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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 9.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6770#0023
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L*ÉCLIPSE

Je n'aime pas les enfants ni les animaux, les hommes en-
core moins. Quant à mos amies, en les détestant, c'est à
peine si je m'acquitte envers elles.

J'aurais peut-être aimé mes parents, si j'en avais eu
d'autres.

résolutions importantes.

Depuis le jour où je- vis un homme se ruiner pour moi, et
réfléchissant à quelles conséquences une passion pouvait
entraîner, je résolus de ne jamais aimer personne, et je me
suis tenu parole.

J'ai ri un jour tout haut dans la rue en lisant cotte phrase
au bas d'un dessin affiché chez un libraire :

<( L'homme qui me rendra rêveuse pourra se vanter d'être un
fameux lapin. »

conclusion.

J'ai des fonds placés, je suis libre. Ma position s'améliore
tous les jours, et j'espère me retirer un jour dans un quar-
tier où j'aurai de la considération pour mon argent.

moralité.

Chacun a sa manière de voir. Je crois avoir pris le meil-
leur chemin pour devenir vertueuse dans la suite. Il y en a
qui commencent tout de suite par là et qui finissent comme
j'ai commencé.

principes respectables.

J'ai pour principe de ne jamais emprunter d'argent, do ne
pas faire de dettes et de ne rendre aucun service à qui que
ce soit. Après l'affection que je me porte à moi-même, je ne
connais qu'un ami sûr et discret : c'est le Mont-de-piété.

J'ai encore pour principe de ne jamais écrire de lettres.
C'est le meilleur moyen de ne pas se compromettre par des
fautes d'orthographe... C'est la seule faveur que j'aie cons-
tamment refusée.

mes gouts.

En couleurs, c'est le violet ; en manger, les écrevisses bor-
delaises, le saucisson de Lyon, le homard, le gibier fait, les
fraises, les ananas et presque tous les fruits ; en boisson, le
bordeaux un peu chauffé, le Champagne et le vin du Rhin
avec de l'eau de Seltz ; en spectacles, les vaudevilles ; en
hommes, ceux qui sont riches et distingués ; en femmes,
les repoussoirs. J'aime assez la campagne, pourvu qu'on y
trouve de bons restaurants et qu'on y aille en voiture.

mes aversions.

Ce que je déteste le plus au monde, ce sont les femmes
honnêtes; heureusement, je n'en vois pas beaucoup. Après,
je déteste les gens grossiers, les ivrognes et les artistes,
parce que les artistes ne savent que vexer les femmes.

analyse de ma vie.

J'ai toujours eu une assez bonne santé. Je ne me rappelle
pas avoir éprouvé une grande joie, ni un grand chagrin, ni
un grand plaisir. Je no me suis jamais ni beaucoup amusée
ni beaucoup ennuyée. Si cela continue, j'aurai vécu assez
tranquille, et je n'en demande pas davantage,

récompense.

J'ai vu que la vertu est toujours récompensée et le vice
toujours puni dans les drames de l'Ambigu. C'est une con-
solation.

:jon épitaphe.

Je me ferai construire un caveau en marbre noir et blanc,
comme une église que j'ai vue en Italie. N'ayant jamais aimé
les phrases, mon monument ne portera ni mon nom, ni la
date de ma naissance, ni aucune inscription. Le reste ne re-
garde personne.

CHARLES JOUET

Gaasetto à la main

Le printemps nous fait des avances. Le ciel est clair et
l'air est doux. Gageons qu'un rayon blanc et chaud enso-
leillera,dimanche prochain, l'élection de nos Pérès Conseripts.

Je voudrais que cette cérémonie eût lieu en plein vent et
en pleine lumière, — sur l'Agora comme à Athènes ou sur
le Forum comme à Rome.

Mieux encore : au Champ-de-Mars.

N'est-ce pas l'endroit qui, partout, est officiellement af-
fecté aux manœuvres ?

En attendant, tous les partis s'agitent, tous les comités
fonctionnent, toutes les propagandes sont enjeu,— voire
celle de la fourchette, —- qui n'est pas la moins infaillible.

Le moyen, en effet, de refuser sa voix à un galant homme
qui vous invite à arroser une poularde truffée do clos-vou-
geot ou de château-laffite ?

A moins, pourtant, que l'on ne ressemble à Gentil !...

Gentil, — le père Gentil, comme on disait, — était un
type fameux jadis par ses mots, ses boutades et ses para-
doxes. Un jour, M. Véron, alors directeur de l'Opéra, don-
nait un festin de Lucullus. Quelqu'un lui conseilla de con-
vier Gentil :

— Il est gai, plein d'entrain; il payera son écot en
esprit...

*

Et Gentil fut convié. Il accepta d'autant plus volontiers
qu'à cette époque il lui arrivait le plus souvent de manger
dans les gargotes les plus infimes ; mais, contrairement à
ce que l'on espérait de lui, il se montra, pendant tout le
repas, terne et même maussade.

— Bah ! pensa l'amphitryon, il se réserve pour le café.
Et, quand on passa au salon, M. Véron, pour entamer la

conversation, dit à son invité:

— Eh bien, monsieur, que pensez-vous de ce petit dîner?

— J'en pense, répondit Gentil, que cela m'a économisé
trente-cinq sous.

XX

Les gens qui trouvent que tout va mal, attribuent assez
' volontiers le malaise social au débordement de l'instruc-
tion. Un ami de province m'envoie une historiette qui prou-
verait, s'il en était besoin, que, dans certains départements
l'arbre delà science n'a pas encore développé des rameaux
bien vigoureux.

Un curé de village, faisant le catéchisme, interpelle un
gars de dix-sept ans :

—Levez-vous et répondez. Qu'est-ce que Dieu?

— J'en ignore, monsieur le curé.

— Pourquoi n'étudiez-vous pas votre catéchisme ? Me
voilà encore forcé de vous remettre à l'année prochaine
pour votre première communion. Savez-vous, au moins,
quel jour est mort Notre-Seigneur Jésus-Christ?

— Moi, Monsieur, je ne savais seulement pas qu'il était
malade.

Rire général. Le curé, désespéré de ce scandale, invite
l'ignorant à lui tourner les talons. Le grand nigaud s'en va
en pleurant. Une demi-heure après, sa mère arrive à la
sacristie :

— C'est-y vrai, monsieur le curé, que vous avez rembarré
mon fieu pour sa première communion?

— Certainement. C'est déplorable. A-t-on jamais vu un
ignare de cette espèce ?

— Mais, monsieur le curé, il a dix-sept ans ; l'année pro-
chaine, il sera en âge de prendre femme ; vous allez refu-
ser de le marier à l'église...

— Je le crois bien. Un garçon qui ne connaît pas le pre-
mier mot de sa religion. ïenezje lui demande quel jour est
mort Notre-Seigneur, et il me répond qu'il ne savait pas
seulement qu'il était malade.

— Qu'est-ce que vous voulez, monsieur le curé ? Faut
nous excuser. Nous sommes si pauvres que nous n'avons
pas le moyen de recevoir les gazettes, — et alors, voyez-
vous, nous ne savons rien de rien des nouvelles.

Un quatrain inédit de Roger de Beauvoir

Oui, j'aimerais cent fois mieux nie voir étranglé
Que de passer, le soir, vers Ferdinand Langlé !
Car il faudrait avoir le poing de Newerkerque
Pour aller, vers minuit, de par la rue Dunkerque !

Petite télégraphie dramatique

Quand je pense que sur ce théâtre de Cluny, qui nous a
fait applaudir les Sceptiques, les Inutiles et le Juif polonais,
s'étalent aujourd'hui des platitudes de la faiblesse et du
style de Jean Raisin, je ne puis m'empêcher de plaindre les
successeurs du directeur qui avait su élever cette scène à la
hauteur des plus littéraires et des plus fréquentées. Pour la
maintenir à ce niveau, il ne fallait que du tact, du goût, de
l'intelligence...

