LE CHARIVARI
procéder à quelque émission, le pourraient faire
néanmoins, mais on se conformant aux formules
officielles mises à leur disposition. Par exemple :
SOCIÉTÉ DE LA HAUTE PÈGRE
Au capital illimité
« On paye en souscrivant, on paye avant l’émis-
sion, pendant et après; enfin, on ne paye jamais
trop.
» Messieurs et chers gogos,
» Nous vous invitons par la présente à vider
vos bas de laine. D’abord, qu’est-ce que fait votre
argent dans vos armoires? Rien! Tandis qu’à
nous, il servirait à nous payer des maîtresses
chic, à boire des vins à trente-cinq francs la bou-
teille; enfin, à nous procurer une petite existence
enviable.
» Accourez! On ouvre les guichets! !
» Versez, versez encore, versez à pleins bords 1
Plus jamais vous ne reverrez la couleur de votre
argent ! ! ! »
Il est à croire qu’on trouvera alors difficile-
ment à recruter un conseil d'administration
parmi nos hommes politiques.
Un souscripteur. »
Maintenant, à nos lecteurs à décerner le prix.
Jules Demolliens.
THÉÂTRES
VAUDEVILLE : L'Invitée.
M. de Gurei, s’il cherchait une devise, serait
plus qu’aucun homme du monde en droit d’adop-
ter celle-ci : « Tout chemin mène à Rome. »
Il a débuté, pour arriver à la littérature, en
prenant par l’Ecole Centrale, ce qui n’est pas
la route ordinaire. Il continue en passant assez
régulièrement par la rue de Richelieu pour se
rendre au Vaudeville. Je ne parle pas des cro-
chets qu’il fit sur le Théâtre-Libre et auxquels il
dut son commencement de réputation.
On se rappelle les Fossiles. Quoique d’une
psychologie un peu sombre et diffuse, l’œuvre
était de celles qui attirent l’attention en sortant
de la banalité. Elle avait nonobstant été repous-
sée par le Comité des sociétaires.
M. de Curel n’en voulut pas moins renouveler
l’épreuve; il présenta à ce même Comité une se-
conde comédie intitulée : L’Invitée.
C’est celle-là précisément que le Vaudeville a
représentée hier.
Elle avait eu à subir les lenteurs de l’examen
préalable à la Comédie-Française. Ce que sa-
chant, M. Albert Carré, toujours en éveil, avait
écrit à l’auteur :
— Moi, je vous joue tout de suite, vous savez.
Ça vous va-t-il?
Ça lui alla, quoiqu’un premier rapport pût
faire espérer une issue favorable chez Molière.
Mais dans combien de temps?
M. de Curel paraît mettre en pratique le vers
classique :
Hâtons-nous de jouir, car le temps en est court.
Et estimant qu’il vaut mieux tenir que de cou-
rir, il répondit à M. Carré :
— Tope!
Voilà comment l'Invitée a été représentée rue
de la Ghaussée-d’Antinpar MM. Dieudonné, Rois-
selot, Delaunay, par Mmes Pasca, Marguerite Ca-
ron, Yahne, au lieu de l’être là-bas, je suppose,
par MM. Worms, Féraudy, par Mmes Pierson,
Marsy, Muller ou Ludwig.
Quelle est donc cette invitée qui donne son nom
à la pièce ?
Cette invitée, c’est une épouse, c’est une
mère.
Barbarus his ego sum, disait Ovide chez les
Scythes. Elle en pourrait dire autant tout à
l’heure, quand on la ramènera à ses filles, à son
mari.
C’est qu’il y a vingt ans qu’elle est séparée de
sa famille.
Trompée par l’époux qu’elle avait choisi, elle
est allée vivre à Vienne dans l’isolement, tandis
que M. de Grécourt s’est arrangé à Paris un faux
ménage à son gré, en faisant passer sa femme pour
folle.
Ce point de départ n’est pas très clairement
expliqué.
Pourquoi se sont-ils accommodés l’un et l’autre
d’une si fâcheuse position, au lieu de tout tirer
au clair par une séparation légale? Les motifs
ne sont pas décisifs.
Non plus que ceux au nom desquels un ami
commun entreprend de rapprocher Mme de Gré-
court d’une famille si longtemps oubliée.
Mais il faut être toujours plus ou moins accom-
modant avec un point de départ. Si exceptionnel
que soit celui-ci, il va nous valoir une série
d’émotions profondes.
