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CHAPITRE II

Enfin le pape Pie VI manifesta le désir de voir ce tableau, mais la nécessité de le
porter au Vatican, car l’étiquette défend à Sa Sainteté de se rendre dans la maison d’un
particulier, aurait empêché les Horaces de figurer au Salon de Paris. Le cardinal de Bernis,
alors ambassadeur de France, prit sur lui de faire partir les Horaces, se chargeant de
présenter au Saint-Père les excuses de l’auteur.
Le tableau expédié, il fallait se préparer au retour, car de jour en jour M. Pécoul, dont
la santé avait été gravement compromise, se montrait désireux de revoir sa fille et son
gendre; il lui écrivait :
« Paris, lor août 1785.
» Mon cher gendre et ami.
» Sans doute que j’aurai la douce satisfaction de vous voir à Paris, au plus tard le
20 septembre, qu’enfin vous y serez à la fin du Salon, pour examiner les productions
de vos confrères qui vaudront bien sans doute les ouvrages des élèves de Rome qui seront
exposés à la Saint-Louis, car on dit que vous voulez rester à Rome jusqu’au 26 cou-
rant. Si cela était, vous ne pourriez être à Paris qu’au commencement d’octobre et
vous ne verriez pas notre Salon. Tous vos meilleurs amis vous attendent le 20 septembre
et pensent qu’il est indispensable que vous y soyez. Finalement, mon ami David,
vous ne voulez pas me faire le chagrin de n’être pas à cette époque à Paris. Depuis votre
départ vous m’en avez causé, votre absence et celle de votre compagne a pensé me coûter
la vie, ménagez un convalescent. Adieu, mon ami, je compte sur votre amitié. Aimez-
moi, ménagez-vous pour qui vous aime.
» Pécoul. »
A cette lettre en était jointe une de Mme Pécoul, adressée à Mme David, lui faisant les
mêmes reproches, l’informant de la santé de son père et de ses enfants et se plaignant de ce
qu’on n’ait pas envoyé la mesure exacte du châssis destiné à recevoir la toile des Horaces.
Mais toutes ces invitations au départ étaient contre-balancées par le chagrin qu’éprou-
vait David d’abandonner Drouais, et l’exposition des pensionnaires de l’Académie n’était
sans doute qu’un prétexte pour reculer le moment de leur séparation.
L’amitié que David portait à cet artiste s’était accrue pendant qu’il l’aidait à ses
Horaces. Il lui avait expliqué devant les merveilles de Rome les causes de son admira-
tion pour l’antique, et développant les motifs de la réforme qu’il tentait dans les arts, il avait
rencontré en lui un fervent disciple. Il avait pu aussi, dans les relations de chaque jour,
apprécier la noblesse de sentiments de ce jeune homme, son ardeur au travail, son amour de
la gloire et aussi le côté maladif de son caractère qui le portait à s’effrayer des efforts de ses
rivaux et à se méfier de ses propres forces. Peut-être aussi pressentait-il qu’il ne devait plus
le revoir et que ces deux cœurs si bien liés l’un à l’autre allaient être séparés pour jamais.
K
On retarda le départ autant qu’il fut possible, mais il fallut enfin s’y résigner.
Pendant ce temps, les Horaces étaient en route pour Paris, où le public les attendait
avec impatience et intérêt, car le bruit avait couru que leur auteur avait été assassiné.
 
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