ACTUALITÉ'
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— Pas le droit de porter la culotte ! Allons donc ! Je parie que votre femme
la porte chez vous et que vous ne dites rien.
de douleur où l’assassinat par obligeance serait
admissible ? Fabriquerait-on un instrument intitulé
le crisomètre pour justifier le meurtre scienti-
fique ?
Qu’on ne s’engage pas, de grâce, dans cette voie-
là. Ou se plaint déjà de la dépopulation; vrai, ce ne
serait pas le moyen d’y porter remède.
***
Où en arrivera bientôt la réclame!
Un journal, désireux d’agacer la curiosité de ses
lecteurs, publiera :
« Après les Sensations d'un guillotiné, actuelle-
ment en cours, nous serons heureux d’offrir à nos
lecteurs la primeur d’un roman dû à l’un de nos
plus éminents forçats. Les feuillets portant l’estam-
pille de Nouméa seront exposés, chaque matin, dans
notre salle des dépêches. »
Dame! nous n’en sommes pas loin.
***
On parlait médecine.
— Il paraît que le docteur X..., maintenant qu’il est
connu, ne veut plus faire de visites, et ne donne plus
que des consultations chez lui.
— Oui, c’est comme cela dans la profession. Au
commencement, on chasse à courre; à la fin, on
chasse à l’affût.
MEMO R.
NOTES ET SOUVENIRS
Le projet d’impôt sur le champagne n’avait-il pas
déjà fait augmenter les prix chez certains mar-
chands ?
Ils vont bien être forcés d’en rabattre.
Finalement, c’est toujours le public qui est le
bœuf. Je me rappelle, à ce propos, une anecdote
authentique qui me fut racontée par un ancien direc-
teur de l’octroi de Paris.
Ledit octroi avait élevé de deux sous par kilo-
gramme la taxe qui frappait la glace brute à son
entrée dans Paris.
Le soir même du jour où ce nouveau tarif fonc-
I tionnait pour la première fois, notre directeur entre
dans un grand café du boulevard et demande un
sorbet. On le lui fait payer 25 centimes de plus que
la veille.
Il réclame.
— Comment! fait le garçon, qui ne le connaissait
pas. Monsieur ignore donc qu’il y a un nouvel
impôt1?
Or, avec le kilogramme de glace à cinq sous de
surtaxe, on pouvait fabriquer une bonne vingtaine
des sorbets en question. Calculez l'aimable propor-
tion instantanément imaginée par l’ingéniosité com-
fiaerciale.
Ce n’est pas à la bourse, c’est à la vie que nous
vise une question soulevée ces jours-ci, et dont on
ne me semble pas avoir tout d’abord compris la
gravité formidable.
La question est celle-ci :
Un médecin, voyant que son malade est définiti-
vement perdu, a t il le droit d’abréger ses souffran-
ces en lui administrant un poison philanthropique ?
Je dois dire qu’en général les docteurs qu’on a
interviewés ont protesté vivement et répondu :
Jamais ! 11 s’en est pourtant trouvé pour formuler
un: Pourquoi pas ? qui paraît gros d’éventualités
menaçantes.
Avant d’autoriser l’usage d’un droit, il faut en
prévoir l’abus. Déjà, aujourd’hui, avec le laisser-
faire qui domine, l’ignorance médicale a toutes sor-
tes de chances d’impunité. Ce qui ne laisse pas
d’être assez fâcheux pour la santé publique. Mais
que serait-ce le jour où tout docteur convaincu
d’avoir administré une drogue mortelle aurait la
ressource de cette équivoque : «Parfaitement, je l’ai
fait exprès; le pauvre homme souffrait trop... »
Convenez que, ce jour-là, notre peau ne serait
plus guère en sûreté, et que cette tolérance bizarre
nous mettrait à la merci du premier poison et du
premier ignare venus.
Comment, s’il vous plaît, constaterait-on le degré
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— Pas le droit de porter la culotte ! Allons donc ! Je parie que votre femme
la porte chez vous et que vous ne dites rien.
de douleur où l’assassinat par obligeance serait
admissible ? Fabriquerait-on un instrument intitulé
le crisomètre pour justifier le meurtre scienti-
fique ?
Qu’on ne s’engage pas, de grâce, dans cette voie-
là. Ou se plaint déjà de la dépopulation; vrai, ce ne
serait pas le moyen d’y porter remède.
***
Où en arrivera bientôt la réclame!
Un journal, désireux d’agacer la curiosité de ses
lecteurs, publiera :
« Après les Sensations d'un guillotiné, actuelle-
ment en cours, nous serons heureux d’offrir à nos
lecteurs la primeur d’un roman dû à l’un de nos
plus éminents forçats. Les feuillets portant l’estam-
pille de Nouméa seront exposés, chaque matin, dans
notre salle des dépêches. »
Dame! nous n’en sommes pas loin.
***
On parlait médecine.
— Il paraît que le docteur X..., maintenant qu’il est
connu, ne veut plus faire de visites, et ne donne plus
que des consultations chez lui.
— Oui, c’est comme cela dans la profession. Au
commencement, on chasse à courre; à la fin, on
chasse à l’affût.
MEMO R.
NOTES ET SOUVENIRS
Le projet d’impôt sur le champagne n’avait-il pas
déjà fait augmenter les prix chez certains mar-
chands ?
Ils vont bien être forcés d’en rabattre.
Finalement, c’est toujours le public qui est le
bœuf. Je me rappelle, à ce propos, une anecdote
authentique qui me fut racontée par un ancien direc-
teur de l’octroi de Paris.
Ledit octroi avait élevé de deux sous par kilo-
gramme la taxe qui frappait la glace brute à son
entrée dans Paris.
Le soir même du jour où ce nouveau tarif fonc-
I tionnait pour la première fois, notre directeur entre
dans un grand café du boulevard et demande un
sorbet. On le lui fait payer 25 centimes de plus que
la veille.
Il réclame.
— Comment! fait le garçon, qui ne le connaissait
pas. Monsieur ignore donc qu’il y a un nouvel
impôt1?
Or, avec le kilogramme de glace à cinq sous de
surtaxe, on pouvait fabriquer une bonne vingtaine
des sorbets en question. Calculez l'aimable propor-
tion instantanément imaginée par l’ingéniosité com-
fiaerciale.
Ce n’est pas à la bourse, c’est à la vie que nous
vise une question soulevée ces jours-ci, et dont on
ne me semble pas avoir tout d’abord compris la
gravité formidable.
La question est celle-ci :
Un médecin, voyant que son malade est définiti-
vement perdu, a t il le droit d’abréger ses souffran-
ces en lui administrant un poison philanthropique ?
Je dois dire qu’en général les docteurs qu’on a
interviewés ont protesté vivement et répondu :
Jamais ! 11 s’en est pourtant trouvé pour formuler
un: Pourquoi pas ? qui paraît gros d’éventualités
menaçantes.
Avant d’autoriser l’usage d’un droit, il faut en
prévoir l’abus. Déjà, aujourd’hui, avec le laisser-
faire qui domine, l’ignorance médicale a toutes sor-
tes de chances d’impunité. Ce qui ne laisse pas
d’être assez fâcheux pour la santé publique. Mais
que serait-ce le jour où tout docteur convaincu
d’avoir administré une drogue mortelle aurait la
ressource de cette équivoque : «Parfaitement, je l’ai
fait exprès; le pauvre homme souffrait trop... »
Convenez que, ce jour-là, notre peau ne serait
plus guère en sûreté, et que cette tolérance bizarre
nous mettrait à la merci du premier poison et du
premier ignare venus.
Comment, s’il vous plaît, constaterait-on le degré
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Actualités
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
ZST 207 D RES
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildunterschrift: - Pas le droit de porter la culotte! Allons donc! Je parie que votre femme la porte chez vous et que vous ne dites rien.
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1893
Entstehungsdatum (normiert)
1888 - 1898
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le charivari, 62.1893, Décembre, S. 1395
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg