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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 9.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6770#0094
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VENDU AU POUVOIR

Par une belle crotte du mois de janvier, — nous pré-
férerions : « par une belle matinée du mois de mai, » mais
on était au mois de janvier, et il faisait une belle crotte, —
le publiciste Tartempion eut une de ces idées qui attestent
des capacités politiques extrordinaires. Depuis longtemps,
le littérateur Tartempion cherchait à jouer sa destinée à
\iile ou face. Son idée était simple, comme toutes les con-
ceptions de génie, et se résumait en trois mots : Vendu au

POUVOIR.

— J'ai beaucoup emprunté sur les brouillards de la Seine,
se dit Tartempion follement illuminé, mais je n'avais pas
encore pensé à me négocier.

Et les trois mots qu'il venait de lire, noyés dans les flots
d'un article macaronique :

<( Vendu au pouvoir »
flamboyèrent à ses yeux ravis.

Une fois lancé sur cette pente, le littérateur Tartempion
n'avait plus qu'à se laisser glisser, et c'est ce qu'il fit de la
meilleure grâce du monde, d'après ce raisonnement qui
n'est pas dénué de logique :

« Etant donné un littérateur sans antécédents politiques
qui veut se vendre, à qui se vendra-t-il?

« A un des vieux partis qui se divisent l'opinion :

« Républicains radicaux et modérés, légitimistes, orléa-
nistes, bonapartistes, centre droit, centre gauche, centre
fixe, tous les centres, excepté le centre de gravité. »

Cette classification faite, Tartempion s'interrogea. Vers
quel parti penchaient ses sympathies personnelles? 11 dut
s'avouer qu'il n'en savait rien, étant philosophe éclectique.

Or, se dit Tartempion, puisque je n'ai aucune préférence,
11 me semble logique de me vendre à celui qui voudra
m'acheter le plus cher.

Cette résolution prise de prêter son serment d'ivrogne et
sa parole du dimanche au plus offrant et dernier enchéris-
seur, il fit graver des cartes de visite à la minute :

TARTEMPION

publiciste et littérateur,

— Battoûs le fer pendant qu'il est chaud, se dit encore
Tartempion; il faut que j'en aie le cœur net dans cette
journée, et que je sois négocié séance tenante.

Il se rendit Immédiatement, mais sans précipitation,
chez un des hommes du pouvoir, lit passer sa carte et fut
introduit. On le reçut debout.

— Monsieur, dit-il, mon nom, sans être illustre, ne
vous est peut-être pas inconnu. Des amis indulgents
veulent bien m'accorder quelque esprit et quelque talent
de littérateur; mais aujourd'hui la littérature est dans
un marasme absolu, le grand art ne fait pas le sou, et
l'art ordinaire se paie 2."> francs le feuilleton. En présence
de cette situation, j'ai pensé que la politique, que j'ai cul-
tivée jusqu'ici comme un art d'agrément, nourrirait peut-
être mieux son homme. Je n'ai jamais rien demandé ni
obtenu, je suis libre de toute attache, et je viens vous prier
de m'accueillir pour travailler, dans ma sphère d'activité,
au triomphe des principes supérieurs et inflexibles que
votre politique tend à faire prévaloir ; je les soutiendrai
avec un zèle, un dévouement et une énergie qu'on peut
mettre à l'épreuve, et je leur appartiendrai corps et âme,
sans arrière-pensée.

Un sourire vague flotta un instant sur la bouche de
l'homme d'État, qui répondit :

— Et quel est le prix, monsieur, que vous attachez à
votre dévouement?

— L'honneur de servir une cause juste, La satisfaction du
devoir accompli, et h-cnte-dwi francs cinquante.

— On me trouvera toujours disposé à encourager de tous
mes vœux ceux qui sont disposés à travailler au bien ;
mais c'est avec regret que je dois vous dire qu'il n'existe,
au budget, aucun chapitre sur lequel je pourrais faire
ordonnancer la somme de trente-cinq francs cinquante,
qui est une des conditions de votre dévouement.

Quand le littérateur Tartempion se retrouva seul sur le
pavé, il reprit sa course et fit les réflexions suivantes :

— Il est évident que tout va bien, sauf les trente-cinq
francs cinquante. On m'encourage à soutenir le gouverne-
ment, mais sans nul subside. Je dois maintenir cette somme
de trente-cinq francs cinquante, si minime qu'elle soit ;
c'est la Véritable pierre de touche de ma situation. Si on
île me donne pas trente-cinq francs cinquante comme
prime, pour m'enrégimenter, j'aime autant rester littéra-
teur comme devant,

Monologuant ainsi, il arriva chez une des notabilités du
parti légitimiste.

Une fois quitte du cérémonial, il récita son discours
sans y changer un mot.

— Monsieur, répondit le défenseur des trônes et des
autels, votre proposition n'a rien , en elle-même que de
très-acceptable. Vous me permettrez seulement de vous
faire observer que la question d'argent ne présente aucun
caractère d'opportunité dans une question de principes.

— Toujours les trente-cinq francs cinquante, soupira
Tartempion, perdant sa deuxième illusion et se dirigeant
vers la troisième station de son calvaire.

Sans désemparer, il se rendit chez le représentant offi-
ciel de l'orléanisme.
Carte de visite. Réception. Même discours.

— Trente-cinq francs cinquante, dit le représentant
rêveur... trente-cinq francs... somme énorme pour l'épo-
que... chiffre fantastique pour un dévouement. Monsieur,
la question d'argent âcartée, nous pourrions nous enten-
dre ; mais, en ce momsnt, l'économie est plus qu'une vertu,
c'est un devoir, et l'économie des rois est la richesse des
peuples.

— Je n'en rabattrai pas un sou, so dit Tartempion, en
entrant dans un office où se trouvaient des églises républi-
caines de toutes les paroisses.

La réponse fut stéréotypée :

« Sois soldat à l'heure du combat, tu seras chef le jour de
la victoire. ». . '

— Et la solde?

— Il n'y en a pas.

— Allons au café des bonapartistes, se dit Tartempion,
de plus en plus désenchanté.

Là, un habitué le regarda comme un sergent recruteur
qui toise une recrue. Tartempion s'assit à sa table, de-
manda un petit verre de cognac et ne fit aucun discours.

— Monsieur Tartempion?

— Littérateur.

— Aigle et Violette, dit l'habitué.

— Appel au peuple, répondit Tartempion.

— Vous marchez avec nous ?

— Carrément.

— Je vous inscris pour une préfecture.

— Non.

— On vous poussera au Conseil général et on vous chauf-
fera pour la députation.

— Non.

— Un portefeuille?

— Non.

— Qu'est-ce que vous voulez, alors ?

— Trente-cinq francs cinquante.

— Trente-cinq francs cinquante?

— Espèces, contre reçu motivtf.

— Monsieur Tartempion, est-ce sérieux?

— Très-sérieux.

— Voyez ailleurs. Si vous no trouvez pas mieux, donnez-
moi la préférence.

— Non, tout bien pesé, j'aime autant faire de la litté-
rature.

Depuis cette mémorable journée et quand on parle d'un
homme vendu au pouvoir, le littérateur Tartempion hausse
les épaules et dit avec autorité :

— A trente-cinq francs cinquante, il n'y a pas marchand.
Il faut qu'il y ait des gens qui aient gâté le métier et qui
so vendent pour rien, pour le plaisir.

Vendu au pouvoir, cliché, pas vrai.

JULIEN SOREL

LA VALENCE

— La Valence!... la belle Valence !...

Hier, attristé par l'aspect mélancolique d'un ciel où cou-
raient d'affreux nuages couleur de waterproof, je regardais
passer, machinalement, une voiture à bras chargée d'oran-
ges éclatantes. 1

Les fruits magnifiques, d'un ton pur, étaient honteuse-
ment secoués sur une sale toile bleue.

Et le contact des mains hideuses de la femme qui les tri-
potait, semblait flétrir leur peau fraîche.

— La Valence !... la belle Valence !...

Je souffrais pour ces belles pommes d'or, que les doigts
délicats des Ilespérides n'osaient toucher jadis qu'avec res-
pect, et que la brise de leur pays natal effleure pour s'y par-
fumer !

La charrette horrible où ces pauvres condamnées étaient
trimballées, avant de mourir, longeait lentement les trot-
toirs.

— La Valence !... la belle Valence!...

Le hurlement bestial de la marchande d'oranges me fai-
sait tressaillir.

Pendant que, de l'œil, je suivais la marche lugubre des
fruitsfécriquement dorés par un soleil généreux, une dame,
voilée, les contemplait également.

Je l'aperçus tout à coup, et je l'examinai fraternel-
lement.

— La Valence!... Libelle Valence !...

C'était une dame, fort jeune, très-brune, pâle, aux yeux
noirs, brillants comme la laque japonaise.

Toilette exquise, simple, me la rendit chère tout de
suite. D'ailleurs, n'avions-nous pas au cœur un regret, de-
vant ces oranges prostituées aux lèvres parisiennes,
qui nous faisait de la môme noble famille, la famille des
poètes.

— La Valence !... la belle Valence

La dame, dont l'épais sourcil se fronçait à chaque cri delà
marchande insensible, promenait sa prunelle sombre et
charmante sur les tas étiquetés.

mie semblait les savourer silencieusement, et dans cette
rue boueuse, noire, affligeante, au milieu des passants
crottés et laids, on eût dit juc des souvenirs se levaient,
spectres adorés, devant elle, et clouaient ses pieds fins au
sol glacé.

— La Valence!... la belle Valence'....

