SOIXANTE-DEUXIÈME ANNÉE
Prix du Numéro : Si centimes
LUNDI 9 JANVIER 1893
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 18 fr.
Six mois. 36 —
Un an. 72 —
(LES MANDATS TÉLÉGRAPHIQUES NE SONT PAS REÇUS)
les abonnements partent des 1“ et 16 de chaque moit
DIRECTION
l’olilique, Littéraire et Artistique
IMIiltltli VÉllOiM
K û il :i v I e il u en Chef
BUREAUX
DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION
Hue de la Victoire 20
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois...
Six mois...
Un an.
20 fç.
40 —
80 —
(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)
l'abonnement d’un an donne droit à la prime gratuite
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
IMIiltKK VÉRON
Il é <i a e I e i« r en Chef
ANNONCES
HD0LP1IE EWIG, FERMIER DE LA PUBLICITÉ
92, Rue Richelieu
LA SEMAINE DE LA BOURSE
Paris, le 8 janvier 1893.
Monsieur le Directeur,
L’état du malade est toujours le même. Fièvre
continuelle, coupée par de rares, très rares ac-
calmies. Le pouls, fréquemment consulté pour
tenir les médecins au courant de la situation des
fentes, est en baisse; il en est de même de la
température. Cette semaine, l’agitation a été
excessive dans les environs de la première, troi-
sième et quatrième cote. — Il s’agit, bien en-
tendu, des cotes officielles.
On ne peut donc pas dire que le malade soit en
voie de guérison. Mais les médecins sont défini-
tivement fixés à présent sur les causes de la ma-
ladie ; et, si la circonstance n’était aussi embê-
tante, je dirais volontiers que je suis bien aise
ée constater que les conclusions des princes de
la science confirment purement et simplement
les pronostics formulés par l’humble médecin
financier du Charivari. Que l’agitation détermi-
née par toutes ces histoires de Panama soit la
cause première du mal, cela ne peut faire de
fi°ute pour personne. Mais que ce mal ait été
aggravé, accentué et agrandi considérablement
Par suite de l’introduction, dans l’élément bour-
rer, du microbe appelé « Syndicat étranger »,
““«’est une chose qui, maintenant, a passé du
domaine des hypothèses dans celui des faits les
mieux acquis.
0a a pu suivre à la piste ce singulier bacille,
dont les ravages épargnent systématiquement les
valeurs étrangères et les titres de second ordre,
Pour s’exercer uniquement, et avec une passion
c onsidérable, sur nos rentes françaises et sur ces
papiers excellents dont l’ensemble constitue ce
fine nous avions l’habitude d’appeler des place-
ments de pères de famille.
Vous me direz qu’en agissant ainsi, ce bacille
prouve que, pour être un microbe, on n’est pas
bote, et que ce goût pour les bonnes choses
xciusivement est partagé par tous les gens
esprit. C’est possible ; mais tout de même je
n nPPmudirai pas le bacille. Son amour ressemble
nu peu à celui du phylloxéra pour la vigne : il
fait mourir.
Cette comparaison me paraît d’autant plus juste
fiue nous sommes effectivement rançonnés pai
nne bande d’individus qui, si l’on n’y prend
garde, ne nous laisseront la paix que lorsqu’ils
anront démoli l’une après l’autre les principale;
valeurs de la cote,
C»oxnme une boule dans un jeu de quilles
Je dois constater, du reste,
que le public
CHARIVARI
tout ce qu’il peut pour faciliter cetk iste beso-
gne. Les casse’urs de cours visent la rente, par
exemple, et la font baisser de dix ou quime sous.
