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CHAPITRE II

» Je n’ai enfin qu’un seul homme qui voudrait me traverser, parce que je ne l’ai pas
consulté, c’est M. D’Azaincourt, et surtout parce que j’ai fait dans mon fond d’architecture
des arcs appuyés sur des colonnes et qui, selon lui, n’ont été en usage que du temps du Bas-
Empire. Mais tout savant qu’il est, s’il l’était davantage il saurait que dans le temps de mon
tableau c’était l’Étrurie qui donnait le ton à l’Italie et que les Romains s’en sont servis
à l’exemple des Étrusques; qu’après, ils sont retombés dans une plus grande ignorance
quant aux arts. Mais enfin d’autres ont pris ma défense; car moi, outre que je ne le vois
pas, c’est que je n’ai pas voulu qu’il vît même mon tableau avant que je n’aie exposé au
public. De là il s’est piqué, et c’est certainement cela qui a empêché que jusqu’à présentie
cardinal de Bernis ne l’a pas vu. J’irai demain à Albano, et je ne sais ce qu’il me dira.
Cependant M. D’Azaincourt l’est venu voir avec M. de Suffren ; il paraît qu’il a fait de
grandes acclamations de contentement.
» Je suis donc satisfait au delà de mes vœux de mon succès de Rome. J’ai des son-
nets que je vous ferai voir. Mais il manque à mon bonheur de savoir s’il sera bien exposé
à Paris (faveur qui ne m’a encore été accordée), et c’est donc mon âge qui en est la cause,
et j’ai lieu d’espérer, quand je ferai des drogues, d’être mieux placé. Mettez-vous à ma
place, monsieur le Marquis, et voyez une comédie de vous mal jouée, seriez-vous content?
Eh bien, la bonne ou mauvaise exposition est la même chose. Vous m’avez fait l’amitié de
me dire que je vous avertisse de la place qui me serait le plus favorable, la voilà. Ce serait
celle où était, il y a quatre ans, le Léonard de Vinci, et il y a deux ans, le tableau de
Clorinde de M. Du Rameau.
» Pour la grandeur de mon tableau que vous me demandez, j’ai outrepassé la mesure
que l’on m’avait donnée pour le Roi. Elle me fut donnée de 10 sur 10 ; mais ayant tourné
ma composition de toutes les manières, voyant qu’elle perdait de son énergie, j’ai abandonné
de faire un tableau pour le Roi, et je l’ai fait pour moi. Jamais on ne me fera rien faire au
détriment de ma gloire, et je l’ai fait de 13 pieds sur 10 pieds. Vous ne doutez pas que je
serais flatté qu’il fût pour le Roi, ne sachant pas si j’en ferai jamais un pareil; d’ailleurs,
quand je l’ai proposé à M. Pierre, je lui ai dit : que ce n’était pas l’intérêt qui me guidait
et que je le ferais de 13 pieds pour le même prix que si je le faisais de 10. Il m’a
répondu que non, que ce serait narguer mes confrères; moi je n’ai pas vu de cette manière
et n’ai considéré que mon avancement. Je vous prie, monsieur le Marquis, de voir M. le
comte D’Angiviller, et votre amitié pour moi vous dictera le reste.
» J’ai l’honneur d’être avec respect, monsieur le Marquis, votre très humble et obéis-
sant serviteur.
» David. »
La place que les Horaces occuperaient avait toujours inquiété leur auteur, car bien
avant le Salon il avait écrit à son protecteur :
« Rome, le 15 février 1785.

» J’ai reçu,’ monsieur le Marquis, avec bien du plaisir de vos nouvelles, et j’accepte de
 
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