SUCCÈS DES HORACES A ROME
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nouveau l’offre que vous voulez bien me faire de me donner des renseignements sur mon
retour d’Italie. Lorsque je serai sur le point de partir, je vous en ferai part. Je tacherai,
comme vous le marquez dans le petit ouvrage que vous désirez de moi, de vous donner de
meilleures preuves de l’idée que vous en avez, et le tableau que je suis après faire pour le
Roi y pourra contribuer; mais avant tout j’aurais dû vous faire mon compliment ou plutôt à
la fortune elle-même qui pour cette fois-ci, enfin, a beaucoup mieux placé ses faveurs
qu’elle ne le fait ordinairement. Il fallait à coup sûr qu’elle eût levé son bandeau, ou qu’il
fût mal attaché et qu’alors elle regardât en dessous.
» C’est M. le cardinal de Bernis qui me l’a appris, et je cherchais l’occasion de vous en
marquer ma joie, et votre lettre m’en a naturellement offert le moyen.....
» A propos, je voudrais bien que vous me servissiez auprès de M. D’Angiviller, ce serait
de savoir d’avance s’il serait disposé à me faire avoir une bonne place au Salon et s’il me
ferait venir mon tableau avec celui de M. Lagrenée, aux frais du Roi. Je vous prierai en
conséquence, monsieur le Marquis, d’après les offres obligeantes que vous voulez bien me
faire, de savoir de lui, mais avec la discrétion dont vous êtes capable, ses intentions à ce
sujet, ou bien daignez me conseiller sur ce que je dois faire à cette occasion. J’attends de
votre amitié, dans un de ces moments que l’esprit ne sait que faire, un petit conseil de vous.
C’est toujours de « notre Pierre » dont j’ai peur.
» Mille et mille respects à Mme de Vassal. Je suis bien fâché qu’elle ait de moi un
mauvais portrait, mais à Paris nous verrons tout cela, et je serai moi, mon pinceau et
mon peu de savoir, tout à vous et à vos amis.
» J’ai fait part au Cardinal des marques d’amitié que vous m’aviez chargé, pour vous, et
je vous assure qu’il y a été sensible et qu’il a dit devant moi à des messieurs qui étaient là,
les moments agréables qu’il avait passés avec vous.
» Mon démon de musique me poursuit à Rome et je l’amènerai avec moi à Paris, car je
porte avec moi le Maître de chapelle et vous prierai, à Paris,.de lui trouver des écoliers....
» David. »
Il pouvait avec raison être fier de son ouvrage, car il avait conquis les suffrages
des juges les plus distingués dans le monde des arts, tels que les chevaliers d’Hamilton et
d’Azara si versés dans la science de l’antiquité, Angelica Kauffmann, le savant Visconti, ses
amis Quatremère, Giraud et enfin le vieux Pompeo Battoni, qui en présence de cette nouvelle
œuvre le suppliait encore de rester en Italie pour y prendre après lui le sceptre des arts.
« Nous deux seuls, lui disait-il, sommes peintres, le reste est bon à jeter dans le Tibre. »
Le seul journal qui parût à Rome consacra une de ses pages à des vers inspirés par
la toile de David, et l’Académie d’Arcadie, réunie dans le bois Parrhasius, applaudit au
sonnet de l’abbé Fogli, composé sur le même sujet.
L’affluence des visiteurs était telle, qu’on dut par mesure de précaution mettre des
gardes dans les rues voisines de l’atelier dont le seuil était semé de fleurs qu’y apportaient
les admirateurs de l’artiste.
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nouveau l’offre que vous voulez bien me faire de me donner des renseignements sur mon
retour d’Italie. Lorsque je serai sur le point de partir, je vous en ferai part. Je tacherai,
comme vous le marquez dans le petit ouvrage que vous désirez de moi, de vous donner de
meilleures preuves de l’idée que vous en avez, et le tableau que je suis après faire pour le
Roi y pourra contribuer; mais avant tout j’aurais dû vous faire mon compliment ou plutôt à
la fortune elle-même qui pour cette fois-ci, enfin, a beaucoup mieux placé ses faveurs
qu’elle ne le fait ordinairement. Il fallait à coup sûr qu’elle eût levé son bandeau, ou qu’il
fût mal attaché et qu’alors elle regardât en dessous.
» C’est M. le cardinal de Bernis qui me l’a appris, et je cherchais l’occasion de vous en
marquer ma joie, et votre lettre m’en a naturellement offert le moyen.....
» A propos, je voudrais bien que vous me servissiez auprès de M. D’Angiviller, ce serait
de savoir d’avance s’il serait disposé à me faire avoir une bonne place au Salon et s’il me
ferait venir mon tableau avec celui de M. Lagrenée, aux frais du Roi. Je vous prierai en
conséquence, monsieur le Marquis, d’après les offres obligeantes que vous voulez bien me
faire, de savoir de lui, mais avec la discrétion dont vous êtes capable, ses intentions à ce
sujet, ou bien daignez me conseiller sur ce que je dois faire à cette occasion. J’attends de
votre amitié, dans un de ces moments que l’esprit ne sait que faire, un petit conseil de vous.
C’est toujours de « notre Pierre » dont j’ai peur.
» Mille et mille respects à Mme de Vassal. Je suis bien fâché qu’elle ait de moi un
mauvais portrait, mais à Paris nous verrons tout cela, et je serai moi, mon pinceau et
mon peu de savoir, tout à vous et à vos amis.
» J’ai fait part au Cardinal des marques d’amitié que vous m’aviez chargé, pour vous, et
je vous assure qu’il y a été sensible et qu’il a dit devant moi à des messieurs qui étaient là,
les moments agréables qu’il avait passés avec vous.
» Mon démon de musique me poursuit à Rome et je l’amènerai avec moi à Paris, car je
porte avec moi le Maître de chapelle et vous prierai, à Paris,.de lui trouver des écoliers....
» David. »
Il pouvait avec raison être fier de son ouvrage, car il avait conquis les suffrages
des juges les plus distingués dans le monde des arts, tels que les chevaliers d’Hamilton et
d’Azara si versés dans la science de l’antiquité, Angelica Kauffmann, le savant Visconti, ses
amis Quatremère, Giraud et enfin le vieux Pompeo Battoni, qui en présence de cette nouvelle
œuvre le suppliait encore de rester en Italie pour y prendre après lui le sceptre des arts.
« Nous deux seuls, lui disait-il, sommes peintres, le reste est bon à jeter dans le Tibre. »
Le seul journal qui parût à Rome consacra une de ses pages à des vers inspirés par
la toile de David, et l’Académie d’Arcadie, réunie dans le bois Parrhasius, applaudit au
sonnet de l’abbé Fogli, composé sur le même sujet.
L’affluence des visiteurs était telle, qu’on dut par mesure de précaution mettre des
gardes dans les rues voisines de l’atelier dont le seuil était semé de fleurs qu’y apportaient
les admirateurs de l’artiste.