LE CHARIVARI
Voleur! (A Plumedoye.) Et toi aussi? (Il lui
casse deux dents.) Canaille 1
(Rondecuir et Plumedoye, rugissant de rage,
fondent ensemble sur Tavocat.)
L’avocat. — Au secours! A l’assassin!... Mon-
sieur le président, je vous adjure de faire res-
pecter les droits sacrés de la défense.
(Le président fait un signe aux gendarmes,
qui se mettent à quatre pour maintenir les
deux témoins.)
L’avocat, cognant à tour de bras. — Fri-
pouilles! Brigands! Souteneurs! Assassins ! Faus-
saires !
(Rondecuir et Plumedoye poussent des cris
perçants.)
L’accusé, enthousiasmé. — Vas-y... Tape
dessus !
Rondecuir, le nés en compote. — Ma foi, mon-
sieur Durandard, débrouillez-vous comme vous
pourrez... Oh! la la, les reins!... Moi, je dis quo
je n’ai rien vu.
Plumedoye. — Oh! la la, mon nez!... Moi
aussi.
Le président. — Alors, allez vous asseoir.
(Les deux témoins détalent en se frottant les
côtes, poursuivis jusqu'à la sortie par l'avocat,
qui les bourre de coups de poing dans le dos.)
L’avocat, revenant. — Ouf! (Il s'éponge le
front.) Maintenant, il me reste à parler des
plaignants...
Les époux Durandard, épouvantés. — Non!
non!... Nous aimons mieux renoncer à la plainte.
(Ils se sauvent ci toutes jambes.)
Le président. — Il n’y a plus qu’à mettre l’ac-
cusé en liberté.
L’avocat. — Pardon, monsieur le président...
Puisqu’on abandonne l’accusation, c’est qu’il y a
eu dénonciation calomnieuse... Nous réclamons
cent mille francs de dommages et intérêts!
FUTURUS.
A ses LECTEURS et ABONNÉS, le Charivari c fïre,
sous ce titre :
SOIRÉES MONDAINES
un charmant Album de danses) publié par la grande
maison d’édition musicale le Ménestrel (Heugel et C1” édi-
teurs) et contenant quinze morceaux signés des noms
populaires de Fahrhach, Johann Strauss, Arban, J. Gungl,
Cœdès, I aurent Grillet, Desgranges, etc.
L’album est offert par le Charivari au prix de 6 fr.,
au lieu de 30 francs (ajouter 1 franc pour le port).
THÉÂTRES
GYMNASE : Tout pour l'honneur.
M. Hugues Le Roux est un des jeunes qui se
sont fait le plus vite une place au soleil. Il a même
donné tort au proverbe qui prétend qu’on ne doit
pas courir deux lièvres à la fois. Il en a couru
plusieurs et avec succès, tour à tour chroniqueur
fantaisiste, interviewer à sensation, articlier fin
de siècle, romancier et enfin auteur dramatique.
Au théâtre, son début fut l’adaptation d’une
œuvre de Tolstoï.
Je ne parle pas des conférences dans lesquelles
il présenta et commenta Yvette Guilbert.
Cette fois, c’est une comédie personnelle qu’il
a apportée au Gymnase où la réception fut cor-
diale. Comédie? Plus justement on pourrait dire
un drame, car les situations, comme vous le ver-
rez tout à l'heure, arrivent à une très vive inten-
sité pathétique.
Mais le mot drame n’est pas fort apprécié au-
jourd’hui, surtout dans les parages du Gymnase.
L’affiche a donc eu recours à la formule plus
vaguement commode dont on se sert beaucoup
depuis quelque temps; elle dit : pièce en quatre
actes.
Cette pièce devait d’abord s’appeler : Pour
l'honneur, ou même L'honneur tout court. Mais
cos titres étaient pris, et I’ auteur, après contro-
verses, a adopté : Tout pour l’honneur, ce qui
me paraît d’ailleurs mieux prédire le sujet.
M. Hugues Le Roux a intentionnellement placé
son action dans un jjiilieu où la vie et l’honneur
ne font qu’un. Les principaux personnages ap-
partiennent à l’armée. Tour à tour nous voyons
en scène un colonel, un commandant, un adju-
dant. Toute la hiérarchie!
Le principal héros, c’est André Renoird. Les
compositeurs sont particulièrement priés de ne
pas oublier le cl final; car, à ce propos encore,
M. Hugues Le Roux a dû soutenir le choc des ré-
clamations, et un M. Renoir sans cl lui fit somma-
tion de ne pas le mettre en scène.
