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CHAPITRE X

la Légion d’honneur et de l’institut, où son fauteuil, par une ordonnance royale, était donné
à Guérin, il apprenait qu’à Berlin le Roi, comme pour confirmer les promesses de ses
ministres, faisait placer dans sa galerie son tableau du Mont Saint-Bernard, enlevé par
Blücher au palais de Saint-Gloud.
Ne tenant pourtant aucun compte de cette différence de traitement, il hésitait à engager
sa reconnaissance vis-à-vis les ennemis les plus acharnés de la France. Il consulta, à ce
sujet, deux de ses collègues à la Convention, Cambacérès et Sieyès. Le premier, épicurien
et homme de cour, lui conseilla d’accepter ; le second, d’une morale plus austère, le voyant
dans l’aisance et entouré de l’estime générale, l’engagea à ne pas sacrifier à la rancune ou
à la vanité son honorable indépendance.
David se rangea à ce dernier avis, et son parti était pris quand il reçut une nouvelle
lettre du prince de Hardenberg, renouvelant ainsi les propositions du Roi :

« Paris, 16 mars 1816.
» Monsieur,
» J’ai eu l’honneur de recevoir votre lettre du 28 mars, et je n’ai pas manqué de rendre
compte au Roi des retards involontaires qu’éprouve votre voyage : ils sont trop légitimes
pour que Sa Majesté n’applaudisse pas au parti que vous avez pris ; elle espère que le
rétablissement de Madame votre épouse vous permettra bientôt de continuer votre route.
Mais, malgré le plaisir qu’elle trouvera de vous voir fixé dans sa capitale, je suis chargé
de vous dire qu’elle s’en remet entièrement, à cet égard, à vos convenances particulières.
» Vous pourrez donc, Monsieur, attendre avec sécurité la fin de la maladie de Madame
votre épouse, et vous ne serez plus dans le cas de compromettre, par un voyage précipité,
une santé qui vous est chère à si juste titre. Je me ssatte que, vos inquiétudes venant à
cesser, je jouirai bientôt de l’avantage de vous voir au milieu de nous, placé d’une manière
conforme à vos goûts et jouissant d’une existence tranquille et honorable. Sa Majesté vous
accordera toutes les facilités que vous pourrez désirer pour votre établissement, et je serai
charmé de pouvoir m’entendre avec vous à ce sujet immédiatement après votre arrivée à
Berlin, dont je vous prie de vouloir bien me prévenir.
» Agréez, etc.,
» Le prince de Hardenberg. »
Le prince de Hasfeld, ambassadeur de Prusse à la cour des Pays-Bas, pensant alors
qu’une démarche personnelle déciderait peut-être David, se transporta chez lui. Le peintre
était absent, mais le lendemain il s’empressa de rendre sa visite au prince. Celui-ci,
traitant la question d’une manière plus positive, lui demanda ce qu’il recevait comme
premier Peintre de Napoléon, et lui promit, au nom de son maître, le titre de ministre des
arts avec des attributions et un traitement plus considérables. Il lui donna aussi à entendre
que les dignités dont le Roi était disposé à l’honorer forceraient pour lui les barrières de
l’exil et lui permettraient de revoir sa patrie.
 
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