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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
20 Août 1876.
LA
VENGEANCE D'UN PHARMACIEN
Dans une maison que nous ne désignerons pas,—
nous ne tenons pas à ce qu'on nous croie de la po-
lice! — demeurait un docteur que nous appellerons
Duchemin, si vous le voulez bien, afin de ne pas
déshonorer sa famille en donnant son vrai nom.
Ni trop ignare, ni trop savant, notre docteur expé-
diait son malade tout comme un autre, mais malheu-
reusement pour les héritiers du quartier, les indis-
positions étaient rares, etleur bienfaiteur fort à court
de clients.
Pressé par d'avides créanciers, notre docteur em-
barrassé ne sachant plus que devenir, s'aperçut un
beau jour, c'était même un soir, qu'il n'avait plus
aucune ressource.
Il prit alors un parti horrible, mais énergique, et
mettant de côté toute pudeur, il entra d'un pas dé-
libéré chez le pharmacien le plus voisin, qu'il con-
naissait depuis quelques années, et ces deux fléaux
de l'humanilé conversèrent.
Par métier, ayant déjà chacun un pied dans le
crime, il leur en coûtait peu de mettre les deux ;
aussi, après avoir amèrement déploré l'assainisse-
ment du quartier, cherchèrent-ils un moyen mal-
honnête mais détourné pour s'entr'aider mutuelle-
ment.
Le pharmacien que nous appellerons Flairmon —
toujours pour détourner l'action de la police — de-
vait fournir des malades au docteur, lequel les
retournerait à Flairmon, le tout... valeur en compte.
XX
Dèsle lendemain l'apothicaire, en ouvrau-t sa bou-
tique, se mit à réfléchir :
de son domicile,
tache imaginaire
p'tit temps frais,
Etre malade est peu de chose, se dit-il, on en re-
vient, mais se croire malade tout est là! on en meurt,
continua-t-il en souriant de ce rire horrible particu-
lier aux marchands d'eau de Sedlitz.
Cette infernale réflexion faite, Flairmon n'attendit
plus qu'une occasion, bien décidé à la faire naitre,
si elle tardait à se présenter.
Mais son ardeur ne lui permit pas d'attendre plus
longtemps, et ayant aperçu le marchand de flanelle
d'à côté, son voisin — de droite — il, — non de gau-
che, — il sortit sournoisement
essuyant avec acharnement une
sur les vitres de sa boutique.
— Bonjour, monsieur Vermisot.
— Salut, monsieur Flairmon ,
hein!
— Oui. oui, oh! c'est bien mauvais pour les bron-
ches, ce temps-là.
— Vraiment !
— Oh ! tout ce qu'il y ;i de plus mauvais!
— Tiens, tiens, tiens, oh 1 c'est curieux 1
La conversation mise ainsi sur la santé, Flairmon
fut éloquent, montra des connaissances étonnantes,
et retint pendant trois quarts d'heure son voisin sur
le trottoir :
Une heure après Vermisot sonnait chex le doc-
teur.
Il faut dire que Vermisot avait une peur horrible
de la mort. — D'ailleurs, tous les marchands en ont
peur. — Les remords ! vous comprenez.
Effrayé sur sa respiration et sur sa mine, le mar-
chand de flanelle, contiant au fond dans son voisin,
voulait couper le mal dans sa racine.
Naturellement, le mal venait de loin, le cas était
beaucoup plus grave qu'il n'en avait l'air, un autre
que Duchemin aurait dit : ce n'est rien, mais lui
VIE ET AVENTURES DE CÊSARÎN JOLI-COCO (Suite)
Admis en présence de l'autorité, C'ésarin débute par un exorde attendri Puis entrainé par sa conscience, il dévoile avec une prodigieuse
dans lequel il déplore la douloureuse nécessité d'accuser un ami ; éloquenee, 1 effroyable complot trame par Jacques UonDougre aoni ia
palliasse recète des bombes
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
20 Août 1876.
LA
VENGEANCE D'UN PHARMACIEN
Dans une maison que nous ne désignerons pas,—
nous ne tenons pas à ce qu'on nous croie de la po-
lice! — demeurait un docteur que nous appellerons
Duchemin, si vous le voulez bien, afin de ne pas
déshonorer sa famille en donnant son vrai nom.
