LE CHARIVARI
ci, ils s’en sont pris aux obligations des chemins
de fer français. Un économiste, fort distingué
d’ailleurs, — tous nos économistes sont fort dis-
tingués, — a publié dans un journal du soir un
projet tendant à permettre aux Compagnies de
rembourser un demi-milliard au Trésor, en émet-
tant une quantité d’obligations remboursables
après l’expiration des concessions actuelles. Per-
sonne ne parle plus de ce projet, — pas meme
son auteur. Mais si vous croyez que les baissiers
y regardent de si près, vous vous trompez singu-
lièrement sur leur compte. Par voie de brochures
et de circulaires, — c’est leur coutumière façon
de procéder, — ils ont fait assavoir au public que
nous allions être littéralement submergés sous le
poids des obligations que les Compagnies se pré-
parent à émettre, et que, par conséquent, il con-
venait de vendre les obligations des chemins de
fer, et plus vite que ça. Mais le public a estimé
qu’il convenait surtout de ne se presser point, et
il a bien fait. Il faut que les gens qui s’efforcent
de créer des agitations en prennent leur parti.
Leurs inventions sont habiles, incontestable-
ment; mais elles sont si nombreuses, que nous
commençons à être blasés. Ce qu’on a essayé de
faire contre les obligations des chemins de fer,
on l’avait tenté contre les Caisses d’épargne,
on l’avait tenté contre les actions et les obliga-
tions du Crédit Foncier, on l’avait tenté contre
les rentes, on l’avait tenté contre d’autres va-
leurs encore dont l’énumération, comme dit Ra-
belais, serait prou fastidieuse. Et on avait pro-
cédé de la même manière, par voie d’insinuations
portées sur les ailes en papier des circulaires et
des brochures. Dans les premiers temps, ça pro-
duisait un certain effet; mais comme, à l’ana-
lyse, on s’apercevait rapidement du peu de va-
leur réelle de toutes ces histoires, personne n’y
fait plus aucune attention.
Les obligations des chemins de fer ne souf-
frent pas plus de ces attaques que n'en ont souf-
f -rt les obligations du Foncier, qui ont peu à peu
s leurs cours de dans le temps. La spécula-
tion bMssière perd son temps et ses peines à
des valeurs de cette solidité-là, sur-
"loment comme celui-ci, où le public
>mme à sa disposition. Il en consacre
v lie i à acheter des titres de premier ordre;
i ait employer plus mal son argent,
c . gent! Comme il y en a! Savez-vous
q :’à H euro actuelle, le seul Crédit Lyonnais a
pour près de 75 millions d’espèces eu caisse! Cela
résulte du dernier bilan publié, qui est excellent,
avec son portefeuille de 523 millions, ses 86 mil-
lions de reports, ses 261 millions de comptes cou-
rants, ses 304 millions de dépôts et bons à vue,
ses 40 millions de réserves, etc. Voilà ce que
j’appelle un bilan. Il sue l’activité par tous les
pores, et justifie la faveur dont jouit l’établisse-
ment. Quand une Société, avec 100 millions de
capital appelé, inscrit un total de près de 1,200 mil-
lions au bas de ses bilans, vous auriez tort de
croire qu’elle s’endort sur le rôti.
Castorine
LE SALON DE i8q3
II
Nous voilà repartis pour une seconde tournée.
Zigzaguons, mes frères. C’est encore le meilleur
moyen de varier nos plaisirs pour prendre en
patience nos fatigues.
.l’aurais dû, dès le premier article, rendre
hommage à l’un de ceux qui triomphent le plus
incontestablement cette année : j’ai nommé
M. Aimé Morot. Sa Retraite de Saint-Jean
d'Acre est un morceau d’une délicatesse extrême
et d’une exceptionnelle intensité.
J’aime beaucoup M. Luigi Loir, mais je trouve
son tableau un peu énigmatique.
De quel nom te nommer, heure trouble où nous sommes?
a dit Victor Hugo. C’est précisément ce qui em-
barrasse devant la toile de M. Loir. Ce n’est ni le
jour ni la nuit; les becs de gaz sont allumés et
pourtant on y voit clair encore.
. Oh 1 je sais bien, l’artiste nous avertit qu’il a
voulu traduire une impression crépusculaire.
Mais je crois qu’il est sage d’éviter ces effets dé-
routants.
M. Henri Martin continue à pratiquer l’excen-
tricité. Couleur, composition, tout est biscornu
dans sa toile ornée de femmes volantes qui ont
plutôt l’air de sacs accrochés à des clous.
M. Renouf eut son heure de célébrité méritée.
Il semble, depuis quelque temps, travailler à dé-
molir sa réputation. A coup sûr, il n’y ajoutera
rien avec sa vue du Niagara maigrelette et pi-
teuse.
M. Luminais, au contraire, n’avait pas, depuis
longtemps, fait aussi bien que dans ses amazones
courant bride abattue au précipice.
M. Edouard Bisson est toujours un charmeur,
soit qu’il nous montre une mignonne personne
étendue sur un lit dont ce scélérat d’Amour sou-
lève le rideau, soit qu’il nous conduise au bord
de la mer, où une figure de jeune fille, d une rare
distinction, apparaît mélancoliquement perdue
dans la contemplation do l’infini.
Toujours aussi Monginot garde son éclatante
palette. Son paon rayonne, sa nature morte rap-
pelle les meilleurs maîtres du dix-huitième.
M. Muncaksy s’est donné un mal du diable.
C’est évident, trop évident même. Son gigan-
tesque tableau destiné au Parlement hongrois
peut avoir un intérêt patriotique; comme intérêt
artistique, il est nul. La scène est d’une composi-
tion confuse; les fonds détonnent; les chevaux
font penser aux magasins de joujoux.
N’insistons pas.
Autrement puissant est M. Roybet dans sa
grande composition de Charles le Téméraire,
encore qu’il y ait là une certaine confusion dans
l’effet. Mais combien de détails attestent le
maître peintre!
Do même que dans l’autre tableau de M. Roy-
bet : Propos galants. C’est enlevé, cela, avec une
hardiesse et une sûreté de main dont bien peu
ont aujourd’hui le secret.
Une élève de M. Roybet, Mlle Romani, montre
aussi dans deux portraits remarqués qu’elle a su
mettre à profit les leçons d’un tel maître.
M. Gagliardini fait toujours ruisseler le soleil
en ses vues du Midi..
C’est le Nord, au contraire, avec ses sévères
beautés, qu’interprète M. Normann, un artiste
norvégien dont je vous conseille de retenir le
nom.
Voici des peintres unicolores, ou peu s’en faut:
M. Desrousseaux, travaillant dans le bleu bla-
fard; M. Frank Lamy, pratiquant ce qu’un ama-
teur de calembours appellerait l’uni-vert; M. Vol-
let, exécutant, comme à peu près de son nom, un
portrait d’un violet outrancier.
M. Jean-Paul Laurens a composé mélodrama-
tiquement un tableau de médiocre intérêt où un
prédicateur se démène comme un épileptique.
M. Morlon cultive le mélodrame aussi dans les
Malédictions de l'aïeule, une vieille furibonde
qui vient montrer le poing à la mer. Mais ça se
chante en romance, ces choses-là; ça ne se peint
pas.
Je goûte fort le portrait de M. François Fla-
meng. Je ne goûte pas du tout sa petite bonapar-
terie rééditant les lithographies où l’on nous
montra tant de fois des Napoléon de comédie.
C’est fini, cette antienne-là!
M. Hernandez expose un portrait délicat. Les
jeux de lumière dont le peintre a usé et abusé
ont seulement l’inconvénient de faire dire au
passant :
— Tiens! de la peinture Loïe Fuller I
De pittoresques saltimbanques par Beauverie,
deux très sincères paysages par Paul Saïn.
De Mlle Beaury-Saurel deux intéressants en-
vois, dont un très énergique portrait de Mme Sé-
verine.
De M. Story un scélérat de satyre qui se livre
sur la personne d’une nymphe à des tentatives
amoureuses qui sont capables de faire se pâmer
ce pauvre M. Bérenger, s’il passe de ce côté-là.
Peut-être l’administration devrait-elle, à cet
effet, faire préparer dans un coin de la salle une
boite de secours vertueuse.
Pierre Véron.
---
APERITIF MUGNIER
au Vin de Bourgogne. FRÉDÉRIC RÉCRIER, à Dijon•
MÉDAILLE D'OR.EXPOSITION UNIVERSELLE PARIS 188a
PLUME HUMBOLDT^.l=E
CALISAYA
Q UINQ UTHA-APERITIF
DANS TOUS LES BONS
ETABLISSEMENTS
et C .A. F E S
CHRONIQUE DU JOUR
.un bien vilain scandale que celte affaire Mi-
chel Rphrussi dont tout le Paris boulevardier s’en-
tretient.
Lorsque les questions d’argent se trouvent mêlées
aux questions de point d'honneur, rien n'est plus
triste. ’ F
L histoire de ce million donné aux pauvres comme
rançon d un duel évité cause partout une surprise
profonde.
Ce n’est pas comme cela que les classes diri-
geantes relèveront leur prestige dans la lutte enga-
gée entre le capital et le prolétariat.
Lncore une fois, triste, triste, triste !
A Saint-Denis, le clergé continue à vivre en mau-
vaise intelligence avec la population.
L autre jour, le curé a refusé de monter en voiture
pour aller au cimetière réciter ses prières à prix
rixe, parce que le commissaire des morts avait re-
lusè de marcher derrière sa voiture.
H nous semble que, si les curés sont convaincus
que leurs orémus doivent assurer le salut des gens,
ils devraient faire passer le dévouement profes-
sionnel avant l'amour-propre.
N’est-ce pas votre avis ?
Pendant que nous parlons d'orémus, c'est peut-
être le moment de constater une fois do plus la par-
faite impuissance des supplications débitées en
latin.
En ce moment, sur vingt points divers, on adresse
au ciel des requêtes pour obtenir la fin de la séche-
resse. Neuvaines et couvents rivalisent de zèle.
Vous voyez à quels résultats ils sont arrivés.
Il est vraiment imprudent au clergé de montrer
aussi souvent le peu de cas que le bon Dieu fait de
ses sommations instantes.
Avis aux amateurs de réceptions académiques.
C’est le 25 mai qu’Henri de Bornier prononcera
dans la sacrée enceinte le discours traditionnel,
avec réponse conforme.
Cette fois, du moins, celui qui ripostera par le
Dignus inlrare dira vrai. Ce qui est rarement le cas
en ces parages.
Nous rappelons que la vente de l’atelier Fichel a
lieu le mercredi 3 mai, Hôtel Drouot, salle n» 6.
L’Exposition a lieu demain mardi 2 mal.
Un problème qui n’a pas reçu encore de solution,
c est celui-ci : ’
Quels sont les plus forts blagueurs des chasspurs
ou des pêcheurs? 8 eurs’ aes enasseurs
j AOo LU U1 v AJ. LAC L Ltv CL (/ t(
C est ce qu on est porté à penser quand on écou
les récits fantastiques auxquels se livrent les ui
et les autres a propos de leurs prétendus exploits.
Voici pourtant un pêcheur qui nous paraît deve
laire pencher la balance en faveur de sa corpor
tion. ^
Il a fait annoncer, cette semaine, dans tous les
journaux, qu’il avait pris seize saumons d’un seul
coup de filet.
Je ne suis pas curieux de ma nature, mais j'aurais
voulu tout de même voir de mes yeux ce joyeux far-
ceur accomplir sa prétendue prouesse.
Le sultan vient de conférer à l’Alboni l’ordre de
Chefakat. C est une magnifique décoration entourée
de diamants, ayant la forme d’une étoile.
ci, ils s’en sont pris aux obligations des chemins
de fer français. Un économiste, fort distingué
d’ailleurs, — tous nos économistes sont fort dis-
tingués, — a publié dans un journal du soir un
projet tendant à permettre aux Compagnies de
rembourser un demi-milliard au Trésor, en émet-
tant une quantité d’obligations remboursables
après l’expiration des concessions actuelles. Per-
sonne ne parle plus de ce projet, — pas meme
son auteur. Mais si vous croyez que les baissiers
y regardent de si près, vous vous trompez singu-
lièrement sur leur compte. Par voie de brochures
et de circulaires, — c’est leur coutumière façon
de procéder, — ils ont fait assavoir au public que
nous allions être littéralement submergés sous le
poids des obligations que les Compagnies se pré-
parent à émettre, et que, par conséquent, il con-
venait de vendre les obligations des chemins de
fer, et plus vite que ça. Mais le public a estimé
qu’il convenait surtout de ne se presser point, et
il a bien fait. Il faut que les gens qui s’efforcent
de créer des agitations en prennent leur parti.
Leurs inventions sont habiles, incontestable-
ment; mais elles sont si nombreuses, que nous
commençons à être blasés. Ce qu’on a essayé de
faire contre les obligations des chemins de fer,
on l’avait tenté contre les Caisses d’épargne,
on l’avait tenté contre les actions et les obliga-
tions du Crédit Foncier, on l’avait tenté contre
les rentes, on l’avait tenté contre d’autres va-
leurs encore dont l’énumération, comme dit Ra-
belais, serait prou fastidieuse. Et on avait pro-
cédé de la même manière, par voie d’insinuations
portées sur les ailes en papier des circulaires et
des brochures. Dans les premiers temps, ça pro-
duisait un certain effet; mais comme, à l’ana-
lyse, on s’apercevait rapidement du peu de va-
leur réelle de toutes ces histoires, personne n’y
fait plus aucune attention.
Les obligations des chemins de fer ne souf-
frent pas plus de ces attaques que n'en ont souf-
f -rt les obligations du Foncier, qui ont peu à peu
s leurs cours de dans le temps. La spécula-
tion bMssière perd son temps et ses peines à
des valeurs de cette solidité-là, sur-
"loment comme celui-ci, où le public
>mme à sa disposition. Il en consacre
v lie i à acheter des titres de premier ordre;
i ait employer plus mal son argent,
c . gent! Comme il y en a! Savez-vous
q :’à H euro actuelle, le seul Crédit Lyonnais a
pour près de 75 millions d’espèces eu caisse! Cela
résulte du dernier bilan publié, qui est excellent,
avec son portefeuille de 523 millions, ses 86 mil-
lions de reports, ses 261 millions de comptes cou-
rants, ses 304 millions de dépôts et bons à vue,
ses 40 millions de réserves, etc. Voilà ce que
j’appelle un bilan. Il sue l’activité par tous les
pores, et justifie la faveur dont jouit l’établisse-
ment. Quand une Société, avec 100 millions de
capital appelé, inscrit un total de près de 1,200 mil-
lions au bas de ses bilans, vous auriez tort de
croire qu’elle s’endort sur le rôti.
Castorine
LE SALON DE i8q3
II
Nous voilà repartis pour une seconde tournée.
Zigzaguons, mes frères. C’est encore le meilleur
moyen de varier nos plaisirs pour prendre en
patience nos fatigues.
.l’aurais dû, dès le premier article, rendre
hommage à l’un de ceux qui triomphent le plus
incontestablement cette année : j’ai nommé
M. Aimé Morot. Sa Retraite de Saint-Jean
d'Acre est un morceau d’une délicatesse extrême
et d’une exceptionnelle intensité.
J’aime beaucoup M. Luigi Loir, mais je trouve
son tableau un peu énigmatique.
De quel nom te nommer, heure trouble où nous sommes?
a dit Victor Hugo. C’est précisément ce qui em-
barrasse devant la toile de M. Loir. Ce n’est ni le
jour ni la nuit; les becs de gaz sont allumés et
pourtant on y voit clair encore.
. Oh 1 je sais bien, l’artiste nous avertit qu’il a
voulu traduire une impression crépusculaire.
Mais je crois qu’il est sage d’éviter ces effets dé-
routants.
M. Henri Martin continue à pratiquer l’excen-
tricité. Couleur, composition, tout est biscornu
dans sa toile ornée de femmes volantes qui ont
plutôt l’air de sacs accrochés à des clous.
M. Renouf eut son heure de célébrité méritée.
Il semble, depuis quelque temps, travailler à dé-
molir sa réputation. A coup sûr, il n’y ajoutera
rien avec sa vue du Niagara maigrelette et pi-
teuse.
M. Luminais, au contraire, n’avait pas, depuis
longtemps, fait aussi bien que dans ses amazones
courant bride abattue au précipice.
M. Edouard Bisson est toujours un charmeur,
soit qu’il nous montre une mignonne personne
étendue sur un lit dont ce scélérat d’Amour sou-
lève le rideau, soit qu’il nous conduise au bord
de la mer, où une figure de jeune fille, d une rare
distinction, apparaît mélancoliquement perdue
dans la contemplation do l’infini.
Toujours aussi Monginot garde son éclatante
palette. Son paon rayonne, sa nature morte rap-
pelle les meilleurs maîtres du dix-huitième.
M. Muncaksy s’est donné un mal du diable.
C’est évident, trop évident même. Son gigan-
tesque tableau destiné au Parlement hongrois
peut avoir un intérêt patriotique; comme intérêt
artistique, il est nul. La scène est d’une composi-
tion confuse; les fonds détonnent; les chevaux
font penser aux magasins de joujoux.
N’insistons pas.
Autrement puissant est M. Roybet dans sa
grande composition de Charles le Téméraire,
encore qu’il y ait là une certaine confusion dans
l’effet. Mais combien de détails attestent le
maître peintre!
Do même que dans l’autre tableau de M. Roy-
bet : Propos galants. C’est enlevé, cela, avec une
hardiesse et une sûreté de main dont bien peu
ont aujourd’hui le secret.
Une élève de M. Roybet, Mlle Romani, montre
aussi dans deux portraits remarqués qu’elle a su
mettre à profit les leçons d’un tel maître.
M. Gagliardini fait toujours ruisseler le soleil
en ses vues du Midi..
C’est le Nord, au contraire, avec ses sévères
beautés, qu’interprète M. Normann, un artiste
norvégien dont je vous conseille de retenir le
nom.
Voici des peintres unicolores, ou peu s’en faut:
M. Desrousseaux, travaillant dans le bleu bla-
fard; M. Frank Lamy, pratiquant ce qu’un ama-
teur de calembours appellerait l’uni-vert; M. Vol-
let, exécutant, comme à peu près de son nom, un
portrait d’un violet outrancier.
M. Jean-Paul Laurens a composé mélodrama-
tiquement un tableau de médiocre intérêt où un
prédicateur se démène comme un épileptique.
M. Morlon cultive le mélodrame aussi dans les
Malédictions de l'aïeule, une vieille furibonde
qui vient montrer le poing à la mer. Mais ça se
chante en romance, ces choses-là; ça ne se peint
pas.
Je goûte fort le portrait de M. François Fla-
meng. Je ne goûte pas du tout sa petite bonapar-
terie rééditant les lithographies où l’on nous
montra tant de fois des Napoléon de comédie.
C’est fini, cette antienne-là!
M. Hernandez expose un portrait délicat. Les
jeux de lumière dont le peintre a usé et abusé
ont seulement l’inconvénient de faire dire au
passant :
— Tiens! de la peinture Loïe Fuller I
De pittoresques saltimbanques par Beauverie,
deux très sincères paysages par Paul Saïn.
De Mlle Beaury-Saurel deux intéressants en-
vois, dont un très énergique portrait de Mme Sé-
verine.
De M. Story un scélérat de satyre qui se livre
sur la personne d’une nymphe à des tentatives
amoureuses qui sont capables de faire se pâmer
ce pauvre M. Bérenger, s’il passe de ce côté-là.
Peut-être l’administration devrait-elle, à cet
effet, faire préparer dans un coin de la salle une
boite de secours vertueuse.
Pierre Véron.
---
APERITIF MUGNIER
au Vin de Bourgogne. FRÉDÉRIC RÉCRIER, à Dijon•
MÉDAILLE D'OR.EXPOSITION UNIVERSELLE PARIS 188a
PLUME HUMBOLDT^.l=E
CALISAYA
Q UINQ UTHA-APERITIF
DANS TOUS LES BONS
ETABLISSEMENTS
et C .A. F E S
CHRONIQUE DU JOUR
.un bien vilain scandale que celte affaire Mi-
chel Rphrussi dont tout le Paris boulevardier s’en-
tretient.
Lorsque les questions d’argent se trouvent mêlées
aux questions de point d'honneur, rien n'est plus
triste. ’ F
L histoire de ce million donné aux pauvres comme
rançon d un duel évité cause partout une surprise
profonde.
Ce n’est pas comme cela que les classes diri-
geantes relèveront leur prestige dans la lutte enga-
gée entre le capital et le prolétariat.
Lncore une fois, triste, triste, triste !
A Saint-Denis, le clergé continue à vivre en mau-
vaise intelligence avec la population.
L autre jour, le curé a refusé de monter en voiture
pour aller au cimetière réciter ses prières à prix
rixe, parce que le commissaire des morts avait re-
lusè de marcher derrière sa voiture.
H nous semble que, si les curés sont convaincus
que leurs orémus doivent assurer le salut des gens,
ils devraient faire passer le dévouement profes-
sionnel avant l'amour-propre.
N’est-ce pas votre avis ?
Pendant que nous parlons d'orémus, c'est peut-
être le moment de constater une fois do plus la par-
faite impuissance des supplications débitées en
latin.
En ce moment, sur vingt points divers, on adresse
au ciel des requêtes pour obtenir la fin de la séche-
resse. Neuvaines et couvents rivalisent de zèle.
Vous voyez à quels résultats ils sont arrivés.
Il est vraiment imprudent au clergé de montrer
aussi souvent le peu de cas que le bon Dieu fait de
ses sommations instantes.
Avis aux amateurs de réceptions académiques.
C’est le 25 mai qu’Henri de Bornier prononcera
dans la sacrée enceinte le discours traditionnel,
avec réponse conforme.
Cette fois, du moins, celui qui ripostera par le
Dignus inlrare dira vrai. Ce qui est rarement le cas
en ces parages.
Nous rappelons que la vente de l’atelier Fichel a
lieu le mercredi 3 mai, Hôtel Drouot, salle n» 6.
L’Exposition a lieu demain mardi 2 mal.
Un problème qui n’a pas reçu encore de solution,
c est celui-ci : ’
Quels sont les plus forts blagueurs des chasspurs
ou des pêcheurs? 8 eurs’ aes enasseurs
j AOo LU U1 v AJ. LAC L Ltv CL (/ t(
C est ce qu on est porté à penser quand on écou
les récits fantastiques auxquels se livrent les ui
et les autres a propos de leurs prétendus exploits.
Voici pourtant un pêcheur qui nous paraît deve
laire pencher la balance en faveur de sa corpor
tion. ^
Il a fait annoncer, cette semaine, dans tous les
journaux, qu’il avait pris seize saumons d’un seul
coup de filet.
Je ne suis pas curieux de ma nature, mais j'aurais
voulu tout de même voir de mes yeux ce joyeux far-
ceur accomplir sa prétendue prouesse.
Le sultan vient de conférer à l’Alboni l’ordre de
Chefakat. C est une magnifique décoration entourée
de diamants, ayant la forme d’une étoile.