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Le charivari — 62.1893

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LE CHARIVARI

nant que la statistique officielle se charge de
fournir des documents.

La Préfecture de police dresse, en effet, un
tableau, heure par heure, du nombre des malan-
drins arrêtés.

Mais la statistique ne s’en tient pas là.

Elle nous indique aussi quels sont les endroits
où on est sûr de rencontrer les escarpes.

Les Halles, d’abord, puis Clignancourt, etc...

Cette bonne statistique fait, du reste, observer
que, dans les endroits où il n’y a personne, on ne
rencontre pas d’escarpes.

On s’en doutait un peu, mais enfin ce sont des
vérités toujours bonnes à dire.

Les étrangers ne seront plus embarrassés dé-
sormais pour visiter les malandrins, et les fabri-
cants de guides pourront ajouter à leur ouvrage
un très intéressant chapitre dans ce genre :

« Escarpes parisiens. — Après avoir visité les
catacombes et le grand égout collecteur, vous
n’avez pas épuisé la série des curiosités de Paris.

Il vous reste encore à voir travailler les escarpes
de la capitale. Ils sont toujours visibles aux heures
indiquées.

» La police en arrête bien tous les soirs un
certain nombre, pour les envoyer se chauffer au
poste; après quoi, les juges les trouvant un peu
fatigués, leur ordonnent quelque temps de Mazas
pour leur refaire l’estomac; — ça vaut Vichy,
paraît-il.

» Mais cela n’empêche qu’il n'y en ait toujours
autant.

» Vous êtes donc descendu, je suppose, au
Grand-Hôtel. Sortez à neuf heures, après le dî
ner; suivez les boulevards, prenez le faubourg
Montmartre, la rue Rochechouart, traversez le
boulevard extérieur et vous voilà à Clignancourt.

» Avancez hardiment; bientôt vous pourrez
voir travailler ces escarpes que l’Europe nous
envie.

» Nous conseillerons même aux personnes qui
sont friandes d’émotion d’aller jusqu’aux fortifi-
cations. Elles ne regretteront pas leur dérange-
ment et, si elles eu reviennent, elles en auront
long à raconter. »

Il est évident qu’il y aura foule, de dix à onze,
pour voir travailler ces gentlemen.

M. Durand, venu à Paris avec sa femme et sa
fille, après avoir visité le Louvre, le Panthéon, la
tour Saint-Jacques et les égouts, ne manquera
pas de proposer d’aller voir les escarpes.

Madame fera bien quelques objections.

Mais Monsieur répondra péremptoirement :

— Nous ne pouvons nous dispenser d’aller voir
Ça. Qu’est-ce que nous répondrons à nos amis de
Brives-les-Choux quand ils nous demanderont:

« Avez-vous vu les escarpes? » Si nous leur
avouons que non, ils s’écrieront : « Mais alors,
qu’est-ce que vous avez été voir à Paris ? » Al- j
lons-y.

La famille Durand va aussitôt faire la petite
excursion de rigueur.

En revenant, M. Durand s’écrie :

— Tiens! je n’ai plus mon portefeuille... Me
l’ont-ils enlevé assez adroitement!... Je n’ai rien
senti !

— Et moi, dit Mlle Durand, on m’a pris mon
porte-monnaie .. Ils ont fait ça si gentiment!. .
J’ai cru simplement qu’on me chatouillait.

Il est à craindre, toutefois, que les escarpes,
voyant qu’on est si bien renseigné, ne changent
leurs heures de travail.

Jules Demolliens.

THEATRES

FOLIES-DRAMATIQUES : Cousin-Cousine.

Ahl le cousin... Quel rôle ce scélérat-là a joué
dans les fastes romanesques! Ah! la cousine...
Que de cœurs troubla cette petite scélérate!

Mon oncle avait un grand verger,

Et moi j’avais une cousine.

Nous nous aimions sans y songer.

Mon oncle avait un grand verger,

Et moi j’avais une cousine.

Vous connaissez ces vers de Daudet, comme
vous connaissez toutes les histoires dont le cou-
sinage a fait les frais.

Au fond, je crois qu’il y a eu beaucoup d’exa-
gération dans ces racontars persistants.

Je sais bien que si, conformément à une défini-
tion célébré, un oncle est un caissier donné par
la nature, un cousin peut être un amant tout in-
diqué par cette même nature, en vertu du pro-
verbe : L'occasion fait le larron.

Mais ces traditions-là, si je ne me trompe, re-
montent à des époques lointaines et à des mœurs
provincialisées qui ne sont plus guère dans le
mouvement.

Il en était surtout ainsi à l’époque où les jeunes
damoiselles, quelque peu murées dans la vie de
famille, manquaient d’occasions pour essayer le
magnétisme de leurs regards sur de simples
étrangers et où elles prenaient naturellement le
cousin, faute de mieux.

De même pour celui-ci, qui, retenu par la sur-
veillance paternelle, pouvait difficilement aller
au dehors s’approvisionner de galanterie.

Mais comme on a changé tout cela, mon Dieu!
Des émancipations successives sont intervenues.
Est-ce qu’elle a besoin du cousin, la cousine d’au-
jourd’hui, lorsque les soupirants de toute sorte
rôdent autour de sa naïveté douteuse?

Est-ce que le cousin, qui, dès le collège, s’en
va gigoloter dans les brasseries à femmes, en est
comme autrefois réduit à cette portion congrue?

Mais pardon! je me lance là dans des psycholo-
gies accessoires auxquelles n’ont certainement
pas songé MM. Ordonneau et Kéroul, les auteurs
de la pièce représentée aux Folies-Dramatiques.

Le titre de cette pièce m’a, d’ailleurs, intrigué
tout d’abord par sa disposition typographique.
Cousin-Cousine, dit l’affiche avec un trait-d’u-
nion reliant ce masculin à ce féminin, à l’instar
de la membrane légendaire qui unissait les deux
frères siamois.

S’agissait-il donc d’un personnage à deux sexes
inaugurant la tératologie opérettiforme?

Je ne veux pas vous laisser dans la même in
certitude, et voici tout simplement la chose :

Le cousin et la cousine sont bien deux per-
sonnes distinctes, et il faut croire que le trait |
d’union de l’affiche est simplement une allusion,
en manière de rébus, au mariage qui finira par
venirau dénouement entre le brûlant de Pomme-
roi et la non moins ardente Thérèse Courtalès.

Ce qui rend ce dénouement laborieux, c’est
qu’une vieille rancune, datant de leur enfance,
séparait le cousin de sa cousine.

Histoire de fournir prétexte à toutes sortes
d’incidents accessoires, et de nous montrer des
types variés et caricaturaux.

Gomme épisodes : la rencontre fortuite des
jeunes gens, qui ne se reconnaissent pas; l’in-
cendie d’un couvent, qui oblige les pensionnai-
res, dont Thérèse fait partie, à se réfugier pré-
cisément dans un poste-caserne où Pommerol
est installé avec sa compagnie de chasseurs.

Gomme types bizarres : un notaire qui met ses
actes et affiches en musique, un vieux baron
voué aux amours ancillaires, une maîtresse de
maintien, ancienne virtuose de grand écart à
Bullier.

Tout cela s’entrecroise en des péripéties et drô-
leries successives qui ont des mérites gradués.

La musique de M. Serpette est surtout facile.
Facile à retenir, facile aussi à composer, car la
réminiscence n’y fait pas défaut.

Le résultat n’en est pas moins une partition-
nette qu’on écoute en dodelinant de la tête et
qu’on fredonne en s’en allant. Condition presque
infaillible de succès.

Mlle Balthy avait été spécialement engagée
pour jouer la maîtresse de maintien. Gomme ac-
trice, elle brutalise trop l’effet et se dégingandé
parfois sans nécessité. Gomme chanteuse, elle a
dans la voix des sonorités profondes et péné-
trantes qui rappellent Thérésa.

Je vais peut-être vous étonner, mais ma con-
viction est qu’elle excellerait dans les chansons
attendries ou pathétiques.

Mlle Yauthier est une gentillette débutante
qui promet une comédienne très intelligente.

Guy est étourdissant de verve cocasse. Guyon
fils a copié sur nature son type de noceur
fourbu.

Donc il y a une foule de raisons pour que le
mariage du cousin et de la cousine ait, pendant
de longs soirs, son millier de témoins réjouis.

Pierre Véron.

SUC

BOURGUIGNON, puissant digestif
a base [d’alcool vieux pur de vin
SIMON aîné, CHALON - sur SAONE

R T RI R TflpéritiT exquis au Vin blanc HB Monbazillac.

* P-AUX COURSE, Distillateur, i flERGERAC.
ExDOBitiona da Paria 18761 et 1889.

8 Médoillos d’Or.

Mil SMÊMSÏ0M1 AVISE

tAonoa BJA. U P A NT, Iftlt filial. S, Une dt Traoy, PARIS

CHRONIQUE DU JOUR

Une chaumière et son cœur, disait la vieille ro-
mance.

Or, voici le prix actuel d’une chaumière à Paris.

Gn hôtel situé aux Champs-Elysées vient d’être
vendu 1 million 167,55'- francs.

Quant au « cœur », inutile d’en parler. Il y a beau
temps qu’il ne donne plus lieu à aucune transac-
tion sur le marché, ni au comptant, ni à terme.

Le cœur est hors de prix, et pour cause.

Où il n’y a rien, l’argent lui-même, ce roi du
monde, perd ses droits.

A propos de bombes.

Tout le monde s’est accordé à mettre en demeure
M. Antonin Dubost, ministre de la justice, d’avoir à
prendre toutes les mesures nécessaires pour nous
préserver, dorénavant, de pareilles explosions.
Alors, le garde des sauts !

Machinchese ne peut pas parvenir à avaler
l’émancipation, même scientifique, de la femme,
dont le cerveau, prétend-il obstinément, est fait pour
les futilités et non pour les choses sérieuses.

On lui citait le cas de cette demoiselle qui, ré-
cemment, a décroché en Sorbonne son diplôme de
doctoresse ès-sciences mathématiques par une
thèse sur les anneaux de Saturne...

— Laissez-moi donc tranquille, s’écria Machin-
chose triomphant Les anneaux de Saturne, c’est
encore de la bijouterie !

Si nous en croyons une statistique des plus con-
solantes, — pour les gens mariés. —• la France est
un des pays où l’on divorce le moins.

Chez nous, la proportion de ces séparations défi-
nitives est à peine de 9,87 sur 10,000, tandis qu'elle
atteint 13,9 en Angleterre, 14,7 en Russie, 22,5 en
Ecosse, 32,1 en Norvège, 33,4 en Italie, 41,1 en Au-
triche, 54.1 en Belgique, 65,1 en Suède, 148,1 en
Prusse, 262,8 en Saxe, 375,1 en Danemark, 472 en
Suisse et 529,5 à Hambourg.

Faut-il en conclure que, en France, les ménages
sont plus heureux, ou bien que, plus philosophes,
les conjoints y prennent leur mal — ou leur femme
— en patience ?

Un aimable lecteur du Charivari nous commu-
nique un « comble » inédit.

Le comble de la folâtrerie pour un notaire :
Vouloir toucher, après le contrat et sous prétexte
d’honoraires, un tant pour cent sur le capital de la
mariée!

L’ami T... ayant assisté la veille au banquet des
Félibres, se plaignait, l’autre matin, d’une violente
migraine.

— Aussi, disait-il pour expliquer la chose, c’est
la faute de ce sacré soleil du Midi. Même à Paris,
même la nuit, même quand il pleut, rien que d’en
parler, il vous f..che mal à la tête !

Comme mot de la fin, un mot de la soif.

Un excellent pochard zigzague sur le trottoir,
bousculant les passants.

Un de ceux-ci donne à 1 ivrogne un conseil fra-
ternel.

— Mon brave, vous feriez bien d’aller vous cou-
cher, car vous avez bu.

Là-dessus, l’autre se rebiffe :

— De quoi, de quoi, j’ai bu!... Eh ben, et après...
Ça prouve-t-y que la terre soye ronde I

Henri Second.
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