SOIXANTE-DEUXIÈME ANNEE
VENDREDI 29 DÉCEMBRE 1893
Prix du Numéro : 25 centimes
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 18 fr.
Six mois.*. 36 —
Un an. 72 —
(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)
Les abonnements parlent des et te de chaque mois
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON
Rédacteur en Chef
BUREAUX
OE LA RÉDACTION BT DB L'ADMINISTRATION
Rue de la Victoire 20
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 20 fr.
Six mois. 40 —
Un an. 80 —
(les mandat» télégraphiques ne sont pas reçus)
L’abonnement d’un an donne droit à la prime gratuit*
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉ15ON
Rédacteur en Chef
ANNONCES
ADOLPHE EWIG, FERMIER DE LA. PUBLICITÉ
92, Ru© Richelieu
LE CHARIVARI
♦
PRIMES POUR 1894
Le Charivari, comme les années précédentes, offre à ses
abonnés une attrayante collection de primes :
PRIMES GRATUITES
OFFERTES AUX ABONNÉS D'UN AN SEULEMENT
Toux abonnement a’UN AN, FAIT D’UNE SEULE FOIS ET
SANS INTERMÉDIAIRE, donne droit à une des deux primes
gratuites suivantes :
1° LE PETIT JOURNAL POUR RIRE
PARAISSANT TOUTKS LES SEMAINES
Huit pages de texte et de destins comiques, 52 numéros par aa
2° QUATRE VOLUMES A CHOISIR
parmi ces ouvrages, format in-18, presque tous vendus
en librairie au prix de 8 fr. 50 le volume :
F. Béchàrd : Les deux Lucien. — G. Duval : Un coup de fusil.
— F. Champsaur : Le Défilé. — H. Lavedan : Siré. — Pont-se-
YBE7 : Uassassin malgré lui. — P. Elzkar : L’oncle d’Aus.ralie.
— E.Demesse: Le baron Chocquart.—C. de Sainte-Croix; Mau-
vaise aventure. — A. Matuivkt : L’Assassin de L. LeDoussat. —
De Perrodil ; Monsieur Clown. — Paul Rouaix -.L’agent XIII
126.
GRANDES PRIMES EXCEPTIONNELLES
OFFERTES A TOUS LES/ABONNÊS ET LECTEURS
1° NOTRE ARMÉE
Histoire populaire et anecdotique de l’Infanterie
Française, depuis Philippe-Auguste jusqu’à nos jours,
par Dick de Lonlay. — Magnifique volume in-8\
illustré de nombreux dessins en couleur dans le texte,
et de 16 grav. chromotypo, hors texte, relié fers spé-
ciaux.
10 francs au lieu de 16 francs.
Envoyer avec chaque demande un mandat de 10 francs
(plus 1 franc 50 pour recevoir franco à domicile).
o Par suite d’uu traité passé avec la maison Jourdan, le
Charivari a la bonne fortune de pouvoir offrir à ses
abonnés et lecteurs, à «les prix vraiment excep-
tionnels, de superbes reproductions des chefs-d’œuvre
consacrés et qui comptent parmi les merveilles de l’ari :
A. LE RÊVE
peint par Édonard DETAILLE
IT
LE RÉVEIL
Peint par Marins ROY
Deux sujets se faisant pendant, superbes photogravu -
res. Hauteur : 40 cent. ; largeur : 54 cent.
15 francs les deux, au lieu de 40 francs
Plus 2 francs pour le port et l’emballage.
B. LE SEMEUR
ST
LA BERGÈRE
peints par François; MILLET
Deux sujets se faisant pendant, magnifiques photogra-
phies. Hauteur : 40 cent.; largeur : 50 cent.
10 francs les deux, au lieu de 20 francs
Plus 2 francs pour le port et l’emballage.
Enfin à ses LECTEURS et ABONNES, le Charivari
offre :
SOIREES MONDAINES
(NOUVELLE SÉRIE)
un charmant Album de danses publié par la grande
maison d’édition musicale le Ménestrel (Heugel et Gla édi-
teurs) et contenant quinze morceaux signés des noms
les plus populaires.
L’album est offert par le Charivari au prix de 6 fr.
au lieu de SO francs (ajouter 1 franc pour le port).
BULLETIN POLITIQUE
Ce fut un vaillant et un convaincu, que Victor
Schœlcher qui vient de succomber, après avoir
consacré sa vie tout entière à la cause de la dé-
mocratie.
Cette mort suggère quelques réflexions à celui
qui contemple philosophiquement la politique.
