Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
26

CHAPITRE II

tèrent la convenance de cet épisode au point de vue de la peinture, et furent d’avis
que cette scène très émouvante au théâtre, perdrait tout son intérêt sur la toile. Ils lui
conseillèrent donc de chercher dans le drame des Horaces un autre instant plus favo-
rable à une conception pittoresque.
Ébranlé par l’opinion éclairée de ses amis, le peintre s’attacha à l’acte auguste
et patriotique du père de famille faisant jurer à ses enfants de mourir pour le salut
de Rome.
Après quelques essais pour la disposition de ses groupes, une figure de licteur dans
l’enlèvement des Sabines du Poussin lui inspira la fière tournure de l’aîné des Horaces.
Mais, excité par la poésie de Corneille et voulant rendre dans un mode antique cette action
héroïque, il regrettait Rome où, disait-il, on peut seulement peindre des Romains.
Il tenait d’autant plus à réussir dans cet ouvrage que M. D’Àngiviller l’avait compris
parmi les artistes appelés pour le Salon de 1783, à recevoir des commandes de tableaux
pour le Roi. Le Gouvernement, désireux de relever les arts, demandait pour chaque expo-
sition douze tableaux d’une valeur de six mille livres aux artistes dont le talent lui
semblait digne d’encouragement. David avait proposé le sujet d’Horace condamné à mort
pour le meurtre de sa sœur et défendu par son père à l’instant où les licteurs viennent le
saisir ; mais ayant à terminer son morceau de réception à l’Académie, il n’avait pu entre-
prendre cet ouvrage. En 1784, il fut de nouveau désigné pour le Salon de 178S. Il offrit
alors de traiter soit la défense d’Horace, soit le serment des Horaces entre les mains de
leur père. Cependant, éclairé par les observations de ses amis, il avait abandonné sa
première idée pour s’attacher de tout cœur à son second sujet.
Peindre les Horaces à Rome était donc son plus vif désir ; mais les disficultés d’une telle
entreprise le préoccupaient vivement, lorsque son beau-père, ayant appris la cause de
L’aspect soucieux de son gendre, l’engagea à disposer de lui en lui disant : « Travaillez
pour la gloire, mon ami, moi je travaillerai pour l’argent. »
Une dernière circonstance le décida à accepter ses offres généreuses. Drouais venait de
gagner le prix de Rome avec son tableau de la Cananéenne, dans un concours qui fut
un double triomphe pour David, car l’Académie décerna le prix mis en réserve l’année
précédente à Gauffier, qui faisait aussi partie de son atelier.
L’heureuse fortune de faire ce voyage avec un homme qui avait su gagner son amitié,
et dont le talent lui serait d’un utile secours pour l’exécution de son grand tableau, triompha
de ses dernières hésitations. Il chargea le peintre Brenet de la direction de ses élèves. Il
confia aux soins de M. et Mme Pécoul ses deux jeunes fils qui étaient nés, l’aîné Charles-
Louis-Jules, le 1b février 1783 ; le second François-Eugène, le 1S avril 1784.
Il partit avec sa femme, Drouais, Wicar, le jeune Debret son parent et élève, et
deux autres personnes, formant en tout une société de sept voyageurs.
« Arrivé à Rome, nous dit Péron qui tenait tous les détails de Debret, David se mit à
l’œuvre, associant Drouais à ses travaux. Son premier soin fut de mannequiner toutes ses
draperies avec ce goût tout particulier qu’il possédait à un si haut degré. Drouais les des-
sina sur le papier pour être transportées sur toile. Puis David ébaucha son tableau en
 
Annotationen