L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
15 Octobre 1876.
LA SEMAINE COMIQUE
\mMm Ail
- Notre voix ne pourra peut-être pas se faire entendre, il faudra alors — La guerre semble inévitable, dit mon jouroa' ! Les affaires vont
vous donner la parole. reprendre ma louloute, t'auras ta robe de soie.
JULES VERNE
LE FRÈRE MALGRÉ LUI
La célébrité a parfois des inconvénients bien bur-
lesques, comme vous allez voir par ce qui arrive à
Jules Verne, l'auteur si populaire du Voyage autour
du monde en 80 jours et de tant d'autres ravissants
ouvrages , traduits dans toutes les langues du
monde.
Depuis près de deux ans, il recevait tous les
mois , par l'entremise de son éditeur, des lettres de
Varsovie , écrites en polonais ou en allemand, les-
quelles commençaient toujours par: « Mon cher frère »
ou « mon cher oncle » et lui donnaient des nou-
velles de gens qu'il n'avait jamais vus ou lui en
demandaient des siennes, tout en le blâmant sé-
vèrement de son inqualifiable conduite, Du reste, elles
étaient signées lisiblement Olschewitz père ou O's-
chewitz 1ils ; mais, comme c'étaient des énigmes
pour Verne, il va sans dire qu'il n'y répondait pas.
Pourtant,à la fin, agacé par une telle persistance,
il pria ses deux correspondants, par un billet laco-
nique, en français, de cesser leur mauvaise plaisan-
terie.
Là-dessus, il s'en croyait naïvement débarrassé.
Ah bien oui! les Polonais sont autrement tenaces
que ça.
Tout à coup,— il y a huit jours, — un vieux mon-
sieur, en costume de voyage, entre précipitamment
à la Librairie nouvelle et demande l'adresse du ro-
mancier Jules Verne , en ajoutant : « C'est mon
frère ! »
— Comment! vous, son frère! s'écria un ami in-
time de Verne qui est précisément à la Librairie.
•Et nussitôt l'autre de donner maintes explica-
tions, avec amertume, disant que Jules Verne est
son frère bien-aimé quoique assez coupable pour
avoir quitté et oublié la Pologne depuis trente ans,
pour avoir changé son nom d'Olschewitz contre
celui de Verne, pour avoir renié sa famille et sur-
tout la religion juive, et enfin pour priver sa patrie
de l'honneur de sa gloire.
L'ami essaie en vain de déclarer que Verne est
né à Nantes, ainsi que les registres de sa mairie en
font foi, de parents français et catholiques; qu'il
n'a qu'un frère, breton aussi, qui s'appelle Paul ;
qu'il n'a pas renié la loi deMoïse puisqu'il n'a jamais
été circoncis ; que du reste il n'a pas voyagé en
Pologne ; qu'il n'avait même jamais quitté la France
avant ces dix dernières années, et qu'enhn il ne
sait pas un mot de polonais ni même d'allemand;
que par conséquent il y a erreur de personne.
15 Octobre 1876.
LA SEMAINE COMIQUE
\mMm Ail
- Notre voix ne pourra peut-être pas se faire entendre, il faudra alors — La guerre semble inévitable, dit mon jouroa' ! Les affaires vont
vous donner la parole. reprendre ma louloute, t'auras ta robe de soie.
JULES VERNE
LE FRÈRE MALGRÉ LUI
La célébrité a parfois des inconvénients bien bur-
lesques, comme vous allez voir par ce qui arrive à
Jules Verne, l'auteur si populaire du Voyage autour
du monde en 80 jours et de tant d'autres ravissants
ouvrages , traduits dans toutes les langues du
monde.
Depuis près de deux ans, il recevait tous les
mois , par l'entremise de son éditeur, des lettres de
Varsovie , écrites en polonais ou en allemand, les-
quelles commençaient toujours par: « Mon cher frère »
ou « mon cher oncle » et lui donnaient des nou-
velles de gens qu'il n'avait jamais vus ou lui en
demandaient des siennes, tout en le blâmant sé-
vèrement de son inqualifiable conduite, Du reste, elles
étaient signées lisiblement Olschewitz père ou O's-
chewitz 1ils ; mais, comme c'étaient des énigmes
pour Verne, il va sans dire qu'il n'y répondait pas.
Pourtant,à la fin, agacé par une telle persistance,
il pria ses deux correspondants, par un billet laco-
nique, en français, de cesser leur mauvaise plaisan-
terie.
Là-dessus, il s'en croyait naïvement débarrassé.
Ah bien oui! les Polonais sont autrement tenaces
que ça.
Tout à coup,— il y a huit jours, — un vieux mon-
sieur, en costume de voyage, entre précipitamment
à la Librairie nouvelle et demande l'adresse du ro-
mancier Jules Verne , en ajoutant : « C'est mon
frère ! »
— Comment! vous, son frère! s'écria un ami in-
time de Verne qui est précisément à la Librairie.
•Et nussitôt l'autre de donner maintes explica-
tions, avec amertume, disant que Jules Verne est
son frère bien-aimé quoique assez coupable pour
avoir quitté et oublié la Pologne depuis trente ans,
pour avoir changé son nom d'Olschewitz contre
celui de Verne, pour avoir renié sa famille et sur-
tout la religion juive, et enfin pour priver sa patrie
de l'honneur de sa gloire.
L'ami essaie en vain de déclarer que Verne est
né à Nantes, ainsi que les registres de sa mairie en
font foi, de parents français et catholiques; qu'il
n'a qu'un frère, breton aussi, qui s'appelle Paul ;
qu'il n'a pas renié la loi deMoïse puisqu'il n'a jamais
été circoncis ; que du reste il n'a pas voyagé en
Pologne ; qu'il n'avait même jamais quitté la France
avant ces dix dernières années, et qu'enhn il ne
sait pas un mot de polonais ni même d'allemand;
que par conséquent il y a erreur de personne.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
La semaine comique
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)