COMPOSITION DES HORACES
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certainement désigné à l’attention des critiques, aussi hésitons-nous à croire qu’il ait
figuré à cette exposition.
Le dessin d’une frise dans le genre antique, représentant un guerrier triomphant
de son ennemi devant Minerve, Hercule et les Parques, avait été exécuté à Rome en 1780.
Le 23 août, avant l’ouverture du Salon, Vienavait présenté Andromanie à l’Académie
qui, sur ce morceau de peinture, avait conféré à David le titre d’académicien.
A cette même séance fut jugé le concours de peinture. Un tableau de Drouais aurait
dû y figurer. David fondait de grandes espérances sur ce jeune artiste qui, malgré sa
conception et son exécution faciles, notait jamais satisfait de son travail. Ce fut ce défaut
de confiance en lui-même qui lui enleva alors le prix; le sujet était la Résurrection du
fils de la veuve. Impatient d’avoir l’avis de son maître sur son tableau presque terminé,
il s’avisa, ne pouvant sortir la toile, d’en couper la moitié, de la rouler sous un large vête-
ment et de la lui apporter en lui disant qu’il ne faisait rien de bon, ainsi qu’on pouvait s’en
convaincre. A ces mots il découvre la partie qu’il tenait sous son manteau. « Mon ami,
qu’avez-vous fait là? s’écrie son maître. C’est le prix que vous donnez à un autre. C’est
très bien. Il y a là des choses que vous ne ferez jamais mieux! — Quoi, monsieur, répon-
dit Drouais, vous êtes content? en ce cas, c’est pour moi le prix : je n’en ambitionne pas
d’autre, je suis charmé qu’un de mes camarades moins riche que moi en profite, nous
aurons ainsi chacun le prix qui nous convient. » L’Académie, cette année, ne donna pas de
premier prix.
Le 6 septembre, la nomination de David au titre d’académicien fut confirmée ainsi
qu’il suit :
« En ouvrant la séance, le Secrétaire a fait lecture d’une lettre de Versailles, écrite à
M. Pierre, Directeur, par M. le comte D’Angiviller, Directeur et Ordonnateur général des
Bâtiments de Sa Majesté, dans laquelle il annonce que le Roi a confirmé l’élection que la
Compagnie a faite dans son assemblée du 23 août dernier du sieur Jacques-Louis David,
en qualité d’académicien, pour avoir séance dans ses assemblées et jouir des privilèges,
prérogatives et honneurs attribués à cette qualité, à la charge par lui d’observer les statuts
et règlements de l’Académie, lesquels il a promis en prêtant serment entre les mains de
M. Pierre, premier Peintre du Roi, présidant l’assemblée comme Directeur. Les lettres de
provision lui ont été délivrées sur-le-champ, en présence de l’assemblée, conformément au
règlement fait le 4 mai 1782, et le nouvel académicien a pris séance. »
Signé David au procès-verbal.
A cette époque, David travaillait à la composition de son tableau des Horaces,
Dans une étude très intéressante sur cet ouvrage, et à laquelle nous empruntons la
plupart des détails suivants, Pérou, son élève, raconte qu’étant au théâtre, le maître fut
vivement frappé de la situation qu’offre le cinquième acte de la tragédie d’Horace de
Corneille. Il fit de cette scène, où le vieil Horace défend devant le peuple son fils qui
vient d’immoler sa sœur, un dessin qui, bien qu’inachevé, renferme des beautés remar-
quables. Échauffé par ce travail, il développa l’idée de sa composition devant ses amis
réunis chez M. de Trudaine. Sedaine, le poète Lebrun et l’architecte de Wailly discu-
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certainement désigné à l’attention des critiques, aussi hésitons-nous à croire qu’il ait
figuré à cette exposition.
Le dessin d’une frise dans le genre antique, représentant un guerrier triomphant
de son ennemi devant Minerve, Hercule et les Parques, avait été exécuté à Rome en 1780.
Le 23 août, avant l’ouverture du Salon, Vienavait présenté Andromanie à l’Académie
qui, sur ce morceau de peinture, avait conféré à David le titre d’académicien.
A cette même séance fut jugé le concours de peinture. Un tableau de Drouais aurait
dû y figurer. David fondait de grandes espérances sur ce jeune artiste qui, malgré sa
conception et son exécution faciles, notait jamais satisfait de son travail. Ce fut ce défaut
de confiance en lui-même qui lui enleva alors le prix; le sujet était la Résurrection du
fils de la veuve. Impatient d’avoir l’avis de son maître sur son tableau presque terminé,
il s’avisa, ne pouvant sortir la toile, d’en couper la moitié, de la rouler sous un large vête-
ment et de la lui apporter en lui disant qu’il ne faisait rien de bon, ainsi qu’on pouvait s’en
convaincre. A ces mots il découvre la partie qu’il tenait sous son manteau. « Mon ami,
qu’avez-vous fait là? s’écrie son maître. C’est le prix que vous donnez à un autre. C’est
très bien. Il y a là des choses que vous ne ferez jamais mieux! — Quoi, monsieur, répon-
dit Drouais, vous êtes content? en ce cas, c’est pour moi le prix : je n’en ambitionne pas
d’autre, je suis charmé qu’un de mes camarades moins riche que moi en profite, nous
aurons ainsi chacun le prix qui nous convient. » L’Académie, cette année, ne donna pas de
premier prix.
Le 6 septembre, la nomination de David au titre d’académicien fut confirmée ainsi
qu’il suit :
« En ouvrant la séance, le Secrétaire a fait lecture d’une lettre de Versailles, écrite à
M. Pierre, Directeur, par M. le comte D’Angiviller, Directeur et Ordonnateur général des
Bâtiments de Sa Majesté, dans laquelle il annonce que le Roi a confirmé l’élection que la
Compagnie a faite dans son assemblée du 23 août dernier du sieur Jacques-Louis David,
en qualité d’académicien, pour avoir séance dans ses assemblées et jouir des privilèges,
prérogatives et honneurs attribués à cette qualité, à la charge par lui d’observer les statuts
et règlements de l’Académie, lesquels il a promis en prêtant serment entre les mains de
M. Pierre, premier Peintre du Roi, présidant l’assemblée comme Directeur. Les lettres de
provision lui ont été délivrées sur-le-champ, en présence de l’assemblée, conformément au
règlement fait le 4 mai 1782, et le nouvel académicien a pris séance. »
Signé David au procès-verbal.
A cette époque, David travaillait à la composition de son tableau des Horaces,
Dans une étude très intéressante sur cet ouvrage, et à laquelle nous empruntons la
plupart des détails suivants, Pérou, son élève, raconte qu’étant au théâtre, le maître fut
vivement frappé de la situation qu’offre le cinquième acte de la tragédie d’Horace de
Corneille. Il fit de cette scène, où le vieil Horace défend devant le peuple son fils qui
vient d’immoler sa sœur, un dessin qui, bien qu’inachevé, renferme des beautés remar-
quables. Échauffé par ce travail, il développa l’idée de sa composition devant ses amis
réunis chez M. de Trudaine. Sedaine, le poète Lebrun et l’architecte de Wailly discu-
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