-
ville. — C’est peut-être un moyen de relever
l’idée monarchiste!

Charles Quinel.

LE CARNET DCN ACTCAL1STE

NOS BONS VERTUEUX

Le pari mutuel ne paraît pas avoir la même
efficacité que la musique; il n’adoucit pas les
moeurs.

On s’en était déjà convaincu à la suite de di-
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