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CHAPITRE IV

quand d’autres opinions triomphèrent, on critiqua vivement ces dispositions qui entra-
vaient la liberté individuelle; mais, ce qui est certain, c’est qu’elles offraient aux Parisiens
quelque chose de nouveau, et que cette réglementation, qui astreignait les citoyens à une
marche d’ensemble, avait aussi pour heureux résultat d’éviter ces désordres qui, au mariage
de Louis XVI, avaient ensanglanté la capitale.
A Paris, où les ressources sont considérables et où la population est plus disposée à
se prêter à ce qui peut l’intéresser, ces cérémonies avaient un certain cachet de grandeur.
Mais il n’en était pas ainsi dans toutes les communes de France, où, selon les ordres du
Comité de salut public, cette fête devait être célébrée. Laissées au goût, souvent peu éclairé,
des autorités municipales, elles offraient des incidents parsois voisins du grotesque, qui
faisaient la joie des ennemis de la Révolution.
C’étaient surtout de semblables faits que le Comité de salut public voulait éviter; car,
ayant appris qu’on s’apprêtait à reproduire sur la scène la fête du 20 prairial, il prit un
arrêté à ce sujet, dont voici quelques passages.
Après quelques considérations sur la corruption du goût, il ajoute : « Ces réflexions
s’appliquent à quelques pièces de théâtre présentées à l’examen de la Commission, sous le
titre de : Fêtes à V Être suprême.
» Les nommer, c’est en faire l’analyse ; elles offrent le grand, le sublime tableau du
20 prairial, rétréci dans les proportions de la scène qui les attend.
» On doit rendre justice au fond de l’ouvrage : l’intention est pure.
» Mais n’en est-il pas de ces fêtes en miniature, de ces rassemblements de théâtre,
comme de ces groupes d’enfants qui embarrassent un instant le détour d’une rue et se
croient une armée ? Que diriez-vous si l’on vous montrait les batailles d’Alexandre dans
une lanterne magique ou le plafond d’Hercule sur une bonbonnière?
» ... Quelle scène, enfin, avec ses rochers, ses arbres de carton, son ciel de guenilles,
prétend égaler la magnificence du 20 prairial ou en effacer la mémoire ?
» ... Ce n’est que dans ses souvenirs qu’on peut retrouver les impressions profondes
dont nos cœurs furent émus ; les rechercher autre part, c’est les affaiblir ; rapporter sur
la scène ce spectacle sublime, c’est le parodier.
» Ainsi, le premier qui imagina de faire jouer de telles fêtes dégrada leur majesté,
détruisit leur effet et éleva le signal du fédéralisme dans la religion du peuple français
et du genre humain. Car, s’il était permis de concentrer dans une salle, de travestir sur
un théâtre les fêtes du peuple, qui ne voit que ces mascarades deviendront de préférence
les fêtes de la bonne compagnie qu’elles prépareront, à de certaines gens, le plaisir de
s’isoler, d’échapper au mouvement national?
» Les fêtes du peuple sont les vertus ; elles sont générales et ne se célèbrent qu’en
masse. »
Après l’organisation de cette fête nationale, la surveillance des travaux d’embellisse-
ment du Jardin des Tuileries occupait encore tous les instants de David, quand la
Convention lui confia de nouveau le programme d’une cérémonie populaire en l’honneur
de Joseph Barra et Agricol Viala, ces deux jeunes héros de la liberté.
 
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