Bon! Au lieu de profiter du bon marché de nos
fonds nationaux pour s’en payer une petite tran-
che, que fait le public? Il vend à son tour. Nous
avons beau lui dire, lui prouver, lui démontrer
qu’il fait une sottise, que la rente vaut aujour-
d’hui ce qu’elle valait hier, que le Trésor n’est
pas prêt de renoncer à son excellente et régu-
lière habitude de payer trimestriellement les
coupons d’intérêts, c’est comme si nous chan-
tions : « Viens, gentille dame », sur l’air de Ta-
rara-boum-de-ay. Entre les affirmations, étayées
de preuves, d’un tas de braves gens dont le dé-
sintéressement ne peut faire de doute pour per-
sonne, et les assertions hasardeuses et d’ailleurs
dénuées de tout fondement d’un tas 'de galapiats
dont on connaît le manque absolu de préjugés et
de scrupules, le bon public n’hésite pas : il consi-
dère que les dires des galapiats sont paroles
d’évangile. Ainsi, par exemple, il a plu à l’un
d’eux, au commencement de la semaine, de
dire que la Caisse d’épargne interrompait ses
payements. Là-dessus, la province a envoyé des
ordres de vente, sans se donner la peine de véri-
fier, sans même penser à l’énormité de ce ridicule
potin. Il a fallu ni plus ni moins qu’un démenti
officiel.
Vous comprenez bien qu’eu présence d’une cré-
dulité pareille, les hommes des syndicats,
Mâle^ qui répandent la terreur,
auraient vraiment bien tort de se gêner, ou de se
mettre en frais d’imagination. Et soyez tran-
quilles : ils ne passent pas leurs nuits à combiner
des inventions ingénieuses. Tout leur est bon.
Cette semaine, on a, comme vous le savez, arrêté
un employé du Crédit Lyonnais pour des faits
accomplis plusieurs années avant l’entrée de cet
employé dans rétablissement, et qui, par consé-
quent, ne concernent en aucune façon la maison
où la Petite Bourse ne tient plus ses séances du
soir. Les baissiers ont joyeusement profité de
l’occasion pour faire reculer les actions du Crédit
Lyonnais d’un louis pour le moins. Je me hâte de
dire que ce louis a été abondamment regagné
dans les séances subséquentes; mais c’est déjà
roide qu’un mouvement de baisse ait pu se pro-
duire dans de pareilles conditions et sous un tel
prétexte. J’ai connu un monsieur qui, au com-
mencement de l’an dernier, a engagé une petite
bonne débarquée la veille de sa province, et de
qui l’air ingénu faisait plaisir à voir. Trois mois
après, le monsieur était obligé de mettre sa do-
mestique à la porte : elle était en galanterie avec
le commissionnaire du coin, le charbonnier d’en
face, le cocher du premier, le boucher d’à côté et
le garçon boulanger de la rue voisine! Les pa-
rents de la petite dévergondée accusèrent le mon-
sieur d’avoir mal veillé sur la vertu de leur pro-
géniture, et ajoutèrent : « C’est comme l’enfant
qu’elle a zévu il y a quatre ans... » Avouez qu’il
y avait un certain aplomb à vouloir faire suppor-
ter au bourgeois la responsabilité de faits survenus
trois ans avant qu’il ne connût la perle des do-
mestiques. Eh bien, à la différence des milieux et
des circonstances près, le cas est exactement le
même avec le Crédit Lyonnais. On l’a fait baisser
parce que, il y a plusieurs années, un monsieur,
qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam, a fait
certaines choses. Comme logique, il y a mieux!
Encore, dans tout cela, y a-t-il une apparence
de raisonnement. Dire du mal d’un monsieur sous
prétexte qu’on en a entendu dire par le papetier
du neveu de la cuisinière du locataire du rez-de-
chaussée, — c’est léger, sans aucun doute; mais
enfin, pour quelques esprits bornés et surtout
malveillants, il y a tout au moins un point de dé-
part. Mais le plus souvent, les krackeurs, comp-
tant,
Avec raison, d’ailleurs,
sur la sottise de co troupeau de moutons de Pa-
nurge qui s’appelle le public, ne se donnent même
plus la peine d’inventer un prétexte ou un motif.
