9 Juillet 1876.
Au fond, vous en conviendrez Filles est incen-
diaire.
Il implique l'idée de la différence des sexes. Ça
peut donner des idées.
— Au moins, vous nous passerez bien le de ?
— Permettez, permettez. Cela demande réflexion.
NOUS sommes en République. Les de sont mal vus.
— Et Grévin ? Cette fois vous n'avez rien à objec-
ter.
— Au contraire. C'est là qu'est le danger. Le nom
de Grévin rappelle son œuvre dessinée. Il évoque à
l'esprit toute une délicieuse série d'albums remplis
de petits nez retroussés, de grands yeux pétillants
de malice, d'esprit ou d'amour, de gorges élégantes,
de reins coquettement cambrés, de jambes fines, de
petits pieds. Sans parler des légendes qui sont mon-
tées de ton, et d'un parisianisme très-déluré... Et
cela fait venir de coupables pensées.
Il faut donc savoir gré aux censeurs d'avoir cédé
sur des points aussi délicats. Ils ont permis d'affi-
cher : Les jolies fdlesde Grmrctoutennesedissimulant
pas l'étendue de cette dérogation à leurs principes.
E. M.
LA PROCESSION
PASTORALE
C'était dimanche matin.
Les rues étaient pavoisées aux couleurs nationa-
les, et çà et là sur les rameaux verts appendus au
premier étage des maisons se détachaient des ban-
nières aux nuances et aux emblèmes variés.
La foule grossissait à vue d'oeil.
Par instants on voyait une bonne femme semer
sur le devant de la demeure et dans la rue du sable
bien blanc, des roses et des lys émaillés de petites
découpures de papiers multicolores. On attendait le
passage de la procession.
Bientôt j'entendis les voix lentes des marguilliers
psalmodiant les cantiques consacrés, puis la mu-
sique des pompiers, puis le chant des jeunes vier-
ges. Tout cela n'était pas sans poésie.
L'émotion me gagna.
Je voulus voir jusqu'au bout.
Elle était longue la queue des bourgeois qui se
suivaient pas à pas, un cierge à la main, sans s'in-
quiéter des larmes de cire tombant sur l'habit des
grands jours de leur chef de file.
Mais ne faut-il pas laisser vivre aussi les dégrais-
seurs?
Tout en faisant ces réflexions, je me pris à penser :
Pourquoi les catholiques seuls font-ils des proces-
sions?
Imaginez-vous le même jour les libres penseurs,
les protestants, les Juifs et les spirites se livrant
aux mêmes ébats et se rencontrant aux détours d'un
carrefour! !
Les mains pieusement jointes se crisperaient pour
la boxe, les litanies se changeraient en imprécations,
les hampes des bannières se transformeraient en
lances de combat, les encensoirs en fronde.
Il n'est pas jusqu'aux musiciens qui ne feraient
usage de leurs armes en réminiscence des trompettes
de Jéricho.
Partout l'injure! la lutte! le massacre! le cata-
clysme universel...
Ça gênerait bien davantage la circulation.
MOUSTIQUE.
CYMBALES
Une affiche qui fait rêver, rue de la Grange-Bate-
lière :
« Pipes en écume de Vaugirard, à l'usage de la
mari ne des deux sexes. »
Calino es) dans la désolation à cause d'un procès
de chasse qu'on lui a intenté :
— C'est devenu d'autant plus grave, dit-il, que
maintenant ça va passer en cour d'assises. Il parait
que j'ai déjà fait défunt.
T.
Au fond, vous en conviendrez Filles est incen-
diaire.
Il implique l'idée de la différence des sexes. Ça
peut donner des idées.
— Au moins, vous nous passerez bien le de ?
— Permettez, permettez. Cela demande réflexion.
NOUS sommes en République. Les de sont mal vus.
— Et Grévin ? Cette fois vous n'avez rien à objec-
ter.
— Au contraire. C'est là qu'est le danger. Le nom
de Grévin rappelle son œuvre dessinée. Il évoque à
l'esprit toute une délicieuse série d'albums remplis
de petits nez retroussés, de grands yeux pétillants
de malice, d'esprit ou d'amour, de gorges élégantes,
de reins coquettement cambrés, de jambes fines, de
petits pieds. Sans parler des légendes qui sont mon-
tées de ton, et d'un parisianisme très-déluré... Et
cela fait venir de coupables pensées.
Il faut donc savoir gré aux censeurs d'avoir cédé
sur des points aussi délicats. Ils ont permis d'affi-
cher : Les jolies fdlesde Grmrctoutennesedissimulant
pas l'étendue de cette dérogation à leurs principes.
E. M.
LA PROCESSION
PASTORALE
C'était dimanche matin.
Les rues étaient pavoisées aux couleurs nationa-
les, et çà et là sur les rameaux verts appendus au
premier étage des maisons se détachaient des ban-
nières aux nuances et aux emblèmes variés.
La foule grossissait à vue d'oeil.
Par instants on voyait une bonne femme semer
sur le devant de la demeure et dans la rue du sable
bien blanc, des roses et des lys émaillés de petites
découpures de papiers multicolores. On attendait le
passage de la procession.
Bientôt j'entendis les voix lentes des marguilliers
psalmodiant les cantiques consacrés, puis la mu-
sique des pompiers, puis le chant des jeunes vier-
ges. Tout cela n'était pas sans poésie.
L'émotion me gagna.
Je voulus voir jusqu'au bout.
Elle était longue la queue des bourgeois qui se
suivaient pas à pas, un cierge à la main, sans s'in-
quiéter des larmes de cire tombant sur l'habit des
grands jours de leur chef de file.
Mais ne faut-il pas laisser vivre aussi les dégrais-
seurs?
Tout en faisant ces réflexions, je me pris à penser :
Pourquoi les catholiques seuls font-ils des proces-
sions?
Imaginez-vous le même jour les libres penseurs,
les protestants, les Juifs et les spirites se livrant
aux mêmes ébats et se rencontrant aux détours d'un
carrefour! !
Les mains pieusement jointes se crisperaient pour
la boxe, les litanies se changeraient en imprécations,
les hampes des bannières se transformeraient en
lances de combat, les encensoirs en fronde.
Il n'est pas jusqu'aux musiciens qui ne feraient
usage de leurs armes en réminiscence des trompettes
de Jéricho.
Partout l'injure! la lutte! le massacre! le cata-
clysme universel...
Ça gênerait bien davantage la circulation.
MOUSTIQUE.
CYMBALES
Une affiche qui fait rêver, rue de la Grange-Bate-
lière :
« Pipes en écume de Vaugirard, à l'usage de la
mari ne des deux sexes. »
Calino es) dans la désolation à cause d'un procès
de chasse qu'on lui a intenté :
— C'est devenu d'autant plus grave, dit-il, que
maintenant ça va passer en cour d'assises. Il parait
que j'ai déjà fait défunt.
T.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Vie et aventures de Césarin Joli-Coco (suite)
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)