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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 9.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6770#0039
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L'ÉCLIPSÉ

— Oh ! ce ne sont pas les occasions qui m'ont manqué.

— C'est vous qui avez manqué les occasions ?

— Mais non. Ça m'ennuyait.

— Quel âge avez-vous ?

— Dix-sept ans.

— Alors, quel est votre rêve d'avenir ?

— Je voudrais aller à la campagne le dimanche, déjeuner
sous les arbres, promener en bateau, revenir dîner à Paris,
et voir des drames dans les théâtres.

— Voilà tout ? Et vous n'avez jamais rencontré une âme,
sœur de la vôtre, qui ait songé à vous offrir ces plaisirs d'un
cœur pur ?

Il résulta des explications de MIlc Frisette :
1° Qu'elle n'aimait pas les hommes qui portent des gilets
à cœur ;

2° Que les étudiants passent leur vie avec des cocottes, au
café ou à Bullier ;

3° Enfin que les commis de magasin allaient aux
courses.

Je l'interrogeai alors sur la mystérieuse sympathie qui
lui avait fait agréer mes vœux.
Elle me dit :

— Vous ne faites pas de manières.... et vous m'allez.

Pour obéir à ses volontés, je lui promis de faire mar-
cher son rêve, mais à la condition qu'elle viendrait en
bonnet.

— Vous aimez donc mon petit bonnet ?

— Oui, ce bonnet-là me fait rêver.

— A quoi?

— Au temps où l'on disait cent sous au lieu â'un louis, et
où on pouvait embrasser une jolie fille sans avoir de la
poudre de riz au bout du nez. Frisette, comme souvenir, je
garderai ce bonnet-là.

— Tenez, le voilà.

Après le dîner, je la conduisis au Courrier de Lyon, où elle
versa des larmes àbondantes....

Le dimanche suivant, j'exécutai son programme.

Nous nous aimions comme ça depuis trois mois. Le ma-
tin, elle m'apportait régulièrement un œillet blano ou un
bouquet de violettes en allant à son atelier. Tous les soirs,
elle venait me chercher; nous dînions ensemble et nous
allions de temps en temps faire des promenades senti-
mentales du côté du Jardin des Plantes. Quand il pleuvait
et que nous n'allions pas au théâtre, elle dévorait des
romans illustrés où il y avait des haleines confondues, des
phrases d'amour, un tas de machines qu'elle me racon-
tait.

Un jour, elle ne vient pas. Je va^is chez elle. On ne l'avait
pas vue, à l'atelier non plus. Après quinze jours de recher-
ches aussi actives que peu couronnées de succès, qui est-ce
que j'aperçois un soir en entrant chez Brôbant?... Frisette,
on toilette plus qne tapageuse, qui m'embrasse comme une
petite folle.

— Ah çà ! tu ne m'aimes donc plus ? lui dis-je.

— Et toi?

— Avec un bonnet, mais pas comme ça.

— Es-tu bête.... mais je t'aime tout de même.
Voilà le roman.... t

Il n'y a plus de grisettes, et le progrès marche toujours

CHARLES JOLIET

Gazette à la main

Le livre de Mue Valtesse.

Figurez-vous un volume in-18, à couverture de papier
satiné, couleur cuisse de biche apprivoisée, avec une barre
rouge en chevron, sur laquelle se détache le titre :

ISOLA,

et, dans un angle, le monogramme : ego, en lettres grec-
ques sur fond de gueules. Librairie Dentu. Prix : trois

francs.

Je ne suis pas d'avis que l'on fasse la conspiration du si-
lence autour des œuvres de ce genre j et puisque MUc Val-
tesse a tenu absolument à laver son linge sale en public, je
lui dirai — en quatre mots — son fait, à elle et à son re-
passeur :

Il y a en littérature, — ainsi que dans certaines sub-
stances animales ou végétales, — des vibrions et des vi-
brionnes....

Isola appartient certainement à cette classe d'infusoires ou
de molécules....

Ce qui, du reste, ne l'empêchera pas de réussir bruyam-
ment comme spéculation et comme réclame : le chiffre des
éditions de cette espèce d'ouvrages arrive toujours à un gros
numéro,

Quel est le repasseur de Mlle Valtesse ?...

C'est ce que je ne veux pas savoir....

Qu'il me soit permis, par exemple, de déclarer formelle-
ment que je suis en tous points étranger à ce travail d'hom-
me de chambre....

Que diable 1 c'est déjà bien assez que l'on me mette sur
le dos les Mémoires de Rigolboche et les Mémoires de Thérésa,
qui sont de ces deux graves esprits : Ernest Blum et Albert
Wolff.

Quant à mademoiselle Valtesse, elle n'avait vraiment pas
besoin de chausser les bas bleus de Mathilde Stevens, d'O-
lympe Audouard et de Léonide Leblanc pour nous faire
remarquer sa jambe...

Chacun sait qu'elle l'a fort joliment tournée, et qu'il est
plus facile d'en remonter le cours que celui du Bhin à Schaf-
fousel...

Une petite ville de province a pour sous-préfet un char-
mant et joyeux garçon, ancien demi-mondain de Paris, qui,
avec des protections, est venu échouer dans l'administration
départementale, où, du reste, il a su se conquérir les sym-
pathies universelles.

Un jour, notre fonctionnaire convoque chez lui les maires
de son arrondissement pour une communication importante.

Les maires arrivent. On les introduit dans le cabinet de
l'ex-boulevardier. Celui-ci va venir dans un moment; il est
en train d'achever sa toilette.