Ils vendent, sans autre forme de procès. Ils ont,
de la sorte, tapé comme des sourds sur les ac-
tions de nos grandes Compagnies de chemins de
fer ; et quelques-unes de ces actions ont perdu
jusqu’à des vingt francs par jour. Or, s’il est, de
par la cote, des valeurs sur lesquelles on ne spé-
cule pas, c’est bien celles-ci. Les dividendes sont
garantis par l’Etat, et seront payés, par consé-
quent, tant que nous aurons en France un Trésor
et un crédit. Maisles casseurs de cours s’en fichent,
de tout cela. Il s’agissait de créer un mouvement
de panique, voilà. C’est, pour cela qu’on a tapé
sur les actions des chemins de fer. —• Et non
seulement sur les actions, mais aussi sur les
obigations, qui ont également baissé, et forte-
ment. Ici, je suis obligé de me cramponner à ma
table de travail pour m’empêcher de couvrir le
public d’invectives. Non, mais c’est que c’est trop
bête, aussi. Les obligations des chemins de fer!
Ici, ce n’est pas seulement l’intérêt qui est ga-
ranti, mais aussi le remboursement du capital.
Il est garanti par l’Etat, il est garanti parle capi-
tal social, il est garanti par un matériel énorme,
il est garanti par un domaine colossal.
Quand la baisse se produit dans de telles condi-
tions, il n’y a plus à s’étonner de rien. Quand on
tape sur la rente sans grande raison, sur les
obligations du Trésor sans motif, sur les obliga-
tions des chemins de fer sans prétexte, sur le
Crédit Lyonnais sans sujet, sur les titres du Cré-
dit Foncier sans autre cause que des calomnies
et des imbécillités, — il n’y a plus qu’à s’incliner,
et qu’à attendre. C’est ce que font les gens rai-
sonnables, qui, pour passer le temps, peuvent
contempler la fermeté relative d’une foule de va-
leurs étrangères et étranges, dont les coupons
sont douteux, et qui néanmoins restent à un ni-
veau convenable, alors que nos meilleures va-
leurs sont bousculées jusqu’à plus soif.
Castorine
Prix du Numéro : Si centimes
LUNDI 9 JANVIER 1893
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 18 fr.
Six mois. 36 —
Un an. 72 —
(LES MANDATS TÉLÉGRAPHIQUES NE SONT PAS REÇUS)
les abonnements partent des 1“ et 16 de chaque moit
DIRECTION
l’olilique, Littéraire et Artistique
IMIiltltli VÉllOiM
K û il :i v I e il u en Chef
BUREAUX
DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION
Hue de la Victoire 20
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois...
Six mois...
Un an.
20 fç.
40 —
80 —
(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)
l'abonnement d’un an donne droit à la prime gratuite
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
IMIiltKK VÉRON
Il é <i a e I e i« r en Chef
ANNONCES
HD0LP1IE EWIG, FERMIER DE LA PUBLICITÉ
92, Rue Richelieu
LA SEMAINE DE LA BOURSE
Paris, le 8 janvier 1893.
Monsieur le Directeur,
L’état du malade est toujours le même. Fièvre
continuelle, coupée par de rares, très rares ac-
calmies. Le pouls, fréquemment consulté pour
tenir les médecins au courant de la situation des
fentes, est en baisse; il en est de même de la
température. Cette semaine, l’agitation a été
excessive dans les environs de la première, troi-
sième et quatrième cote. — Il s’agit, bien en-
tendu, des cotes officielles.
On ne peut donc pas dire que le malade soit en
voie de guérison. Mais les médecins sont défini-
tivement fixés à présent sur les causes de la ma-
ladie ; et, si la circonstance n’était aussi embê-
tante, je dirais volontiers que je suis bien aise
ée constater que les conclusions des princes de
la science confirment purement et simplement
les pronostics formulés par l’humble médecin
financier du Charivari. Que l’agitation détermi-
née par toutes ces histoires de Panama soit la
cause première du mal, cela ne peut faire de
fi°ute pour personne. Mais que ce mal ait été
aggravé, accentué et agrandi considérablement
Par suite de l’introduction, dans l’élément bour-
rer, du microbe appelé « Syndicat étranger »,
““«’est une chose qui, maintenant, a passé du
domaine des hypothèses dans celui des faits les
mieux acquis.
0a a pu suivre à la piste ce singulier bacille,
dont les ravages épargnent systématiquement les
valeurs étrangères et les titres de second ordre,
Pour s’exercer uniquement, et avec une passion
c onsidérable, sur nos rentes françaises et sur ces
papiers excellents dont l’ensemble constitue ce
fine nous avions l’habitude d’appeler des place-
ments de pères de famille.
Vous me direz qu’en agissant ainsi, ce bacille
prouve que, pour être un microbe, on n’est pas
bote, et que ce goût pour les bonnes choses
xciusivement est partagé par tous les gens
esprit. C’est possible ; mais tout de même je
n nPPmudirai pas le bacille. Son amour ressemble
nu peu à celui du phylloxéra pour la vigne : il
fait mourir.
Cette comparaison me paraît d’autant plus juste
fiue nous sommes effectivement rançonnés pai
nne bande d’individus qui, si l’on n’y prend
garde, ne nous laisseront la paix que lorsqu’ils
anront démoli l’une après l’autre les principale;
valeurs de la cote,
C»oxnme une boule dans un jeu de quilles
Je dois constater, du reste,
que le public
CHARIVARI
tout ce qu’il peut pour faciliter cetk iste beso-
gne. Les casse’urs de cours visent la rente, par
exemple, et la font baisser de dix ou quime sous.
Bon! Au lieu de profiter du bon marché de nos
fonds nationaux pour s’en payer une petite tran-
che, que fait le public? Il vend à son tour. Nous
avons beau lui dire, lui prouver, lui démontrer
qu’il fait une sottise, que la rente vaut aujour-
d’hui ce qu’elle valait hier, que le Trésor n’est
pas prêt de renoncer à son excellente et régu-
lière habitude de payer trimestriellement les
coupons d’intérêts, c’est comme si nous chan-
tions : « Viens, gentille dame », sur l’air de Ta-
rara-boum-de-ay. Entre les affirmations, étayées
de preuves, d’un tas de braves gens dont le dé-
sintéressement ne peut faire de doute pour per-
sonne, et les assertions hasardeuses et d’ailleurs
dénuées de tout fondement d’un tas 'de galapiats
dont on connaît le manque absolu de préjugés et
de scrupules, le bon public n’hésite pas : il consi-
dère que les dires des galapiats sont paroles
d’évangile. Ainsi, par exemple, il a plu à l’un
d’eux, au commencement de la semaine, de
dire que la Caisse d’épargne interrompait ses
payements. Là-dessus, la province a envoyé des
ordres de vente, sans se donner la peine de véri-
fier, sans même penser à l’énormité de ce ridicule
potin. Il a fallu ni plus ni moins qu’un démenti
officiel.
Vous comprenez bien qu’eu présence d’une cré-
dulité pareille, les hommes des syndicats,
Mâle^ qui répandent la terreur,
auraient vraiment bien tort de se gêner, ou de se
mettre en frais d’imagination. Et soyez tran-
quilles : ils ne passent pas leurs nuits à combiner
des inventions ingénieuses. Tout leur est bon.
Cette semaine, on a, comme vous le savez, arrêté
un employé du Crédit Lyonnais pour des faits
accomplis plusieurs années avant l’entrée de cet
employé dans rétablissement, et qui, par consé-
quent, ne concernent en aucune façon la maison
où la Petite Bourse ne tient plus ses séances du
soir. Les baissiers ont joyeusement profité de
l’occasion pour faire reculer les actions du Crédit
Lyonnais d’un louis pour le moins. Je me hâte de
dire que ce louis a été abondamment regagné
dans les séances subséquentes; mais c’est déjà
roide qu’un mouvement de baisse ait pu se pro-
duire dans de pareilles conditions et sous un tel
prétexte. J’ai connu un monsieur qui, au com-
mencement de l’an dernier, a engagé une petite
bonne débarquée la veille de sa province, et de
qui l’air ingénu faisait plaisir à voir. Trois mois
après, le monsieur était obligé de mettre sa do-
mestique à la porte : elle était en galanterie avec
le commissionnaire du coin, le charbonnier d’en
face, le cocher du premier, le boucher d’à côté et
le garçon boulanger de la rue voisine! Les pa-
rents de la petite dévergondée accusèrent le mon-
sieur d’avoir mal veillé sur la vertu de leur pro-
géniture, et ajoutèrent : « C’est comme l’enfant
qu’elle a zévu il y a quatre ans... » Avouez qu’il
y avait un certain aplomb à vouloir faire suppor-
ter au bourgeois la responsabilité de faits survenus
trois ans avant qu’il ne connût la perle des do-
mestiques. Eh bien, à la différence des milieux et
des circonstances près, le cas est exactement le
même avec le Crédit Lyonnais. On l’a fait baisser
parce que, il y a plusieurs années, un monsieur,
qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam, a fait
certaines choses. Comme logique, il y a mieux!
Encore, dans tout cela, y a-t-il une apparence
de raisonnement. Dire du mal d’un monsieur sous
prétexte qu’on en a entendu dire par le papetier
du neveu de la cuisinière du locataire du rez-de-
chaussée, — c’est léger, sans aucun doute; mais
enfin, pour quelques esprits bornés et surtout
malveillants, il y a tout au moins un point de dé-
part. Mais le plus souvent, les krackeurs, comp-
tant,
Avec raison, d’ailleurs,
sur la sottise de co troupeau de moutons de Pa-
nurge qui s’appelle le public, ne se donnent même
plus la peine d’inventer un prétexte ou un motif.
Ils vendent, sans autre forme de procès. Ils ont,
de la sorte, tapé comme des sourds sur les ac-
tions de nos grandes Compagnies de chemins de
fer ; et quelques-unes de ces actions ont perdu
jusqu’à des vingt francs par jour. Or, s’il est, de
par la cote, des valeurs sur lesquelles on ne spé-
cule pas, c’est bien celles-ci. Les dividendes sont
garantis par l’Etat, et seront payés, par consé-
quent, tant que nous aurons en France un Trésor
et un crédit. Maisles casseurs de cours s’en fichent,
de tout cela. Il s’agissait de créer un mouvement
de panique, voilà. C’est, pour cela qu’on a tapé
sur les actions des chemins de fer. —• Et non
seulement sur les actions, mais aussi sur les
obigations, qui ont également baissé, et forte-
ment. Ici, je suis obligé de me cramponner à ma
table de travail pour m’empêcher de couvrir le
public d’invectives. Non, mais c’est que c’est trop
bête, aussi. Les obligations des chemins de fer!
Ici, ce n’est pas seulement l’intérêt qui est ga-
ranti, mais aussi le remboursement du capital.
Il est garanti par l’Etat, il est garanti parle capi-
tal social, il est garanti par un matériel énorme,
il est garanti par un domaine colossal.
Quand la baisse se produit dans de telles condi-
tions, il n’y a plus à s’étonner de rien. Quand on
tape sur la rente sans grande raison, sur les
obligations du Trésor sans motif, sur les obliga-
tions des chemins de fer sans prétexte, sur le
Crédit Lyonnais sans sujet, sur les titres du Cré-
dit Foncier sans autre cause que des calomnies
et des imbécillités, — il n’y a plus qu’à s’incliner,
et qu’à attendre. C’est ce que font les gens rai-
sonnables, qui, pour passer le temps, peuvent
contempler la fermeté relative d’une foule de va-
leurs étrangères et étranges, dont les coupons
sont douteux, et qui néanmoins restent à un ni-
veau convenable, alors que nos meilleures va-
leurs sont bousculées jusqu’à plus soif.
Castorine