Ce n’est pas une pièce à péripéties qu’a écrite
M. de Curel. C’est une étude psychologique,
d’une amertume étrange, d’une observation im •
pitoyable.
Il nous montre ce mari et cette femme repous-
sés par leur mutuel décatissage, cette mère et
ces filles trop déshabituées de leurs mutuels de-
voirs pour s'y reprendre.
A la fin, cependant, Mme de Grécourt retour-
nera à Vienne avec ses deux enfants, et tâchera
de redevenir maman pour de bon.
L’analyse ne peut vous donner une impression
juste de l’œuvre.
Quoique triste, inexorable, elle touche sans re-
buter.
Le public, subjugué, a fait une ovation à M. de
Curel, qui est incontestablement un talent très
personnel, et qui deviendra, s’il persévère, un
maître original.
Mme Pasca est admirable dans le délicat et, en
somme, peu attirant rôle de la veuve par à peu
près.
Mme Marguerite Caron et Yahne ont été juste-
ment appréciées.
M. Dieudonné aussi.
M. Boisselot [tourne trop à la caricature le rôle
du mari déliquescent.
Grand, très grand succès, poussé jusqu’à l’em-
ballement.
Pierre Véron
Tous les journaux ont, à la suite de ses protes-
tations énergiquement indignées, reconnu la
grave erreur qu’ils avaient commise en assimi-
lant le cas de M. B’rœmer à celui des correspon-
dants étrangers expulsés pour manœuvres cou-
pables.
A diverses reprises, les présidents des Comités
alsaciens-lorrains ont porté témoignage en fa-
veur de M. Frœmer.
En ce moment encore ils ont fait en sa faveur
d’actives démarches, qu’appuyaient plusieurs
députés et un ministre ; démarches qui, d’après
les assurances reçues, aboutiront au retrait légi-
time d’une injuste mesure qui avait été provo-
quée par des dénonciations calomnieuses et des
ressentiments privés.
Nous nous féliciterons de cette heureuse issue
pour M. Frœmer, qui a toujours prêté à la pu-
blicité du Charivari un concours aussi dévoué
qu’intelligent, et dont l’honorabilité n’a jamais
fait doute pour ceux qui ont voulu se rensei-
gner sans hostilité préconçue.
Le JOB est sans contredit le meilleur des pa-
piers à cigarettes. Son usage tend à devenir
général dans le monde entier.
PLUME HUMBOLDK.ÏSf
ABSINTHE-BAILLY (MBS)
T? T TYTR nmvnvr A T Délicieuse Liqueur Digestive et Réparatrice
JjJjlÀiri DUii il /IJLiBONNAL & Fils, Distillateurs, à Bordeaux.
CHRONIQUE DU JOUR
Je n'aime pas beaucoup le moyen de réchauffer
les gens qui consiste à leur rappeler qu’il a fait
beaucoup plus froid les années précédentes. Quand
un monsieur se remarie et que sa nouvelle femme
le trompe, on a beau lui faire remarquer que sa
première l’avait trompé bien davantage, cela ne lui
rendra pas plus agréable le port des cornes.
D’ailleurs, cet hiver comptera parmi les plus ru-
des. Est-ce l’installation du Pôle Nord à Paris qui
nous a valu cette concurrence de la température?
Le Midi n’est pas plus favorisé. Les loups descen-
dent des montagnes de l’Ariège. En Algérie, les nei-
ges abondent. On télégraphie que, dans les environs
de Bougie, une panthère, attirée par la lueur de la
chandelle, — pardon, du feu d’un gourbi, — est ve-
nue s'asseoir au foyer hospitalier de quelques Ara-
bes 1
La dame qui a laissé un morceau de sa peau à
M. Flammarion n’a rien inventé. On peut voir, au
musée Carnavalet, l'exemplaire des Droits de
l'Homme relié en peau humaine. On montre, au ca-
binet de_ physique de Versailles, la peau de la
femme d’un tanneur, tannée par son mari, qui avait
surpris ses infidélités.
L’Amérique a failli faire le commerce des peaux
humaines, excellentes, parait-il, pour les tambours
et pour les pots de confiture.
_ Les savants qui ont présidé à la confection de
Y Annuaire du bureau des longitudes sont dans le
marasme. Les marins leur reprochent, cette année
tellement d'erreurs pouvant avoir de déplorables ré-
sultats pour la navigation, que le ministre a dû dé-
savouer Y Annuaire et recommander de le jeter à
l’eau.
Les mêmes savants, qui sont presque tous acadé-
miciens, ont profité de l’occasion pour taper sur
quelques illustres prédécesseurs.
C’est ainsi qu’à Ja dernière séance de l’Académie
des sciences, on a démoli Descartes.
Le secrétaire perpétuel a signalé de graves er-
reurs commises en mécanique, notamment par l’au-
teur de la Méthode.
Inutile d’ajouter que Descartes a continué à faire
le mort et à ne point répondre.
On exhibait depuis quelque temps, à Londres, un
kanguroo boxeur.
Le public l’idolâtrait.
Le brave kanguroo a fait son apparition au Nou-
veau-Cirque, et if tombe son adversaire homme avec
une étonnante facilité.
Il y a longtemps qu’on a proposé de faire travailler
les singes.
bans manquer de respect à l’armée française, on
peut se demander s’il n y aurait pas moyen d’utiliser
les kanguroos, comme on a utilisé les pigeons et
les chiens. Un régiment de singes dressés à com-
battre un uniforme étranger pourrait rendre d’inap-
préciables services, et économiserait, du moins, un
équivalent important de vies humaines.
Question à creuser.
En correctionnelle.
-— Accusé, vos nom, prénoms et qualités?
— Comme nom, Ugène. Comme qualité, je suis
d’une fidélité à toute épreuve.
Petites définitions !
CLASSIQUES. — Les romantiques d’hier.
L’éducation de bébé.
— Pourquoi que t’as fait un cadeau à Mme Bouli-
nard ?
— Parce qu’elle m'en avait fait un... Quand on
vous donne quelque chose, il faut le rendre.
— Alors, quand tu me donnes des gifles ?
Les Balandard ont invité à dîner Gontran. Les
plats sont tous ratés, le rôti brûlé, le vin infect.
— Nous vous faisons bien mal dîner, murmure
Mme Balandard en s’excusant.
— Oh ! ce n’est rien, fait Gontran avec politesse...
Quand je pense qu’il y a tant de pauvres diables qui
ne dîneront pas du tout aujourd’hui !
— Jeune Bichamiel, pouvez-vous me citer les pays
dans lesquels il fait le plus froid?
Bichamiel, après avoir longtemps cherché :
— L’Italie.
— L’Italie ?...
— Dame ! on parle toujours des glaces de Ve-
nise !
H. Henriot.
procéder à quelque émission, le pourraient faire
néanmoins, mais on se conformant aux formules
officielles mises à leur disposition. Par exemple :
SOCIÉTÉ DE LA HAUTE PÈGRE
Au capital illimité
« On paye en souscrivant, on paye avant l’émis-
sion, pendant et après; enfin, on ne paye jamais
trop.
» Messieurs et chers gogos,
» Nous vous invitons par la présente à vider
vos bas de laine. D’abord, qu’est-ce que fait votre
argent dans vos armoires? Rien! Tandis qu’à
nous, il servirait à nous payer des maîtresses
chic, à boire des vins à trente-cinq francs la bou-
teille; enfin, à nous procurer une petite existence
enviable.
» Accourez! On ouvre les guichets! !
» Versez, versez encore, versez à pleins bords 1
Plus jamais vous ne reverrez la couleur de votre
argent ! ! ! »
Il est à croire qu’on trouvera alors difficile-
ment à recruter un conseil d'administration
parmi nos hommes politiques.
Un souscripteur. »
Maintenant, à nos lecteurs à décerner le prix.
Jules Demolliens.
THÉÂTRES
VAUDEVILLE : L'Invitée.
M. de Gurei, s’il cherchait une devise, serait
plus qu’aucun homme du monde en droit d’adop-
ter celle-ci : « Tout chemin mène à Rome. »
Il a débuté, pour arriver à la littérature, en
prenant par l’Ecole Centrale, ce qui n’est pas
la route ordinaire. Il continue en passant assez
régulièrement par la rue de Richelieu pour se
rendre au Vaudeville. Je ne parle pas des cro-
chets qu’il fit sur le Théâtre-Libre et auxquels il
dut son commencement de réputation.
On se rappelle les Fossiles. Quoique d’une
psychologie un peu sombre et diffuse, l’œuvre
était de celles qui attirent l’attention en sortant
de la banalité. Elle avait nonobstant été repous-
sée par le Comité des sociétaires.
M. de Curel n’en voulut pas moins renouveler
l’épreuve; il présenta à ce même Comité une se-
conde comédie intitulée : L’Invitée.
C’est celle-là précisément que le Vaudeville a
représentée hier.
Elle avait eu à subir les lenteurs de l’examen
préalable à la Comédie-Française. Ce que sa-
chant, M. Albert Carré, toujours en éveil, avait
écrit à l’auteur :
— Moi, je vous joue tout de suite, vous savez.
Ça vous va-t-il?
Ça lui alla, quoiqu’un premier rapport pût
faire espérer une issue favorable chez Molière.
Mais dans combien de temps?
M. de Curel paraît mettre en pratique le vers
classique :
Hâtons-nous de jouir, car le temps en est court.
Et estimant qu’il vaut mieux tenir que de cou-
rir, il répondit à M. Carré :
— Tope!
Voilà comment l'Invitée a été représentée rue
de la Ghaussée-d’Antinpar MM. Dieudonné, Rois-
selot, Delaunay, par Mmes Pasca, Marguerite Ca-
ron, Yahne, au lieu de l’être là-bas, je suppose,
par MM. Worms, Féraudy, par Mmes Pierson,
Marsy, Muller ou Ludwig.
Quelle est donc cette invitée qui donne son nom
à la pièce ?
Cette invitée, c’est une épouse, c’est une
mère.
Barbarus his ego sum, disait Ovide chez les
Scythes. Elle en pourrait dire autant tout à
l’heure, quand on la ramènera à ses filles, à son
mari.
C’est qu’il y a vingt ans qu’elle est séparée de
sa famille.
Trompée par l’époux qu’elle avait choisi, elle
est allée vivre à Vienne dans l’isolement, tandis
que M. de Grécourt s’est arrangé à Paris un faux
ménage à son gré, en faisant passer sa femme pour
folle.
Ce point de départ n’est pas très clairement
expliqué.
Pourquoi se sont-ils accommodés l’un et l’autre
d’une si fâcheuse position, au lieu de tout tirer
au clair par une séparation légale? Les motifs
ne sont pas décisifs.
Non plus que ceux au nom desquels un ami
commun entreprend de rapprocher Mme de Gré-
court d’une famille si longtemps oubliée.
Mais il faut être toujours plus ou moins accom-
modant avec un point de départ. Si exceptionnel
que soit celui-ci, il va nous valoir une série
d’émotions profondes.
Ce n’est pas une pièce à péripéties qu’a écrite
M. de Curel. C’est une étude psychologique,
d’une amertume étrange, d’une observation im •
pitoyable.
Il nous montre ce mari et cette femme repous-
sés par leur mutuel décatissage, cette mère et
ces filles trop déshabituées de leurs mutuels de-
voirs pour s'y reprendre.
A la fin, cependant, Mme de Grécourt retour-
nera à Vienne avec ses deux enfants, et tâchera
de redevenir maman pour de bon.
L’analyse ne peut vous donner une impression
juste de l’œuvre.
Quoique triste, inexorable, elle touche sans re-
buter.
Le public, subjugué, a fait une ovation à M. de
Curel, qui est incontestablement un talent très
personnel, et qui deviendra, s’il persévère, un
maître original.
Mme Pasca est admirable dans le délicat et, en
somme, peu attirant rôle de la veuve par à peu
près.
Mme Marguerite Caron et Yahne ont été juste-
ment appréciées.
M. Dieudonné aussi.
M. Boisselot [tourne trop à la caricature le rôle
du mari déliquescent.
Grand, très grand succès, poussé jusqu’à l’em-
ballement.
Pierre Véron
Tous les journaux ont, à la suite de ses protes-
tations énergiquement indignées, reconnu la
grave erreur qu’ils avaient commise en assimi-
lant le cas de M. B’rœmer à celui des correspon-
dants étrangers expulsés pour manœuvres cou-
pables.
A diverses reprises, les présidents des Comités
alsaciens-lorrains ont porté témoignage en fa-
veur de M. Frœmer.
En ce moment encore ils ont fait en sa faveur
d’actives démarches, qu’appuyaient plusieurs
députés et un ministre ; démarches qui, d’après
les assurances reçues, aboutiront au retrait légi-
time d’une injuste mesure qui avait été provo-
quée par des dénonciations calomnieuses et des
ressentiments privés.
Nous nous féliciterons de cette heureuse issue
pour M. Frœmer, qui a toujours prêté à la pu-
blicité du Charivari un concours aussi dévoué
qu’intelligent, et dont l’honorabilité n’a jamais
fait doute pour ceux qui ont voulu se rensei-
gner sans hostilité préconçue.
Le JOB est sans contredit le meilleur des pa-
piers à cigarettes. Son usage tend à devenir
général dans le monde entier.
PLUME HUMBOLDK.ÏSf
ABSINTHE-BAILLY (MBS)
T? T TYTR nmvnvr A T Délicieuse Liqueur Digestive et Réparatrice
JjJjlÀiri DUii il /IJLiBONNAL & Fils, Distillateurs, à Bordeaux.
CHRONIQUE DU JOUR
Je n'aime pas beaucoup le moyen de réchauffer
les gens qui consiste à leur rappeler qu’il a fait
beaucoup plus froid les années précédentes. Quand
un monsieur se remarie et que sa nouvelle femme
le trompe, on a beau lui faire remarquer que sa
première l’avait trompé bien davantage, cela ne lui
rendra pas plus agréable le port des cornes.
D’ailleurs, cet hiver comptera parmi les plus ru-
des. Est-ce l’installation du Pôle Nord à Paris qui
nous a valu cette concurrence de la température?
Le Midi n’est pas plus favorisé. Les loups descen-
dent des montagnes de l’Ariège. En Algérie, les nei-
ges abondent. On télégraphie que, dans les environs
de Bougie, une panthère, attirée par la lueur de la
chandelle, — pardon, du feu d’un gourbi, — est ve-
nue s'asseoir au foyer hospitalier de quelques Ara-
bes 1
La dame qui a laissé un morceau de sa peau à
M. Flammarion n’a rien inventé. On peut voir, au
musée Carnavalet, l'exemplaire des Droits de
l'Homme relié en peau humaine. On montre, au ca-
binet de_ physique de Versailles, la peau de la
femme d’un tanneur, tannée par son mari, qui avait
surpris ses infidélités.
L’Amérique a failli faire le commerce des peaux
humaines, excellentes, parait-il, pour les tambours
et pour les pots de confiture.
_ Les savants qui ont présidé à la confection de
Y Annuaire du bureau des longitudes sont dans le
marasme. Les marins leur reprochent, cette année
tellement d'erreurs pouvant avoir de déplorables ré-
sultats pour la navigation, que le ministre a dû dé-
savouer Y Annuaire et recommander de le jeter à
l’eau.
Les mêmes savants, qui sont presque tous acadé-
miciens, ont profité de l’occasion pour taper sur
quelques illustres prédécesseurs.
C’est ainsi qu’à Ja dernière séance de l’Académie
des sciences, on a démoli Descartes.
Le secrétaire perpétuel a signalé de graves er-
reurs commises en mécanique, notamment par l’au-
teur de la Méthode.
Inutile d’ajouter que Descartes a continué à faire
le mort et à ne point répondre.
On exhibait depuis quelque temps, à Londres, un
kanguroo boxeur.
Le public l’idolâtrait.
Le brave kanguroo a fait son apparition au Nou-
veau-Cirque, et if tombe son adversaire homme avec
une étonnante facilité.
Il y a longtemps qu’on a proposé de faire travailler
les singes.
bans manquer de respect à l’armée française, on
peut se demander s’il n y aurait pas moyen d’utiliser
les kanguroos, comme on a utilisé les pigeons et
les chiens. Un régiment de singes dressés à com-
battre un uniforme étranger pourrait rendre d’inap-
préciables services, et économiserait, du moins, un
équivalent important de vies humaines.
Question à creuser.
En correctionnelle.
-— Accusé, vos nom, prénoms et qualités?
— Comme nom, Ugène. Comme qualité, je suis
d’une fidélité à toute épreuve.
Petites définitions !
CLASSIQUES. — Les romantiques d’hier.
L’éducation de bébé.
— Pourquoi que t’as fait un cadeau à Mme Bouli-
nard ?
— Parce qu’elle m'en avait fait un... Quand on
vous donne quelque chose, il faut le rendre.
— Alors, quand tu me donnes des gifles ?
Les Balandard ont invité à dîner Gontran. Les
plats sont tous ratés, le rôti brûlé, le vin infect.
— Nous vous faisons bien mal dîner, murmure
Mme Balandard en s’excusant.
— Oh ! ce n’est rien, fait Gontran avec politesse...
Quand je pense qu’il y a tant de pauvres diables qui
ne dîneront pas du tout aujourd’hui !
— Jeune Bichamiel, pouvez-vous me citer les pays
dans lesquels il fait le plus froid?
Bichamiel, après avoir longtemps cherché :
— L’Italie.
— L’Italie ?...
— Dame ! on parle toujours des glaces de Ve-
nise !
H. Henriot.