RAPPORT SUR LA FÊTE RE BARRA ET VIALA
207
Le 8 nivôse an II, Robespierre était monté à la tribune pour célébrer en ces termes
le dévouement de Barra.
« Parmi les belles actions qui se sont passées dans la Vendée et qui ont honoré la
guerre de la liberté contre la tyrannie, la nation entière doit distinguer celle d’un jeune
homme dont la mère a déjà occupé la Convention : je veux parler de Barra. Ce jeune
homme, âgé de treize ans, a fait des prodiges de valeur dans la Vendée. Entouré de bri-
gands qui, d'un côté, lui présentaient la mort et de l’autre lui demandaient de crier
Vive le Roi! il est mort en criant Vive la République! Ce jeune enfant nourrissait sa
mère avec sa paye; il partageait ses soins entre l’amour silial et l’amour de la patrie.
Il n’est pas possible de choisir un plus bel exemple, un plus parfait modèle pour exciter
dans les jeunes coeurs l’amour de la gloire, de la patrie et de la vertu, et pour préparer
les prodiges qu’opérera la génération naissante. En décernant des honneurs au jeune Barra,
vous les décernez à toutes les vertus, à l’héroïsme, au courage, à l’amour filial, à l’amour
de la patrie.
» ... Je demande que les honneurs du Panthéon soient décernés à Barra, que cette
fête soit promptement célébrée, et avec une pompe analogue à son objet et digne du héros
à qui nous la destinons. Je demande que le Génie des Arts caractérise dignement cette
cérémonie qui doit représenter toutes les vertus ; que David soit spécialement chargé de
prêter ses talents à l’embellissement de cette fête. »
David avait répondu : « Ce sont de telles actions que j’aime à retracer : Je remercie la
nature de m’avoir donné quelques talents pour célébrer la gloire des héros de la Répu-
blique. C’est en les consacrant à cet usage que j’en sens surtout le prix. »
Après lui, Barère prend la parole :
« Citoyens, dit-il, il ne peut y avoir ici qu’un suffrage, ou plutôt des acclamations
unanimes pour l’adoption de cette belle motion que Robespierre vient de faire. Elever à la
vertu filiale un monument durable dans le souvenir des hommes, récompenser les faits
héroïques, c’est le devoir de la Convention; mais il faut tirer de cette mort une leçon
vivante pour la jeunesse de la République. Joseph Barra est célèbre à treize ans. Il a déjà,
avant que d’entrer dans la vie, présenté à l’histoire une vie illustre. Mais ce qui doit le
rendre recommandable à la postérité la plus reculée, c’est son dévouement à la République,
c’est son attachement aux auteurs de ses jours ; il nourrissait sa mère et mourait pour la
patrie; il tuait des brigands et résistait à l’opinion royaliste.
» Voilà celui à qui les honneurs du Panthéon peuvent être décernés sans exciter l’envie
et sans pouvoir l’accuser d’ambition. Il n’est pas à craindre qu’il n’essuye jamais le juge-
ment des contemporains, même sur Mirabeau.
» Des généraux, des représentants, des philosophes peuvent être excités par orgueil ou
une ambition quelconque. Ici c’est la vertu tout entière, simple et modeste, comme elle est
sortie des mains de la nature.
» C’est cette vertu qui doit présenter son exemple à tous les enfants de la République,
c’est son image tracée par les pinceaux du célèbre David que vous devez exposer dans toutes
les écoles primaires. Les enfants, les jeunes gens apprendront chaque jour dans les écoles
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Le 8 nivôse an II, Robespierre était monté à la tribune pour célébrer en ces termes
le dévouement de Barra.
« Parmi les belles actions qui se sont passées dans la Vendée et qui ont honoré la
guerre de la liberté contre la tyrannie, la nation entière doit distinguer celle d’un jeune
homme dont la mère a déjà occupé la Convention : je veux parler de Barra. Ce jeune
homme, âgé de treize ans, a fait des prodiges de valeur dans la Vendée. Entouré de bri-
gands qui, d'un côté, lui présentaient la mort et de l’autre lui demandaient de crier
Vive le Roi! il est mort en criant Vive la République! Ce jeune enfant nourrissait sa
mère avec sa paye; il partageait ses soins entre l’amour silial et l’amour de la patrie.
Il n’est pas possible de choisir un plus bel exemple, un plus parfait modèle pour exciter
dans les jeunes coeurs l’amour de la gloire, de la patrie et de la vertu, et pour préparer
les prodiges qu’opérera la génération naissante. En décernant des honneurs au jeune Barra,
vous les décernez à toutes les vertus, à l’héroïsme, au courage, à l’amour filial, à l’amour
de la patrie.
» ... Je demande que les honneurs du Panthéon soient décernés à Barra, que cette
fête soit promptement célébrée, et avec une pompe analogue à son objet et digne du héros
à qui nous la destinons. Je demande que le Génie des Arts caractérise dignement cette
cérémonie qui doit représenter toutes les vertus ; que David soit spécialement chargé de
prêter ses talents à l’embellissement de cette fête. »
David avait répondu : « Ce sont de telles actions que j’aime à retracer : Je remercie la
nature de m’avoir donné quelques talents pour célébrer la gloire des héros de la Répu-
blique. C’est en les consacrant à cet usage que j’en sens surtout le prix. »
Après lui, Barère prend la parole :
« Citoyens, dit-il, il ne peut y avoir ici qu’un suffrage, ou plutôt des acclamations
unanimes pour l’adoption de cette belle motion que Robespierre vient de faire. Elever à la
vertu filiale un monument durable dans le souvenir des hommes, récompenser les faits
héroïques, c’est le devoir de la Convention; mais il faut tirer de cette mort une leçon
vivante pour la jeunesse de la République. Joseph Barra est célèbre à treize ans. Il a déjà,
avant que d’entrer dans la vie, présenté à l’histoire une vie illustre. Mais ce qui doit le
rendre recommandable à la postérité la plus reculée, c’est son dévouement à la République,
c’est son attachement aux auteurs de ses jours ; il nourrissait sa mère et mourait pour la
patrie; il tuait des brigands et résistait à l’opinion royaliste.
» Voilà celui à qui les honneurs du Panthéon peuvent être décernés sans exciter l’envie
et sans pouvoir l’accuser d’ambition. Il n’est pas à craindre qu’il n’essuye jamais le juge-
ment des contemporains, même sur Mirabeau.
» Des généraux, des représentants, des philosophes peuvent être excités par orgueil ou
une ambition quelconque. Ici c’est la vertu tout entière, simple et modeste, comme elle est
sortie des mains de la nature.
» C’est cette vertu qui doit présenter son exemple à tous les enfants de la République,
c’est son image tracée par les pinceaux du célèbre David que vous devez exposer dans toutes
les écoles primaires. Les enfants, les jeunes gens apprendront chaque jour dans les écoles