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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 9.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6770#0078
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NOUVELLE PRI1ÏE GRATUITE

DE L'ECLIPSE

Donnée à tons les nouveaux abonnes d'un an ou aux alonnés
actuels qui renouvelleront leur abonnement d'un an
par anticipation.

L'ÉCLTPSE a acquis le droit d'offrir en p'inw à ses abon-
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les 50 lettres républicaines

DE GERVAIS MARTIAL

Formant un beau et fort volume grand tn-8°

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RÉPUBLICAINES DE GER VAIS MARTIAL. — Les abon-
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Couverture de l'année 1875 de l'ÉCLIPSE
Prix : 20 centimes (franco 25 centimes)

le mmm soleil

Il y aura toujours d*es esprits chagrins pour médire de Ce
qui nous est offert de meilleur : ceux-là vous affirmeront
que le premier soleil donne mal à la tête. Le fait est peut-
être exact pour ceux qui ont de la tête ; mais quelle aima-
ble chose que le premier soleil pour ceux qui n'en ont pas!

Sa lumineuse apparition n'aclive pas seulement la séve
au cœur des arbustes rajeunis, il semble qu'elle nous at-
teigne au cœur aussi; et que, sous sa douce influence, les
pensées gales se déplient, comme ces petites feuilles do-
rées qui s'épanouissent à la surface des bourgeons enfr'ou-
verts. Et qui ne sait quel tour spécial peuvent prendre ces
pensées gaies dans la volupté de l'air soudainement attiédi !

La migraine est un mal fâcheux, à coup sûr; mais comme
il serait autrement fâcheux, convenez-en, de renoncer à
tous les plaisirs qui la donnent !

Parmi les rares effets du premier soleil, il en est un que
vous avez peut-être remarqué, un des plus charmants pour
qui sait goûter tous les spectacles dont le ciel veut bien ré-
créer nos yeux : cet effet — je m'adresse à d'autres, ô vous
que les maux de tète effraient — c'est de faire ouvrir tout
à coup les fenêtres qui si longtemps sont restées fermées.

Les fenêtres, par elles-mêmes, ne sont rien, on le com-
prend de reste ; le charme est dans ce que leur entre-bâil-
lement laisse apparaître: une forme aux élégants contours
qui passe et repasse enveloppée dans les plis d'un peignoir,
un bras soudainement relevé dont la blancheur se décou-
vre, une petite main qui se pose un instant sur l'appui.

En même temps que le soleil faisait joyeusement irrup-
tion dans la chambre le regard d'un curieux y plongeait
derrière lui.

— Tiens, pense le curieux enchanté du coup d'œil, j'ai
une voisine.

Et, pour la mieux voir, il entr'ouvre sa fenêtre à son tour.
Au grincement de l'espagnolette la dame a tourné les
veux de son côté :

— Tiens, un voisin! se dit-elle.

Et instinctivement elle demande une consultation à son

miroir.

— Vais-je vous apprendre, répond incontinent lo miroir
qui sait son rôle, que vous êtes à croquer sous ce négligé
du matin !

— Oh ! je ne demande pas à être à croquer, fait vivement
la dame en rectifiant l'attitude de quelques mèches indisci-
plinées, ce â'eet pas le moment d'abord, et puis à quoi cela
me servirait-U ? Est-ce que je connais ce jeune homme?

Pendant ce temps-là le jeune homme se dit :

— Elle est jolie comme un amour. Et elle habitait là, si
près de moi. Qui s'en serait douté ! Je n'ai vu eutr'ouvrir
cette fenêtre pendant l'hiver que pour y secouer des tapis.
Celle qui les secouait était une horrible vieille,

... hideuse compagnonne,
DoBt \t menton fleurit et dont le nez troguonne.

Quel changement, ô mon Dieu ! Quelle délicieuse révé-
lation !
Et la damé :

— Il regarda toujours de ce côté ; c'est insupportable ! j'ai
envie de pousser la fenêtre... Mais le soleil est si doux!
Comme il Bit bon de le sentir sur soi : on dirait une tiède
caresse... Cela est trop agréable pour ne pas être sain... Ce
jeune homme n'a donc rien à faire qu'il regarde toujours
par ici! Je Crois qu'il tient quelque chose à la main. Une
plume? Il a évidemment un travail qu'il oublie, un travail
pressé peufc4tre- Confiez donc aux jeunes gens des travaux
pressés !

Et le Jeun» homme :

— Elle crS4t Çt» Jé *» 1* *(rte pas, parce qu'eM» «« rfl»

tourne; mais une glace me renvoie sa gracieuse image.
JN'est-ce pas charmant de jouir d'elle ainsi sans qu'elle
s'en doute? Merci, glace providentielle, merci ! Je te devrai
le moment le plus délicieux de ma journée... Imprudent I Je
me suis trop montré. Nos regards viennent de se rencontrer.
Elle va changer de place et je ne la verrai plus... 0 bon-
heur ! elle reste!
Et elle :

— Il ne se doute pas que je l'aperçois dans la glace.
Quelle persistance à me regarder 1 Si j'étais coquette. . Heu-
reusement je ne le suis pas. C'est à croire que je l'ai vrai-

ment impressionné. Bah! un jeune homme... la première
femme qui passe».. H a bon air du reste. Je ne l'avais pas
encore remarqué. Ce n'est pas étonnant, le froid fait fermer
lés fenêtres ; au contraire le beau temps les fait ouvrir.
Est-ce gentil le beau temps! Quel plaisir par ce temps-là
de se promener à deux loin de Paris, en plein dans l'herbe,
avec les grands feuillages verts pour parasol... Bon, nos
regards se sont rencontrés. H est douxsonregard... Eh bien !
quelles idées ai-je là? Suis-je folle ?
Et lui :

—Plus je la regarde et moins je mêlasse delà contempler.
Quelle grâce dans ses mouvements, quel charme dans les
petites mèches folles qui frisent sur sa nuque! Le soleil se
joue au travers. Heureux soleil! Ah! cette vue me grise. Et
ses yeux dans la glace, ses yeux adorables qui se tournent
de mon côté. Cher ange! Ma foi, je n'y tiens plus...

Et elle :

—Que vient-il de faire? Unbaiser? J'ai bien vu. Je ne peux
pas souffrir cela. D'un coup d'œil je vais le remettre à sa
ploce. Ah! diable, s'il allait mal comprendre. Il vaut mieux
faire celle qui n'a pas vu. Mais ma rougeur va lui dénon-
cer le contraire. Et cette rougeur qui augmente... Je ne
veux pas qu'il la remarque. Vite, abaissons la jalousie. Oh!
ce nœud à la corde... Enfin!

Et lui :

— Sajalousie vient de tomber; elle est irritée contre
moi. Irritée, qu'importe! Si je continuais du moins de la
voir comme tout à l'heure>i. Oh! cette jalousie, elle
ne se lèveradoncpas?...Non, c'est uni, fini, hélas! fini si tôt!

Et elle, derrière la jalousie !

— Comme il paraît attristé! On dirait, en vérité, que cela
est sincère. Pauvre garçon! sott désespoir est navrant. Si
je relevais la jalousie? Oh! non, il ne le faut pas. C'est
égal, j'ai peut-être été un peu sévère. En somme, il ne me
voulait pas de mal...

Et le lendemain, se rendant aux plus sages résolutions,
elle voudra peut-être tenir sa fenêtre close; mais le moyen
de résister à l'appel séduisant du premier soleil, lorsque
ce farceur frappe au carreau ?

0 soleil de mail grand fripon dont on ne se défie pas
assez, que d'intimités inattendues tu te permets d'établir
ainsi. Est-il possible d'abuser comme tu le fais de ta cou-
pable influence!

Ménagées par toi les entrevues se répéteront, et chaque
fois d une fenêtre à l'autre on s'observera avec une atten-
tation plus grande. Qu'y faire? C'est la fatalité ! Si les fenêtres
étaient restées fermées, ces deux cœurs continueraient de
s'ignorer, mais elles se sont ouvertes !...

A se regarder de la sorte à distance, on finit par avoir
quantité de choses à se dire. Pour se les dire, il est tout
nal iirel qu'on cherche à supprimer les distances. Les mau-
vaises langues jetteront peut-être la pierre aux amoureux.
Moi, je me tais. Tout cela n'est pas absolument leur faute;
11 faut être juste : le grand coupable, c'est le premier soleil.

PAUL PARLAIT

LA VENGEANCE D'UN PAPILLON

l.a scène se passe, un dimanche, dans une salle d'étude,
au lycée de V***, pendant l'horreur d'une profonde nuit.

Sur le plan incliné du couvercle d'un pupitre qu'illus-
trent des gravures taillées en épargne par le canif cruël de
plusieurs générations d'écoliers, se traîne languissamment
un informe papillon blanc que le doigt de la Parque à déjà
désigné à ses sœurs.

Ce papillon, qui trébuche comme s'il avait bu le sang
de la vigne sans prudence, est un bombyx parvenu (tant
bien que mal, et malgré tout, à la dernière de ses méta-
morphoses. |

11 se traîne, languissamment et gémissant, le malheu-
reux! loin de ses compagnons des deux sexes, internés,
hélas! à jamais, dans les flancs caverneux du pupitre cel-
lulaire. Il exhale au sein des ténèbres une plainte lamen-
table.

Lo papillon du ver à soie s'exprime douloureusement en
ces termes :

CHANT I.

« 0 Jules>-Athanase Leblanc, absurde rhétoricien (nouveaux)
qui m'as fait naître, je te maudis !

Ecoute mes dernières et même mes avant-dernières pa-
roles, enfant sans entrailles, ô parâtre détesté!

Ceci est mon testament, — l'exposé sommaire de la vea-
veance que je prétends tirer, le ciel aidant, de toutes les
tortures réellement infernales que tu as fait endurer sans
relâche, sans motif, à ma malheureuse Individualité.

Oui, tu me le payeras, lâche !

CHANT 11.

Mes griefs sont infinis! Traître! tu m'as arraché aux
pattes de mes frères; nous étions cinq cents dans la ma-
unanevie paternelle, chez l'herboriste du coin de la rue de
la Paroisse.

Horreur ! tu m'as acheté à vil prix, et, dans ton pupitre
ignobhi, dont l'intérieur échappe à l'analyse, tu m'as em-
prisonné en compagnie de trente autres malheureux.

Ta main avare nous présenta, dans les premiers jours, la
feuille de mûrier de l'exil. Je constate que tu faisais bien
les choses.

Je grossissais.

Mais l'homme est versatile. Et tu changeais d'idée, comme

je~ changeais de peau ! '

• HAST III.

Un jour, nous t'embêtâmes, mes frères et moi 1 Peu à
peu tu nous oublias. La feuille noire du prisonnier nous
était donnée comme à regret, ô monstre!

Enfin, avant-hier, tu es sorti. Tu as pris un congé. Ta
joie fut immense. Notre douleur fut terrible !

Oui, ma douleur est extrême en ce moment suprême,
comme riment MM. du Locle et consorts.

Plus de nourriture !

Une épidémie mordante nous accable et nous ronge, en
outre, ô collégien barbare!

Moi qui pleure ici, j'ai eu successivement, depuis ton dé-
part, avant de me sentir des ailes, la grasserie, la gattine, la
jaunisse, la consomption, la muscardine, et quelques autres
maladies encore !

Oh ! que j'ai souffert! Misérable ! misérable !

CHANT IV

Mais l'heure de ma vengeance approche, précédée de
l'heure de la délivrance.

Je vais mourir, soit ! Quand on est mort, c'est pour long-
temps, et c'est bien heureux. Mais, en mourant, je laisse à
mes héritiers le soin de te nuire, je l'espère, et cela m'ar-
rache un doux sourire, dans ta fortune et dans ta santé.

Ma femme, une sainte et digne créature ! ma femme et
moi, nous laissons environ un gramme de graine.

Cette graine, ô jeune homme, redoute-la ! Tu lui es voué,
infâme gamin !

Nos enfants grandiront, va, car ils sont.... Chinois !

CHANT v

Dans un an ou deux, monsieur mon bourreau, vous sor-
tirez du bahut, comme vous l'appelez. Tu deviendras un de
nos crevés les plus réussis. Tu auras des jaquettes et des
pantalons taillés dans une étoffe dont la couleur, jadis, était
réservée aux Livrées. Tu auras l'air, avec tes maigres favo-
ris au coin de l'oreille et ton menton rasé, de te dire à tout
instant à toi-même : Une lettre pour Monsieur. Ton véloci-
pède, nourri d'avoine dorée, fera l'admiration des connais-
seurs. Enfin, tu auras mal soupé au Grand-Seize !

Alors, alors, tu seras mûr pour la vengeance, pour la
vengeance du papillon!

Du haut du ciel, ma demeure dernière, je lancerai sur
toi une frêle demoiselle, une de ces jeunes personnes qui
l'ont ce qu'on est convenu d'appeler des fautes d'orthogra-
phe sur le chemin de la vertu !

AU right !

CHANT VI

Et tout sera dit.

La chère enfant, renversant le vers de M. Hugo,

Vet de terte amoureux d'une étoile,

sera, elle, une étoile — de bouiboui — amoureuse d'un ver;
j'entends de mes produits.

Ouj, cocodès de l'avenir, la soie sera ton cauchemar per-
pétuel.

• 0 savoureuse vengeance !

Que Dieu bénisse la fille de soie <fui rtftdra paisible et
doux le dernier sommeil éternel du papiUotHrersécuté !

Une pluie de parufii In soie t'étouffera, maudit !

Le foulard,\e gros grain, la faille, le brocart, le taffetas, le
poult de soie, la bourre de soie, la moire, le velours, les
dentelles, le satin, les maillots, le damas, etc., etc., etc., etc.

Oh! que ces et extem te tortureront, gandin sans cœur!

CHANT VII

Et quand ta charmante, ta délicieuse, ta divine cocotte
sera couverte de soie, et que le froufrou exquis de ses
atours résonnera à ton oreille (qui écoutera au loin venir
les petits créanciers) plus terrible que la trompette de l'Ar-
change, alors, ô mon bel ami, il te faudra mener la ravis-
sante petite partout où la soie doit s'étaler, ruisseler, étin-
celer au soleil !

Et tu dépenseras trois cent mille francs par mois, sans
compter les centimes. Et tu seras interdit! Et le bec des ta-
pissiers, des chemisiers, des tailleurs, des couturiers s'en-
foncera dans ton foie sans cesse renaissant, et le déchirera
sans cesse aussi.

Merci, nos dieux ! je serai vengé !

CHANT VIII

Et si pour échapper à ta cocotte, tout entière à sa proie
attachée, tu te décides à passer, en compagnie d'une jeune
fille récemment sortie d'un couvent, devant l'abdomen,
orné d'une écharpe tricolore, d'un maire parisien, la soie
vengeresse, la soie, ma soie! te rendra fou, conjugalement
et légitimement —in seeula seculorum.

Et tu n'auras rien à dire!

Maintenant, le papillon peut mourir avec tranquillité.

ERN- D'HERVILLY-



«Jrazette à la main

— Vertu, tu n'es qu'un nom! gémissait Brutus, en tombant
sur le champ de bataille d'Actium...

Et ce pieux blasphème de l'assassin de César était comme
le cri d'agonie de la Hépublique expirante !,

Allons-nous donc être obligés de nous exclamer à notre
tour :

— Printemps, tu n'es qu'un mot !

Il est constant que le premier jour du mois de mai, — du
joli mois de mai, chanté par les Coppée de toutes les époques,
— a été assailli par toute sorte de grains tordus de vent, de
grêle et de pluie ; que l'ouverture du Salon a eu lieu entre
gens trempés jusqu'aux os et crottés jusqu'à l'échiné ;
qu'enfin, on se serait cru de retour aux ides âpres et froides
de mars ou aux calendes humides et ttmpestueuses d'avril...

Les gourmets de jambes faites au tour jouissent d'un vrai
régal des yeux, en ce temps où il n'est guère possible aux
dames de s'aventurer, — sans retrousser leurs jupons, — à
travers les rues balayées par l'averse eu embouchées par
la tourmente...

Tenez, j'ai vu hier la mignonne Théo traverser le boule-
vard sur la pointe de sa bottine cendrillonnesque...

C'était charmant et mélodieux à la fois...

Mon Dieu, oui: mélodieux!...

Un duo de petites flûtes !...

Aux Champs-Elysées, Mabille, le Cirque d'été et le Con-
cert-Besselièvre viennent d'effectuer leur réouverture
annuelle. Guignol, pareillement, — voisin et concurrent
des Folies-Marigny, — voit tous les jours plusieurs ésUtien»
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