Donc, André Renoird (M. Raphaël Duflos) est
le jeune premier de la chose.
Un jeune premier qui n’a pas d’agrément dans
sa famille.
Il est affligé d’une sœur au cœur incandescent,
et cette sœur s’est éprise d’un Allemand.
Une tragédie en aurait pu résulter jadis, si la
jeune fille avait résolument déclaré que l’amour
ne connaît pas de frontières. Ce qui est, d’ail-
leurs, parfaitement exact.
Mais M. Hugues Le Roux a tergiversé et re-
couru à des subterfuges.
Son héroïne veut faire passer son soupirant
pour un Suisse, et lui-même cherche à tricher
avec son extrait de naissance.
Nous voilà, dés lors, en pleines arguties, et
l’intérêt se perd au milieu de cet imbroglio qui
ne saurait tromper personne.
De son côté, — on aime décidément beaucoup
duns cette famille-là, — de son côté, André Re-
noird a deux amours en tête.
Il est ballotté entre la fille de son colonel et
une Américaine.
Ici, je vous demande la permission de couper
court à une analyse trop minutieuse.
Jo vous dirai sommairement que Glaire—la
sœur d’André — s’étant fait enlever, celui-ci
court après elle et est porté comme déserteur.
Après quoi, Claire le fait acquitter par le con-
seil de guerre, puis se tue.
Bien sombre et bien confuse cette œuvre, qui
a décidément eu tort de ne pas s’intituler mélo-
drame, et de ne pas se faire jouer à l’Ambigu.
Le public du Gymnase a été déconcerté, et la
soirée n’a pas eu le résultat que nous aurions
souhaité.
M. Hugues Le Roux est un travailleur que cet
échec ne rebutera pas. Nous l’attendons à la fa-
meuse revanche, consacrée par les clichés.
Les artistes du Gymnase ont lutté de leur mieux
contre lours rôles ingrats.
Mlle Sisos, au troisième acte, a secoué la froi-
deur de l’auditoire.
M. Duflos fait ce qu’il peut.
Mlle Darlaud est gracieuse.
Je n’insiste pas. Tout pour l'honneur ne tien-
dra probablement pas l’affiche, et il y aurait inu-
tile rigueur à s’étendre plus longuement sur cette
méprise.
Le Gymnase paraît traverser une série engui-
gnonnée. Lui aussi, il aura, nous l’espérons, un
de ces jours, une contre-partie toute en rose.
Pierre Véron.
GUIGNOLET Tiri^lt^OINTREAJDj’inftri.
Moutarde JULIEN MACK DUOS
CHRONIQUE DU JOUR
Un truc tout nouveau, et qui, du reste, réussit
toujours.
Les perquisitions domiciliaires sont entrées à tel
point dans nos mœurs, que le plus sûr moyen pour
un voleur est encore de se présenter carrément
chez sa victime et de lui dire négligemment :
— Donnez-moi ce que vous avez!... Ordre du
parquet !
La victime, tremblante, livre tout ce qu'on veut,
s'attendant, en outre, aux pires aventures.
Bien mieux, on signale des collectionneurs peu
délicats qui se sont emparés du truc et ont envoyé
chez un confrère, possesseur de pièces rares, un
faux agent pour les dépouiller au nom de la loi !
A leur tour, des amants, en délicatesse avec leur
belle, profitent du trac général pour faire saisir
chez l’ancienne les lettres compromettantes.
C’est tout simplement exquis.
Les cigarières du Gros-Caillou sa plaignent.
Elles demandent une augmentation de salaire et
quelques autres réformes.
Pour appuyer leurs prétentions, elles ont envoyé
une délégation au directeur général.
Ce haut fonctionnaire a promis d’examiner atten-
tivement les réclamations.
Si le public en profitait, lui aussi, pour demander
à l’administration que les paquets de tabac fussent
remplis avec du tabac et non avec des soliveaux,
et qu’il y eût un peu plus de cinq cigares fumables
sur une douzaine!
Les hypnotiseurs s’agitent. Ils ont, paraît-il, l’in-
tention de réclamer 1 établissement 4’une chaire
d hypnologie.
La Faculté fait la sourde oreille.
toutefois, on ne voit pas bien pourquoi, elle qui,
depuis sa fondation, a accueilli tant de systèmes bi-
zarres et tant d’erreurs, refuserait asile à l’hvpno-
tisme.
Les séances n en deviendraient parfois que plus
intéressantes.
Voyez-vous d ici ces messieurs hypnotisés !
Lorsque 1 hypnotiseur leur demanderait :
— Qu’est-ce que votre science?
Us répondraient avec ensemble :
— Une blague !
Cette franchise produirait un effet déplorable.
Maintenant, les hypnotiseurs ont un moyen de
prouver leur puissance et d’arriver à leur but.
Qu’ils suggèrent à ces messieurs l’idée de les ad-
mettre malgré eux.
Sous le titre : Distribution de prix de la Société de
tempérance, lu ces lignes textuelles :
« Une médaille de bronze est accordée au briga-
dier Z..., qui ne s’est jamais dérangé, et a toujours
engagé ses hommes à en faire autant. »
Enfoncés, les légendaires carabiniers ! Au moins,
eux, s’ils arrivaient trop tard, ils prenaient la peine
de se déranger.
Chapitre des demandes et offres d’emploi.
« On demande une cuisinière sachant surtout bien
faire le haricot de mouton.
« S’adresser à M. X..., rue... »
Eu voici un, au moins, qui a des goûts modestes.
On parie des gens du Dahomey devant le fils de la
maison.
— Enfin, interroge celui-ci, qu'est-ce qu’ils fai-
saient avant qu’on leur déclarât la guerre?
— Rien; c’est un peuple qui n’avait pas d’histoire.
— Eh bien, vrai, s’écrie le jeune lycéen, ce que les
potaches de ce pays devaient être heureux!
Miss patine au bois de Boulogne, accompagnée
de sa gouvernante, une Anglaise rigide.
La jeune fille fait un faux pas et tombe assise.
La gouvernante accourt; puis, rassérénée :
— Ce n'est rien, dit-tlle pudiquement, vous êtes
bien tombée.
-- Vous trouvez? pleurniche miss, frottant Ja par-
tie endolorie. Aôh! moi, je trouve qu’on tombe tou-
jours mal!
Jules Demolliens.
Le Directeur-Gérant, Pierre Véron.
Paris. — lmp. Jtlean-Lévy, U, rue Cbauchat,
Voleur! (A Plumedoye.) Et toi aussi? (Il lui
casse deux dents.) Canaille 1
(Rondecuir et Plumedoye, rugissant de rage,
fondent ensemble sur Tavocat.)
L’avocat. — Au secours! A l’assassin!... Mon-
sieur le président, je vous adjure de faire res-
pecter les droits sacrés de la défense.
(Le président fait un signe aux gendarmes,
qui se mettent à quatre pour maintenir les
deux témoins.)
L’avocat, cognant à tour de bras. — Fri-
pouilles! Brigands! Souteneurs! Assassins ! Faus-
saires !
(Rondecuir et Plumedoye poussent des cris
perçants.)
L’accusé, enthousiasmé. — Vas-y... Tape
dessus !
Rondecuir, le nés en compote. — Ma foi, mon-
sieur Durandard, débrouillez-vous comme vous
pourrez... Oh! la la, les reins!... Moi, je dis quo
je n’ai rien vu.
Plumedoye. — Oh! la la, mon nez!... Moi
aussi.
Le président. — Alors, allez vous asseoir.
(Les deux témoins détalent en se frottant les
côtes, poursuivis jusqu'à la sortie par l'avocat,
qui les bourre de coups de poing dans le dos.)
L’avocat, revenant. — Ouf! (Il s'éponge le
front.) Maintenant, il me reste à parler des
plaignants...
Les époux Durandard, épouvantés. — Non!
non!... Nous aimons mieux renoncer à la plainte.
(Ils se sauvent ci toutes jambes.)
Le président. — Il n’y a plus qu’à mettre l’ac-
cusé en liberté.
L’avocat. — Pardon, monsieur le président...
Puisqu’on abandonne l’accusation, c’est qu’il y a
eu dénonciation calomnieuse... Nous réclamons
cent mille francs de dommages et intérêts!
FUTURUS.
A ses LECTEURS et ABONNÉS, le Charivari c fïre,
sous ce titre :
SOIRÉES MONDAINES
un charmant Album de danses) publié par la grande
maison d’édition musicale le Ménestrel (Heugel et C1” édi-
teurs) et contenant quinze morceaux signés des noms
populaires de Fahrhach, Johann Strauss, Arban, J. Gungl,
Cœdès, I aurent Grillet, Desgranges, etc.
L’album est offert par le Charivari au prix de 6 fr.,
au lieu de 30 francs (ajouter 1 franc pour le port).
THÉÂTRES
GYMNASE : Tout pour l'honneur.
M. Hugues Le Roux est un des jeunes qui se
sont fait le plus vite une place au soleil. Il a même
donné tort au proverbe qui prétend qu’on ne doit
pas courir deux lièvres à la fois. Il en a couru
plusieurs et avec succès, tour à tour chroniqueur
fantaisiste, interviewer à sensation, articlier fin
de siècle, romancier et enfin auteur dramatique.
Au théâtre, son début fut l’adaptation d’une
œuvre de Tolstoï.
Je ne parle pas des conférences dans lesquelles
il présenta et commenta Yvette Guilbert.
Cette fois, c’est une comédie personnelle qu’il
a apportée au Gymnase où la réception fut cor-
diale. Comédie? Plus justement on pourrait dire
un drame, car les situations, comme vous le ver-
rez tout à l'heure, arrivent à une très vive inten-
sité pathétique.
Mais le mot drame n’est pas fort apprécié au-
jourd’hui, surtout dans les parages du Gymnase.
L’affiche a donc eu recours à la formule plus
vaguement commode dont on se sert beaucoup
depuis quelque temps; elle dit : pièce en quatre
actes.
Cette pièce devait d’abord s’appeler : Pour
l'honneur, ou même L'honneur tout court. Mais
cos titres étaient pris, et I’ auteur, après contro-
verses, a adopté : Tout pour l’honneur, ce qui
me paraît d’ailleurs mieux prédire le sujet.
M. Hugues Le Roux a intentionnellement placé
son action dans un jjiilieu où la vie et l’honneur
ne font qu’un. Les principaux personnages ap-
partiennent à l’armée. Tour à tour nous voyons
en scène un colonel, un commandant, un adju-
dant. Toute la hiérarchie!
Le principal héros, c’est André Renoird. Les
compositeurs sont particulièrement priés de ne
pas oublier le cl final; car, à ce propos encore,
M. Hugues Le Roux a dû soutenir le choc des ré-
clamations, et un M. Renoir sans cl lui fit somma-
tion de ne pas le mettre en scène.
Donc, André Renoird (M. Raphaël Duflos) est
le jeune premier de la chose.
Un jeune premier qui n’a pas d’agrément dans
sa famille.
Il est affligé d’une sœur au cœur incandescent,
et cette sœur s’est éprise d’un Allemand.
Une tragédie en aurait pu résulter jadis, si la
jeune fille avait résolument déclaré que l’amour
ne connaît pas de frontières. Ce qui est, d’ail-
leurs, parfaitement exact.
Mais M. Hugues Le Roux a tergiversé et re-
couru à des subterfuges.
Son héroïne veut faire passer son soupirant
pour un Suisse, et lui-même cherche à tricher
avec son extrait de naissance.
Nous voilà, dés lors, en pleines arguties, et
l’intérêt se perd au milieu de cet imbroglio qui
ne saurait tromper personne.
De son côté, — on aime décidément beaucoup
duns cette famille-là, — de son côté, André Re-
noird a deux amours en tête.
Il est ballotté entre la fille de son colonel et
une Américaine.
Ici, je vous demande la permission de couper
court à une analyse trop minutieuse.
Jo vous dirai sommairement que Glaire—la
sœur d’André — s’étant fait enlever, celui-ci
court après elle et est porté comme déserteur.
Après quoi, Claire le fait acquitter par le con-
seil de guerre, puis se tue.
Bien sombre et bien confuse cette œuvre, qui
a décidément eu tort de ne pas s’intituler mélo-
drame, et de ne pas se faire jouer à l’Ambigu.
Le public du Gymnase a été déconcerté, et la
soirée n’a pas eu le résultat que nous aurions
souhaité.
M. Hugues Le Roux est un travailleur que cet
échec ne rebutera pas. Nous l’attendons à la fa-
meuse revanche, consacrée par les clichés.
Les artistes du Gymnase ont lutté de leur mieux
contre lours rôles ingrats.
Mlle Sisos, au troisième acte, a secoué la froi-
deur de l’auditoire.
M. Duflos fait ce qu’il peut.
Mlle Darlaud est gracieuse.
Je n’insiste pas. Tout pour l'honneur ne tien-
dra probablement pas l’affiche, et il y aurait inu-
tile rigueur à s’étendre plus longuement sur cette
méprise.
Le Gymnase paraît traverser une série engui-
gnonnée. Lui aussi, il aura, nous l’espérons, un
de ces jours, une contre-partie toute en rose.
Pierre Véron.
GUIGNOLET Tiri^lt^OINTREAJDj’inftri.
Moutarde JULIEN MACK DUOS
CHRONIQUE DU JOUR
Un truc tout nouveau, et qui, du reste, réussit
toujours.
Les perquisitions domiciliaires sont entrées à tel
point dans nos mœurs, que le plus sûr moyen pour
un voleur est encore de se présenter carrément
chez sa victime et de lui dire négligemment :
— Donnez-moi ce que vous avez!... Ordre du
parquet !
La victime, tremblante, livre tout ce qu'on veut,
s'attendant, en outre, aux pires aventures.
Bien mieux, on signale des collectionneurs peu
délicats qui se sont emparés du truc et ont envoyé
chez un confrère, possesseur de pièces rares, un
faux agent pour les dépouiller au nom de la loi !
A leur tour, des amants, en délicatesse avec leur
belle, profitent du trac général pour faire saisir
chez l’ancienne les lettres compromettantes.
C’est tout simplement exquis.
Les cigarières du Gros-Caillou sa plaignent.
Elles demandent une augmentation de salaire et
quelques autres réformes.
Pour appuyer leurs prétentions, elles ont envoyé
une délégation au directeur général.
Ce haut fonctionnaire a promis d’examiner atten-
tivement les réclamations.
Si le public en profitait, lui aussi, pour demander
à l’administration que les paquets de tabac fussent
remplis avec du tabac et non avec des soliveaux,
et qu’il y eût un peu plus de cinq cigares fumables
sur une douzaine!
Les hypnotiseurs s’agitent. Ils ont, paraît-il, l’in-
tention de réclamer 1 établissement 4’une chaire
d hypnologie.
La Faculté fait la sourde oreille.
toutefois, on ne voit pas bien pourquoi, elle qui,
depuis sa fondation, a accueilli tant de systèmes bi-
zarres et tant d’erreurs, refuserait asile à l’hvpno-
tisme.
Les séances n en deviendraient parfois que plus
intéressantes.
Voyez-vous d ici ces messieurs hypnotisés !
Lorsque 1 hypnotiseur leur demanderait :
— Qu’est-ce que votre science?
Us répondraient avec ensemble :
— Une blague !
Cette franchise produirait un effet déplorable.
Maintenant, les hypnotiseurs ont un moyen de
prouver leur puissance et d’arriver à leur but.
Qu’ils suggèrent à ces messieurs l’idée de les ad-
mettre malgré eux.
Sous le titre : Distribution de prix de la Société de
tempérance, lu ces lignes textuelles :
« Une médaille de bronze est accordée au briga-
dier Z..., qui ne s’est jamais dérangé, et a toujours
engagé ses hommes à en faire autant. »
Enfoncés, les légendaires carabiniers ! Au moins,
eux, s’ils arrivaient trop tard, ils prenaient la peine
de se déranger.
Chapitre des demandes et offres d’emploi.
« On demande une cuisinière sachant surtout bien
faire le haricot de mouton.
« S’adresser à M. X..., rue... »
Eu voici un, au moins, qui a des goûts modestes.
On parie des gens du Dahomey devant le fils de la
maison.
— Enfin, interroge celui-ci, qu'est-ce qu’ils fai-
saient avant qu’on leur déclarât la guerre?
— Rien; c’est un peuple qui n’avait pas d’histoire.
— Eh bien, vrai, s’écrie le jeune lycéen, ce que les
potaches de ce pays devaient être heureux!
Miss patine au bois de Boulogne, accompagnée
de sa gouvernante, une Anglaise rigide.
La jeune fille fait un faux pas et tombe assise.
La gouvernante accourt; puis, rassérénée :
— Ce n'est rien, dit-tlle pudiquement, vous êtes
bien tombée.
-- Vous trouvez? pleurniche miss, frottant Ja par-
tie endolorie. Aôh! moi, je trouve qu’on tombe tou-
jours mal!
Jules Demolliens.
Le Directeur-Gérant, Pierre Véron.
Paris. — lmp. Jtlean-Lévy, U, rue Cbauchat,