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Le charivari — 62.1893

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LE CHARIVARI

larges joues, à la chevelure drue et relevée en
broussaille, aux yeux ronds et énergiques.

Quand je dis : aux yeux, il faut ajouter à ce
pluriel une annexe. Généralement, en effet, la
caricature le représentait orné à l’arrière d’une
queue qui se terminait par un troisième œil.

Bien peu de gens, sans doute, seraient aujour-
d’hui capables d’expliquer l’origine de ce supplé-
ment. Rien de plus simple cependant.

Victor Considérant, dans ses rêveries philoso-
phiques sur la perfectibilité humaine, avait, quel-
que part, fait la critique de notre organisme et
démontré, ce qui était parfaitement juste d’ail-
leurs, que si la Providence était douée de la solli-
citude intelligente que lui prêtent les religions,
elle aurait compris la nécessité de protéger
l’homme sous toutes ses faces et lui aurait donné,
avec un regard postérieur, la faculté de se mettre
en garde contre les attaques traîtresses.

Il n’en fallait pas davantage pour qu’un sati-
rique, s’emparant de l’idée, donnât à Considérant
lui-même l’attribut qu’il avait souhaité pour les
autres.

De là cette queue clairvoyante qui a intrigué
tant de fois.

Cela date de loin, ces caricatures.

Gela date de 1848, parbleu! et même do 1814.
En ce temps-là, le réformateur un peu utopiste
et d’aspirations généreuses, avait embrassé éper-
dument la doctrine fourriériste.

Il était le directeur de la Démocratie paci-
fique, un journal qui pratiqua le socialisme de la
première heure, mais un socialisme qui voulait
vaincre par l’idée et non par la tuerie.

Je ne fais pas d’histoire et n’ai point, par con-
séquent, à vous redire les péripéties connues par
lesquelles passa l’exilé. Je reviens à ma portrai-
ture.

Plus haut, je vous indiquais les traits princi-
paux de la très curieuse physionomie populari-
sée par la satire. Il y a une dizaine d’années, le ■
hasard me mit en présence de Victor Considé- '
rant, que — je l’avoue — je croyais mort depuis '
longtemps.

C’était précisément à un convoi funèbre. On
me montra un vieillard très affaissé, dont le re-
gard restait fixé vers la terre comme pour y
chercher sa place prochaine. Ah ! ce n’était plus
le flamboyant, l’intrépide d’autrefois.

Dame ! Victor Considérant avait déjà 75 ans
alors. Il vient de succomber à 85.

Ces dix dernières années,pendant lesquelles il I
a survécu à une compagne aimée, furent pour !
lui une progressive décadence, un affaissement
dont on suivait jour à jour les ravages.

Il était pauvre, naturellement; car il n’y avait
jamais rien eu de commun entre ce dévoué, ce
désintéressé et certains exploiteurs qui mettent
en coupe réglée les ardeurs et les crédulités d’a-
lentour.

Isolé, la bourse peu remplie, sa vie aurait eu
un dernier acte bien triste, si l’amitié n’avait
soutenu les derniers pas du chancelant vieil-
lard.

Victor Considérant — cette constatation est à
elle seule le meilleur des éloges — avait conquis
des sympathies ferventes et inébranlables.

Fraternellement il fut reçu dans la maison d’un
camarade fidèle et, après celui-là, un autre l’ac-
cueillit. Se faire aimer ainsi n’est pas banal, à
coup sûr.

Depuis longtemps, Considérant n’était plus un
militant de la politique.

Avait-il été quelque peu désillusionné en es- j
sayant de faire passer le phalanstère de la théo- j
rie dans la pratique ?

Dans tous les cas, l’honneur lui revient d’avoir
pris en main un des premiers la cause des tra-
vailleurs et des souffrants.

Et cet honneur s’accroît quand on constate
qu’il ne les incita jamais qu’à une lutte loyale.

Il n’était plus l’homme de son siècle et ne de-
vait rien comprendre aux nouvelles formules qui
prétendent assurer le bonheur humain par la
destruction de l’humanité.

Qu’il dorme donc son repos bien gagné dans la
tombe où le salueront avec un égal respect ses
amis et ses adversaires.

SUBITO.

BARAGOUINEZ, S. V. P.

En présence des inconvénients nombreux, si-
gnalés de toutes parts, que présente la vulgari-
sation des travaux sur l’hypnotisme et autres
sujets dangereux, un docteur regrette que ses
confrères aient perdu l'habitude d écrire en latin,
et demande carrément qu’ils en reviennent à leur
ancien jargon incompréhensible pour le profane.

Espérons que cet appel sera entendu.

Le latin dans les mots brave l’honnêteté, comme
on sait.

Il y aura, par exemple, quelquefois bien des
désillusions.

Un de nos éminents arrivera, un matin, tout
guilleret chez son éditeur.

— Eh bien, cher maître, quoi de nouveau?

— Je viens de terminer un volume sur l’hys-
térie... avec des aperçus hardis et tout à fait
neufs.

— Bravo!... Ça va faire de l’effet, alors?

— Je le crois.

— Il doit y avoir là-dedans des choses...

— Daine!... vous comprenez... le sujet...

— Je vois ça d’ici... On se l’arrachera... Nous
tirerons à dix mille pour commencer... Donnez-
moi votre manuscrit... Merci. {Lisant.) De... De
causis... Causis'/... C’est du latin!...

— Comme vous dites.

— Tout le manuscrit est en latin!... Du latin!...
je ne vendrai pas dix volumes... Je n’en veux
pas... Remportez-le!

Ça ne fera pas l’affaire de l’auteur; mais la
pudeur sera sauve.

En outre, pour tenir tout à fait le public en de-
hors des pratiques médicales, les consultations
devront avoir lieu également en latin.

— Ah! docteur, j’ai mal à la tête et partout...

Je ne sais pas ce que j’ai!...

— Hum!... Mauvaisum pulsumh.. Et la langue?

— Il faut que je vous la tire?... Voilà.

— Linguis chargeata... chargoatissima!

— Qu’est-ce que j’ai, docteur?

— Grandissima dolor causata humore pec-
cante qui ascendit de pedibus usque ad capitem
et descendit de capite ad pes.

— J’en guérirai ?

— Ita, si maladia vult se guerire.

Il sera impossible, après cela, que le malade er-
gote sur sa maladie.

L’idée du docteur est donc de tous points gé-
niale.

Jules Demolliens.

I

Les vrais fumeurs de cigarettes se reconnais-
! sent à l’habitude qu’ils ont de rouler eux-mêmes
le tabac dans une feuille de JOB.

PLUME HUMBOLDT“f™

ELIXIR

CHRONIQUE DU JOUR

Artistes et collectionneurs de timbres-poste, ré-
youissez-vous. Le programme du concours pour le
nouveau timbre de la République française vient
d’être publié.

Il suffit d’être Français pour concourir; puis, une
bagatelle, il s’agit de trouver une composition sym-
bolisant le régime politique de la France, et de
la dessiner sur un feuillet ayant 176 millimètres de
hauteur sur 144 de largeur.

Tous les dessinateurs du Charivari sont déjà au
travail, et ce sera bien le diable s’ils ne réussissent
pas à crayonner une République aimable, âgée de
! vingt-quatre ans, très pacifique, mais le sac au dos. i
L '

Plus de cartes de visite cette année, c’est entendu.

On a imaginé quelque chose de bien plus simple :
faire insérer son nom dans un journal.

Puis on achète le journal, on'le colle sous bande,
et on l’adresse aux gens à qui on ne veut pas envoyer
de cartes de visite.

C'est bien plus simple; et le destinataire reçoit au
moins, comme cadeau, une double feuille de grand
papier. Vous n’ignorez pas qu’il faut toujours en
avoir dans ses poches.

Rien ne manquera à la gloire de Gounod. La sous-
cription est couverte; Mercié s’est chargé de la sta-
tue, et un roi lui dédie une ode qui sera chantée le
jour de l’inauguration.

Le roi Oscar de Suède a aligné de majestueux
alexandrins en 1 honneur de l’auteur de Faust. Il
devrait bien, en même temps, envoyer au comité les
bois de son royaume destinés à l’échafauda°-e du
monument!

Il paraîtrait que M. Lépine a définitivement adopté
un type de compteur pour les voitures, compteur
idéal dû à un ingénieur des plus distingués.

Maintenant, il s’agit d'apprendie au public et aux
cocfiers à compter, ce qui est encore plus difficile
que de construire le compteur!

Les cambrioleurs ne respectent rien.

Il n’y a pas huit jours que les baraques du Jour de
l’An ont envahi le boulevard, et les malfaiteurs ont
déjà fracturé une douzaine de boutiques, emportant
les recettes, qui ne sont pourtant pas énormes, et
les jouets variés des pauvres marchands.

Peut-être résolvent-ils à leur façon la question
sociale, ces innocents cambrioleurs.

Ils volent des polichinelles et des poupées pour
leurs enfants !

Un établissement a inauguré, cette semaine, une
distraction qui a eu le plus grand succès auprès des
femmes.

Il s’agit des courses de lapins.

Ces dames connaissant infiniment mieux ces ani-
maux que la race chevaline, il ne reste plus qu’à
installer à côté du champ de courses des boutiques
de paris mutuels.

A propos de courses, la Société d’encouragement
vient de prendre une mesure radicale.

Interdiction absolue de parier est faite aux joc-
keys, sous peine d’être exclus de tous les hippo-
dromes.

Il est si facile au jockey de faire parier pour
lui une femme ou un ami, que la circulaire risque
de passer pour lettre morte.

Par ce temps de vaccination.
Madame éternue.

Monsieur, très poli :

— Dieu vous génisse I

Poivrot boit comme du papier buvard. Il s’imbibe
de vin au point de ne plus pouvoir marcher.

— Hein!... T’en as bu! lui dit un camarade... Dans
quel état...

— Oui, grogne Poivrot, à l’état-tampon !

Le jeune Birodel passe un examen de fin d’an-
née.

— Que pensez-vous de César, à l’heure actuelle ?
lui demande un examinateur prétentieux.

— Peuh 1 répond le jeune Birodel. J’en pense
tout ce qu’à l’heure actuelle César peut penser de
moi 1

H. Henriot.
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