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https://doi.org/10.11588/diglit.6770#0104
L'E GLIPbK
Aux Variétés, Alexandre Michel n'était pas seulement un
excellent comédien ; c'était encore un agréable farceur.
Un jour, dans les Etrangleurs de l'Inde, son camarade
Christian se livrait aux cascades les plus folles.
Alexandre Michel, dont cette gaieté neutralisait tous les
tffds et qui interprétait le chef des etrangleurs, s'adresse
tout à coup aux comparses placés sous ses ordres, et, leur
désignant Christian :
— Etranglez-moi cet homme !
Et Christian, étranglé... pour la frime, ne put plus pro-
noncer un mot.
Michel avait été lui-même victime d'une plaisanterie de
ce genre,
C'était à la Porte Saint-Martin, dans Pied-de-Fer, un drame
de Léon Gozlan. Gil Pérès et Michel débutaient dans cette
pièce. Le soir de la première représentation, Gil-Pérès
prend à part une demi-douzaine de figurants :
— Mes enfants, pourquoi n'êtes-vous pas venus répéter
ce matin?
— On ne nous a pas avertis.
— C'est qu'on a pensé sans doute que le détail n'en valait
pas la peine. Voici la chose. Il y a une coupure. Quand
M, Michel commence son monologue, je crie : Enlevez, mes-
sieurs ! Alors, vous vous jetez sur lui ; il se débat ; mais
vous l'empoignez solidement et vous l'emportez dans la
coulisse. Vous avez compris?
— Parfaitement, cela ira tout seul.
Michel comptait beaucoup sur son monologue.
Oui, mais à peine l'a-t-il entamé, que les instructions de
Gil-Pérès sont exécutées à la lettre.
Michel a beau protester...
Il est saisi, enlevé et transporté hors de la scène.
Ce qu'il y a de plus comique, c'est que, s'imaginant que
cet enlèvement était dans la pièce, le public se mit à ap-
plaudir avec rage ; le lendemain, le monologue était sup-
primé.
La représentation de retraite d'Alexandre Michel a eu lieu
aux Variétés. On donnait la reprise d'Une semaine à Londres,
un antique vaudeville de MM. Clairville et Jules Cordier,
dans lequel le mal de mer et ses résultats... laxatifs jouent
un rôle des plus importants. M. Clairville n'en est pas, du
reste, à son coup d'essai dans cette matière. L'anecdote sui-
vante, — racontée autrefois par M. de Villemessant à notre
confrère Chavette, — le prouvera surabondamment :
Quand il eut écrit le revue des Pommes de terre malades,
Clairville la lut à son collaborateur. Celui-ci, après s'être
tordu de rire, lui dit :
- Mon ami, je n'ai jamais rien vu d'aussi drôle... Seule-
ment, il y EN a de trop.
Et de ses deux doigts, il se pinça le nez pour se l'aire
mieux comprendre.
Clairville en retira la moitié; puis il porta la pièce
ainsi essuyée à Dormeuil, lequel, après en avoir pris connais-
sance, s'écria avec enthousiasme :
— Mais compliments, mon cher!... C'est inouï d'entrain!...
Seulement il y ES a de trop!
Clairville retrancha la moitié de ce qui restait. La lec-
ture fut faite aux artisles. Ceux-ci entonnèrent d'abord un
concert de louanges et de félicitations. Ensuite, ils nommè-
rent un délégué qui tira l'auteur à part :
— Mon bon, nous aurons un succès de fou rire... Seule-
ment, mes camarades et moi, nous trouvons qu'ii y EN a
de trop !
— On prétend que ça porte bonheur, objecta le vaude-
villiste supers titieux.
— Oui, mais pas trop n'en faut.
— Allons, soit.
Il supprima les trois quarts de ce qu'il avait laissé sub-
sister.
La pièce fut présentée à la Commission d'examen. Les
censeurs furent unanimes à en louer l'esprit gaulois. Seu-
lement, comme il y EN avait encore de trop, ils en rognèrent
les six dixièmes !...
A la répétition générale, l'inspecteur déclara qu'il n'auto-
riserait la représentation que si l'auteur éliminait, au
moins, les quatre cinquièmes de ce qui avait résisté
aux coupures précédentes !...
Enfin, les Pommes de terre malades furent jouées...
Ce soir-là, le public applaudit à tout rompre...
Mais il ne cessa de répéter :
— C'est égal, franchement, (t y EN n de trop
A ce dernier coup, le vaudevilliste s'écria :
— Si je retire mon cachet, on croira que je n'ai rien lait
dans la pièce !!!
«TA A
Le Gérant: lb rbvbrbnd.
Paris. — Inip. F. DEBONS, et O 16. rue du Croissuut.
LE PREMIER NUMÉRO A 10 CENTIMES DE LA NOUVELLE SÉRIE PARAITRA LA SEMAINE PROCHAINE
L'ÉCLIPSÉ
REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
Cette nouvelle série de L'ÉCLIPSÉ aura le format petit in-40 du célèbre journal anglais le PUNCH, qui permettra aux
collectionneurs de conserver plus facilement leurs numéros. — Chaque numéro hebdomadaire se composera de 12 pages, illustrées
d'au moins 4 pages de dessins par GILL et les dessinateurs les plus en vogue.
CHAQUE ANNÉE DE L'ÉCLIPSÉ, Revue Comique Illustrée, FORMERA UN SUPERBE VOLUME AVEC TITRES & TABLES.
ABONNEMENTS A L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
Le prix de l'abonnement a l'Éclipsé restera fixé comme par le passé, au prix de 6 francs pour Paris et de 9 francs pour les départements, (port de la prime compris.)
PRIMES. — Chaque abonné aura droit, comme prime gratuite, à un exemplaire d'une très-curieuse publication aulographiée et coloriée :
LA BOITE AUX LETTRES formant un très-beau volume m-8°
En ajoutant 1 franc au prix de l'abonnement, les nouveaux abonnés auront le droit de choisir comme prime un
très-beau et trés-fort volume qui ne se vend pas moins de 5 francs en librairie, intitulé : Encyclopédie universelle des connaissances
pratiques, véritable vade-mecum de toutes les familles.
ÉDITION DE LUXE DE L'ÉCLIPSÉ REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
Pour satisfaire au désir exprimé par un grand nombre de lecteurs, il est tiré une édition de luxe de L'ÉCLIPSÉ, sûr très-beau cl tres-fort
papier. Celte édition de luxe se vendra 30 centimes le numéro.
ABONNEMENT ET PRIME DE L'ÉDITION DE LUXE
Le prix de l'abonnement à l'édition de luxe est de 16 francs pour Paris et de 18 francs pour les^ départements. Les abon-
nés de cette édition recevront gratuitement, au fur et à mesure de la publication des séries, l'ouvrage à succès du moment :
Qua!reviugi-trci,ie, par VICTOR HUGO, illustré de très-bèlkî
*s gravures.
L'Écluse, Recw comique UfasUëe, se vendra comme par le passé chez tous les libraires et marchands le journaux
bE PARIS et des départements, ainsi que dans toutes les gares des chemins de fer.
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noncer un mot.
Michel avait été lui-même victime d'une plaisanterie de
ce genre,
C'était à la Porte Saint-Martin, dans Pied-de-Fer, un drame
de Léon Gozlan. Gil Pérès et Michel débutaient dans cette
pièce. Le soir de la première représentation, Gil-Pérès
prend à part une demi-douzaine de figurants :
— Mes enfants, pourquoi n'êtes-vous pas venus répéter
ce matin?
— On ne nous a pas avertis.
— C'est qu'on a pensé sans doute que le détail n'en valait
pas la peine. Voici la chose. Il y a une coupure. Quand
M, Michel commence son monologue, je crie : Enlevez, mes-
sieurs ! Alors, vous vous jetez sur lui ; il se débat ; mais
vous l'empoignez solidement et vous l'emportez dans la
coulisse. Vous avez compris?
— Parfaitement, cela ira tout seul.
Michel comptait beaucoup sur son monologue.
Oui, mais à peine l'a-t-il entamé, que les instructions de
Gil-Pérès sont exécutées à la lettre.
Michel a beau protester...
Il est saisi, enlevé et transporté hors de la scène.
Ce qu'il y a de plus comique, c'est que, s'imaginant que
cet enlèvement était dans la pièce, le public se mit à ap-
plaudir avec rage ; le lendemain, le monologue était sup-
primé.
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