Ni trop ignare, ni trop savant, notre docteur expé-
diait son malade tout comme un autre, mais malheu-
reusement pour les héritiers du quartier, les indis-
positions étaient rares, etleur bienfaiteur fort à court
de clients.
Pressé par d'avides créanciers, notre docteur em-
barrassé ne sachant plus que devenir, s'aperçut un
beau jour, c'était même un soir, qu'il n'avait plus
aucune ressource.
Il prit alors un parti horrible, mais énergique, et
mettant de côté toute pudeur, il entra d'un pas dé-
libéré chez le pharmacien le plus voisin, qu'il con-
naissait depuis quelques années, et ces deux fléaux
de l'humanilé conversèrent.
Par métier, ayant déjà chacun un pied dans le
crime, il leur en coûtait peu de mettre les deux ;
aussi, après avoir amèrement déploré l'assainisse-
ment du quartier, cherchèrent-ils un moyen mal-
honnête mais détourné pour s'entr'aider mutuelle-
ment.
Le pharmacien que nous appellerons Flairmon —
toujours pour détourner l'action de la police — de-
vait fournir des malades au docteur, lequel les
retournerait à Flairmon, le tout... valeur en compte.
XX
Dèsle lendemain l'apothicaire, en ouvrau-t sa bou-
tique, se mit à réfléchir :
de son domicile,
tache imaginaire
p'tit temps frais,
Etre malade est peu de chose, se dit-il, on en re-
vient, mais se croire malade tout est là! on en meurt,
continua-t-il en souriant de ce rire horrible particu-
lier aux marchands d'eau de Sedlitz.
Cette infernale réflexion faite, Flairmon n'attendit
plus qu'une occasion, bien décidé à la faire naitre,
si elle tardait à se présenter.
Mais son ardeur ne lui permit pas d'attendre plus
longtemps, et ayant aperçu le marchand de flanelle
d'à côté, son voisin — de droite — il, — non de gau-
che, — il sortit sournoisement
essuyant avec acharnement une
sur les vitres de sa boutique.
— Bonjour, monsieur Vermisot.
— Salut, monsieur Flairmon ,
hein!
— Oui. oui, oh! c'est bien mauvais pour les bron-
ches, ce temps-là.
— Vraiment !
— Oh ! tout ce qu'il y ;i de plus mauvais!
— Tiens, tiens, tiens, oh 1 c'est curieux 1
La conversation mise ainsi sur la santé, Flairmon
fut éloquent, montra des connaissances étonnantes,
et retint pendant trois quarts d'heure son voisin sur
le trottoir :
Une heure après Vermisot sonnait chex le doc-
teur.
Il faut dire que Vermisot avait une peur horrible
de la mort. — D'ailleurs, tous les marchands en ont
peur. — Les remords ! vous comprenez.
Effrayé sur sa respiration et sur sa mine, le mar-
chand de flanelle, contiant au fond dans son voisin,
voulait couper le mal dans sa racine.
Naturellement, le mal venait de loin, le cas était
beaucoup plus grave qu'il n'en avait l'air, un autre
que Duchemin aurait dit : ce n'est rien, mais lui
VIE ET AVENTURES DE CÊSARÎN JOLI-COCO (Suite)
Admis en présence de l'autorité, C'ésarin débute par un exorde attendri Puis entrainé par sa conscience, il dévoile avec une prodigieuse
dans lequel il déplore la douloureuse nécessité d'accuser un ami ; éloquenee, 1 effroyable complot trame par Jacques UonDougre aoni ia
palliasse recète des bombes
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Vie et aventures de Césarin Joli-Coco (suite)
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 9.1876, S. 27_062
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg