Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 9.1876

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.6770#0082
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L'ECLIPSE

NOPELIE PRIME GRATUITE

DE L'ECLIPSE

Donnée à tons les nouveaux abonnés d'un an on ans abonnés
actuels qui renouvelleront leur abonnement d'un an
par anticipation.

L'ÉCLIPSÉ a acquis le droit d'offrir en prime à ses abon-
nés le nouveau vo.ume do Touchatout :

LES 50 LETTRES RÉPUBLICAINES

DE GERVAIS MARTIAL

Formant un beau et fort volume grand in-8°

Toute personne qui prendra un abonnement d'un an ou
qui renouvellera, par anticipation, son abonnement, éga-
lement pour un an, aura le droit de retirer gratuitement dans
les bureaux de l'Eclipsé un exemplaire des 50 LKTTRE8
RÉPUBLICAINES DE GERVAIS MARTUL. — Les abon-
nés des départements qui désireront recevoir le volume à
domicile devront envoyer 8 fr. 8o c, représentant le prix de
l'abonnement et les frais de port de la prime.

En vente au Bureau de VÉCLIPSE :

Titre et table de l'année 1875 de l'ÉCLIPSE

Prix : 30 centimes (franco 35 centimes)
Couverture de l'année 1875 de l'ÉCLIPSE

Prix : 20 centimes (franco 25 centimes)

LES PEROIISITIOMELKS

De justes plaintes s'élèvent contre les étranges perquisi-
tions auxquelles donne lieu la recherche des allumettes de
contrebande.

Ces perquisitions multipliées n'ont.pas seulement pour
résultat de soumettre à une inquisition révoltante bon
nombre de citoyens paisibles, on nous assure encore qu'à
la faveur de la loi qui ouvre tout domicile aux agents de
la Compagnie fermière du monopole, quantité de far-
ceurs s'introduisent chez des particulier? pour s'y livrer à
des recherches aussi variées qu'indiscrètes.

Nous ne signalons Le fait que sous toutes réserves ; il nous
parait cependant de notre devoir d'engager chacun à ouvrir
l'œil en ce qui le concerne.

Ainsi l'autre soir, à minuit et demi, un bourgeois du .Ma-
rais, en rentrant chez lui, a trouvé, le corps à moitié en-
gagé sous son lit, un monsieur qui s'est donné comme
agent de la Compagnie des allumettes.

Ce n'est que sur les instances de sa femme qui n'aime
pas le bruit qu'il l'a laissé partir tranquillement.

Elle lui a fajt valoir, avec beaucoup de raison du reste,
que si ce monsieur était chargé de trouver dans leur appar-
tement des allumettes de contrebande, il était naturel
qu'il en cherch.lt sous le lit aussi bien qu'ailleurs.

Quelques autres faits équivoques peuvent fournir matière
à réflexions.

Ici ce sont deux individus qui se font annoncer sous le
titre d'inspecteurs de la Compagnie.

— Vous avez été dénoncé, monsieur, comme recélant chez
vous des allumettes de contrebande.

— Moi! Allons doncl

— Nous ne demandons pas mieux que de croire à votre
innocence. Vous ne ferez donc pas de difficulté de nous aider
à !a faire éclater en facilitant nos recherches. Où est la
clef de cette armoire ?

— Il n'y a dans cette armoire que de l'argenterie.

— Bon, bon, nous allons voir.

Un d'eux s'empare d'une soupière en argent et la passant
à son acolyte, après l'avoir fait sonner :

— Hein? lui dit-il d'un air significatif.

L'autre fait sonner la soupière à son tour en la frappant
du revers de son index plié.

— Oui, répond-il après avoir écouté le son, elle est à
double fopd.

— A double fond ! C'est absurde ! se récrie le propriétaire.

— U suffit, dit le visiteur en la mettant sous son bras',
nous la ferons examiner. Je vais vous en donner un reçu.

Et les deux individus continuent leur perquisition. Ils
soulèvent les tentures, ils ouvrent les buffets, ils amènent
à eux les tiroirs.

— Qu'est-ce que c'est que cette bague? demande l'un.

— Il y a dessus une pierre à feu, remarque l'autre.

— Ça, une pierre à feu? c'est un camée !

— QueLqne système de briquet défendu.

— Npus le ferons examiner.

Et l'un des individus se la glisse au doigt.

— Ah! ah ! un porte-allumettes.

t- Pardon, c'est mon porte-monnaie.

— Il y a beaucoup de pprte-alluniettes de poche sur ce
modèle. Vous permettez...

Et à son cpllègne :

— Voyez dope

Le bourgeois infortuné court, inquiet, Je l'un k l'autre,
suivant le .ya-et-vient du porte-monnaie.

— C'est drôle, pensc-t-il quand ses visiteurs se décident
enfla à le lui ren Ire, après avoir bien constaté qu'ils avaient
effectivement affaire à un porte-monnaie, il me semblait
que j'avais deux pièces de vingt francs dedans.

Et la perquisition continue...

Entre nous, elle ne me paraît pas claire, cette perquisi-
tion-là.

Ailleurs, c'est un jeune homme 4e galante tournure qui
se présente :

— M. X... ?

— Il n'est pas là.

— Oh 1 cela ne fait rien.

— Ce n'est pas à mon mari personnellement gue...

— Personnellement? Mon Dieu, non, madame. Je suis le
délégué de la Compagnie des allumettes.

— Je ne comprends pas.

— Je viens m'assurer si vous n'avez pas chez vous des
allumettes de contrebande.

— Quelle plaisanterie est-ce là ?

— C'est très-sérieux.

— Françoise, montrez votre boîte d'allumettes à mon-
sieur.

Le jeune homme prend les allumettes qui lui sont ap-
portées, et après en avoir essayé une qui ne prend pas :

— Parfait ! Cela vient bien de chez nous. Madame me
pardonnera toutefois si je suis obligé de pousser plus loin
mes investigations. Je suis désolé, mais le devoir...

— Faites, monsieur. '

Le jeune homme parcourt toutes les pièces en furetant
dans les coins. Il a volontiers une rétlexion aimable à
propos des objets qui lui passent sous les yeux.

— C'est Madame sans doute qui a choisi cette étoffe ;
elle est d'un goût charmant.

Ou bien :

— Je ne pense pas que ce soit le portrait de Madame
qu'on ait voulu faire. Madame est bien mieux que cela.

—- Pardon, monsieur. Ici c'est ma chambre.

— Je suis désolé, madame, mais le devoir...

La dame se résigne ; et quand elle a montré l'intérieur
de ses armoires :

— Je pense que vous êtes satisfait, monsieur?

— Très-satisfait, madame. 11 ne me reste plus qu'une
dernière perquisition à faire.

— Où donc?

— Nous n'avez pas idée, madame, fait le jeune homme
après une légère hésitation, de ce que nous saisissons d'al-
lumettes prohibées sur les personnes elles-mêmes.

— Vous ne supposez pas, monsieur, que je cache sous
ce tissu...

— Des objets do contrebande? Oh! non! se récrie le
jeune homme avec le plus gracieux sourire; mais mon ins-
pection serait incomplète si...

— Je n'ai pas môme de poches, fait la dame en secouant
négligemment son peignoir.

— Oh ! se dit le jeune homme à qui ce léger mouvement
a suffi pour entrouvrir de délicieux horizons, des épaules
charmantes !

Et palpant l'étoffe du peignoir :

— Croyez bien, madame, que je n'ai jamais plus cruel-
lement senti les pénibles devoirs de ma charge.

— f inissez, monsieur.

— si vous aviez l'obligeance de vous débarrasser de ce
tissu, j'apprécierais mieux...

Un coup de sonnette arrête le cri d'indignation sur le
point d'échapper aux lèvres frémissantes de la dame.

— Une visite sans doute, s'écrie l'iiipeetour en reprenant
son chapeau, je nie ferais scrupule d'être une cause de dé-
rangement pour vous. Aies civilités, madame.

— Vous pourrez revenir dans ia journée, fait la dame
rassurée, mon mari y sera.

— lion, se dit le jeune homme, si je reviens, ce ne sera
pas dans l'après-midi. *

Et le soir, en prêtant l'oreille, on pourrait, dans l'angle
de quelque salon, entendre une voix féminine observer :

— Je trouve que ces visitas dus agents de la Compagnie
des allumettes sont d'une indiscrétion...

Ce à quoi une autre voix de femme réplique aussitôt:

— N'est-ce pas, ma chère ?

Ai-jc tort de dire aux contribuables, nies frères :

— Ouvrons l'oeil!

PAUL PARFAIT

EYAPOPEYA

Nous nous levions de table. Chacun de nous achevait, oc-
cupation malsaine,—de croquer les dragées du baptême, en
attendant le café, l'exécrable café des gens qui vous disent
froidement : « Notre épicier eu vend de très-bon ! »

L'enfant en l'honneur de qui avait eu lieu ce festin, dor-
mait, convive inconscient, près de nous, dans un berceau
de fer creux, chef-d'œuvre de quelque Tronehon amoureux
de son art.

C'était mon filleul. Quelques Heures auparavant, en faGe
d'un serviteur de Dieu, j'avais promis — en société de MH?
Cécile, ma voisine de banquet — de faire de ce poupon un
parfait chrétien.

En outre, M"0 Cécile et moi, nous devions servir de pa-
rents, au besoin, à ce petit être dont Je rudiment de nez,
pendant une grande partie de la cérémonie, avait été sou-
mis à de rudes épreuves, les premières sont les plus dures,
—par son contact incessant avec les innombrables boutons
de la robe dé fête de sa nourrice.

— Qu'il est beau, mon enfant ! s'écria tout à coup pour la
centième fois, la mère de ce nouveau-nA de Nuremberg se
penchant sur lui. N'est-ce pas, mesdames, qu'il est beau ?

A l'unanimité, la réponse des invités fut celle-ci : — Un
ange, chère madame, un ange!

Alors, en bon parrain, mais navré, je vins m'asseoir à côté
de cet exquis bébé de vingt-neuf sous, et je regardai atten-
tivement ses mains ridées et graciles comme celles des
singes distingués.

On connaît ses auteurs ! Pendant que j'examinais pater-
nellement ce microscome de chair et de dentelles, le sou-
venir de la chanson bizarre que Henri Heine met dans la
bouche de Charles Ier, en son Romancero, vint obséder mon
cœur mélancolique.

Berçant le fils du charbonnier dans la hutte de la forêt,
seul et morose, le roi pauvre chante tristement un refraia
monotone de nourrice, mêlant aux paroles étranges de la
chanson enfantine l'^clio poignant de ses préoccupations
désespérantes.

» Eyapopeya, murmure le noble fugitif, poussant en cadence
« du pied le berceau grossier. Qu'est-ce qui s'agite dans la
«•paille? Le chat est mort. Les petites souris sont bien à
u leur aise. »

Et tout pâle de la vision sanglante de l'Avenir, Charles I",
dans la ballade du grand humoriste allemand, s'écrie :
« Mon chant de mort est ton chant de berceau ! Eyapopeya.
« — Tu grandiras, enfant. — La foi du charbonnier n'exista

« plus. — Le chat est mort. — Qu'est-ce qui s'agite dans la
« paille? — Tu couperas d'abord mes cheveux gris.
« — Eyapopeya. — Tu as conquis l'empire, tu me séparesla
« tête du tronc. — Les petites souris sont bien à leur
« aise. Dors, mon petit bourreau, dors. »

Et moi, me rappelant, rêveur, ces paroles naïves, si
étrangement coupées par des mots terribles, je me pris à
murmurer aussi, douloureusement rempli de noirs pressen-
timents :

— Eyapopeya, dors, petit bourgeois, dors ! qu'est-ce qui
s'agite dans la paille ? 0 nouveau-né, tu entreras dans un
lycée quelconque. Après l'avoir bourrée de citations, on
farcira ta mémoire de fragments poétiques, absurdes.
Eyapopeya ! Tu apprendras à nous mépriser de bonne heure,
nous les pauvres artistes modernes écrasés sous le poids
du passé. 0 bachelier, tu deviendras un étudiant de pre-
mière année, le plus détestable des juges en poésie, en
peinture, en sculpture, en musique.

— Dors, petit bourgeois, dors. Le vaccin de la haine que
t'a inoculé l'Université, débordera de ton cœur. Tu siffleras
Victor Hugo et Musset, Leeonte de l'Isle, Baudelaire et Ban-
ville. Eyapopeya- Le chat est mort. Tu ne retiendras pas
seulement un distique des maîtres aimés, mais tu raconte-
ras des anecdotes scandaleuses sur leur compte. Qui sait?
Tu écriras peut-être, dans les feuilles légères, et, avec un
bon mot, tu éveilleras une angoisse silencieuse et digne,
dans de pauvres âmes trop fières pour aller mettre rude-
ment leur pied entre les basques de ton habit d'ébène,
irréprochable.

Eyapopeya. — Les petites souris sont bien à leur aise. —
Plus de poésie ! D'air, il n'en faut plus ! A la porte, les gê-
neurs. — Le rhythme? Qu'est-ce que c'est que ça? — La
muse ? Elle est bien bonne celle-là !

Eyapopeya. Des vers ! des vers ! asseyez-vous dessus. —
Hélas ! les artistes vieillis, à leurs foyers désertés, l'hiver,
t'entendront crier ainsi par les nues, ô enfant! Et les pein-
tres, découragés, nettoieront leurs brosses, en disant : A
quoi bon? Et les musiciens se nourriront uniquement de
colophane ! Eyapopeya, dors, petit crevé, dors.

— Allons, monsieur, chanta à mon oreille la voix mélo-
dieuse de M11" Cécile, vous avez laissé refroidir votre café.
Venez donc !

— Toujours à rêver! s'écria le père du petit garçon. C'est
joli, la poésie, mais ça ne vaut pas ça, tenez, ajouta-t-il
(le monstre; en faisant claquer son ongle sous une dent...
Je ne dis pas cela pour vous, mon cher, continua en faisant
de l'esprit l'heureux commerçant, ivre de paternité.

Et je quittai mon filleul en lui disant, — ce qui fit jeter
les hauts cris à toutes les matrones présentes : « Dors,mon
petit bourreau, dors ! » Eyapopeya!

ERN- D'HERVILLY.
-♦-

djrazetto h la main

L'Art ma point à se plaindFe, — pour le moment du
moins : la semaine qui vient de s'écouler lui a appartenu
sans partage, — et le Printemps IuL-mème, s'enveloppant
d'un triple manteau de bise, de froidure et de pluie, s'est
écarté pour lui faire plapg.

Aux Champs-Elysées, le Salon dévore, chaque jour, d'in-
cessantes fournées de public ayjdes de s'arrêter devant la
Reconnaissance, de Détaille, devant le Marché aux fleurs, de
Girard, devant le Néron, de Silvestre, et devant le Mahomet II
de Benjamin Constant...

Et, après Jeanne '/'.lia, à l'Opéra, après Aida, aux Ita-
liens, après la représentation 4e retraite de Mmc Arnould-
Plessy aux Français, voici vepir la métamorphose de la
Gaîté en Théâtre-National-Lyngue, et le pimitri de M. Vic-
torin Joncières qui nous réglament, nous absorbent et nous
confisquent impérieusement.

On sait, que c'est M. Albert Vizentini, l'ancien chef d'or-
chestre de la i'prte-Saint-Martin et l'ex-associé d'Offenbach
dans l'exploitation du répertoire de ce dernier, qui a été
choisi poiir présider aux destinées du nouveau « temple
de l'Harmonie » subventionné par l'Etat.

M. Albert Vizentini appartient à une famille bien connue
de comédiens, de musiciens et de directeurs.

N'est-ce pas son père, — ou son oncle, — un sieur Jules
Vjzentini, administrateur du théâtre dlssoudun, il y a une
quinzaine d'années, qui affichait les FMes de marbre de la
façon suivante :

« b^ocooue. — Le monde Uy a deux mille ans ou la Lan-
terne de Diog^ng.

« 1er acte. — Le feuilletoniste.

« 2» actk. — Marie la résignée.

« 3e acte. — Lafiouronne des vierges.

« 4e acte. — La. Religion et l'Amour.

« Dans cette pièce, dont le succès est immense, le vice
est puni. Par cela même, l'œuvre que nous offrons à nos
habitués doit leur plaire', car les dam(s et les demoiselles ne
trouveront dans cet ouvrage rien qui puisse les alarmer, et
siles malheurs de Raphaël les touchent, les sentences cha-
leureuses du journaliste Desgenais,

« pn faveur de la morale et des niueufs
Trouveront plus d'un écljQ ijans kws oeuts. «

t

• *■

Le néo-directeur n'a pas eu repours à de semblables

Sqilas pour attirer la foule à la QaUé trapsformée.

Il a tout simplement monté avec le plus grand soin le
Uimitri de 4L Victorin Joncières, — une partiiion dontnous
laissons aux Jennius de la presse sérieuse l'honneur d'ex-
pliquer les beautés et dont nous nous bornons à consigner
ici le trè6-Jégitinie suepès.

La première repr.ésentatipn 4e Dimitri a fini à une heure
impossible. Comme un critique influent le faisait remar-
quer au jeune imprésario du Théâtre-National-Lyrique :

— De quoi vous plaignez-vous ? repartit celui-ci. De ne
pouvoir assister aux derniers tableaux et au dénoûment ?
Hé ! mon Dieu, il y a pourtant une chose bien simple à
faire...

— Et laquelle ?

— On se couche à sept heures, et l'on se fait réveiller par
son domestique vers minuit, minuit et demi.
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen