Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 9.1876

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.6770#0038
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L'ÉGLI PSE

NOUVELLE PRIME GRATUITE DE L'ECLIPSE

DONNÉE k TOUS LES NOUVEAUX ABONNÉS D'UN AN OU AUX ABONNÉS ACTUELS OUI RENOUVELLERONT LEUR ABONNEMENT D'UN AN PAR ANTICIPATION

L'ÉCLIPSË a acquis le droit d'offrir en prime à ses abonnés le nouveau volume de Touchatout :

LES 50 LETTRES RÉPUBLICAINES DE GERVAIS MARTIAL

Formant un beau et fort volume grand ln-8«

Toute personne qui prendra un abonnement d'un an ou qui renouvellera, par anticipation, son abonnement, également pour un an, aura le droit de
retirer gratuitement dans les bureaux de VEcLipw un exemplaire des 50 LETTRES RÉPUBLICAINES DE GERVAIS MARTIAL. — Les abonnés des départe-
ments qui désireront recevoir le volume à domicile devront envoyer 8 fr. 80 c, représentant le prix de l'abonnement et les frais de port de la prime.

LES ALARMÉS

Chez un abonné de la PATRIE

Intérieur attristant. — Mobilier ridicule. — Tableaux ineptes.

I.

MONSIEUR. — FRANÇOISE.

Monsieur. — Françoise, allez-vous pouvoir descendre,
aujourd'hui ?

Françoise. — Tiens, pourquoi pas ?

Monsieur. — Vous ne craignez pas de recevoir un mau-
vais coup dans la rue ?

Françoise. — De qui donc'?

Monsieur. — D'un républicain. Vous ne savez donc pas
que ces gens-là sont triomphants et qu'ils ont la joie féroce !

Françoise. — Ah bah! ,1e m'étions pas encore aperçu
que j'avions rien à craindre dans les rues.

Monsieur. — Parce que vous vous contentez d'aller à
Vos affaires, Françoise. Si vous lisiez, comme moi, la Patrie,
Vous sauriez que depuis que le scrutin du 2ii février a ac-
centué la défaite des partis monarchistes, les voies ne sont
plus sûres, que la propriété doit frémir, que tout ce quj
possède fait en hâte ses malles et se précipite vers les gares
de chemin de fer. Vous ne saviez pas tout ça, vous, hein ?

Françoise. — Non, monsieur.

Monsieur. — Pauvre fille! (Après un soupir.) Et com-
ment allez-vous faire pour nous procurer à manger, main-
tenant que toutes les boutiques sont fermées ?

Françoise. — Toutes les boutiques fermées..,. Ah! c'te
bêtise !

Monsieur. — Vous dites?

Françoise. — Je dis : « Ah! c'te bêtise ! » On voit bien
que monsieur n'est pas sorti depuis huit jours.

Monsieur. — Merci, jen'ai pas envie de me faire assassi-
ner ! (A Françoise d'un air de pitié.) Alors vous croyez, vous, que
les boutiquiers continuent de vendre (Signe afflrmatif de Fran.
çoise). Pauvre fille ! on voit qu'elle ne lit pas la Patrie.... Eh
bien, si vous trouvez encore un épicier ouvert.... (Avec un
rire sarcastique.) Au fait, il doit y avoir d'ouverts des épi-
ciers, ça vend du pétrole!... Vous lui commanderez de nous
apporter en toute hâte pour douze cents francs de conser-
ves assorties. Vous m'enverrez aussi le serrurier en lui di-
sant de se dépêcher.

Françoise. — Hien, monsieur. (Elle sort.)

II.

MONSIEUR. — MADAME.

Madame. — Pourquoi donc le serrurier, Théodore ?

Monsieur. — Parce qu'il m'est venu cette nuit une
idée, pendant que je ne dormais pas. — Est-ce que tu dors,
toi?

Madame. — Ça dépend. Quand tu m'as lu dans la soirée
ton diable de journal!...

Monsieur. — Excellent journal, ma chère. Félicitons-
nous de cette presse qui tient le conservateur en éveil. —
Une idée m'est donc venue cette nuil, celle do faire blinder
l'armoire aux provisions , où nous pourrions nous réfugier
en cas d'alerte.

Madame. — Gomment ! nous coucherions là"dedans?

Monsieur. — Oui, sur un matelas, avec des armes à feu
dessous. Je ferai percer des meurtrières dans les battants
de l'armoire.

M ad a mb. — Est-ce que la porte d'entrée ne nous barri-
cade pas assez? Elle avait déjà deux serrures. Tu y as fait
ajouter depuis les élections un gros verrou.

Monsieur. — Ce n'est pas assez. Je compte y faire ajou-
ter encore une chaîne et trois barros de fer.... Ce qui m'em-
barrasse bien, c'est la pompe à feu

Madame. — Tu veux une pompe à feu 7

Monsieur. — Assurément.... Après le résultat des élec-
tions I

Madame.— Je ne vois pas....

Monsieur. — Veux-tu mourir dans les flammes?
Madame, vivement. — Non.

Monsieur. — Il nous faut donc une pompe à feu. Seule-
ment je ne vois de place pour la mettre quo dans le salon.

Madame. — Merci, je n'en veux pas.

Monsieur. — Et encore il reste à lever une difficulté de
premier ordre. C'est très-bien d'avoir la pompe, mais où
faire provision d'eau pour l'alimenter ?... Je sais bien que
si la pompe est dans le salon l'eau pourrait tenir en partie
dans le piano.... (Cris d'horreur de Madame.) Quo veux-tu,
nous ne vivons pas dans un temps ordinaire I

Coup de sonnette.

Monsieur, avec un geste d'effroi.— On sonne I
Madame. — Et Françoise qui vient de sortir.

Monsieur. — Tant mieux; n'ouvrons pas.
Madame. — Pourquoi ça ?

Monsieur. — Parce que sur 240 républicains élus, il y
a 263 radicaux.
Madame. — Eh bien?

Monsieur. — Eh bien, ce qui nous attend est clair. Il
est déjà facile de deviner les intentions de celui qui sonne.
(Nouveau coup de sonnette.) Tu vois, il s'impatiente. Il a hâte
de s'emparer de nos valeurs, ce républicain.

Madame. — Je vais ouvrir.

Monsieur.—Malheureuse, arrête. En voyant une femme,
ses instincts libidineux sont capables de s'éveiller. Tu ne
sais pas où tu cours.

Madame. — Laisse-moi rioncl

Monsieur. — Du moins, prends ce poignard catalan. Dès
que la porte s'entr'ouvrira... vlan!.,.

Madame. —Ah çà ! tu es fou!

Monsieur. — Tu Comptes donc le laisser entrer,lo misé-
rable ! Raison de plus alors pour prendre cette arme; si elle
ne te sert pas à frapper, comme Judith, qu'elle te serve
donc à finir comme Lucrèce. *

Violents coups de sonnette. Madame s'élance, très-imw, ver» la
porte. Monsieur la suit de pris, gardant à la main h poignard
qu'elle n'a pas pris.

III.

LES MÊMES. — UN VISITEUR.

Un visiteur, avec un accent anglais très-prononcé. — Mon-
sieur Hongobour?
Madame. —Vous dites?
Lb visiteur. — Dongobeur.
Madame. — Ah bien! c'est ici.

Monsieur, derrière la porte.— Il ne peut déjà plus se
faire entendre, tant il est ivre.

Le visiteur, à la darne. — Pardonnez si je exprimé mal
moâ. Je étais étranger...

Monsieur. — Un étranger! Ah! en voilà une bonne. Il

n'y en a plus, à Paris, d'étrangers.
Le visiteur. — Je venôpor le argent...

Monsieur, lâchant son poignard catalan.—-M'enlever mon
argent, je m'y attendais !

Le visiteur. — Je étais le représentant...

Monsieur. — Un député, ça ne m'étonne pas ! (Il se pré-
cipite dans l'antichambre. — A sa femme.) Tu vois ce que je te
disais, tu as voulu ouvrir... (A l'Anglais.) Combien vous
faut-il, voyons? Je tacherai de faire la somme. Mais songez
que je suis père de famille. Quant à m'égorger, vous n'y
gagneriez pas. Mon argent n'est plus ici. J'ai besoin d'avoir
la vie sauve pour aller le chercher.

Le visiteur. — Pardonnez. Je comprenai mal, je croâ.
Je venai, moâ, apporter le argent à vous. Je étais le repré-
sentant de la maison Jackson and son.

Monsieur.— Ah! le représentant de la maison Jackson
et son! C'est de l'argent que vous m'apportez?.. (Signeafflr-
matif du visiteur.) Donnez-vous donc lapoine d'entrer... Je
vous demande pardon. Ce léger désordre... J'étais en train
de fourbir quelques armes... Alors vous n'avez pas craint de
vous aventurer dans Paris?

Le visiteur. — Aoh? Je savé que le cœur il y courait
des dangers sérious, mais je voulé goûter le vie parisienne
quand même. Je vené installer moâquclque temps ici. Nous
allons reprendre, je espéré, nos relécheunes commerciales,
d'autant plus maintenant que votre gouvernement a, par
ces iléecheunes dernières,|trouvé de la stabilité.

Monsieur, stupéfait. — De la sta... sta... stabi...! (il
s'assied suffoqué.)

Le visiteur. — Le majorité parlementaire, 11 se trouve
donc enfin d'accord avec le majorité du pays. Ce était oune
gago de tranquillité.

Monsieur. — De tran... Ah! tran... tran... (II continue de
suffoquer.)

Le visiteur. — Je pensé que vous étiez satisfait comme

nous de cette résultat.

Monsieur. — Ahisatis... ah !... tisfait... Ah! aïe ! aïe! (Il
étrangle.)

Lb visiteur. — God bless sir! Q'est-ce qui arrive à vô?

Madame. — Ne faites pas attention, monsieur, c'est la
politique. N'insistez pas... Attendez, il va revenir à lui. (Elle
lui bassine les tempes avec un numéro delà Patrie. — Tableau.)

PAUL PARFAIT.

LA DERNIÈRE GRISETTE

Dialogue moral.

décor : Un fumoir. — personnages Deux jeunes gens.
La scène se passe — si on ne veut pas la lire.

— Edouard ?

— Mon ami ?

— Combien as-tu aimé de fois, dans ta vie ?

— Je ne sais pas.

— Alors, tu n'as point aimé ?

— C'est bien possible... Attends... Ah! si... une fois...
l'année dernière... oui... pendant trois mois.

— Tu fais des serments à quatre-vingt-dix jours, toi ?

— Avec le protêt et l'assignation, cela fait cent jours.

— Et après ?

— Après... Waterloo.

— C'est compris. Voyons le roman.

— Pas long. D'abord, crois-tu aux grisettes ?

—Oh! non, phi non; c'est une race perdue, absolument
éteinte.

— Eh bien, l'année dernière, au mois de mai, mois des
roses et des peintres, j'en ai trouvé une, une vraie, une
grisette de Paul de Kock, à Paris, rue Vivienne, je ne sais
plus le numéro, Plumes et Fleurs, au fond de la cour, porte
en face, le crois-tu?

— Si elle est au Jardin d'acclimatation. Conte-moi donc ça.

— Je m'en allais du côté du Palais-Royal, vers six heures
du soir. Après avoir dépassé la liourse, j'aperçois un petit
trottin qui filait à quelques pas devant moi... Tu vois ça:
robe de mérinos noir et pèlerine, col et manchettes unies,
petit panier d'osier marron, taille ronde, cheville fine, bot-
tines fatiguées, un joli bonnet crânement posé sur le chi-
gnon et des cheveux follets sur la nuque.

— Quel beau rêve, ami?

— Je veux voir la figure. Je coupe, je dépasse, je reviens
et je la croise : un museau frais, chiffonné, des yeux vert
d'eau,des yeux de chat, les cheveux blonds en broussailles,
le nez au vent,la lèvre rouge et pas de gants... Je la suis...
Elle entre dans le jardin du Palais-Royal, s'arrête à la mu-
sique militaire, traverse les Tuileries, donne du pain aux
pierrots, prend ensuite le pont des Saints-Pères, la rue
Mazarine et la rue Saint-André-des-Arts. Au coin de la rue
Christine, elle entre chez une marchande de friture, une
espèce de rôtisseuse en plein air, fourre différentes choses
dans son panier, et disparaît dans un couloir obscur. Ma
foi, je m'enfonce à sa suite. Elle se retourne et me dit :

—Vous me suivez depuis le Palais-Royal. C'est très-aima-
ble, mais je rentre chez ma mère.

— Mademoiselle, ça m'est égal.

Je devais avoir l'air extrêmement sérieux, car elle me rit
au nez.

— Enfin, monsieur, qu'est-ce que vous voulez ?

— Ma famille veut me marier, moi je ne veux pas, don-
nez-moi un conseil... Voyons, est-ce que vous avez une
maman, même maison, même escalier?

— Jamais de la vie.

— Alors, confiez ce panier au portier, et venez dîner avec
moi.

— Où ça ?

— Chez Magny.

— Je veux bien ; laissez-moi aller mettre mon chapeau
et mon mantelet.

— Pas du tout. Jamais ce luxe effréné ne vaudra cet
amour de bonnet.

— Comme vous voudrez.

Elle passe son panier par un vasistas, j'entends une voix
de sorcière qui crie : « Amuse-toi bien, mademoiselle Frisette, »
et nous voilà partis. Elle me regarde en dessous, en fre-
donnant un refrain de blanchisseuse et faisant des sauts
comme une chatte qui ne veut pas se crotter. Arrivés chez
Magny, je prends un cabinet et nous nous mettons à man-
ger comme des collégiens. Elle était vive comme une
alouette, gaie comme un pinson et de l'esprit comme un
gamin. Elle me raconte son histoire et me dit qu'elle n'a
jamais eu d'amoureux. Je réponds qu'une demoiselle aussi
jolie qu'elle, et vertueuse, m'inspire un sentiment de légi-
time mélancolie. Là-dessus, elle me demande pourquoi je
ne ris jamais, vide un verre de Champagne et se regarde à
la glace.

— Mais comment se fait-il, Frisette, qu'avec un minois
aussi gracieux et une vocation aussi prononcée pour le
Champagne, vous passiez votre jeunesse dans un atelier au
lieu de faire un chemin brillant du côté de la Grande Cas-
cade?
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen