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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 9.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6770#0090
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NOUVELLE PROIE GRATUITE

Donnés à tons les nouveaux abonnes d'un an on aux abonnés
actuels qui renouvelleront leur abonnement d'un an

par anticipation.

L'ÉCLIPSÉ a acquis le droit d'offrir en prima à ses abon-
nés le nouveau vo urne do Touchatout :

LES 50 LETTRES RÉPUBLICAINES

DE GERVAIS MARTIAL

Formant un beau et fort volume grand »n-8°

Toute personne qui prendra un abonnement d'un an ou
qui renouvellera, par anticipation, son abonnement,"éga-
lement pour un an, aura le droit de retirer gratuitement dans
les bureaux de l'Eclipsé un exemplaire des'50 LETTRES
RÉPUBLICALNEd .DIS GEIiVALS MARTI AL. —Les abon-
nés des départements qui désireront recevoir le volume à
domicile devront envoyer 8 fr. 80 c, représentant le prix de
l'abonnement et les irais de port de la prime.

En vente au Bureau de VÉCLIPSE :

Titre et table de l'année 1875 de l'ÉGLIPSE

Prix : 30 centimes (franco 35 centimes]
Couverture de l'année *S75 de i'ÉCLIPSB

Prix : 20 centimes (franco 25 centimes)

UNE INTERPRÉTATION BIZARRE

Les journaux annoncent l'acquittement en cour d'assises
du Dimanche des Familles, journal clérical de Ckrmont-i'er-
rand, accusé d'excitation à la haine et au inépris du gouver-
nement et des citoyens les uns contre les autres.

Le Dimanche des Humilies a été défendu par un avocat du
barreau de Paris, M' Nlcolay, qu'il présente delà sorte a ses
lecteurs :

Jeune, trente an?, taille un peu aurdessus de la moyenne, brun,
ligure intelligente animée fut dits yeux étineelauts, bonnes ma-
niérée, vois sympathique niais faillie; voii.'vpuur le physiqiïc.'Quant

~""fà que M« Nieoliiy vil pn des
tthéllquo du Ltixeniriourx

et

au moral, qu'il nous sufijf-e
brillants couferettôiri'? du Cen
m'A )' occuiib unjaug él si: De pltts, il te iléVoue corps et ,'irnn h
la moralisatiou dut'- laineux 13" afroiulisseiiieiit où sa-ineKci^ lu
hutte aux caitle» et la trop fameuse rue Hax» qui vit les assassinat»,
.les généraux LccOiute et Clément Tluminî» 11 va mus dire que, ipal-
|ré sou âge, il occupe une pla.-e trés-honoiublc au barreau de l'iris.

F', V \V XSm* ■ i.'

Nous ne savonsp is si. pomme le prétend le hi:u ■iiehe </<•.<
familles, M' Nlcolay se dévoue .. à la moralisation du.ft!''ar-
rpndissamontr » fnais ce que n uis «puions dégajj&f. du
.•omplu rendu des ib]\>-.i> publié jv.r ht- • ' ■ /•'•i;««".'is
lui-même, c'est fae ce'! utoe. t moralisi^t^flr a usé dans su
plaidoirie d'argument bien singuliers.

Pour défendre son client, fi a accusé le gouvernement de
fermer les yeux sur d'innombrables délHs imputables aux
qrganes républicains et lil.ro.--pe 11, ours, Encore a-t-il dis-
tingué, comme Thomas Iiiai'uii us; établissant deux catégories
dû journaux, les journaux à ariicles et les journaux à inia-
aes, le» journaux destinés «à ceux qui savent lire » et" les
journaux qui s'adressent aux'ignorants. Ici nous citons tex-
tuellement ;

a J'ai prisauhagatd, a dit M« Nlcolay, ca gui se publ» actuelle-
rheut: les conservait art sont représenté? sous la forum d'un joueur
d'orgue jouant Uni jouis le mémo air : religion, famille, propriété;
le gouvernement est insulté en bloc par des caricatures■représentant
Moc-Maliou en pain d'épiée, grignoté par une cocotte représentant
la République et à la partie que l'on ne nomme pas I »

Ce simple extrait paxmoi d'apprécier l'éloquenee et la
bonne foi de l'avocat clérical. La censure et le public n'ont
vu dans la çarieatuïç qu'il cite, parue dans Y Eclipse, avec la
signature de (.iill, que ce que le dessinateur aeu réellement
l'intention d'y mettre : la République sous ics Iraits d'uno
illletle de six ans, mordant à belles deuts dans un affreux
bonhomme de pain d'éplce, dont les grosses moustaches, le
chapeau tromblon et le gourdin établissent assez l'idenliié
bonapartiste.

M° Nicolay a plus d'imagination : il métamorphose tran-
quillement la petite tille « en cocotte » et le partisan du
Ueux Décembre eu maréchal Mac-Mahon ! Nous doutons fort
que par de tels procédés de discussion, ce premier sujet des
cercles catholiques arrive à «moraliser » un arrondissement
quelconque.

Nous lui conseillerons aussi, s'il lui arrive jamais do plai-
der devant la lioiir d'assises de la Seine, de songer que le
jury parisien accepterait moins facilement que le jury cler-
montais l'interprétation jésuitique qu'il a donnée des Cari-
catures à l'usage de ceux « qui ne savent pas lire. »

L'ÉCLIPSÉ.

PROJET M RÈGLEMENT

' pour

L'ASSEMBLÉE NATIONALE

L'Assemblée nationale est en train d'enfanter un nouveau
règlement ou tout au moins do remanier celui dont elle
avait fait usage jusqu'ici.

Nous partageons cet avis avec elle que l'ancien règlement
laissait fort à désirer.

Et puisque la commission chargée de ce travail vient de
déposer son projet sur le bureau do la Chambre, nous ne
voyons pas pourquoi nous ne profiterions pas du moment
pour déposer le nôtre aussi sur la table de nos abonnés.

1

De la vérification des pouvoirs.

Art. 1er. — Nul député n'a droit aux prérogatives de ce
titre tant qu'il n'a pas été validé.

• Art. 2. —- Tout fait de pression scandaleux emporte l'in-
validation, à moins qu'il ne se soit passé en Corse.

Là, si un bureau électoral a été formé de bandits qui
mena-aient de mort quiconque ne voterait pas comme ils
l'exigeaient, le rapporteur peut tout au plus se permettre
un blâme léger.

Il faut tenir compte de l'originalité des mœurs locales.

Art. 3. — L'invalidé doit avoir l'air très-content de retour-
ner devant ses éleoteurs.

Il fera tous ses efforts pour que son sourira n'ait pas l'air
d'uno grimace.

i~. " ;>;r ,';||; ■ j ij

De la tenue des séances.

Art. 4. — L'ordro du jour fixera généralement l'ouver-
ture de la séance à deux heures.

Art. 5. — Elle commencera donc à trois.

Art. (l. — Dix minutes après l'ouyerture de la séance,
un incident orageux se fera jour à l'occasion de la lecture
du procès-verbal. C'est bien le moins que le public qui vient
pour être distrait touvo une compensation à sa trop longue
attente.

Art. 7. — Les députés ont le droit de lorgner les dames

qui se trouvent dans la salle.

Art. 8. — Il leur est interdit de communiquer par gestes
avec elles, soit qu'ils marquent l'heure d'un repas eu
comptant sur leurs doigts ePrcmuant la main au-dessus de
leur bouche ouverte; soit qu'ils se passent les mains au-
tour du front avec un geste approbateur pour exprimer à
une aimable personne que son chapeau lui va bien.

Aixt. 9. — Le bruit des conversations particulières ne
devra pas. couvrir la voix de l'orateur, ni celle du président
plus des deux tiers de la séance.

A ht. 10. — Les Injures de collègue à collègue sont in-
terdites.

Ne sont pas considérés comme injurieux les qualificatifs
roussin, chenapan, gueux, filou, bonapariiste.

Art. 1|. — Les scènes de pugilat ne sont autorisées
qu'autant qu'un huissier se trouvera entre les deux adver-
saires pour amortir la violence des coups.

Art. 12. — Le président pouvant, par suite io la vivacité
des débats être appelé à se eoiivir, prendra soin d'avoir à sa
portée une coiffure excentrique afin de confondra dans une
cuinmutm hilarité ics esprits divisés par la politiqno.

III

De l'attitude à la tribune

Art. 13. — Trois orateurs montés ensemble a la tribuno
n'auront pas le droit d'y parler à la fois.

Art. 14. - La chute du verre d'eau doit être conservée
puiy: les grands mouvements oratoires. '• v

IS'.B. Prévenir un moment auparavant ceux qui se trouvent
au-dessous.

Ar t. CI. — Avant de prendra la parole, tout député devra
jurer sur l'honneur qu'il sait ca dont il va parlor.

Art. 10. — Si son discours est inintelligible il pourra être
tenu de l'expliquer.

L'aveu qu'il ne le peut pas lui tiendra suffisamment lieu
do punition.

Art. 17. — Quand un orateur ânonne et balbutie pen-
dant, t'oplc la durée de son discours, fl esl»de mauvais gou.t
de lui crier : « Bravo ! très-bien ! continuez !»

Art. 18. — Un député a toujours la parole quand il invoqua
un fait personnel. 11 n'en doit pas abuser toutefois jusqu'à
entretenir publiquement l'Assemblée de ses petites affaires
de ménage.

Art. 19.— Tout député qui sera surpris versant de l'c-
métique dans le verre d'eau sucrée d'un adversaire sera
tenu d'en avaler le contenu séance tenante.

Art. 20. — Un a le droit de rappeler à la question un
orateur qui profite d'une discussion sur l'organisation mili-
taire pour placer un discours rentré sur le régime des
suifs.

Art. 21. — Avant d'adresser une interruption à un collè-
gue qui lit son discours, il est bon de savoir s'il a prévu lo
cas ci s'il en arrive au feuillet : * J'entends quelqu'un qui
nie dft... »

, Art. 22. — Après un discours qui a vidé la salle des
séances comme aurait pu le faire une pompe foulante, l'ora-
teur devra s'abstenir d'aller remplacer sur les épreuves du
compte rendu les (mouvements d'hilio-ite) par des (applaudisse-
ments) et la mention (marque d'impatience sur plusieurs ba>ics)
, nar [sensation vive et prolongée).

Des votes

Art. 23. — Les votes ont généralement lieu par assis
-^etlev(5. . v s" <

Il est défendu au moment solennel de glisser des clous de
tapissier sur le siège d'un collègue pour le fofeer à se
dresser.

lie même les peines les plus sévères seraient requises
contre celui qui endommagerait volontairement le fond de
aulotte d'un collègue pour l'obliger à rester assis.

Art. 24. — Lors d'une demande de scrutin public les
bulletins blancs ou bleus sont recueillis dans des urnes.

Si le chiffre des bulletins recueillis est de trois fois supé-
rieur au nombre des votants, le vote est de droit annulé.

Des séances de nuit.

Art. 23. — 11 y aura chaque mois un minimum do trois
séances de nuit, pour la commodité des membres qui peu-
vent avoir à expliquer chez eux leurs absences nocturnes.

Art. â^. — Il sera établi que les séances de nuit sont
très-longues, et par suite très-fatigantes, afin d'expliquer les
visages décomposés du lendemain.

VI

Des congés.

Art. 27. — La Chambre ne pourra jamais se proroger
avant d'avoir siégé une demi-heure au moins.

Art. 28. — Quant aux congés particuliers, ils seront l'ob-
jet d'une vérification sévère.

A moins que la morale n'ait lieu d'en souffrir, le député
devra spécifier la raison qui lui fait solliciter un congé.

Ne peuvent être acceptées comme raisons sérieuses une
invitation à déjeunor pour le lendemain, le devoir d'accom-
pagner sa femme chez une modiste, la nécessité de cam-
phrer ses effets d'hiver/ùu de mettre son vin en bouteilles.

Art'. 29. — Toule demande de congé précédant l'ouver-
ture de la session devra être accompagnée des portrait, cer-
tificat de vie et papiers de famille du solliciteur, afin que
le président soit assuré qu'il n'a pas affaire à un farceur.

vu

Du public.

Art. 30. — Les dames ne se rendant à la Chambre que
pour montrer leurs toilettes, auront droit aux seules
places où l'on entende.

Art. 31. — Si quelques naïfs appartenant au sexe qui
scrutine venaient pour entendre ce qui se dit, les garçons
de service auront pour eux la douce pitié due aux gens
atteints de maladie mentale.

Art. 32. — Les signes d'approbation ou d'improbation
sont rigoureusement interdits — à moins qu'il ne s'agisse
d'apprécier les têtes des députés : « Regarde-moi ce genou,
ma chère. — Mais il a le nez camard. — Vrai, je ne le
croyais pas si laid ! » etc.

:* ■ vin ' " '

Des rapports avec la presse

Art. 33. — Los journalistes seront gardés à vue dans
une fosse étroite garnie d'épais barreaux et soigneusement
blindée, afin que ces fauves n'v puissent commettre aucun
dégât.

Art. 34.—Le député qui voudra voir un journaliste devra
traverser deux pièces, monter quatre étages, en redescendre
trois, suivre neuf couloirs dans cinq directions diti'é
tourner autour d'un péristyle, longer un mur, ait
porte, etc.

Art. 3,;. —Si cet exercice ne l'a pas découragé, il pour
voir, au delà d'une doubl* grille, le journaliste auquel il
veut parler.

Entre les deux grilles, un questeur se promènera deu
long en large. Il empêchera qu'une fatale imprudence hé'"
fasso allonger le bras au député jusqu'à rencontrer celui
du dangereux animal.

Ds la clôture

Art. 36. — La clôtura — ce mot de la faim... de3 Assem-
blées — ne pourra être réclamée avant six heures que par
ceux qui seront porteurs d'un certificat de leur cuisinière
attestant que leur dîner ne saurait attendre.

Art. :u. — Sur les réclamations do la Société protectrice
des anîrnanx, messieurs les députés sont invités à ne pas
monter plus de 9ix dans une voiture à deux places pour se
rendre plus vite a la gare.

PAUl, PARFAIT

LA CIVIÈRE

il est neuf heures du matin, je suppose.

Le soleil charmant, fortifiant, caresse de ses rayons,
doux encore, le dos ou la poitrine des passants nombreux
el affairés qui descendent par les faubourgs, do la circonfé-
rence di la ville à son centre, e& Vont reprendre leurs tra-
vaux. V 4y

Les murs des maisons, les pavés ruisselants de lumière
nouvelles, ont un aspect presque jvyeuiï.

L'itir épuré parles brises nocturnes s'aspire ave*bonhour.

Un sentiment de bien-être indéfinissable emplit le cœur
de ceux qu'une excellente nuit a rassérénés, et qui, d'un pas

léger, arpentent les rues, d'oii la fraîcheur na s'est point

évaporée encore.

On marche avec gaieté, oubliant les soucis que l'on va
de nouveau affronter; on profite, sans y faire attention, dU
sursis que vous accordent les ennuis delà tâche quotidienne.

Et, pour uu instant, on ne pense plus aux difficultés do
la vie qu'il faudra vaincre tout à l'heure.

Pourtant on vient de quitter la maison oit l'oil «si K>
maître, son jardin, sa bibliothèque, la femme qui vous est
chère, les petits enfants, tout ce qui est la récompense du
labeur incessant, la consolation, des peines à t&tes d'hydre
qui repoussent toujours; tout ce qui constitue enfin la part
de félicité que le sort accorde à chaque être.

Mais comme on a l'habitude de cotte sôi
fixe, comme on est intimement assui><* è
paradis, après les heures de purgatoire,
que vous fait la vie publique, on s'en va, pr
des ailes, sinon aux pieds, du moins à l'am

Mais regardez.

Voyez-vous, là-bas, sur le trottoir, de l'autre côté de la
rue où vous passez, le cigare aux lèvres, voyez-vgua eette
civière que portent ('eux hommes ?

Voyez-vous cette civière ? Cette civière qui est souvent ia
préface du corbillard ?

Regardez-la bien. Ce spectacle est salutaire.

C'est le palanquin de la misère, Passant insoucieux.

La bricole aux épaules, d'un pas lourd et mesuré, deux
commissionnaires balancent le triste équipage du malheur.

Le coutil rayé flotte au vent matinal ; parfois, un coin de
la toile se soulève, et, dans un crépuscule jaunâtre, on
aperçoit, enfoncée dans un oreiller blanc, une tête pâle aux
cheveux en désordre.

Souvent, hélas! des taches rouges éclatent sinistrement
sur la blancheur de la peau.

Derrière les deux porteurs de cette chaise des misérables,
oh ! qu'il est pénible de voir un robuste ouvrier aux traits
sombres, ou une femme en pleurs portant à la main la cas-
quette et les habits de l'infortuné qu'on mène à l'hôpital le
plus voisin.

Au milieu de la foule plus distraite qu'indifférente, la
civière qui passe traee un sillon d'étonnement douloureux,
comme une lugubre charrue.
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