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Le charivari — 62.1893

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Décembre
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SOIXANTE-DEUXIÈME ANNEE

Prix du Numéro : S 5 centimes

SAMEDI 2 DÉCEMBRE 1893

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PARIS

Trois mois. 18 fr.

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Un an. 72 —

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DIRECTION

J’olitique, Littéraire et Artistique

niiiuuî véüon

K c il » c t e ii r e II Chef

BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L'ADMINISTRATION

Rue de la Victoire 20

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DIRECTION

Politique. Littéraire et Artistique

i’Ililililî VEÜON

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ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu



BULLETIN POLITIQUE

Comme toujours, c’est l’imprévu qui est sorti
de la crise commencée déjà d’une façon fort inat-
tendue.

M. Casimir-Périer cède, après avoir fait une
résistance regrettable. Mieux vaut tard que ja-
mais.

Quant à M. Spuller, il sera, sans doute, simple
ministre. Nous regrettons qu’il n’ait pas été pré-
sident du Conseil.

M. Spuller, chacun le sait, fut un des plus dé-
voués amis de Gambetta, un des plus ardents dé-
fenseurs de la politique jadis qualifiée d’oppor-
tuniste.

Pendant longtemps, l’injustice des partis sem-
bla faire une cruelle injure de ce mot qui à lui
seul devrait résumer toute politique sensée.
L’art de gouverner les hommes n’est-il pas l’art
de doser opportunément l’autorité et le progrès?

Aujourd’hui, la qualification d’opportuniste n’a
plus guère cours. On a inventé d’autres mots
pour s’entredébiner. Mais je crois que M. Spuller
est resté fidèle au principe même de l’opportu-
nisme.

Il veut une liberté sage et une République de
modération.

Malgré les clabauderies, c’est dans ce sens que
le suffrage universel me semble avoir voté aux
dernières élections, et, par conséquent, un minis-
tère Spuller avait sa raison d’être.

Nous croyons qu’il aurait eu aussi sa majorité,
s’il avait fait preuve de franchise et de résolution
dès les premiers jours.

Nous verrons si M Périer saura dire tout net
que les cotes mal taillées n’ont jamais abouti à
rien, qu’enfin il veut s’appuyer non sur une équi-
voque, mais sur le désir de stabilité manifesté
par le pays.

Damel il y a dans la coulisse pas mal de décon-
venues qui tâcheront de mettre des bâtons dans
les roues. Mais c’est l’inévitable loi pour tous les
gouvernements. Ils sont dénigrés quand même.

Quelques-uns des malcontents ont, à la dernière
heure, exhalé un soupir auquel était mêlé le
nom de M. Constans.

On attendait ce nom et ce soupir plus tôt. Mais
M. Constans, qui est un intelligent, n’a jamais dû
se faire illusion sur ses chances présentes.

Sans parler de ses désaccords avec l’Elysée, il
représente une politique cassante pour laquelle
il n’y aurait pas, je crois, de majorité dans le Par-
lement actuel.

Son heure reviendra peut-être; mais, en se
fourvoyant aujourd’hui, il aurait rendu son re-
tour définitivement impossible.

Donc ce que les républicains dont le libéralisme
est sincère ont de mieux à faire pour l’instant,
c’est, à notre avis, de défendre le ministère nou-
veau, s’il aboutit.

Il ne sera pas exclusivement composiJ-fobmmes
de génie. Trouvez-m/en donc un qui soit dans ce
cas ! Mais il réunira des bons vouloirs méritants
et des capacités sérieuses.

Maintenant, si, malgré cela, ô Cbambre-enfant,
il te plaît de casser tout de suite ta poupée pour
voir ce qu’elle a dans le ventre, fais-le, à tes
risques et.périls! Mais j’estime que tu regret-
terais cette niaise gaminerie.

Pierre Véron.

-♦-

POUR LES RÉCALCITRANTS

Les tribunaux semblent devoir, désormais, ad-
mettre très facilement la violence morale comme
moyen de résiliation des contrats, si on s’en rap-
porte à un jugement tout récent du tribunal de
la Seine, appelé, sans nul doute, à faire jurispru-
dence.

Voilà qui va réjouir bien des gens.

Toutefois, on peut se demander combien de
contrais, alors, demeureront inattaquables; car
on aura toujours la ressource de la violence mo-
rale pour se débarrasser d’un engagement qui
pèse.

Les législateurs, en tête du titre des contrats,
devront inscrire la devise fameuse : « On rend
l’argent, de tout achat qui a cessé de plaire. »

Lorsqu’un monsieur, par exemple, aura eu la
fâcheuse inspiration de souscrire à la Société des
mines de papier mâché, il pourra aisément es-
quiver le dernier versement.

La Société le traînera en vain devant la justice
de son pays.

— Monsieur, dira le gogo repentant, il y a eu
violence morale à mon égard.

— Gomment cela?

— Lisez le prospectus de la Société, messieurs
du tribunal, et dites-moi s’il est possible de trou-
ver un cas de violence plus complet. A moins de
s’installer au coin de la rue Vivienne et de forcer
les passants à souscrire en leur mettant l’esco-
pette sous la gorge, je ne vois pas ce qu’on peut
faire de plus.

Et le tribunal ne pourra s’empêcher de donner
gain de cause au souscripteur récalcitrant.

Il ne sera pas rare, aussi, de voir des scènes
de ce genre :

Le commissaire de police est à son bureau.

Malintip entre en coup de vent, tirant après
lui une jeune personne au chignon jaune.

— Qu’est-ce qu’il y a? demande le commissaire.

— Voici : Je flânais hier soir sur le boulevard,
lorsque mademoiselle s’approche de moi et me
susurre à l'oreille : « Donne-moi un louis, je serai
bien gentille. » Elle a tant insisté que... ma foi...

— Vous avez donné le louis!

— Et elle a été bien gentille.

— Maintenant vous le regrettez?

— Je regrette le louis... J’en demande la resti-
tution, car il y a eu pression morale au premier
chefl

Combien de maris, à présent, n’hésiteront pas
à envoyer la requête suivante au tribunal :

« Messieurs, j’ai été victime de la plus horrible
violence morale! Je me suis marié l’année der-
nière... La demoiselle que j’épousai était adora-
blement jolie : des yeux superbes... une taille!...
J’en appelle à tous les connaisseurs... Dès le len-
demain de la cérémonie, je m’aperçus que ma
femme avait tous les défauts et quelques autres
encore. J’avais été abominablement dupé! Sans
ses yeux qui m’ont affolé, sans sa beauté qui m’a
ensorcelé, est-ce que j’aurais épousé une sem-
blable créature!... Supposez-la laide; jamais je
ne la conduisais devant M. le maire!... On m’a
donc fait violence moralement; et, par suite, le
mariage est radicalement nul. »

Gontran, les jours de défilé de créanciers à
domicile, aura maintenant une réponse toute
prête.

A son tailleur il dira :

— Ah! bien, vous êtes eucore un joli coco de
venir me demander de l’argent après m’avoir
ndignement trompé... Oui, trompé 1... Vous
m’avez livré des vêtements qui ont l’air d’avoir
été taillés pour l’obélisque, et vous m’avez forcé
à les prendre en affirmant que, sous cette défro-
que, je remplacerais avantageusement feu Brum-
mel... Sans ça, je vous les laissais pour compte...
Pression morale! Je ne paie pas!

Et quand le bottier se présentera, il sera bien
reçu :

— Tâchez de filer, et plus vite que ça!... hur-
lera Gontran. Vous osez venir me réclamer de
l’argent pour prix des tortures que vous m’avez
infligées!... Et puis, vous avez exercé non seu-
lement une pression douloureuse sur mes cors,
mais aussi une pression morale sur moi-même,
en me persuadant que vos bateaux de cuir étaient
le comble de l’élégance!

On voit qu’avec la pression morale, il y a de la
ressource.

Jules Demelliens.

THÉÂTRES

VARIÉTÉS : Les Brigands.

Les Brigands n’ont jamais tenu dans l’œuvre
d’Offenbach une des premières places; mais, au
second rang, ils ne se sont pas éclipsés, et plu-
sieurs reprises ont attesté déjà que le public pre-
nait encore goût à cette drôlerie pour laquelle le
maître avait écrit quelques pages d’une verve
franche.
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