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CHAPITR V
saient leurs fonctions. Cet arrêté fut imprimé pour être affiché sur la porte de chaque
représentant, et je me suis exactement conformé aux conditions qui y sont prescrites.
» Lors donc que la citoyenne Marcel s’est présentée chez moi, elle a lu sur ma porte
les motifs de mes refus, et l’accusation qui m’est intentée à ce sujet se réduit aux termes
suivants : « de s’être conformé à la loi qui lui défendait de recevoir chez lui aucune femme
venant le solliciter en qualité de membre du Comité de sûreté générale.
» Si l’on peut être coupable pour avoir obéi à ses devoirs, j’avoue qu’on pourra me
reprocher bien des crimes ; mais qu’on soit certain que je ne prendrai pas la peine de
m’en justifier. »
TREIZIÈME CHEF D’ACCUSATION.
D’avoir repoussé avec dureté la même citoyenne, portant dans ses bras un enfant qu’elle
nourrissait, et de lui avoir dit qu’il ne voulait pas s’intéresser pour un marchand,
et encore moins pour un marchand épicier.
(Voyez Marcel, n° 10.)
« Comme ce treizième chef d’accusation n’est qu’une amplification du précédent, et
qu’il n’est évidemment là que pour faire nombre, je ne pense pas qu’il mérite une réponse
particulière.
» Le tableau de cet enfant à la mamelle porté dans les bras de sa mère fait très bien
ressortir la dureté de mon refus. Mais en conclura-t-on avec les commissaires de la section
que j’ai commis un crime pour n’avoir pas voulu m’intéresser à un marchand épicier ?
» Telle est exactement l’analyse de l’accusation que ces hommes judicieux ont ajoutée
à toutes celles qu’on vient de lire. »
QUATORZIÈME CHEF D’ACCUSATION.
« De lui avoir dit d’un ton furieux que son mari serait guillotiné ou au moins déporté.
(Voyez Marcel, n° 10.)
« Je n’ai besoin ici que d’opposer le citoyen Marcel à lui-même et de faire remarquer
l’invraisemblance et la contradiction de son récit.
» Il a déclaré que je ne le connais point, que je ne l’ai même jamais vu, que j’ai
constamment refusé de recevoir sa femme chez moi, que je lui ai toujours répondu que je
ne pouvais pas m’intéresser à l’asfaire dont elle venait m’entretenir, et c’est dans un lieu
public, au bas d’un escalier, près d’un passage, qu’il suppose que j’ai dit à cette citoyenne,
d’un ton surieux, qu’il serait guillotiné ou au moins déporté !
» Mais comment aurais-je pu être furieux contre lui, puisque je ne le connais pas?
Comment aurais-je prononcé qu’il serait guillotiné ou au moins déporté, si je n’ai pas
même voulu entendre l’exposé des motifs de sa détention ?
» N’est-il pas évident que c’est encore là une extension de ce reproche si fécond en
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saient leurs fonctions. Cet arrêté fut imprimé pour être affiché sur la porte de chaque
représentant, et je me suis exactement conformé aux conditions qui y sont prescrites.
» Lors donc que la citoyenne Marcel s’est présentée chez moi, elle a lu sur ma porte
les motifs de mes refus, et l’accusation qui m’est intentée à ce sujet se réduit aux termes
suivants : « de s’être conformé à la loi qui lui défendait de recevoir chez lui aucune femme
venant le solliciter en qualité de membre du Comité de sûreté générale.
» Si l’on peut être coupable pour avoir obéi à ses devoirs, j’avoue qu’on pourra me
reprocher bien des crimes ; mais qu’on soit certain que je ne prendrai pas la peine de
m’en justifier. »
TREIZIÈME CHEF D’ACCUSATION.
D’avoir repoussé avec dureté la même citoyenne, portant dans ses bras un enfant qu’elle
nourrissait, et de lui avoir dit qu’il ne voulait pas s’intéresser pour un marchand,
et encore moins pour un marchand épicier.
(Voyez Marcel, n° 10.)
« Comme ce treizième chef d’accusation n’est qu’une amplification du précédent, et
qu’il n’est évidemment là que pour faire nombre, je ne pense pas qu’il mérite une réponse
particulière.
» Le tableau de cet enfant à la mamelle porté dans les bras de sa mère fait très bien
ressortir la dureté de mon refus. Mais en conclura-t-on avec les commissaires de la section
que j’ai commis un crime pour n’avoir pas voulu m’intéresser à un marchand épicier ?
» Telle est exactement l’analyse de l’accusation que ces hommes judicieux ont ajoutée
à toutes celles qu’on vient de lire. »
QUATORZIÈME CHEF D’ACCUSATION.
« De lui avoir dit d’un ton furieux que son mari serait guillotiné ou au moins déporté.
(Voyez Marcel, n° 10.)
« Je n’ai besoin ici que d’opposer le citoyen Marcel à lui-même et de faire remarquer
l’invraisemblance et la contradiction de son récit.
» Il a déclaré que je ne le connais point, que je ne l’ai même jamais vu, que j’ai
constamment refusé de recevoir sa femme chez moi, que je lui ai toujours répondu que je
ne pouvais pas m’intéresser à l’asfaire dont elle venait m’entretenir, et c’est dans un lieu
public, au bas d’un escalier, près d’un passage, qu’il suppose que j’ai dit à cette citoyenne,
d’un ton surieux, qu’il serait guillotiné ou au moins déporté !
» Mais comment aurais-je pu être furieux contre lui, puisque je ne le connais pas?
Comment aurais-je prononcé qu’il serait guillotiné ou au moins déporté, si je n’ai pas
même voulu entendre l’exposé des motifs de sa détention ?
» N’est-il pas évident que c’est encore là une extension de ce reproche si fécond en