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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 9.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6770#0007
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L'ÉCLIPSÉ

Et je me penchai sur mon cher oranger pour le respirer
galamment. Respirer une fleur, c'est lui faire compliment.
La fille du peuple eût rougi, il me sembla que la fleur
exhalait un parfum plus pur.

Tout cela passa vite : la fleur, la fraîcheur, la beauté, la
jeunesse.

La vie austère de la maternité allait commencer pour mon
petit oranger, dure, pleine de larmes, de veilles et d'anxiété,
comme pour la femme du peuple.

Mon petit oranger eut une petite boule verte ; les voisines
m'en firent part.

Mon oranger eut donc une petite orange verte, mais si
petite, si mignonne, si chétive, que je tremblais chez moi,
le soir, en pensant à elle, lorsque soufflait le vent.

Ahl c'est qu'en ce temps-là j'avais un cœur très-naïf; je
tremblais pour une plante, mon amie. — Je ne savais pas
que certaines dames chantent « le Sapeur » et bissent les
couplets graveleux; je ne savais pas qu'on médirait: —
« Mon bébé, viens-tu souper ?» — Non, je portais mon âme
sur la main, comme la galette du Chaperon-Rouge, et je
causais innocemment avec les loups en voilette, dans le
sentier des Italiens.

Hélas ! je revient de chez ma Mère-grand' ! je sais main-
tenant pourquoi les loups à bavolet ont les yeux si ouverts,
les bras si blancs, les dents si fines.

L'enfant de mon oranger prenait du corps ; mais il y met-
tait le temps !

Pauvre petiote orange, était-elle assez verte! un vert
livide ; la peau était déjà ridée.

Et lui, mon petit oranger, qu'était-il devenu? Ses bran-
ches avaient maigri, ses feuilles, ses rares feuilles étaient
d'un jaune très-faible.

On voyait bien que la malheureuse plante n'avait pas
une bonne séve : l'orange ne profitait pas.

Oh ! voyez-vous, c'était bien alors la femme de l'ouvrier
et son fruit hâve, au teint do cire vieille. La femme qui
lave, qui savonne, qui coud, qui fend le bois, qui fait tout,
son enfant suspendu à son sein, et qui en est malade et qui
en meurt.

Cela me faisait mal. Je n'osai plus passer dans cette rue
sombre; j'étais un jour, deux jours sans venir.

Oh! si j'avais pu apporter un rayon de soleil à mon oran-
ger comme la riche apporte de l'or au grabataire !

Mais je n'y pouvais rien.

Un jour, jour tristement gai, l'orange de mon petit ami
prit enfin, sous les derniers feux de l'automne, une couleur
d'or, le manteau de la maturité.

Rien faible était la nuance.

Elle me rappelait, je ne sais pourquoi, la barbe grêle et
floconneuse qui couvre à peine à vingt-cinq ans les joues
de notre race abâtardie.

Ce jour-là aussi la dernière feuille de mon petit oranger
tomba; elle alla où vont la feuille de rose et la feuille de
laurier.

VI

Le lendemain, je fus surpris de ne plus trouver mon petit
oranger sur le rebord de la vieille croisée.
J'eu demandai des nouvelles aux voisines.

— Ah! l'oranger?... il était mort, me répondit-on. — On
l'a jeté aux ordures.

— Et l'orange?... Je n'achevai pas ma question... la mal-
heureuse orange servait de jouet au vieux chat de la por-
tière. Le matou la tenait sous sa patte, comme un lion de
plâtre, sur une porte.

Je pris l'animal avec tous les égards dus à son poil, et le
lançai légèrement, — mais de façon à lui faire traverser un
carreau,— dans la loge de son infâme maîtresse.

Je ramassai l'orange et l'emportai chez moi.

iille parfume mon linge dans ma commode incommode.

Je ne la revois jamais sans un vif battement de cœur.
Toute ma jeunesse croyante chante doucement dans mon
âme, tandis que son odeur fine me monte au nez.

Ainsi mourut mon petit oranger ; ainsi meurent tant de
pauvres créatures, tes Misérables, Hugo, dont l'enfant tette
peut-être l'âme avec la dernière goutte de lait.

On les jette après leur mort à la fosse commune, — aux
ordures, comme disaient les voisines.

ERNEST D'MERVILLYi

Gazette à la inaiii

Voici la semaine aux lieux communs et aux redites ; la
semaine où, plus que jamais, la parole semble avoir été
donnée à l'homme pour mieux déguiser sa pensée; la se-
maine des visites à rendre à et recevoir,— des cartes échan-
gées, des compliments intéressés, des contributions forcées,
— des souhaits dont l'hypocrisie n'a d'égale que l'hyper-
bole, et des embrassades sous lesquelles on voudrait étouffer
les gens.

Chaque année, à la même époque, le même chroniqueur
refait le même article sur les mêmes petites boutiques qui
encombrent les mêmes boulevards.

Chaque année, un reporter, à court d'invention, nous
apprend, dans le Figaro, la Liberté, l'Evénement, quel est le
joujou à la mode, à quel chiffre s'élèvent les échoppes des
Rarbedienne, des Susse, des Giroux en plein vent, et de
quelle façon on fabrique les polichinelles à treize sous, les
chiens en carton sur soufflet et les lapins qui battent du
tambour. __

D'autres évaluent, — à quelques millions de kilogrammes
près, — le nombre de dragées, de pralines, de fruits confits
et de marrons glacés qui sont sortis des magasins dorés sur
tranches des Gouache, des Richard-fierthier, des Siraudin,
des Iioissier.

Pour ma part, j'ai la consolation de songer que, non-seu-
lement je n'ai pas broché une ligne en l'honneur de ces
condottieri du bel air, mais encore quejo n'ai pas acheté pour
dix centimes de leurs produits.

Car j'estime, avec Albéric Second, que :

Le bonbon poisse les doigts,

Rarbouille la ligure,

Tache les habits,

Dérange l'estomac,

Affadit le cœur,
Vide la bourse,
Et coupe l'appétit.

Tous ces inconvénients à part, je n'hésite pas à déclarer'
que c'est une invention charmante.

Les derniers morts de 1875.

Ils ont nom : la Guéronnière, Azevedo, de Saint-Georges,
Achille Jubinal...

Le premier joua un rôle assez important dans la politique
napoléonienne...

Il convient de constater, — avec ceux qui l'ont approché,
— que c'était un gentleman d'excellentes façons, d'esprit
conciliant et de relations agréables...

Le second fut le seul critique qui osa s'écrier à l'origine :
La musique de Wagner m'em...bête !...

Ce brave père Azevedo, tout le monde le connaissait sur
le boulevard des Italiens, qu'il aimait tant à arpenter,
par les après-midi de soleil, [ses paperasses sous le bras,
drapé dans un manteau léger, et marmottant des phrases
sans suite...

Un peu bavard, un peu maniaque, un peu halluciné ; mais
au demeurant, un érudit, qui mettait autant d'empresse-
ment à faire commerce de conversation avec les gens de
son bord qu'à se débarrasser, — par un coup de boutoir,—
des indiscrets, des hâbleurs, des ignorants et des fâcheux...

Un jour, M. Guôroult lui demanda, après nombre de ques-
tions oiseuses :

— Quel est votre instrument de prédilection !

— Flûte ! riposta Azevedo en lui tournant les talons.

XX

Quant à Achille Jubinal, tout ce que je sais de cet ancien
député, c'est qu'il avait de grosses moustaches, un carac-
tère des plus commodes et beaucoup de décorations.

L'a-t-on assez turlupiné, à ce dernier endroit, dans les
journaux de l'opposition !

Ajoutons qu'il prenait volontiers la plaisanterie et qu'il
était le premier à rire de sa poitrine bardée de plaques.

Un soir, aux Tuileries, quelqu'un le congratulait au sujet
d'un nouvel ordre — espagnol ou portugais — qu'il venait
de recevoir.

— Que voulez-vous, répondit-il, je ne le méritais à aucun
titre; c'est pourquoi je suis si vivement contrarié qu'on me
l'ait fait attendre aussi longtemps.

Renaissance. — La Petite Mariée.

Le signor Puget de San-Carlo, — favori du podestat Vau-
tlùer, — a coeufié ce baryton comme un joli ténor en parfu-
merie qu'il est...

Le podestat a juré de lui appliquer la peine du talion.

Pour s'y soustraire, San-Carlo imagine de faire passer
pour la femme d'un de ses amis, — le cavalier Dailly de
Montefiasco, — la charmante Jane Granier qu'il a épousée
en catimini.

Or, Dailly est lui-même marié à Alphonsine, — à Alphon-
sine qui a engraissé, — à Alphonsine qui est jalouse, — à
Alphonsine, qu'en dépit de son succès et à cause de son
talent, on ne saurait trop vitupérer d'avoir abandonné la
comédie pour l'opérette...

De là, quiproquo, imbroglio et, finalement, bravos, —-
bravos à tout casser, — bravos pour tout le monde : pour
les costumiers, les décorateurs, le musicien, les interprè-
tes, le metteur en scène, les comparses!,.,

XX

Ma foi, oui, les comparses. Toutes ravissantes, ces demoi-
selles. Mademoiselle Panseron est une dame...

Il y a là, surtout, une certaine tambour e-majore...

Je lui offrirais bien la pomme..,

Ça lui en ferait trois, — quatre avec celle de sa canne.

Cette créature de haute futaie n'a de rivale — devant les
lorgnettes masculines — que la divette Jane Granier, la gen-
tille des gentilles...

Nota. — Celle-ci conserve précieusement son capital.

Elle n'entend le placer que par-devant notaire.

La Vente de P. Hadol

On se souvient que le pauvre Hadol, notre regretté colla-
borateur, est mort sans héritiers directs. Sa succession, ne
pouvant se partager ses objets d'art, s'est décidée à les
faire vendre à l'hôtel Drouot.

C'est samedi prochain, 8 janvier, que le marteau de
M0 Roussaton, commissaire-priseur, démolira cette collec-
tion qui ne serait peut-être pas devenue très-nombreuse,
car elle était bien choisie, on en jugera par la nomencla-
ture des tableaux et dessins de Courbet, Decamps, Jules
Noël, Eugène Millet, Delacroix, Ary Scheffer, Andrieux,
Weis, etc.

Indépendamment d'une certaine quantité de dessins et
études personnelles que les amateurs achèteront pour la
signature et les amis pour le souvenir, Hadol laisse deux
grandes tapisseries anciennes, des merveilles qui reprodui-
sent avec un fini exceptionnel deux des meilleurs tableaux
de Téniers.

C'est un régal de millionnaire. Hélas !

Propos de saison

Un notaire de province, ayant appris que la plupart des
hommes de lettres de Paris prennent leur repas chez Rrô-
bant, y va déjeuner, le l« janvier pour les voir.

Mais la table des beaux esprits reste vide. Le tabellion
s'en plaint au maître de l'établissement. Celui-ci lui répond
qu'il est rare que les littérateurs viennent chez lui en ce
jour exceptionnel,

— Ah ! fort bien ! Je comprends ! s'écrie finement notre
provincial. Ces gens-là veulent faire croire qu'ils ont une
famille !

V .. '

Deux petites filles causent de leurs étrennes :

— Moi, papa m'a donné une robe...

— Moi, maman m'a donné une poupée..,

— Comment, tu joues encore à la poupée ?... A ton âge!...

— Tiens ! qu'est-ce que tu fais donc de celle que ton oncle
t'a achetée ?

— Ah ! celle-là, je l'ai serrée dans une armoire. Je la con-
serve pour quand je serai marico. Elle amusera mes
enfants.

— Et si tu n'en as pas ?

*- E& bien 1 ce sera pour mes petits-enfants.

STAR,

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TROIS MOUSQUETAIRES

PETITE GAZETTE

La livraison de janvier de la Gazette des Beaux-Arts sera
entièrement consacrée à Michel-Ange.