La senteur pénétrante des oranges traînées sur leur claie,
s'élevait dans l'air, s'accrochant au hasard aux nez surpris
des gens pressés.

Elle ne leur disait rien sans doute. Elle ne leur rappelait
aucun passé, c'est probable.

Mais à la dame brune, à l'œil un peu sauvage, à la cheve-
lure exotiquement noire, certes, me dis-je, ces fruits mer-
veilleux parlent un langage bien mélodieux.

— La Valence !... la belle Valence !...

0 Mignon, en costume de Parisienne, pensais-je, de quelle
contrée bénie es-tu l'enfant ?

Viens-tu de l'Italie, où fleurissent les citronniers?

N'es-tu pas née plutôt en Espagne, au pays où dans les
feuillages verts les pommes d'or de l'oranger mûrissent ?

Quels horizons bleus, quelles mers, quelles montagnes,
quels bois d'oliviers te nomment ces oranges perdues dans
Paris ?

La maison paternelle, aux murs blancs, qu'on entrevoit
de loin, entre les branches desarbresmajestueux, sedresse-
t-elle sous le ciel andalou, ou sous l'azur napolitain?

Quelle enfance libre et joyeuse, au grand soleil, revois-tu,
en plongeant tes admirables yeux dans les tas vulgaires des
oranges que voici?

— La Valence! la belle Valence!

Ton visage ne rappelle pas les traits mignons, enfantins
et pervers de mes folâtres compatriotes au nez retroussé
galamment.

Tu semblés navrée. Ta lèvre frémit. Ta main se crispe sur
l'astrakan de ton manchon.

Veux-tu que j'achète ces oranges dont la vue te peine
horriblement, et que je les fasse porter chez toi, dans une
coupe de jade ?

S'il faut que je les porte moi-même, si tel est ton -désir,
je suis prêt.

Je cours à la Porte Chinoise, et je reviens, prompt comme
le Génie aux ordres d'Aladin, m'agenouiller devant toi, la
coupe à la main !

— La Valence! la belle Valence!

Comme je rêvais delà sorte, assez follement, cemesemble,
sans m'apercevoir du froid qui me gagnait, je vis soudain,
— ô coup de théâtre inattendu 1 — un monsieur, fort bien
du reste, se présenter, chapeau bas, devant ma Mignon
mystérieuse, immobile et muette.

Avec une indiscrétion que je me reprocherai toujours, je
manœuvrtâ de façon à me rapprocher rapidement de la
dame brune à la mine désolée.

J'atteignis ce but sans effort.

Et, les oreilles au vent, j'écoutai. Un joli métier comme

vous voyez.

« Ce qu'ils disaient, je n'ose le dire; » c'est une romance
qui chante cela. Je serai moins timide que la romance, et

j'irai jusqu'au bout.
Tant pis pour moi !

La dame svelte, brune, aux yeux étincelants, à la tour-
mue d'étrangère exilée, disait au jeune homme dont nous

avons signalé et admiré la tenue :
« Vous m'avez joliment fait attendre, mon cher!

— Mille pardons !

— Et dans une rue, encore !

— C'est que...

— Allons, partons !
t— A vos ordres...

— Ah ! — ajouta mignardement la belle créature, en pre*
nant le bras du pauvre garçon troublé; — tout à l'heure,
je regardais des oranges, de la valence splendide... Le mon-
sieur serait bien gentil d'en acheter à sa petite Nana pour
faire une salade ce soir, avec beaucoup de rhum... Hein?
continua-t-elle avec câlinerie... Le monsieur veut-il ?

— La Valence! la belU Valence! »

Je m'enfuis, épouvanté. — 0, Mignon!

ERN. D'HERVILLY

RÉFLEXIONS D'UN LUNATIQUE

Les travailleurs, qui comptent édifier quelque chose avec

les grèves, bâtissent sur le sable.

Au dernier Salon, j'ai remarqué que tous les tableaux
représentant de la neige au lieu d'être à la gauce blanche

étaient à l'huile. '•

Itacinc, par sa façon de travailler les vers» est un

polisseur.

Veuillot a beau lever le masque, 11 n'en lut pas moin»

laid.

Moi, je sais à quels seins me vouer.
Je me voue aux blancs.

Les chevaux attelés sont de Véritables croque-mors,

11 suffit, pour changer d'air, de ne pas toujours elianter

la même chose.

Tout le monde a vu des hirondelles rftWr la terre; mai»

personne n'a jamais vu leur rasoir.

Tous les mois la lune est pleine ; je voudrais bien savoir
qui est-ce qui l'emplit.

L'on n'est pas d'accord sur la façon dont Razaine s'est
évadé. Il y a des variations sur la grosse corde.

Les Trois Parques sont de vieilles femmes aux jambes
très-maigres. Aussi parle-t-on toujours des six os des
Parques.
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