Dans le cabinet, un grand portrait de femme est accroché
au-dessus du bureau, à l'endroit le plus apparent.

Les maires l'examinent avec curiosité : qui diable cela
peut-il être?

L'un des visiteurs s'écrie tout à coup :

— Citoyens, c'est la République !

Une appétissante République, assurément!
Habillée, coiffée, pomponnée, — et décolletée doncl
La même voix ajoute :

— Chapeau bas devant le symbole du gouvernement de
la France !

Or, savez-yous devant qui se découvraient avec respect
les magistrats municipaux?
Devant la photographie de mademoiselle Valtesse!!!

A travers les théâtres,

Si, en transportant au théâtre son roman des Chevaliers de
la Patrie que l'Événement vient de publier, notre confrère
Albert Delpit n'a eu que la modeste ambition de faire repré-
senter un bon gros mélodrame carcasse et écrit selon la for-
mule, — mouvementé, empoignant, égayé par des détails de
mœurs originaux et curieux, — il a pleinement réussi, et,
du premier coup, il a mis dans le mille de ce succès auquel
ont atteint avant lui Bouchardy, Dennery et Anicet-Bour-
geois.

Il ne me serait pas possible de raconter les Chevaliers de
la Patrie.

Il y a là des enlèvements, des incendies, des meurtres,
des duels, des révélations, des insurrections, des tirades et
des pétarades à défrayer vingt machines à étonnements de
l'ancien boulevard du Crime.

L'acte du steamer est amusant. Celui des audiences du
président Lincoln, une façon ingénieuse de présenter l'ex-*
centrique physionomie du personnage. La scène de la mort
du général Jackson ne manque pas d'une certaine grandeur.
Un artiste du nom de Lambert la joue avec beaucoup de
vérité et d'énergie.

Latouche, fort habilement grimé ; Montai, toujours ner-
veux, saccadé et rageur; Esquier, qui ressemble à s'y mé-
prendre à Worms dans Eerréol ; Donato, — chic funeste ! —
Gabriel, Chelle, Reykers, Guimier font de leur mieux, Mais
Céline Montaland, plus en verve et plus en beauté que ja-
mais, est le sourire de la pièce, qu'elle éciaire delaflamme
de ses yeux et de l'émail de ses dents. AU right!

Dans les entr'actes, on cause des élections. — naturelle-
ment.

— Dites donc, X..., vous savez, X..., cet abominable co-
quin qui a détroussé tous ceux qui ont eu affaire à lui...

— Eh bien?

— Eh bien, il est parvenu à se faufiler dans le bureau de
recensement des votes de sa section...

— Justement : pour dépouiller le scrutin.

Si, maintenant, du Théâtre-HistoriqU6) nous passons au
Palais-Royal et au Vaudeville, sur l'une et l'autre de ces
deux scènes, nous trouverons Emile.Augier — Emile Augier
à qui ce pauvre cher Barthet, dont je parlais tout à l'heure,
écrivait à propos de Gabrielle :

Je veux te confier, ami, car je le sais

Pourquoi ta Gabrielle eut un si grand succès.

C'était en plein carême, — une époque ou ces (jarues

Vont, près d'un directeur, purifier leurs âmes .

Or, quand l'une après l'autre, assez confusément,

Elles avaient laissé deviner un amant,

Le prêtre, au nom du ciel que l'adultère offense,

Pour conjurer la faute ou faire pénitence,

Leur ordonnait d'aller t'entendre. Tout Paris

Y vint, — ce qui veut dire... Enfin I — Pauvres maris !

Dans le Prix Martin comme dans Madame Caverlet, il
s'agit d'une femme qui a trompé son époux, et que celui-ci
laisse parfaitement libre et maîtresse de s'enfuir et de vivre
avec son séducteur.

Seulement, ici, l'on rit avec Geoffroy, Gil Pérès et Bras-
seur, et là, l'on pleure avec Lafontaine et mademoiselle
Rousseil.

Ces exemples de philosophie conjugale sont, du reste,
moins rares qu'on le pense.

C'est ainsi que M. Z... s'est séparé de sa moitié — voici
tantôt dix ans — parce que celle-ci n'avait pas eu assez de
coups de sabre pour balafrer leur contrat.

Or, l'autre soir, comme il était en tfain de faire une
partie de piquet avec un vieux camarade, Mme Z... entre
brusquement :

— C'est moi. Tu ne m'attendais pas. J'ai voulu te voir...

— Et pourquoi cela, je vous prie?

— Je t'aime !...

— Par exemple, en voilà une solide !... Après dix ans!...
Et mes successeurs, madame, mes nombreux successeurs ?

— Un tas de pignoufles!...

Et la dame se jette au cou de son mari, l'enlace, le couvre
de caresses. Le malheureux va faiblir. En ce moment,
l'ami, qui se tient, par discrétion le nez dans ses cartes, de-
mande avec hésitation :

— Est-ce que nous ne finissons pas notre partie ?

Le joueur se tourne alors vers sa femme, et, lui montrant
la porte avec noblesse :

— Apprenez, madame, que je ne reprends jamais dans mon
écart.

Mot de la fin

Sur le boulevard extérieur.

Une dame dans une position intéressante passe en rou-
lant comme une boule.
Un gavroche la toise et s'écrie :

— En voilà une qui s'est prononcée pour le scrutin â'ar-
rondissement!...

STAR,

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