A L’ATELIER
258
— Tu sais, mon petit, je monte en grade. Tu m’écriras quand tu attendras des
gens chic. Je ne veux plus poser que ces jours-là.
MŒURS ANGLAISES
En Angleterre, invariablement à la même époque,
c’est-à-dire le lendemain de Noël, appelé Boxing
day, dans certains quartiers et aux environs de ces
fameux Gin palace tout resplendissants de lumières,
il n’est pas rare de voir, en pleine rue, des groupes
de spectateurs regardant deux hommes boxant. Sou-
vent aussi les combattants sont de malheureuses
femmes ivres de gin, et alors le spectacle est hi-
deux; car toutes deux couvertes de sang se griffent,
s’arrachent les cheveux et, se déchirant les quelques
haillons qui les couvrent, montrent leur repous-
sante nudité. Voilà pourquoi le lendemain de Noël
est appelé, en Angleterre, Boxing day, ou jour de la
boxe.
Mais, le soir de ce même jour de Boxing day, appa-
raît, dans la plupart des théâtres de la province,
un spectacle appelé pantomime, mais qui ne res-
semble en rien à ce que nous entendons par ce mot.
Une dizaine de sujets, toujours les mêmes, mais
arrangés à de nouvelles sauces, font les frais de ces
spectacles. Parmi les plus employés, sont : Robin-
son Crusoé, Cendrillon, Le Petit Poucet, Barbe-
Bleue, Le Petit Chaperon rouge, Ali-Baba, etc.
Ces différentes pièces subissent toutes les trans-
formations possibles selon l’humeur de leurs adap-
tateurs, prêtent généralement à une jolie mise en
scène, à de beaux décors et de riches costumes.
Cette année, environ cent théâtres vont, pendant
huit à dix semaines, jouer diverses broderies sur
ces quelques thèmes. Ne croyez pas que cela soit
des pièces pour les enfants. Non pas. Grands et pe-
tits accourent, et la plupart des directeurs de théâ-
tres, dans les provinces, comptent sur leurs panto-
mimes pour remplir leurs coffres.
A Londres, au théâtre de Drury-Lane, dirigé cer-
tainement par l’imprésario le plus habile et le plus
entreprenant, Sir Augustus Harris, pendant environ
trois mois, à partir du Boxing day, on va jouer
deux fois par jour, matinée et soirée, une de ces
pantomimes qui se rattache beaucoup au genre
féerie et qui a pour sujet Robinson Crusoé.
Dans un théâtre comme Drury-Lane, tout se fait
sur une très grande échelle, et il n’est pas rare d’en-
tendre dire qu’on a dépensé 10,000 liv. sterl., soit
250.000 francs, pour monter telle ou telle panto-
mime.
La scène est très grande, la salle aussi, et les re-
cettes sont souvent en proportion. Pendant les
premières semaines, il n’est pas rare de faire
25.000 francs par jour dans les deux représentations.
Le personnel employé est considérable; il y a quel-
quefois de cinq à six cents personnes en scène.
Drury-Lane Theatre était, depuis quelques années.
le seul théâtre, à Londres, donnaû’t uné pantomime ;
mais, cette année, un rival dans la personne d’Oscar
Barrett, directeur des fêtes au Palais de Cristal,
s’est emparé du Lyceum Theatre, ordinairement
occupé par Henry Irving, absent pour tournée en1
Amérique.
Dans ce théâtre, Cinderella — en français Cen-
drillon — sera la pièce de résistance.
Chose singulière à Londres, il n’y a que ces deux
théâtres ayant une pantomime, tandis que, dans nom-
bre de villes de province, il y en a beaucoup plus.
Manchester a quatre théâtres jouant quatre panto-
mimes différentes. Il y en a trois à Liverpool, et ainsi
de suite.
En Ecosse, on se soucie peu du Boxing day. Leur
jour de fête est, comme en France, le premier de
l'An; mais les édiles, voulant veiller avec un soin
tout maternel sur leurs sujets et connaissant leur
penchant pour le whisky, qui remplace le gin en
Ecosse, ordonne que tous les cafés, cabarets, etc.,
soient fermés ce jour-là. Le bon Ecossais accepte
cela sans murmurer, et fait, en conséquence, ses
provisions de whisky d’avance. Aussi, la veille du
Jour de l’An, il n’y a pas, je crois, de ville au monde
où l’on rencontre plus d’ivrognes qu’à Glasgow. Ne
vous hasardez pas dans les rues, car si vous ren-
contrez un de ces bons Ecossais, il vous fera un
mauvais parti, si vous n’acceptez pas de boire à
même la bouteille qui ne le quitte pas.
VlATOR.
258
— Tu sais, mon petit, je monte en grade. Tu m’écriras quand tu attendras des
gens chic. Je ne veux plus poser que ces jours-là.
MŒURS ANGLAISES
En Angleterre, invariablement à la même époque,
c’est-à-dire le lendemain de Noël, appelé Boxing
day, dans certains quartiers et aux environs de ces
fameux Gin palace tout resplendissants de lumières,
il n’est pas rare de voir, en pleine rue, des groupes
de spectateurs regardant deux hommes boxant. Sou-
vent aussi les combattants sont de malheureuses
femmes ivres de gin, et alors le spectacle est hi-
deux; car toutes deux couvertes de sang se griffent,
s’arrachent les cheveux et, se déchirant les quelques
haillons qui les couvrent, montrent leur repous-
sante nudité. Voilà pourquoi le lendemain de Noël
est appelé, en Angleterre, Boxing day, ou jour de la
boxe.
Mais, le soir de ce même jour de Boxing day, appa-
raît, dans la plupart des théâtres de la province,
un spectacle appelé pantomime, mais qui ne res-
semble en rien à ce que nous entendons par ce mot.
Une dizaine de sujets, toujours les mêmes, mais
arrangés à de nouvelles sauces, font les frais de ces
spectacles. Parmi les plus employés, sont : Robin-
son Crusoé, Cendrillon, Le Petit Poucet, Barbe-
Bleue, Le Petit Chaperon rouge, Ali-Baba, etc.
Ces différentes pièces subissent toutes les trans-
formations possibles selon l’humeur de leurs adap-
tateurs, prêtent généralement à une jolie mise en
scène, à de beaux décors et de riches costumes.
Cette année, environ cent théâtres vont, pendant
huit à dix semaines, jouer diverses broderies sur
ces quelques thèmes. Ne croyez pas que cela soit
des pièces pour les enfants. Non pas. Grands et pe-
tits accourent, et la plupart des directeurs de théâ-
tres, dans les provinces, comptent sur leurs panto-
mimes pour remplir leurs coffres.
A Londres, au théâtre de Drury-Lane, dirigé cer-
tainement par l’imprésario le plus habile et le plus
entreprenant, Sir Augustus Harris, pendant environ
trois mois, à partir du Boxing day, on va jouer
deux fois par jour, matinée et soirée, une de ces
pantomimes qui se rattache beaucoup au genre
féerie et qui a pour sujet Robinson Crusoé.
Dans un théâtre comme Drury-Lane, tout se fait
sur une très grande échelle, et il n’est pas rare d’en-
tendre dire qu’on a dépensé 10,000 liv. sterl., soit
250.000 francs, pour monter telle ou telle panto-
mime.
La scène est très grande, la salle aussi, et les re-
cettes sont souvent en proportion. Pendant les
premières semaines, il n’est pas rare de faire
25.000 francs par jour dans les deux représentations.
Le personnel employé est considérable; il y a quel-
quefois de cinq à six cents personnes en scène.
Drury-Lane Theatre était, depuis quelques années.
le seul théâtre, à Londres, donnaû’t uné pantomime ;
mais, cette année, un rival dans la personne d’Oscar
Barrett, directeur des fêtes au Palais de Cristal,
s’est emparé du Lyceum Theatre, ordinairement
occupé par Henry Irving, absent pour tournée en1
Amérique.
Dans ce théâtre, Cinderella — en français Cen-
drillon — sera la pièce de résistance.
Chose singulière à Londres, il n’y a que ces deux
théâtres ayant une pantomime, tandis que, dans nom-
bre de villes de province, il y en a beaucoup plus.
Manchester a quatre théâtres jouant quatre panto-
mimes différentes. Il y en a trois à Liverpool, et ainsi
de suite.
En Ecosse, on se soucie peu du Boxing day. Leur
jour de fête est, comme en France, le premier de
l'An; mais les édiles, voulant veiller avec un soin
tout maternel sur leurs sujets et connaissant leur
penchant pour le whisky, qui remplace le gin en
Ecosse, ordonne que tous les cafés, cabarets, etc.,
soient fermés ce jour-là. Le bon Ecossais accepte
cela sans murmurer, et fait, en conséquence, ses
provisions de whisky d’avance. Aussi, la veille du
Jour de l’An, il n’y a pas, je crois, de ville au monde
où l’on rencontre plus d’ivrognes qu’à Glasgow. Ne
vous hasardez pas dans les rues, car si vous ren-
contrez un de ces bons Ecossais, il vous fera un
mauvais parti, si vous n’acceptez pas de boire à
même la bouteille qui ne le quitte pas.
VlATOR.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
A L'Atelier
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
ZST 207 D RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1893
Entstehungsdatum (normiert)
1888 - 1898
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le charivari, 62.1893, Décembre, S. 1423
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg