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SA DÉFENSE

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composaient toute espèce d’intervention et d’influence dans les affaires soumises au Tribunal
révolutionnaire, et je ne pouvais, sans trahir mon devoir et prévariquer, interposer ma
médiation dans l’affaire de la citoyenne Ghalgrinqui y avait été renvoyée.
» Je le déclarai au citoyen Vernet, en lui témoignant le chagrin que je ressentais de
ne pouvoir le servir, et désirant calmer sa vive douleur, je lui dis pour le consoler et ranimer
l’espérance dans son cœur, que le Tribunal révolutionnaire était juste, et que sa sœur étant
innocente ne devait rien redouter.
» Dans l’impuissance d’agir, je n’avais point d’autres moyens de témoigner ma sen-
sibilité au citoyen Vernet qu’en cherchant à lui inspirer quelque confiance dans la justice
d’un tribunal que je ne pouvais pas soupçonner capable de commettre des assassinats au
nom de la justice et des lois; et cependant on me fait un crime des seuls témoignages d’in-
térêt qu’il me fut permis de donner à la famille d’un grand homme, dont j’ai été plus que
personne l’ami et le sincère admirateur.
» Mais on croirait peut-être, à la lecture de ce huitième chef d’accusation, que le citoyen
Vernet est allé de son propre mouvement à la commission des Douze dénoncer le fait dont il
s’agit, comme une nouvelle preuve de ma dureté envers les victimes du régime de la terreur.
« Eh bien! il n’en est rien. Le citoyen Vernet, mandé pour déposer contre moi, s’est
borné à déclarer le fait dans sa simplicité, sans entendre en faire la matière d’une dénon-
ciation, et c’est une explication que je tiens de lui-même.
» Il ne pouvait entrer dans le cœur de cet estimable artiste de m’imputer à charge
l’impuissance où m’ont réduit les circonstances cruelles où nous nous trouvions à l’époque
malheureuse dont il s’agit; et sans doute il n’a pas oublié par quels sentiments de fraternité je
me suis lié à sa famille, en demandant à hériter d’un seul des pinceaux de son illustre père
(Joseph). Ce legs précieux que je conserve avec un tendre respect, découvre un sentiment qui
ne peut m’avoir laissé spectateur froid et indifférent des malheurs dont il a gémi, et s’il avait
pu lire au fond de mon cœur, il m’aurait trouvé peut-être encore plus à plaindre que lui.
» On voit donc que cette étrange accusation est encore entièrement du fait des douze
commissaires. »
NEUVIÈME CHEF D’ACCUSATION.
D'avoir arbitrairement sait rayer de la Société des Jacobins un citoyen gui se refusa à
charger, malgré sa volonté, les députés calomniés sous le nom de Girondins, et d’avoir
voulu ce même jour faire assassiner ce citoyen en sortant des Jacobins.
« Il suffira de lire la déclaration du citoyen Boze qui a fourni ce neuvième chef d’accusa-
tion (voyez la pièce n° 1b) pour être convaincu qu’elle a été fabriquée pour la circonstance
du moment, et dans la vue d’exciter contre moi le ressentiment de ceux de mes collègues
qui ont été persécutés sous prétexte de fédéralisme. On y cite un fait qui s’est passé dans le
sein de la Société des Jacobins, il y a plus de deux ans et demi, sans rendre compte des
circonstances propres à expliquer ce fait ni des incidents qui y donnèrent lieu.
» La vérité, c’est que je n’interpellais le citoyen Boze de monter à la tribune des Jacobins,

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