Combien ne devait-il pas avoir de peine, ce
républicain de la vieille souche, à reconnaître
sa démocratie tant aimée dans celle dont cer-
tains fanatiques voudraient faire une énergu-
mène!
Au temps où Schœlcher commença la lutte, le
mot république était synonyme de patriotisme
et de fraternité.
C’est ainsi que le fidèle défenseur qui vient de
disparaître le pratiqua toujours.
Il devait, en vérité, lui être impossible de com-
prendre le sens que certains modernistes atta-
chent à ce substantif, en niant la patrie et en
soufflant la haine.
Schœlcher, qui aimait ardemment son pays,
fut aussi le dévoué champion de la libre-pensée.
Je me rappelle l’avoir entendu mainte fois sou-
tenir, contre le déisme vague et poétique de
Victor Hugo, des luttes courtoises, mais énergi-
ques.
C’était un spectacle édifiant que de voir cet
homme â l’honneur immaculé défendre, après en
avoir été un frappant modèle, la cause de la mo-
rale indépendante.
Le souvenir de Schœlcher est de ceux qui mé-
ritent un public hommage. Noble cœur et esprit
de haut vol, il restera comme un exemple pour
les générations qui viendront après nous.
Et les exemples de ce genre deviendront, hélas !
de plus en plus nécessaires pour empêcher la
confusion de s’établir entre ceux qui veulent as-
surer l’avenir définitif de la société républicaine
par le progrès raisonné et ceux qui, par d’impa-
tientes violences, travaillent inconsciemment au
profit de la réaction.
Pierre Véron.
PAROLE IMPRUDENTE
Fichtre 1 voilà une de ces phrases à quadruple
tranchant qu’on ne devrait prononcer qu’après
avoir remué vingt-cinq fois sa langue dans sa
bouche, — ce qui revient à dire qu’on ne les pro-
noncerait jamais.
Les poètes sans éditeur, au temps où nous vi-
vons, sont encore plus nombreux que les travail-
leurs sans ouvrage et les électeurs sans place.
Or, si quelques rares électeurs sont encore
désintéressés, si beaucoup de travailleurs inoc-
cupés cherchent, comme on dit, de la besogne en
priant Dieu de n’en point trouver, il n’est pas un
seul rimeur — vous entendez, pas un seul — qui
ne rêve de rencontrer son Lemerre, cet idéal
Lemerre dont M. Lockroy devient l’adjoint.
Tous les aligneurs d’alexandrins inconnus, tous
les fabricants de sonnets obscurs, tous les bardes,
trouvères ou troubadours actuellement anony-
mes, enfin tous les futurs grands hommes de
lettres en chambre plus ou moins garnie vont
fondre, des quatre coins de la France et de la
Navarre, sur ce pauvre M. Lockroy, qui s’est
lui-même offert à eux comme une proie résignée
au sacrifice.
Les représentants des écoles anciennes, nou-
velles et futures, se donneront désormais rendez-
vous dans l’antichambre delà victime — manquée
— du cocher Moore, qu’ils ne manqueront pas,
eux.
Décadents, déliquescents, mystiques, etc..., se
dirigeront en rangs pressés vers le domicile de
ce Mécène imprévu, qui parle si allègrement de
faire imprimer des « lignes inégales ». Les sept
cordes de la lyre moderne se tendront comme
un seul arc vers ce but toujours visé, rarement
atteint: un éditeur.
M. Edouard Lockroy sera devenu un éditeur, il
sera : l'éditeur.
En cette qualité, qu’il nous permette de le
plaindre très sincèrement.
A peine échappé à la colère du cocher lyrique,
c’est le cheval Pégase lui-même qu’il va désor-
mais avoir sur les bras.Voilà ce qu’on peut appe-
ler tomber de Charybde en Scylla. Au lieu de
recevoir des balles de revolver, il va recevoir
des balles de... manuscrits. Et ces balles-là, vous
savez, ne ratent jamais leur coup.
Nous avions déjà les enfants voués au blanc
on au bleu ; nous allons avoir, dans la personne de
l’aimable M. Lockroy, l’homme politique voué aux
vers.
Henri Second.
——---
THÉÂTRES
Dans le procès du cocher Moore, M. Edouard
Lockroy a lâché une parole imprudente.
Déposant sur les rapports qu’il avait eus avec
l’accusé, notre très sympathique confrère, après
avoir affirmé qu’il n’avait jamais refusé de le re-
cevoir, s’est écrié :
— Je serais même allé jusqu’à faire éditer ses
poésies!...
OPÉRA : Gwendoline.
Il paraît aujourd’hui érigé en principe que
notre théâtre doit s’approvisionner presque ex-
clusivement à l’étranger.
v L’Ibsénisme se fait, d’un côté, de plus en plus
VENDREDI 29 DÉCEMBRE 1893
Prix du Numéro : 25 centimes
ABONNEMENTS
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Un an. 72 —
(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)
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PIERRE VÉRON
Rédacteur en Chef
BUREAUX
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ABONNEMENTS
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Trois mois. 20 fr.
Six mois. 40 —
Un an. 80 —
(les mandat» télégraphiques ne sont pas reçus)
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DIRECTION
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PIERRE VÉ15ON
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LE CHARIVARI
♦
PRIMES POUR 1894
Le Charivari, comme les années précédentes, offre à ses
abonnés une attrayante collection de primes :
PRIMES GRATUITES
OFFERTES AUX ABONNÉS D'UN AN SEULEMENT
Toux abonnement a’UN AN, FAIT D’UNE SEULE FOIS ET
SANS INTERMÉDIAIRE, donne droit à une des deux primes
gratuites suivantes :
1° LE PETIT JOURNAL POUR RIRE
PARAISSANT TOUTKS LES SEMAINES
Huit pages de texte et de destins comiques, 52 numéros par aa
2° QUATRE VOLUMES A CHOISIR
parmi ces ouvrages, format in-18, presque tous vendus
en librairie au prix de 8 fr. 50 le volume :
F. Béchàrd : Les deux Lucien. — G. Duval : Un coup de fusil.
— F. Champsaur : Le Défilé. — H. Lavedan : Siré. — Pont-se-
YBE7 : Uassassin malgré lui. — P. Elzkar : L’oncle d’Aus.ralie.
— E.Demesse: Le baron Chocquart.—C. de Sainte-Croix; Mau-
vaise aventure. — A. Matuivkt : L’Assassin de L. LeDoussat. —
De Perrodil ; Monsieur Clown. — Paul Rouaix -.L’agent XIII
126.
GRANDES PRIMES EXCEPTIONNELLES
OFFERTES A TOUS LES/ABONNÊS ET LECTEURS
1° NOTRE ARMÉE
Histoire populaire et anecdotique de l’Infanterie
Française, depuis Philippe-Auguste jusqu’à nos jours,
par Dick de Lonlay. — Magnifique volume in-8\
illustré de nombreux dessins en couleur dans le texte,
et de 16 grav. chromotypo, hors texte, relié fers spé-
ciaux.
10 francs au lieu de 16 francs.
Envoyer avec chaque demande un mandat de 10 francs
(plus 1 franc 50 pour recevoir franco à domicile).
o Par suite d’uu traité passé avec la maison Jourdan, le
Charivari a la bonne fortune de pouvoir offrir à ses
abonnés et lecteurs, à «les prix vraiment excep-
tionnels, de superbes reproductions des chefs-d’œuvre
consacrés et qui comptent parmi les merveilles de l’ari :
A. LE RÊVE
peint par Édonard DETAILLE
IT
LE RÉVEIL
Peint par Marins ROY
Deux sujets se faisant pendant, superbes photogravu -
res. Hauteur : 40 cent. ; largeur : 54 cent.
15 francs les deux, au lieu de 40 francs
Plus 2 francs pour le port et l’emballage.
B. LE SEMEUR
ST
LA BERGÈRE
peints par François; MILLET
Deux sujets se faisant pendant, magnifiques photogra-
phies. Hauteur : 40 cent.; largeur : 50 cent.
10 francs les deux, au lieu de 20 francs
Plus 2 francs pour le port et l’emballage.
Enfin à ses LECTEURS et ABONNES, le Charivari
offre :
SOIREES MONDAINES
(NOUVELLE SÉRIE)
un charmant Album de danses publié par la grande
maison d’édition musicale le Ménestrel (Heugel et Gla édi-
teurs) et contenant quinze morceaux signés des noms
les plus populaires.
L’album est offert par le Charivari au prix de 6 fr.
au lieu de SO francs (ajouter 1 franc pour le port).
BULLETIN POLITIQUE
Ce fut un vaillant et un convaincu, que Victor
Schœlcher qui vient de succomber, après avoir
consacré sa vie tout entière à la cause de la dé-
mocratie.
Cette mort suggère quelques réflexions à celui
qui contemple philosophiquement la politique.
Combien ne devait-il pas avoir de peine, ce
républicain de la vieille souche, à reconnaître
sa démocratie tant aimée dans celle dont cer-
tains fanatiques voudraient faire une énergu-
mène!
Au temps où Schœlcher commença la lutte, le
mot république était synonyme de patriotisme
et de fraternité.
C’est ainsi que le fidèle défenseur qui vient de
disparaître le pratiqua toujours.
Il devait, en vérité, lui être impossible de com-
prendre le sens que certains modernistes atta-
chent à ce substantif, en niant la patrie et en
soufflant la haine.
Schœlcher, qui aimait ardemment son pays,
fut aussi le dévoué champion de la libre-pensée.
Je me rappelle l’avoir entendu mainte fois sou-
tenir, contre le déisme vague et poétique de
Victor Hugo, des luttes courtoises, mais énergi-
ques.
C’était un spectacle édifiant que de voir cet
homme â l’honneur immaculé défendre, après en
avoir été un frappant modèle, la cause de la mo-
rale indépendante.
Le souvenir de Schœlcher est de ceux qui mé-
ritent un public hommage. Noble cœur et esprit
de haut vol, il restera comme un exemple pour
les générations qui viendront après nous.
Et les exemples de ce genre deviendront, hélas !
de plus en plus nécessaires pour empêcher la
confusion de s’établir entre ceux qui veulent as-
surer l’avenir définitif de la société républicaine
par le progrès raisonné et ceux qui, par d’impa-
tientes violences, travaillent inconsciemment au
profit de la réaction.
Pierre Véron.
PAROLE IMPRUDENTE
Fichtre 1 voilà une de ces phrases à quadruple
tranchant qu’on ne devrait prononcer qu’après
avoir remué vingt-cinq fois sa langue dans sa
bouche, — ce qui revient à dire qu’on ne les pro-
noncerait jamais.
Les poètes sans éditeur, au temps où nous vi-
vons, sont encore plus nombreux que les travail-
leurs sans ouvrage et les électeurs sans place.
Or, si quelques rares électeurs sont encore
désintéressés, si beaucoup de travailleurs inoc-
cupés cherchent, comme on dit, de la besogne en
priant Dieu de n’en point trouver, il n’est pas un
seul rimeur — vous entendez, pas un seul — qui
ne rêve de rencontrer son Lemerre, cet idéal
Lemerre dont M. Lockroy devient l’adjoint.
Tous les aligneurs d’alexandrins inconnus, tous
les fabricants de sonnets obscurs, tous les bardes,
trouvères ou troubadours actuellement anony-
mes, enfin tous les futurs grands hommes de
lettres en chambre plus ou moins garnie vont
fondre, des quatre coins de la France et de la
Navarre, sur ce pauvre M. Lockroy, qui s’est
lui-même offert à eux comme une proie résignée
au sacrifice.
Les représentants des écoles anciennes, nou-
velles et futures, se donneront désormais rendez-
vous dans l’antichambre delà victime — manquée
— du cocher Moore, qu’ils ne manqueront pas,
eux.
Décadents, déliquescents, mystiques, etc..., se
dirigeront en rangs pressés vers le domicile de
ce Mécène imprévu, qui parle si allègrement de
faire imprimer des « lignes inégales ». Les sept
cordes de la lyre moderne se tendront comme
un seul arc vers ce but toujours visé, rarement
atteint: un éditeur.
M. Edouard Lockroy sera devenu un éditeur, il
sera : l'éditeur.
En cette qualité, qu’il nous permette de le
plaindre très sincèrement.
A peine échappé à la colère du cocher lyrique,
c’est le cheval Pégase lui-même qu’il va désor-
mais avoir sur les bras.Voilà ce qu’on peut appe-
ler tomber de Charybde en Scylla. Au lieu de
recevoir des balles de revolver, il va recevoir
des balles de... manuscrits. Et ces balles-là, vous
savez, ne ratent jamais leur coup.
Nous avions déjà les enfants voués au blanc
on au bleu ; nous allons avoir, dans la personne de
l’aimable M. Lockroy, l’homme politique voué aux
vers.
Henri Second.
——---
THÉÂTRES
Dans le procès du cocher Moore, M. Edouard
Lockroy a lâché une parole imprudente.
Déposant sur les rapports qu’il avait eus avec
l’accusé, notre très sympathique confrère, après
avoir affirmé qu’il n’avait jamais refusé de le re-
cevoir, s’est écrié :
— Je serais même allé jusqu’à faire éditer ses
poésies!...
OPÉRA : Gwendoline.
Il paraît aujourd’hui érigé en principe que
notre théâtre doit s’approvisionner presque ex-
clusivement à l’étranger.
v L’Ibsénisme se fait, d’un côté, de plus en plus