L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (9.1876)

10 L'ÉCLIPSÉ, REVUE

COMIQUE ILLUSTRÉE

fl Juillet 1876.

qu'on n'a jamais pu ni vendre ni louer, on préten-
dit que cette opération avait pour but d'aérer le

CENSURIANA



jardin.

*

L'œuvre des vieux papiers va tomber dans le ma-
rasme. On sait que des chiffonniers orthodoxes ont
imaginé cet expédient d'un si haut comique d'écu-
mer les tas d'ordures pour nourrir le Saint-Père et
les Cardinaux, qui meurent de faim, comme cela est
bien connu. L'une des notabilités de cette industrie,
un nommé Bierfuhrer, vient d'être condamné par la
8mo chambre pour escroquerie, parce qu'il a été éta-
bli qu'il employait tous les vieux papiers des fidèles
à l'amélioration de son propre sort. Les touilles
chrétiennes vont dire que c'est encore là une nou-
velle persécution contre l'Eglise. Quoi qu'il en soit,
ce personnage, dont le nom baroque est décidément
trop pénible à écrire, ira tresser des chaussons de
lisière dans le silence du cabinet. Il lui sera permis,
pour rétablir l'équilibre, d'en consacrer le produit
au denier de Saint-Pierre.

RATAPOIL.

FABLE COUP DE POING

LES HAUTS ET LES BAS

Pour avoir eu plein drap par trop coupé naguère,
Clément Duvernois l'ait des chaussons de lisière.
Ce travail parait-il est un travail ingrat.

MORALITÉ

La lisière est pire que le drap.

H. M.

Le théâtre des Variétés a deux directions, une
pour l'hiver, une pour l'été. J'imagine que la pre-
mière est composée de Boyards extrêmement fourrés
et que la seconde est vouée aux étoffes claires, à
Saint-Casimir et à Saint-Nankin. Quoi qu'il en soit,
la direction d'été vient de monter une comédie qui
s'appelle : Les jolies filles de Grévin.

Il parait que la censure — cette douane de la pen-
sée — a failli biffer ce titre.

Il a fallu des négociations considérables, desdiplo-
maties invraisemblables pour détourner de lui le
terrible crayon rouge.

Pied à pied, mot à mot, lettre à lettre on a discuté
avec les censeurs ce titre anodin.

— Est-ce : Les qui vous effarouche ?

— Pas précisément... cependant c'est un pluriel-
Un pluriel quand il s'agit de femmes, c'est tou-
jours scabreux : ça peut donner des idées.

— Jolies, vous parait-il inconstitutionnel?

— Je ne dis pas cela... mais c'est bien exclusil.
Parler sans cesse des jolies femmes, cela finit par ir-
riter les laides. Il y a là presque un cas d'excitation
à la haine des citoyennes les unes contre les autres.
Du reste, ce n'est pas un mot très-moral. Joli, jolie,
jolies, ça peut donner des idées.

— Le mot filles est bien innocent.

— Pas tant que cela. Consultez le dictionnaire.
Ville est quelquefois employé pour désigner une cer-
taine catégorie de femmes qui ne sont ni de temple
ni de foyer.

Une confusion est possible. Et puis qu'en voulez-
vous faire de ce mot? L'afficher. Vos filles sont donc
des Filles qui s'affichent. Mauvais exemple.

VIE ET AVENTURES DE CÉSARIN JOLI-COCO (Suite).

Conséquemment, que le premier des arts est1 l'art de la
savate qui peut être aussi le dernier mot de la logique.

Que le chien du voisin n'est pas enragé mais qu'il pourrait l'être:
que s'il était enragé, lui, Césarin, serait eu danger d'être mordu.