Voici le sommaire de cette livraison, qui formera un vo-
lume de plus de trois cents pages :

1° Le Génie de Michel-Ange dans le dessin, ■pur M. Charles
Diane, de l'Institut.

2° Michel-Ange sculpteur, par M. Guillaume, directeur de
l'Ecole des beaux-arts, membre de l'Institut.

3° Michel-Ange peintre, par M. Paul Mantz.

4° Michel-Ange architecte, par M. Ch. Garnier, de l'Institut,

8° Michel-Ange poète, par M. Mézières, de l'Académie-Fran-
çaise.

6° La Vie de Michel-Ange et Bibliographie des ouvrages rela-
tifs à Michel-Ange, par M. Anatole de Montaiglon, professeur
à l'Ecole des Chartes.

Cette livraison sera illustrée d'environ quatre-vingts gra-
vures dans le texte et de cinq gravures hors texte, dans
l'ordre suivant :

1° Portrait de Michel-Ange, par M. A. Dubouchet,

2° Moïse, par M. J. Jacquemart.

3° Le Crépuscule {chapelle des Mèdicis), par M. F. Gaillard.
4° La Sainte Famille (Musée des Offices), par M. A. Jacquet.
S" La Création de la Terre (plafond de la Sixtine),par M. L,
Flameng.

.-.»—i-

ENCRE-POUDRE EWIG

DÉCOUVERTE UTILE

Récompensée par la Société d'encouragement pour l'industrie
nationale.

«L'encre ordinaire a deux défauts qui viennent atténuer
ses qualités. Elle ne conserve sa fluidité qu'en restant non
oxydée ; elle se transforme dans l'encrier en boue noire.et de
là la nécessité de laver fréquemment l'encrier en perdant
l'encre qu'il contient.

« A ces deux défauts de l'encre ordinaire, est venu s'en
joindre un troisième depuis l'introduction des plumes métal-
liques. Cette encre acide provoque, en effet, l'oxydation du
fer, et met promptement hors de service notre plume pré-
férée.

« L'Encre-poudre-Ewig , dissoute simplement dans
l'eau, constitueune encre d'un bleu noir très-foncé. Comme
cette encre est alcaline, elle conserve sans altération la plume
métallique, qui reste intacte, même au bout de plusieurs
mois d'usage, et toujours prête à servir.

« L'écriture obtenue avec cette encre est, au moment
même où on la trace, d'un noir assez foncé pour per-
mettre d'écrire dans des lieux peu éclairés.

« De plus, l'encre nouvelle n'est attaquable ni par l'acide
nitrique, ni par la solution de chlore ou de brome, ni par
l'acide chlorhydrique.

« Aux qualités que nous venons de signaler et qui doivent
la rendre d'un emploi très-étendu, cette encre joint la qua-
lité de pouvoir être transportée à l'état solide et consommée
sans perte jusqu'à la dernière goutte ; si l'encra s'est éva-
porée ou concentrée, il suffitd'ajouter de l'eau pour ramener
dans les conditions ordinaires l'encrier, où il ne se forme
point de dépôt et qui n'a jamais besoin d'être nettoyé.

« Les propriétés précieuses dont jouit l'encre nouvelle
sont biea appréciées de tous ceux qui ont commencé à en
faire usage. Une fois habitués à son emploi, Ils ne peuvent
plus s'en passer. »

[Extrait du rapport présenté par M. Balard, de l'Institut, à la
Société d'encouragement pour l'industrie nationale.)

VOLONTARIAT

Préparation spéciale et complète.
653 candidats admis sur

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S'adresser au Directeur, rue du Faubourg-St-Martin, H8.
Prospectus délivré gratis ou envoyé franco.

AI M1FI) Pour le commerce ou bourgeoisement,
UVUIjU grand local au premier étage, au-dessus do
l'entresol, boulevard Saint Martin, n° 53, avec balcon sur
toute la façade, et rue Meslay, n° 00.
S'adresser sur les lieux, au concierge.

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pose de dents sans douleur, 45, rue Lafayette.

Le Gérant: le révérend.

Paris. - Imp, F, P^BONS et C°, 16, ru« du Croissant.
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