f, ' R C L 1 P S B
s'habillent pour venir à la séance, après déjeuner, par ha-
bitude. 11 en est certaines qui viennent tous les jours, ne
manquent jamais une représentation et pourraient, pour la
science et l'ordre des travaux législatifs, rendre plus d'un
point à des sénateurs. Elles connaissent chaque représen-
tant, prennent plaisir à le désigner par ses nom, prénoms,
son âge, ses habitudes aux voisines qui, moins favorisées,
viennent seulement par hasard... On est forcé de constater
que les dames témoignent une préférence marquée pour le
suffrage universel et dédaignent un tantinet le suffrage
restreint. Le Sénat n'a pas le don d'attirer la foule féminine.
Passer une journée à ne voir que des hommes dont le plus jeune
a dépassé la quarantaine ! Que penserait-on de nous, ma chèi e ?
Fi ! Ce sexe est sans pitié. Les élégantes vont à la Chambre.
La jeunesse attire la beauté.
« Il y a à l'ordre du jour une question importante, je veux
dire fertile en incidents, en orages parlementaires. Les tri-
bunes sont combles. On dirait un jour de première dans nos
théâtres les mieux hantés. Les toilettes étincelantes brillent
à tous les rangs. Madame a réuni deux jours avant sa mo-
diste, sa couturière. On a tenu un véritable conseil de
guerre. Car Madame veut rivaliser avec la duchesse... éclip-
ser la marquise... rendre jalouse la vicomtesse... Elle arrive
éblouissante, rayonnante, heureuse. Ironie du sort 1 elle se
trouve placée à côté d'une cocotte en renom, d'une actrice
d'un théâtre de genre. Le noble faubourg coudoie Bréda et
Asnières. Qu'importe ! c'est une première. Il est de bon ton
d'y aller. »
Mme La Minaudière. — Charmant.
M*1" Chanoison. — C'est un véritable guide.
M. Pincebourde. — Je prierai M. Furet de me prêter
ee Voyage autour de nos deux Chambres.
Fuket.— Je l'ai acheté. Je ne puisque vous le revendre.
Mmc La. Minaudière — Tiens, petit, voici un franc.
Donne.
Furet. — Pardon. La première édition est déjà épuisée.
La seconde est retenue d'avance. On ne peut s'en procurer
que difficilement, tant le public en est friand. Je veux le
revendre avec bénéfice.
M. Chanoison, avec joie. — Esprit pratique! tu seras
l'honneur de ta famille.
Fuket. — Si vous préférez allez retenir un exemplaire
du Voyage autour de nos deux Chambres, à la Librai-
rie républicaine, 16, rue du Croissant, prix un franc.
M. Pinceboukde.—Cela m'économisera un voyage à Ver-
sailles, et j'en saurai plus que ceux qui y vont.
TEMPLY.
-.-4.--
Gazette à la main
L'ouverture du Salon
Elle aura lieu après-demain, — et, déjà, les experts asser-
mentés près des différents journaux qui publient le bulletin
de ces assises de l'Art, affilent leur bonne plume de Tolède
pour estramaçonner envers et contre tous.
Les exposants, de leur côté, se préparent à maudire leurs
juges en mettant en circulation des paradoxes comme ce-
lui-ci :
— Je ne lirai aucun article sur le Salon, qui n'émanera
pas d'un peintre, — d'un vrai peintre...
— Comment?...
— Je ne reconnaîtrai jamais au premier venu le droit d'ap-
précier une œuvre qu'il ne saurait exécuter...
Ce raisonnement est fort joli, — encore qu'il ne soit pas
nouveau...
Seulement, il présente ceci de bizarre, d'irréalisable et
d'ennuyeux :
Les bourgeo's, en effet, ne voudront jamais comprendre
que, pour juger un criminel, il soit rigoureusement néces-
saire d'avoir assassiné quelqu'un !
Il y a beau temps, du reste, que tout artiste qui expose,
— soit dans son atelier, soit ailleurs, — déclare une guerre à
outrance à tout Philistin qui se mêle de ne pas admirer ab-
solument ses toiles.
Voici, par exemple, un mot historique qui brouilla Béran-
ger avec Ary Scheffer.
Le peintre de Faust montrait au vieil amant de Lisette son
tableau représentant le Christ tenté par Satan.
Béranger, qui, d'ailleurs, se connaissait médiocrement en
peinture, hasarda cette observation:
— 11 me semble que ça manque d air.
— Critique de chansonnier! dit Ary Scheffer, en lui tour-
nant le dos.
Et ils ne se revirent de leur vie.
Historiettes de saison
Un de nos correspondants du midi de la France nous en-
voie le passage ci-dessous, emprunté à une récente plai-
doirie de maître X..., le plus célèbre avocat de la localité.
Jamais rien de plus beau ne fut prononcé en aucune
langue, depuis l'invention des toques carrées et des robes
noires.
Mc X..., s'échauffant graduellement. — L'accusation a osé
parler de principes. Nous aussi, Messieurs, nous invoquons
les principes. Je dis mieux : des principes, nous descendons
aux conséquences ; des conséquences, nous remonterons
aux principes, et, à l'aide de ces conséquences et de ces
principes, de ces principes et de ces conséquences, nous
démontrerons l'innocence de notre malheureux client,
{d'une voix émue) que vous rendrez enfin à l'amour de ses
enfants.
L'avocat général, interrompant avec vivacité. — Mais,
Me X..., l'accusé n'a pas d'enfants !
M0 X... — Nous n'avons pas d'enfants !!! (Au comhle de l'é-
motion). Vous l'entendez, Messieurs, on nous refuse jus-
qu'aux douceurs de la paternité !!!...
L'ingratitude n'existerait pas, que V... l'eût inventée.
Cet homme a été comblé de bienfaits par un auteur dra-
matique fort connu : argent prêté, et jamais rendu, — vête-
ments donnés, dîners payés, cadeaux de toute nature,
etc., etc.
Dernièrement, un ami commun rencontre notre parasite
se promenant majestueusement dans un splendide paletot
qu'il doit à la munificence de son bienfaiteur.
— Tiens, dit le camarade, vous portez le paletot de notre
amiB...?
— Mon ami, mon ami, riposte V... avec aigreur, dites
plutôt : votre ami...
— Cependant il vous gratifie de ses vêtements...
— Eh bien ! répond V... avec humeur, nous sommes de la
même taille, voilà tout.
Les méchancetés ont cet avantage sur les. parapluies,
qu'elles ne s'égarent pas. Le mot fut rapporté au bienfai-
teur, qui, rencontrant son ingrat, fit mine de l'éviter.
V... court à lui, et lui serrant les mains avec effusion :
— Eh quoi! vous ne reconnaissez plus vos amis?
— Mon cher, reprit l'autre, je. ne suis plus votre ami.
— Comment! s'exclama V... — qui tremblait pour sa
garde-robe, — que vous ai-je fait? V
— Oh ! rien, répondit 1' ami, tous les torts sont de mon
côté. J'engraisse.
Madame B..., une comédienne que le public a longtemps
trouvée charmante, et qu'on dit charmante encore dans
l'intimité, s'est rendue chez un peintre de talent, à qui elle
a tenu à peu près ce langage :
— Je désirerais, Monsieur, avoir en miniature une toute
petite partie de moi-même, mon œil, pour le faire monter
en broche.
— Rien de plus facile, Madame, rien de plus agréable
non plus à reproduire.
— De plus, je voudrais, pour une autre broche, le por-
trait du plus jeune enfant de Mm° C..., ma sœur.
Le peintre se mit aussitôt à l'œuvre et réussit au delà des
vœux de Mmo B...
Quand la livraison fut faite des deux miniatures :
— Voulez-vous, Monsieur, demanda la comédienne, avoir
la complaisance de me donner facture?
— Facture ? Madame, mais je ne donne pas de facture,
moi! Je ne suis ni marchand de nouveautés, ni joaillier.
— Je vous en prie, j'y tiens beaucoup, parce que j'ai l'in-
tention de me faire rembourser par ma sœur.
Elle insista tellement que, malgré ses premiers refus,
M. C... finit par céder.
Il prit un morceau de papier et écrivit ceci :
« Reçu la somme de... pour avoir fait l'œil àMml:B... et un
enfant àMm° C...
A travers les théâtres.
Constatons deux bonnes reprises : le Tour du Monde, au
Châtelet, et Jean la Po-te, à la Porte-Saint-Martin. Laray
n'est point déplacé dans la première. Comme à la création,
Dumaine et Perrin se montrent fort remarquables dans
la seconde. Toutes deux sont, du reste, montées comme
des nouveautés. On y est allé, on y reviendra.
Au Vaudeville, brelan de binettes : le Verglas, de M. Vi-
bert; le HremierTapis, de MM. Decourcelle et Busnach, et la
Sortie de Bal, de M. Roger fils. Succès sans excès. On pelo-
tait, en attendant partie. Cette partie s'appelle : les Dominos
roses ; MM. Delacour et Hennequin l'ont gagnée.
Aux Bouffes, le Moulin du Vert-Galant, opérette en trois
actes, paroles de MM. E. Grangé et V. Bernard, musique de
M. Serpette. Livret ni trop neuf, ni trop gai. Partition qui
ressemble au livret. La critique paraît se lasser d'aduler
madame Théo. Pour ma part, je ne me fatigue point d'ad-
mirer cette jolie figurine de pâte tendre. Pour l'entendre,
c'est différent : je doute que Fines-Oreilles lui-même, — ce
génie du conte de ma mère l'Oie, qui écoutaitl'herbe pous-
ser, — ait jamais pu y arriver jusqu'à présent.
Crimes et délits.
Paris a sesT'kindt de lettres, qui entretiennent commerce
d'amitié avec la Muse, comme le fameux financier belge,
avec la non moins fameuse Lolo.
Un de ceux-ci vient de fonder une follicule, pour la con-
fection de laquelle il paie rarement et mal ses collabo-
rateurs.
Notre confrère, P. de Trailles, a eu dernièrement maille à
partir avec ce rédacteur eu chef exotique et pernicieux.
Celui-ci, dans l'entrevue, prouva que la politesse fran-
çaise était complètement étrangère à certains compatriotes
des animaux qui peuplent les paysages de Paul Potter.
— Comment, demanda quelqu'un à qui notre confrère
racontait ses mécomptes, comment, ce jeune monsieur s'est
montré grossier envers vous, et vous ne l'avez pas lancé
sur le boulevard, à travers les carreaux de couleur de son
bocal?
— Peste ! comme vous y allez ! s'écria P. de Trailles, et
les règlements de police...
— Les règlements de police ?...
— Oui, qui condamnent à l'amende quiconque jette des
ordures par les fenêtres !
Le père d'une jeune comédienne se présente en désordre
chez un commissaire de police.
Celui-ci l'interroge :
— Que voulez-vous, Monsieur? voyons, qui vous amène?
— Ah! Monsieur, répond le plaignant, un malheur, un
grand malheur, et une grande indélicatesse...
— Parlez, de votre cœur bannissez toute crainte...
— Permettez-moi de m'asseoir, mon émotion est telle!...
— Asseyez-vous, Monsieur, tâchez de vous remettre...
— Je ne sais si je trouverai la force de vous dire... C'est
une infamie!... Ma fille, ma pauvre fille, — une enfant de
seize uns, — vient d'être indignement trompée !...
Le commissaire, qui aime à s'exprimer en vers, — tous les
goûts sont dans la nature, — accueille cette communication
par cette strophe philosophique :
— C'est le destin. Il faut une proie au trépas.
Il faut que l'herbe tombe au tranchant des faucilles. ■
11 faut que dans les bals, les folâtres quadrilles
foulent des roses sous leuis pas...
— Ce n'était pas dans un quadrille, Monsieur, c'était dans
un restaurant...
— Le soir dans l'ombre
De la .nuit sombre.
— Oui, Monsieur.
— C'est un malheur complet, que voulez-vous y faire?
— Je voudrais faire arrêter le séducteur...
— A votre pauvre enfant, ça rendrait-il l'honneur?
— Oh ! mon magistrat, ce n'est pas pour cela : c'est parce
que le misérable lui a donné une chaîne.... en cuivre.
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timlyres-posle, la somme indiquée comme prix de l'ouvrage rendu
franco.
———————
Petite G azette
Inauguration du Skating-Ring du Luxembourg
Samedi dernier, c'était fête, mais fête intime à la Closerie
des Lilas. Henri Boutin, le sympathique et intelligent di-
recteur du nouveau Skating-Ring du Luxembourg, recevait,
sous les arcades mauresques du jardin Bullier, les invités
des deux sexes appelés à inaugurer l'arène du patinage à
roulettes. Le public élégant a répondu à l'appel du coura-
geux noyateur, et nous avons remarqué bon nombre d'in-
dividualités du hiy.h-life parisien. Citons au courant de la
plume : S. A. le prince d'Orange (à tout seigneur tout hon-
neur), le comte de Marville, M. de la Roselaye, sir William
Thomton, Charles deLorbach, Gabriel Marc, etc., etc.
Personnel féminin choisi : Nelly d'Harcourt, Lucile Man-
gin, de Blainville, Emilie Williams, Tarbiche, Emma Jux,
Carolin» Gondy, de Merskoff, J. de Gouaire, Buisseret, la
danseuse transfuge de l'Opéra
Parmi les patineuses émérites, nous devons signaler :
Louise Kolb, dont les beaux yeux veloutés feraient damner
un saint ; Hélène Magny, qui a fièrement maintenu la
palme que luiontméritée ses succès au cirque des Champs-
Elysées. Rien de plus gracieux que de voir cette jeune et
jolie femme voler sur l'asphalte, le poing crânement campé
sur la hanche. L'autre soir, elle poriait avec aisance un
costume en matelassé blanc-crème agrémenté de larges
galons demi-deuil, et une parure en corail rose et diamants.
De l'avis de tous elle était la reine de la fête, et la Direc-
tion doit à ses pieds bien cambrés une paire de patins
d'honneur.
A 11 heures tapant, le lunch , promis par le libellé des
invitations, a été sèrvi sur un bar placé dans la galerie qui
fait face à l'orchestre, et les consommaiions les plus va-
riées étaient offertes par l'état-major de Rouzé aux 1.200
invités de cette fête des mieux réussies. Confessons, à la
honte de la vieille réputation dont jouit, un peu à tort, la
galanterie française, que le buffet a littéralement été pris
d'assaut parles cavaliers dont il fallait traverser les épaisses -
phalanges pour conquérir, à la force du poignet, un verre
de punch ou une coupe d'aï mousseux destinés à une
dame. Le respect de la couleur locale a inspiré à la gen-
tille et frétillante Mme de Blainville l'idée d'organiser une
petite manifestation, et les voûtes polychromes de Bullier
ont, pour la première fois, retenti du hip, ,hip, hurrah !
américain. Peu s'en est fallu qu'après avoir crié : Vive
Boutin! les buveurs enthousiastes ne décernassentà l'aimable
directeur les honneurs d'un triomphe renouvelé de ceux
dont on gratifiait Musard père aux bals de l'ancien Opéra.
De H heures à minuit le Champagne a coulé à flots et la
gaîiô la plus franche régnait sur touie la ligne quand l'ex-
tinclion des feux a rendu à ce tranquille quartier son aspect
de Thébaïde.
Voilà donc le nouveau sport venu d'Angleterre intro-
nisé au pays latin et appelé à y rendre de précieux servicés.
Puisse-t-il faire déserter aux étudiants les caboulots et les
brasseries et donner à notre belle jeunesse, l'espoir du pays,
une vigueur nouvelle. Sous l'appui tutélaire de professeurs
expérimentés, Musette et Mimi-Pinson glissent déjà 'sur
l'asphalte fredonnant les refrains d'un orchestre où l'on
compte plusieurs bons solistes.
Dimanche à 2 heures, le Skating-Ring, ouvert au public, a
été vite peuplé de néophytes qui, tout d'abord, ont payé un
juste tribut à d'audacieuses aventures. Les chutes, comme
on sait, n'ont rien de dangereux et n'engendrent que le
fou rire.
Sous peu nous espérons ne plus entendre répéter comme
le jour de Pâques: « Cela manque un peu de femmes. Pourquoi
n'ajoutc-t-on pas quelqws travées de plus à l'arène bitumée'!
Ne donnons*pas plus d'importance qu'elles n'en méritent
à ces critiques de détail.
... Ubi plura nitent in carminé
Non ego pau.jis oflendar maculis !
Un peu de latin a sa raison d'être au pays où on le cultive
encore.
E. N. Vagrale.
---
Voyez à la 4me page l'annonce de L'HOMME
QUI RIT, de VICTOR HUGO.
Le Sexe Mâle, par le Dr GOUPIL. (Voit: aux annonces).
Insensibilisateur Duchesne. — Guérison, extraction et
pose de dents sans duuleur, 45, rue Lafayette.
Le Gérant : lb révérend.
Fwi».— lmf. t. DKBONS .< C". L*. m» du Uminut
s'habillent pour venir à la séance, après déjeuner, par ha-
bitude. 11 en est certaines qui viennent tous les jours, ne
manquent jamais une représentation et pourraient, pour la
science et l'ordre des travaux législatifs, rendre plus d'un
point à des sénateurs. Elles connaissent chaque représen-
tant, prennent plaisir à le désigner par ses nom, prénoms,
son âge, ses habitudes aux voisines qui, moins favorisées,
viennent seulement par hasard... On est forcé de constater
que les dames témoignent une préférence marquée pour le
suffrage universel et dédaignent un tantinet le suffrage
restreint. Le Sénat n'a pas le don d'attirer la foule féminine.
Passer une journée à ne voir que des hommes dont le plus jeune
a dépassé la quarantaine ! Que penserait-on de nous, ma chèi e ?
Fi ! Ce sexe est sans pitié. Les élégantes vont à la Chambre.
La jeunesse attire la beauté.
« Il y a à l'ordre du jour une question importante, je veux
dire fertile en incidents, en orages parlementaires. Les tri-
bunes sont combles. On dirait un jour de première dans nos
théâtres les mieux hantés. Les toilettes étincelantes brillent
à tous les rangs. Madame a réuni deux jours avant sa mo-
diste, sa couturière. On a tenu un véritable conseil de
guerre. Car Madame veut rivaliser avec la duchesse... éclip-
ser la marquise... rendre jalouse la vicomtesse... Elle arrive
éblouissante, rayonnante, heureuse. Ironie du sort 1 elle se
trouve placée à côté d'une cocotte en renom, d'une actrice
d'un théâtre de genre. Le noble faubourg coudoie Bréda et
Asnières. Qu'importe ! c'est une première. Il est de bon ton
d'y aller. »
Mme La Minaudière. — Charmant.
M*1" Chanoison. — C'est un véritable guide.
M. Pincebourde. — Je prierai M. Furet de me prêter
ee Voyage autour de nos deux Chambres.
Fuket.— Je l'ai acheté. Je ne puisque vous le revendre.
Mmc La. Minaudière — Tiens, petit, voici un franc.
Donne.
Furet. — Pardon. La première édition est déjà épuisée.
La seconde est retenue d'avance. On ne peut s'en procurer
que difficilement, tant le public en est friand. Je veux le
revendre avec bénéfice.
M. Chanoison, avec joie. — Esprit pratique! tu seras
l'honneur de ta famille.
Fuket. — Si vous préférez allez retenir un exemplaire
du Voyage autour de nos deux Chambres, à la Librai-
rie républicaine, 16, rue du Croissant, prix un franc.
M. Pinceboukde.—Cela m'économisera un voyage à Ver-
sailles, et j'en saurai plus que ceux qui y vont.
TEMPLY.
-.-4.--
Gazette à la main
L'ouverture du Salon
Elle aura lieu après-demain, — et, déjà, les experts asser-
mentés près des différents journaux qui publient le bulletin
de ces assises de l'Art, affilent leur bonne plume de Tolède
pour estramaçonner envers et contre tous.
Les exposants, de leur côté, se préparent à maudire leurs
juges en mettant en circulation des paradoxes comme ce-
lui-ci :
— Je ne lirai aucun article sur le Salon, qui n'émanera
pas d'un peintre, — d'un vrai peintre...
— Comment?...
— Je ne reconnaîtrai jamais au premier venu le droit d'ap-
précier une œuvre qu'il ne saurait exécuter...
Ce raisonnement est fort joli, — encore qu'il ne soit pas
nouveau...
Seulement, il présente ceci de bizarre, d'irréalisable et
d'ennuyeux :
Les bourgeo's, en effet, ne voudront jamais comprendre
que, pour juger un criminel, il soit rigoureusement néces-
saire d'avoir assassiné quelqu'un !
Il y a beau temps, du reste, que tout artiste qui expose,
— soit dans son atelier, soit ailleurs, — déclare une guerre à
outrance à tout Philistin qui se mêle de ne pas admirer ab-
solument ses toiles.
Voici, par exemple, un mot historique qui brouilla Béran-
ger avec Ary Scheffer.
Le peintre de Faust montrait au vieil amant de Lisette son
tableau représentant le Christ tenté par Satan.
Béranger, qui, d'ailleurs, se connaissait médiocrement en
peinture, hasarda cette observation:
— 11 me semble que ça manque d air.
— Critique de chansonnier! dit Ary Scheffer, en lui tour-
nant le dos.
Et ils ne se revirent de leur vie.
Historiettes de saison
Un de nos correspondants du midi de la France nous en-
voie le passage ci-dessous, emprunté à une récente plai-
doirie de maître X..., le plus célèbre avocat de la localité.
Jamais rien de plus beau ne fut prononcé en aucune
langue, depuis l'invention des toques carrées et des robes
noires.
Mc X..., s'échauffant graduellement. — L'accusation a osé
parler de principes. Nous aussi, Messieurs, nous invoquons
les principes. Je dis mieux : des principes, nous descendons
aux conséquences ; des conséquences, nous remonterons
aux principes, et, à l'aide de ces conséquences et de ces
principes, de ces principes et de ces conséquences, nous
démontrerons l'innocence de notre malheureux client,
{d'une voix émue) que vous rendrez enfin à l'amour de ses
enfants.
L'avocat général, interrompant avec vivacité. — Mais,
Me X..., l'accusé n'a pas d'enfants !
M0 X... — Nous n'avons pas d'enfants !!! (Au comhle de l'é-
motion). Vous l'entendez, Messieurs, on nous refuse jus-
qu'aux douceurs de la paternité !!!...
L'ingratitude n'existerait pas, que V... l'eût inventée.
Cet homme a été comblé de bienfaits par un auteur dra-
matique fort connu : argent prêté, et jamais rendu, — vête-
ments donnés, dîners payés, cadeaux de toute nature,
etc., etc.
Dernièrement, un ami commun rencontre notre parasite
se promenant majestueusement dans un splendide paletot
qu'il doit à la munificence de son bienfaiteur.
— Tiens, dit le camarade, vous portez le paletot de notre
amiB...?
— Mon ami, mon ami, riposte V... avec aigreur, dites
plutôt : votre ami...
— Cependant il vous gratifie de ses vêtements...
— Eh bien ! répond V... avec humeur, nous sommes de la
même taille, voilà tout.
Les méchancetés ont cet avantage sur les. parapluies,
qu'elles ne s'égarent pas. Le mot fut rapporté au bienfai-
teur, qui, rencontrant son ingrat, fit mine de l'éviter.
V... court à lui, et lui serrant les mains avec effusion :
— Eh quoi! vous ne reconnaissez plus vos amis?
— Mon cher, reprit l'autre, je. ne suis plus votre ami.
— Comment! s'exclama V... — qui tremblait pour sa
garde-robe, — que vous ai-je fait? V
— Oh ! rien, répondit 1' ami, tous les torts sont de mon
côté. J'engraisse.
Madame B..., une comédienne que le public a longtemps
trouvée charmante, et qu'on dit charmante encore dans
l'intimité, s'est rendue chez un peintre de talent, à qui elle
a tenu à peu près ce langage :
— Je désirerais, Monsieur, avoir en miniature une toute
petite partie de moi-même, mon œil, pour le faire monter
en broche.
— Rien de plus facile, Madame, rien de plus agréable
non plus à reproduire.
— De plus, je voudrais, pour une autre broche, le por-
trait du plus jeune enfant de Mm° C..., ma sœur.
Le peintre se mit aussitôt à l'œuvre et réussit au delà des
vœux de Mmo B...
Quand la livraison fut faite des deux miniatures :
— Voulez-vous, Monsieur, demanda la comédienne, avoir
la complaisance de me donner facture?
— Facture ? Madame, mais je ne donne pas de facture,
moi! Je ne suis ni marchand de nouveautés, ni joaillier.
— Je vous en prie, j'y tiens beaucoup, parce que j'ai l'in-
tention de me faire rembourser par ma sœur.
Elle insista tellement que, malgré ses premiers refus,
M. C... finit par céder.
Il prit un morceau de papier et écrivit ceci :
« Reçu la somme de... pour avoir fait l'œil àMml:B... et un
enfant àMm° C...
A travers les théâtres.
Constatons deux bonnes reprises : le Tour du Monde, au
Châtelet, et Jean la Po-te, à la Porte-Saint-Martin. Laray
n'est point déplacé dans la première. Comme à la création,
Dumaine et Perrin se montrent fort remarquables dans
la seconde. Toutes deux sont, du reste, montées comme
des nouveautés. On y est allé, on y reviendra.
Au Vaudeville, brelan de binettes : le Verglas, de M. Vi-
bert; le HremierTapis, de MM. Decourcelle et Busnach, et la
Sortie de Bal, de M. Roger fils. Succès sans excès. On pelo-
tait, en attendant partie. Cette partie s'appelle : les Dominos
roses ; MM. Delacour et Hennequin l'ont gagnée.
Aux Bouffes, le Moulin du Vert-Galant, opérette en trois
actes, paroles de MM. E. Grangé et V. Bernard, musique de
M. Serpette. Livret ni trop neuf, ni trop gai. Partition qui
ressemble au livret. La critique paraît se lasser d'aduler
madame Théo. Pour ma part, je ne me fatigue point d'ad-
mirer cette jolie figurine de pâte tendre. Pour l'entendre,
c'est différent : je doute que Fines-Oreilles lui-même, — ce
génie du conte de ma mère l'Oie, qui écoutaitl'herbe pous-
ser, — ait jamais pu y arriver jusqu'à présent.
Crimes et délits.
Paris a sesT'kindt de lettres, qui entretiennent commerce
d'amitié avec la Muse, comme le fameux financier belge,
avec la non moins fameuse Lolo.
Un de ceux-ci vient de fonder une follicule, pour la con-
fection de laquelle il paie rarement et mal ses collabo-
rateurs.
Notre confrère, P. de Trailles, a eu dernièrement maille à
partir avec ce rédacteur eu chef exotique et pernicieux.
Celui-ci, dans l'entrevue, prouva que la politesse fran-
çaise était complètement étrangère à certains compatriotes
des animaux qui peuplent les paysages de Paul Potter.
— Comment, demanda quelqu'un à qui notre confrère
racontait ses mécomptes, comment, ce jeune monsieur s'est
montré grossier envers vous, et vous ne l'avez pas lancé
sur le boulevard, à travers les carreaux de couleur de son
bocal?
— Peste ! comme vous y allez ! s'écria P. de Trailles, et
les règlements de police...
— Les règlements de police ?...
— Oui, qui condamnent à l'amende quiconque jette des
ordures par les fenêtres !
Le père d'une jeune comédienne se présente en désordre
chez un commissaire de police.
Celui-ci l'interroge :
— Que voulez-vous, Monsieur? voyons, qui vous amène?
— Ah! Monsieur, répond le plaignant, un malheur, un
grand malheur, et une grande indélicatesse...
— Parlez, de votre cœur bannissez toute crainte...
— Permettez-moi de m'asseoir, mon émotion est telle!...
— Asseyez-vous, Monsieur, tâchez de vous remettre...
— Je ne sais si je trouverai la force de vous dire... C'est
une infamie!... Ma fille, ma pauvre fille, — une enfant de
seize uns, — vient d'être indignement trompée !...
Le commissaire, qui aime à s'exprimer en vers, — tous les
goûts sont dans la nature, — accueille cette communication
par cette strophe philosophique :
— C'est le destin. Il faut une proie au trépas.
Il faut que l'herbe tombe au tranchant des faucilles. ■
11 faut que dans les bals, les folâtres quadrilles
foulent des roses sous leuis pas...
— Ce n'était pas dans un quadrille, Monsieur, c'était dans
un restaurant...
— Le soir dans l'ombre
De la .nuit sombre.
— Oui, Monsieur.
— C'est un malheur complet, que voulez-vous y faire?
— Je voudrais faire arrêter le séducteur...
— A votre pauvre enfant, ça rendrait-il l'honneur?
— Oh ! mon magistrat, ce n'est pas pour cela : c'est parce
que le misérable lui a donné une chaîne.... en cuivre.
STAR.
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Petite G azette
Inauguration du Skating-Ring du Luxembourg
Samedi dernier, c'était fête, mais fête intime à la Closerie
des Lilas. Henri Boutin, le sympathique et intelligent di-
recteur du nouveau Skating-Ring du Luxembourg, recevait,
sous les arcades mauresques du jardin Bullier, les invités
des deux sexes appelés à inaugurer l'arène du patinage à
roulettes. Le public élégant a répondu à l'appel du coura-
geux noyateur, et nous avons remarqué bon nombre d'in-
dividualités du hiy.h-life parisien. Citons au courant de la
plume : S. A. le prince d'Orange (à tout seigneur tout hon-
neur), le comte de Marville, M. de la Roselaye, sir William
Thomton, Charles deLorbach, Gabriel Marc, etc., etc.
Personnel féminin choisi : Nelly d'Harcourt, Lucile Man-
gin, de Blainville, Emilie Williams, Tarbiche, Emma Jux,
Carolin» Gondy, de Merskoff, J. de Gouaire, Buisseret, la
danseuse transfuge de l'Opéra
Parmi les patineuses émérites, nous devons signaler :
Louise Kolb, dont les beaux yeux veloutés feraient damner
un saint ; Hélène Magny, qui a fièrement maintenu la
palme que luiontméritée ses succès au cirque des Champs-
Elysées. Rien de plus gracieux que de voir cette jeune et
jolie femme voler sur l'asphalte, le poing crânement campé
sur la hanche. L'autre soir, elle poriait avec aisance un
costume en matelassé blanc-crème agrémenté de larges
galons demi-deuil, et une parure en corail rose et diamants.
De l'avis de tous elle était la reine de la fête, et la Direc-
tion doit à ses pieds bien cambrés une paire de patins
d'honneur.
A 11 heures tapant, le lunch , promis par le libellé des
invitations, a été sèrvi sur un bar placé dans la galerie qui
fait face à l'orchestre, et les consommaiions les plus va-
riées étaient offertes par l'état-major de Rouzé aux 1.200
invités de cette fête des mieux réussies. Confessons, à la
honte de la vieille réputation dont jouit, un peu à tort, la
galanterie française, que le buffet a littéralement été pris
d'assaut parles cavaliers dont il fallait traverser les épaisses -
phalanges pour conquérir, à la force du poignet, un verre
de punch ou une coupe d'aï mousseux destinés à une
dame. Le respect de la couleur locale a inspiré à la gen-
tille et frétillante Mme de Blainville l'idée d'organiser une
petite manifestation, et les voûtes polychromes de Bullier
ont, pour la première fois, retenti du hip, ,hip, hurrah !
américain. Peu s'en est fallu qu'après avoir crié : Vive
Boutin! les buveurs enthousiastes ne décernassentà l'aimable
directeur les honneurs d'un triomphe renouvelé de ceux
dont on gratifiait Musard père aux bals de l'ancien Opéra.
De H heures à minuit le Champagne a coulé à flots et la
gaîiô la plus franche régnait sur touie la ligne quand l'ex-
tinclion des feux a rendu à ce tranquille quartier son aspect
de Thébaïde.
Voilà donc le nouveau sport venu d'Angleterre intro-
nisé au pays latin et appelé à y rendre de précieux servicés.
Puisse-t-il faire déserter aux étudiants les caboulots et les
brasseries et donner à notre belle jeunesse, l'espoir du pays,
une vigueur nouvelle. Sous l'appui tutélaire de professeurs
expérimentés, Musette et Mimi-Pinson glissent déjà 'sur
l'asphalte fredonnant les refrains d'un orchestre où l'on
compte plusieurs bons solistes.
Dimanche à 2 heures, le Skating-Ring, ouvert au public, a
été vite peuplé de néophytes qui, tout d'abord, ont payé un
juste tribut à d'audacieuses aventures. Les chutes, comme
on sait, n'ont rien de dangereux et n'engendrent que le
fou rire.
Sous peu nous espérons ne plus entendre répéter comme
le jour de Pâques: « Cela manque un peu de femmes. Pourquoi
n'ajoutc-t-on pas quelqws travées de plus à l'arène bitumée'!
Ne donnons*pas plus d'importance qu'elles n'en méritent
à ces critiques de détail.
... Ubi plura nitent in carminé
Non ego pau.jis oflendar maculis !
Un peu de latin a sa raison d'être au pays où on le cultive
encore.
E. N. Vagrale.
---
Voyez à la 4me page l'annonce de L'HOMME
QUI RIT, de VICTOR HUGO.
Le Sexe Mâle, par le Dr GOUPIL. (Voit: aux annonces).
Insensibilisateur Duchesne. — Guérison, extraction et
pose de dents sans duuleur, 45, rue Lafayette.
Le Gérant : lb révérend.
Fwi».— lmf. t. DKBONS .< C". L*. m» du Uminut