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Le charivari — 62.1893

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Août
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https://doi.org/10.11588/diglit.23887#0833
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i SOIXANTE-DEUXIÈME ANNÉE

Prîx da Hnméro : S 8 centimes

MARDI 1er AOUT 1893

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PARIS

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

IMliRRI! VÉRON

Rédacteur en Chef

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Clief

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier db la publicité
02, Rue Riche’i^'j

BULLETIN POLITIQUE

Il nous est impossible de croire à une simplifi-
cation des choses aussi fallacieuse que celle dont
parle le manifeste du groupe radical socialiste.

Et ce qui prouve tout de suite que les choses, j
loin de se simplifier, se compliquent, c’est que le j
groupe a été forcé de se donner à lui-même une
qualification en partie double.

Il n'était que radical, jadis; il est devenu socia- j
liste du même coup. Donc il y a, comme je le di- ;
sais, complication

Le manifeste, pourtant, risque cette phrase :

« Une seule question se pose devant les élec-
teurs : Accomplira-t-on les réformes vingt fois
promises, vingt fois refusées? »

Eh bien, non, elle ne se pose pas toute seule,
cette question-là, et elle se résout encore moins j
toute seule, hélas!

Vous dites : « Accomplira-t-on les réformes? »
Mais quelles réformes, s’il vous plaît? Est-ce que,
par hasard, tout le monde serait tombé d’accord
sur celles qu’il faut hâter et sur celles qu’il faut
repousser?

Est-ce qu’au contraire, dans les rangs socia-
listes mêmes, vous n’avez pas dix, vingt subdivi- ,
sions, toutes animées des sentiments les plus
exclusifs, toutes professant pour les opinions du
voisin l’intolérance du sectaire?

Je n’ai pas besoin, car vous vous les rappelez,
d’énumérer ici tous les noms en istes plus ou
moins bizarres qu’ont pris les champions de la
rénovation sociale. Il y en a de tout acabit.

Les uns veulent simplement faire des répara-
tions au premier étage de la maison.

Les autres veulent remettre aussi le second à
neuf.

Ceux-ci parlent de rafistoler l’immeuble en-
tier. Ceux-là de reconstituer les fondations.

Enfin, il y a — et ce sont, je crois bien, les plus
nombreux — les sans-frein, qui entendent flan-
quer tout par terre.

Est-il permis de prétendre, en présence de di-
vergences pareilles, que c’est bien simple et que
la solution du problème social est à portée de la
main?

Les rédacteurs et signataires du programme
Radical socialiste, pour se convaincre du con-
traire, n’ont qu’à écouter les compliments que
leur adressent les réformateurs plus avancés

qu’eux.

On les traite avec une aussi implacable ri-
gueur que s’ils étaient de simples monarchistes.

On les considère comme des ennemis aussi
•exécrables que les royalistes ou les impérialistes
eux-mêmes.

On est toujours le réactionnaire de quel-
qu’un, a dit un sage.

attendons, du reste, les réunions publiques. ,

C’est là que va éclater, dans toute son évi-
dence, la discordante hostilité de ceux qu’on
cherche aujourd’hui à englober dans un même
groupement.

Je vous réponds qu’ils vont en entendre de du-
res, les socialistes du radicalisme.

On les traitera en affreux bourgeois qu’ils
sont. Ou les montrera du doigt. On les diffamera
même un peu,au besoin.

Voilà où en est la prétendue entente.

En présence d’un pareil étaç de choses, peut-
on dire, ainsi que le fait le manifeste :

— Il n’y a qu’une seule question en cause?

Pardon... Mais cette question a cent bras et

cent têtes. Léger détail que vous oubliez de si-
gnaler.

Ce n’est d’ailleurs pas une question qui divise
les radicaux et les possibilités, allemanistes,
anarchistes.

Il serait plus exact d’affirmer qu’ils ne sont
d’accord sur aucune question.

Le groupe radical aurait donc plus sagement
et plus fièrement agi, ce nous semble, s’il avait
tenu ce langage :

— Nous sommes des hommes de progrès, mais
nous ne voulons pas plus que ce progrès soit es-
camoté par la réaction que compromis par le fa-
natisme et l’utopie. Nous nous associerons à tout
projet de loi qui cherchera à atténuer-les inéga-
lités sociales. Nous répudions d’avance tout ce
qui supprimerait la société elle-même. Car, du
même coup, on tuerait la République que nous
aimons et que nous prétendons servir avec un
dévouement raisonné.

Oui, en vérité, ce langage-là aurait été plus
net, plus prudent et aussi plus habile.

Pierre Véron.

TROP IDE FOUS

On ne devrait jamais interviewer les médecins,
et surtout les aliénistes.

Ils ont toujours quelque chose de désagréable à
dire à l’humanité.

Ainsi, un de ces éminents vient de déclarer, au
cours d’une interview publiée par un journal du
matin, que les musiciens sont bel et bien des
fous !

Toutes les œuvres des compositeurs modernes
étant, au dire du docteur, incompréhensibles, ne
peuvent avoir été produites que par des cerveaux
plus ou moins détraqués.

Et voilà.

Du reste, en fait de musique, l’excellent homme
ne connaît qu’une œuvre qui ne soit pas éclose
dans un moment de folie, parce qu’elle est claire,
— c’est la Marseillaise.

Et après cette déclaration, raconte le reporter,
le docteur lance l’hymne national, hurle comme
un sourd, rate le si bémol, lance le refrainun
demi-ton trop bas, et conclut :

— Cette musique-là, c’est limpide ; ça se chante
d’instinct.

Au clair de la lune ne trouve même pas grâce
devant ce mélophobe féroce.

Le classique Ah ! vous dirai-je maman! n’est
pas assez clair ; c’est trop maniéré, comme fai-
sandé.

Pour le brave docteur, le cri du paon est le nec
plus ultra du naturel, parce qu’il est clair.

Au contraire, les gammes chromatiques et les
trilles du rossignol indiquent un complet détra-
quement de cervelle.

Désormais, le Conservatoire ne doit plus être
considéré que comme une école préparatoire à
Charenton.

Aussi devrait-on s’empresser de le fermer, au
lieu de le réorganiser, comme on se propose de
le faire.

Les pères dont la progéniture, avide de dièzes
et de bémols, s’adonne à l’étude de la fugue et du
contrepoint, complètement renseignés, mainte-
nant, sur leur infortune, ne pourront que ré-
pondre lamentablement à ceux qui leur deman-
deront :

— Eh bien, votre fils, qu’est-ce qu’il fait?

— Il étudie pour devenir fou!

Cette perspective est peut-être de nature à ar-
rêter les malheureux les moins atteints sur la
pente fatale qui mène au cabanon.

Les vocations musicales devront, maintenant,
se traiter par la douche.

Et dire que, jusqu’ici, le public inconscient se
contentait d’applaudir ses compositeurs favoris,
alors qu’il eût dû les faire renfermer.

On frémit en songeant à ce que deviendrait
l’humanité, si elle n’avait pas les aliénistes pour
l’éclairer.

Nous ne doutons pas, maintenant que les yeux
du public sont dessillés, qu’il ne se forme promp-
tement une Société contre l’abus de la musique.

On sait avec quel succès fonctionne celle contre
l’abus du tabac, on est en droit d’espérer un succès
aussi complet lorsqu’on voudra guérir de la mu-
sique les générations futures.

Mais que les musiciens actuels se consolent, ils
ne sont pas les seuls atteints et convaincus de
folie par l’éminent, les poètes et les artistes, en
général, sont dans le même cas.

Tous fous!... La poésie est toujours plus ou
moins nébuleuse, d’après le bon docteur, et tout
ce qui n’est pas clair émane d’un cerveau détra-
qué.

Aussi, Paquita disait-elle à une amie, après
avoir lu l’interview en question :

— Je suis rassurée sur le sort de mon protec-
teur, il n’est pas fou parce qu’il éclaire!

Les aliénistes sont gens terribles, et ils décou-
vriront bientôt tant de fous qu’il faudra seule-
ment construire des asiles pour les gens sains
d’esprit, afin de les mettre à l’abri, et laisser les
autres en liberté.
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