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CONCOURS DE 1772

On. connaît ce premier ouvrage de David, car il fait partie de la galerie du Louvre. Il
dénote chez son auteur de l’élan, de la hardiesse dans la conception et une grande adresse
de main, pour avoir été exécuté comme il le dit en l’espace d’un mois. La composition, le
dessin, la couleur portent bien le cachet de l’époque, et à voir ce tableau ainsi que ceux
qu’il peignit dans ses différents concours, il serait difficile de deviner en lui un futur
réformateur.

Il ne se laissa pas abattre par le jugement de son maître et de l’Académie. Il se remit
au travail avec une nouvelle ardeur et ne négligea rien pour s’assurer la victoire. Les pre-
mières épreuves de mars 1772 furent pour lui d’un heureux présage, car il sut admis le
premier à concourir avec Bidault, Lang, Jombert, Le Monnier et Bonvoisin.’
Ce concours mérite qu’on s’y arrête pour les circonstances qui l’accompagnèrent et
montrèrent la force des sentiments élevés qui animaient le cœur de David.
« J’étais, » dit-il, « piqué au jeu, aussi fais-je pour réussir des efforts extraordinaires,
hélas! trop inutiles. Le moment n’était pas encore venu. Je devais apprendre de bonne heure
à mes dépens à connaître l’injustice des hommes. Plein d’ardeur, j’écoute la lecture du
sujet : c’était Diane et Apollon per car1 de leurs flèches les ensants de Niobé. Aussitôt mon
Ovide se retrace à mes yeux, je fais la composition, le professeur y met son cachet.
Rentré chez moi, je cours aux Alétan rphoses, j’explique celle qui traite mon sujet; je
commençais à m’applaudir de m’en être assez bien ressouvenu. Je fais mon tableau. Ovide
m’avait tellement monté la tête, que tout ce que je faisais ne me satisfaisait pas complè-
tement. Je recommençais sans penser que refaire sur de la peinture qui n’avait pas assez
de temps pour sécher, la couleur nouvelle pourrait changer. C’est ce qui arriva dans les
trois mois d’attente avant le jugement; mais n’anticipons pas sur la suite.
» Mon tableau paraît ; concurrents, maîtres, amis, chacun d’une voix unanime me
donne le prix. On renferme mon tableau avec ceux de mes émules dans une salle fermée
pour tout le monde. Nous cédons nos ateliers, qu’on nomme loges, aux sculpteurs qui pré-
tendent également, sur un autre sujet, au prix de Rome. Ils occupent les loges le même
intervalle de temps, ensuite arrive l’exposition publique des tableaux et bas-reliefs. Il
se passa une quinzaine de jours, soit à les vernir, soit à les exposer et ensuite à les juger.
C’est alors que je m’aperçus combien mon tableau avait noirci : j’en ai dit la raison. Ceux
qui l’avaient précédemment vu ne le reconnaissaient plus, ou du moins prirent ce pré-
texte pour m’éloigner.
» On prononce enfin : Jombert eut le prix. On fait remarquer que si sa toile est d’une
couleur plus agréable, on ne peut pas non plus repousser un tableau qui renferme des
beautés qui sont plus de l’essence de la peinture historique; que le tableau offre plus de
composition, de dessin, d’expression, parties essentielles de l’art ; qu’il faut donner un
second premier prix et ne pas séparer deux amis. Car il faut dire que Jombert allait, dans
l’attente du jugement, parler aux juges des avis que je lui avais donnés pour son tableau
et qu’il serait charmé que, s’il ne devait pas avoir le premier prix, ce fût enfin son ami
qui fût préféré ; on rappela cette amitié trop rare entre rivaux de gloire ; on décida donc
qu’il y aurait un second premier prix, ce qui arrivait assez fréquemment quand on
 
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