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EXPOSITION DES SABINES

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détesté, pendant qu’elle va considérer les formes deTatius et de Romulus. L’amant préféré,
aidé de son valet, enlève cette nouvelle Sabine ; on appelle la mère, la garde, et quand le
ravisseur est découvert, une mêlée s’engage, mais Laure, se jetant entre les combattants,
les séparait et formait avec eux le principal groupe du tableau à la mode. Dans les
couplets qui terminent cet à-propos, les auteurs faisaient l’éloge du peintre, en rengageant
surtout à ne pas quitter ses pinceaux.
La toile des Salines éveillait l’attention des amateurs, car depuis le Brulus, David
n’avait produit aucun tableau d’histoire. Le Serment du Jeu de Paume avait été abandonné,
et les portraits de Lepelletier et de Marat, destinés à la Convention, n’avaient été exposés
que quelques jours et dans des conditions qui écartaient les timides amants des beaux-arts.
Ils retrouvaient enfin David rendu à lui-même, et son talent semblait être sorti plus
grand et plus pur des épreuves de la Révolution.
La recherche incessante de la perfection est un des traits les plus saillants du carac-
tère de David.
Il arrive souvent que lorsqu’un artiste rencontre un genre de sujets ou de peinture qui
obtient la faveur du public, sur désormais du placement de ses travaux, il ne songe qu’à
en augmenter le nombre sans chercher à mieux faire. Une certaine paresse d’esprit, unie à
un sentiment personnel, lui fait préférer le succès acquis à la lutte, et se contenter d’un
résultat qui satisfait à la fois ses intérêts et sa vanité, jusqu’au jour où, la mode venant à
changer, il voit avec surprise la foule délaisser ses ouvrages dont l’abondance et l’unifor-
mité l’ont blasée.
David ne connaissait pas cet aisé contentement de soi-même. Malgré ses premiers
succès, il avait abandonné le faire facile et maniéré de Boucher pour la peinture plus serrée
et plus correcte des maîtres de Bologne. Ses figures d’envoi, ses tableaux du Saint-Rock,
du Bélisaire et de YAndromaque, leur avait emprunté un ton lourd et obscur que la
critique lui reprochait. Dans les Uoraces, il s’était défait de cette manière noire. Son
coloris était devenu plus brillant, trop ardent peut-être. Il avait cherché dans ses ombres
de la chaleur, par des ressets rougeâtres qui donnent à la peinture un ton de brique quel-
quefois renforcé par l’apprêt rouge des toiles, dont on se servait en Italie à l’exemple du
Poussin. Le modelé dans cet ouvrage a l’âpreté qui convient au sujet; mais le souci des
détails, le rendu des lumières, des demi-teintes, des ombres et des ressets, rappellent
le faire étroit et mesquin de la mosaïque. David le reconnaissait lui-même. Il attribuait
cette exécution aux monuments romains et au goût qui régnait en Italie pendant son
séjour. Il exprimait alors ses regrets de ne pouvoir encore recommencer ses études. Mais
cependant il était fier, et à juste titre,’de l’énergie, de l’austérité de son Serment des Horaces,
de cette conviction enfin qui se révèle dans les œuvres conçues avec l’enthousiasme de la
jeunesse.
Le Socrate et le Paris se ressentent encore de ce procédé. Si le premier, aux yeux du
maître, était «un diamant», le second ne le satisfaisait pas ; l’exécution dans tous les deux est
d’une grande recherche ; mais moins enveloppée que dans le Socrate, elle manque de
ressort dans le Paris. Cette sécheresse, il est vrai, fait ressortir la pureté du dessin, surtout
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