Ah! prions Dieu pour ceux qui n'en ont guère!
Ah! prions Dieu pour ceux qui n'en ont pas!

Au Palais-Royal, excellente reprise de Tricoche et Cacolet.
Brasseur et Gil-Pôrès s'y montrent merveilleux de protéisme
dans leur succession rapide de travestissements. Si j'en crois,
du reste, l'anecdote suivante, le premier de ces deux comi-
ques n'en est pas à son coup d'essai en matière de transfor-
mation :

XX

C'était au dîner d'adieux offert par Dormeuil p ère à ses
artistes, chez Douix. Vers la lin du dessert, Brasseur dit à
Lliéritier :

— Je te parie que je vais me déguiser de telle façon que
personne ici ne me reconnaîtra, — pas même toi !

— Allons donc !

— Tu verras.

Brasseur s'esquive. Cinq minutes plus tard, on sert le
café. Le garçon qui le verse, — un gros gaillard à larges fa-
voris noirs, avec d'épais sourcils, des cheveux crépus, le
teint basané d'un méridional, — impressionné sans doute
par la qualité des convives, entasse sottises sur sottises : il
casse la soucoupe d'Aline Duval, renverse la tasse de Bavel
et finit par répandre un flot de moka brûlant sur le jabot
de l'amphitryon. Une clameur de réprobation s'élève :

— Imbécile !...

— Animal!...

— Crétin!...

— Vous ne pouvez pas faire attention!...

— C'est affreux! Nous faire servir par ce lourdaud! Il fau-
dra se plaindre au patron!...

— Quel jocrisse!... Quelle brute!... Quelle huître!.,.

XX

Le maladroit s'excuse — tant bien que mal — avec un fort
accent marseillais. On oublie l'incident; on se remet à cau-
ser; quelques minutes s'écoulent...

Tout à coup, ne voilà-t-il pas que le serviteur mal-appris
prend un morceau de sucre entre ses doigts et s'en va le
tremper dans la tasse de Lliéritier pour s'en faire un
canard...

Cette fois, c'est trop fort. Lliéritier bondit, furieux. Il sai-
sit l'insolent et le pousse vers la porte...

Mais celui-ci, sur le seuil, enlevant en un tour de main sa
perruque et ses favoris :

— C'est égal, mon vieux camarade, avoue que tu as perdu
ton pari!

Cri général :

— C'est Brasseur!
Tableau.

Les mots de la fin

Chez un marbrier du boulevard de Clichy, — à quelques
pas du cimetière Montmartre.

Un monsieur et une dame examinent avec beaucoup d'at-
tention le dessin que le marbrier leur soumet. Ils font leurs
petites observations. Il s'agit d'un tombeau à élever sur le
terrain où une tante à héritage vient d'être inhumée.

On est tombé d'accord sur l'ensemble du monument.
Quant aux détails, la façade soulève des difficultés. Il y a
dissentiment entre les deux époux. Le mari voudrait une
porte pleine. La femme préférerait qu'elle fût à claire-voie.

— Je crois que madame a raison, dit le marbrier ; la
mode est de les faire à claire-voie : c'est plus gai.

Louis-Philippe demandait à M. d'e M..., son ministre, s'il
faisait l'amour.

— iNon, Sire, répondit l'Excellence, je l'achète tout fait.

Un jeune homme et une jeune femme, qui sortent du res-
taurant, flânent, bras dessus bras dessous, sur le bou-
levard.

Le jeune homme insinue :

— Si nous prenions une voiture ?

— Pourquoi? interroge sa compagne. Est-ce que tu es fa^
tigué?

— Ma foi, oui.

La jeune femme, haussant les épaules :

— Eh hien ! Alors, ce n'est pas la peine de prendre une
voiture.

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