L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (9.1876)

15 Octobre 1876.

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LA SEMAINE COMIQUE

Vm protestation révolutionnaire. Hélène a corsé les recettes du Temple . des Variétés, Position et solution de la question d'Orient.

Le Polonais réplique avec son calme impertur-
bable que ce sont autant de feintes et de menson-
ges de la part de son « frère » , et ils 'entête au
point qu'où lui donne l'adresse demandée , à
Amiens.

Il part par le premier train, avec son inter-
prète, car il ne parie pas du tout français, et il arrive
à six heures du soir, au moment où son « frère
bien-aimé » allait diner.

Vous imaginez facilement la surprise de ce pauvre
Verne qui demeure à la campagne exprès pour
n'être pas dérangé, en voyant entrer brusquement
un vieux juif polonais, avec une casquette en peau
de loutre, qui lui crie: «Mon cher frère, enfin te
voilà!» et qui l'écrase dans ses bras en pleurant
d'émotion.

Notez que c'était dit en polonais, et que l'inter-
prète traduisait à mesure.

Mais ce n'est pas tout : Mmo Verne dut y passer
aussi : « Ma chère sœur! » puis les enfants : « Mes
chers neveux ! » puis la bonne : ». Mà chère bonne !»
car les Polonais sont éminemment embrasseurs.

Verne, qui est la bonté même, aime bien les dé-
monstrations amicales, certes, mais à doses plus
modérées, d'autant plus qu'après la cueillette des
baisers,le « frère » lui fit une scène épouvantable sur
son apostasie, son manque de patriotisme et sa per-
fidie de faire croire qu'il ne comprenait pas la belle
langue polonaise, sa langue maternelle.

Bref, comme il menaçait de s'installer dans la
maison jusqu'à ce que le romancier fit ses malles
pour Varsovie, le commissaire de police eut l'obli-
geance d'intervenir et de reconduire ce frère si
aimant dans un wagon en partance pour Paris.

Or, il est de retour ici, mais sans que son insuccès
l'ait refroidi ; au contraire. Depuis qu'il a vu Verne
en chair et en os, il lereconnaît encore mieux qu'avant
et il admire encore plus son talent. Il s'en va disant
à qui veut l'écouter, qu'il dépensera sa fortune en-
tière, s'il le faut, pour obliger l'ingrat à revenir à
de meilleurs sentiments; qu'il divulguera ses infa-
mies par la publicité des journaux jusqu'à ce qu'il
rougisse de honte, et qu'il finira bien par «déraciner
ce grand chêne prétendu français pour le restituer
à la Pologne ! »

Convenez que voilà une étrange monomanie.

Eh bien! croiriez-vous qu'elle s'appuie sur un jeu
de mots, du resta assez curieux?

Le « frère » est commissionnaire en bois et son
nom d'Olschewitz peut signifier en polonais, à ce
qu'il dit, bois d'aune, de vergne ou de verne, d'où il
conclut, avec une logique à lui, que le romancier
est bien son frère disparu et que c'est par un sen-
timent de respect instinctif pour sa famille qu'il n'a
fait que traduire son vrai nom, sans oser le renier
complètement.

En définitive, l'accusé a, selon nous, un moyen
péremptoire de convaincre un pareil gêneur, c'est